La future divine de l’écran mondial naît à Stockholm le 18 Septembre 1905 sous le patronyme de Greta Lovisa Gustafson. Elle a une sœur, Alva; un frère, Sven et ses parents sont loin de rouler sur l’or.
Sans être dans la misère, ils font partie de ce que l’on appelle les « classes laborieuses ».
Son père, Karl, de santé fragile laissera sa femme Anna Lovisa veuve en 1920. Veuve avec trois enfants, autant dire que pour Greta il est inenvisageable de continuer l’école. Elle travaillera chez un barbier, savonnant les joues de clients avant qu’ils ne passent sous la lame de figaro, Elle sera ensuite engagée comme vendeuse au rayon confection et chapeaux d’un grand magasin. Plutôt jolie, la jeune Greta va faire des débuts inattendus devant les caméras en présentant les nouveautés de son rayon pour les acheteurs de province, Une innovation inouïe dont les bobines sont parvenues jusqu’à nous, ce qui nous permet de trouver la mode suédoise de 1920 d’une laideur étourdissante. Greta sera réengagée pour manger devant la caméra des petits gâteaux sur la nouvelle terrasse d’été que le magasin inaugure sur son toit.
Ce ne sont pas là des débuts d’actrice dans les règles de l’art, mais vu la rareté des caméras à l’époque, c’est déjà un exploit, l’autre miracle étant que ces bandes soient parvenues jusqu’à nous un siècle plus tard. C’est paraît-il grâce à ces bandes que Greta fit ses débuts dans un court métrage rigolo polisson « Pierre le Vagabond » où elle se montre en maillot, aussi grasse que godiche mais d’une fraîcheur émouvante. Nouveau miracle à ajouter à la liste : Ce court métrage a également résisté à l’épreuve du temps et est toujours visible aujourd’hui.
Sois dit en passant, que ces reliques aient survécu, témoignages lointains, ne fut probablement pas du goût de la divine !
Nous sommes en 1921 et la jeune Greta Gustafson prend son courage à deux mains pour s’inscrire à l’académie royale d’art dramatique. Ne sachant pas trop quoi faire de sa carcasse, d’une timidité maladive, la jeune Greta a un complexe qui dépasse tous les autres : sa voix d’homme. Lorsqu’elle passe ses examens d’entrée, sa voix virile résonne dans tout l’amphithéâtre et son auditeur en tombe de sa chaise, incapable de dire autre chose que « Quelle voix ! Dieu du Ciel, quelle voix ! » Il n’avait jamais entendu une jeune fille avec une voix pareille ni vu une jeune fille aussi rouge d’ailleurs. Greta fut admise aux cours séance tenante.
Elle y aura comme compagne de classe une actrice légendaire du cinéma Suédois : Vera Schmiterloff, amie des premières heures, qui avait fait avec Greta une publicité pour les automobiles Lancia et qui l’a plus probablement poussée dans la voie des arts. Son autre amie des heures suédoises sera Mimi Pollak pour qui Greta se toque littéralement, surnommant Mimi « Mimosa ». L’amitié entre ces trois femmes perdurera jusqu’à la mort.
La famille Gustafsson vivait non loin d’un théâtre. Petite fille pauvre, Greta avait souvent vu y entrer ou en sortir des comédiens parlant haut, riant fort, bien habillés, prenant des taxis et s’en allant vers des destinations qui semblaient mystérieuses et pleines de promesses à la petite fille. Il lui semblait que la misère quotidienne qui était le lot de sa famille ne s’adressait pas à eux, qu’ils étaient protégés, insoumis à la vie et ses contraintes comme les princes et les princesses. Ils avaient l’air libre. Plus tard, elle aussi serait libre, elle aussi serait comédienne.
Les femmes Suédoises et les actrices en particulier n’avaient pas attendu le MLF pour disposer d’elles-mêmes, elles sortaient, riaient buvaient, affichaient un air bravache qui scandalisait la bourgeoise et faisait rêver son mari.
Dès son acceptation à l’académie, Greta se vit offrir une cigarette et un verre d’alcool par ses nouvelles compagnes de classe. Elle affirma boire et fumer tous les jours et faillit bien mourir sur place. Il n’était pas rare à l’époque qu’un metteur en scène vienne à la pêche à l’acteur à l’académie quand une nécessité de « jeune » se faisait sentir. Greta restera quinze mois à l’académie, y apprenant à jouer, boire et fumer, jusqu’à ce que Mauritz Stiller, icône des réalisateurs vienne lui aussi à la pêche aux nouvelles têtes.
L’homme est considéré comme un génie et de plus, tout le monde le sait, il s’apprête à tourner le film le plus ambitieux et le plus cher jamais réalisé en Suède : « La légende de Gösta Berling », film épique et insensé où l’on échappe à des meutes de loup affamés en fuyant en traîneau sur des lacs gelés, où les châteaux flambent et tous les sentiments sont exacerbés entre deux cartons d’explications. Greta est choisie, Greta tourne pour Stiller, il en fait sa muse, il devient son mentor, son amant selon certaines sources.
Il a 22 ans de plus qu’elle, il la fascine complètement, vient la chercher chez ses parents dans des voitures de grand luxe, mène un train de vie tapageur et sans aucune limite, Greta l’adore, Stiller est toute sa vie. Le film de Stiller est un échec malgré les millions engloutis mais Greta tire son épingle du jeu et est contactée par un autre metteur en scène de légende : Pabst en personne qui lui offre un des rôles principaux de « la Rue sans joie » où elle est l’égale de l’actrice norvégienne Asta Nielsen. Au passage, Greta est devenue Garbo et à peu près tous ceux qui l’ont connue à l’époque revendiquent cette trouvaille de génie. Le mérite en reviendrait à Vera Schmiterloff chez qui Greta débarque un jour complètement paniquée. « Ils veulent que je change mon nom, des Gustafson il y en a à tous les coins de rue en Suède, et ce nom ne fera jamais rêver personne ni vendre un seul billet de cinéma ! Qu’est-ce que je vais faire ? C’est horrible ! » Vera proposa toute une collection de pseudonymes à fort pouvoir d’évocation, Greta ne disait rien, fumant fébrilement cigarette sur cigarette, elle apprenait facilement. « Garbo » fut lancé parmi d’autres propositions, Greta laissa tomber un laconique : « Je prends celui-là, je ne devrai pas changer mes initiales sur mon linge ! » Ainsi fut fait et Garbo naquit selon Vera.
Même s’il existe autant de versions de la naissance de ce pseudonyme que de personnes qui ont connu l’actrice à cette époque.
Ce pseudonyme flambant neuf lui jouera un mauvais tour après la sortie de « La Rue Sans Joie ». Alors qu’elle accompagnait Vera et Mimi qui ne détestaient pas se monter dans les lieux chics, elle fut soudain agressée et secouée par une véritable furie hurlante qui la traitait de voleuse. Une certaine actrice du nom de Greta Darbo.
Greta (la nôtre) se laissa secouer, suppliant ses copines du coin des lèvres « Foutons le camp d’ici ! »
Le chef d’œuvre de Pabst avait été précédé d’un épisode pour le moins peu brillant de la collaboration Stiller Garbo. Mauritz Stiller avait choisi sa Greta pour un tournage très ambitieux, qui se ferait en décors naturels en Turquie. Le couple s’embarqua, le tournage commença, les dépassements de budget aussi, les demandes financières de Stiller furent incessantes jusqu’à ce que la production reste sourde, et pour cause, elle avait fait faillite. Le couple dut emprunter pour ses billets de retour vers la Suède et le monde resta privé à jamais des aventures de « L’Odalisque de Smolna ». Rentrés au bercail, plutôt déconfits, Greta se confia donc aux bons soins de Pabst.
Stiller, quant à lui, désargenté, accepte enfin de prendre au sérieux une offre qui lui venait des Etats-Unis et qui traîne depuis 1924 et toujours postposée malgré des accords signés.
Il se soumet donc à la MGM à la condition sine qua non que Greta soit elle aussi engagée aux mêmes conditions. Les légendes qui entourent les arrivées de Greta Garbo et Marlène Dietrich aux Etats-Unis sont sensiblement pareilles et probablement tout aussi fausses. Qu’il s’agisse de Sternberg pour Marlène ou de Stiller pour Greta, L’histoire voudrait qu’elles aient été engagées l’une comme l’autre sur l’insistance de leurs metteurs en scène, forçant la main de studios qui n’en voulaient à aucun prix, trouvant inutile de ramener deux actrices étrangères de plus à une époque où précisément le public américain voulait admirer des beautés nationales et était saturé d’exotisme jusqu’à l’écœurement. Ce que l’on sait c’est que les deux « inutilités » débarqueront à New-York dans une indifférence relative (Une vague de chaleur dépassant tous les records accueillera Greta) et toutes deux deviendront les plus éblouissants symboles du cinéma américain en moins de temps qu’il n’en faudra au public pour acheter son billet pour voir leurs films. Amusant détail, du moins avec le recul, si les deux « excédents de bagages » soi-disant imposés par les deux metteurs en scène de génie deviendront les deux plus grandes stars de leur génération, les deux génies en question tiendront moins bien leurs promesses que ces dames.
Le temps passant, les dirigeants des studios n’hésiteront jamais à dire dans la confidence d’un dîner de 3000 personnes : On a toujours parfaitement vu le potentiel de Greta (Marlène) et nous les attendions avec grande impatience.
Quoi qu’il en soit, en 1926, les Américains découvrent Greta Garbo dans « Le Torrent » et en restent stupéfaits. Mieux, sidérés. Le succès du film est impressionnant et celui de Greta encore plus. Aussitôt, le studio se met en branle-bas de combat pour valoriser sa star.
Le monde entier s’inonde de photos publicitaires alors qu’il avait fallu payer d’avance les photographes pour qu’ils acceptent de couvrir l’arrivée de Garbo et Stiller l’année précédente.
Comme promis, Greta tourne son film suivant sous la direction de son mentor et s’étonne que ce rôle de femme fatale soit calqué trait pour trait sur son rôle précédent. Elle propose de ressortir le « Torrent » en changeant le titre, Stiller de son côté se fait virer après quelques jours de tournage. Garbo s’insurge, refuse de continuer le film, mais le dédit qui s’en suivrait la mettrait sur la paille pour plusieurs générations.
Elle termine donc « La Tentatrice » sous la direction de Fred Niblo et apprend dans la foulée le décès de sa sœur en Suède. Il n’en faut pas plus pour que Greta Garbo se mette à détester Hollywood alors qu’à son arrivée elle écrivait à tous les gens qu’elle connaissait le compte rendu des merveilles incessantes qu’elle découvrait chaque jour en Californie.
Stiller renvoyé, il va décéder en Suède quelques mois plus tard et ce sera cette fois la fin définitive de tout espoir de réconciliation entre Hollywood et sa nouvelle reine. Elle commence par rejeter le script de son film suivant et refuse de tourner « La Femme aux Bijoux », Pauline Stark héritant du rôle. Ensuite elle se mettra en grève pour que son salaire soit le même que celui de John Gilbert.
C’est un choc pour la MGM, Gilbert est son acteur le mieux payé.
Garbo argumente que le film s’intitule « La Divine », que la Divine c’est elle, que tout compte fait, elle devrait être payée PLUS que John Gilbert ou alors que l’on confie le rôle à monsieur Gilbert et qu’on lui fiche la paix et la laisse repartir en Suède. La MGM n’est pas du genre à se laisser impressionner par des revendications d’actrice, mais déjà les exploitants de salle supplient pour le prochain film de la Suédoise.
La MGM cède.
Au gré des années, elle finira par céder sur tout…Ou presque.
Pour la première fois dans l’histoire du cinéma et la dernière, une actrice choisira son sujet, son metteur en scène, ses partenaires, son chef opérateur, son maquilleur, jusqu’au contenu des sandwiches si l’envie lui en prend. Elle n’aura aucune obligation de promotion, répètera ses rôles chez elle dans le plus grand secret et toute une aile des studios sera dévolue à la préparation de ses films. Elle y travaillera avec Adrian sur ses costumes dans le plus grand secret là aussi. Personne n’a le droit d’entrer sans être convoqué par l’actrice, Louis B. Mayer comme les autres est persona non grata, qu’il soit propriétaire des studios ou pas.
Dans le privé, Greta vit une liaison avec John Gilbert, idole mâle des écrans et les foules sont en transes rien qu’à entendre leurs deux noms dans la même phrase. Le département publicitaire MGM trouve là une manne céleste et pour la sortie du film « Love » réunissant Garbo et Gilbert, l’affiche annonce : « Garbo and Gilbert in Love ». Le mariage est annoncé pour le 8 Septembre 1926, ou plus exactement le double mariage : Garbo et Gilbert convolent en même temps que King Vidor qui épouse Eleanor Boardman, Louis B. Mayer considère comme un honneur d’être toléré à la cérémonie nuptiale de son employée…Qui ne se présentera pas, laissant tout ce beau monde en carafe chez Marion Davies où les cérémonies devaient se dérouler. Garbo avait changé d’avis et avait mieux à faire que de décommander et se justifier aux yeux de qui que ce soit, fût-ce le fiancé ridiculisé. Le comportement étrange de l’actrice donnera lieu a d’invraisemblables légendes et hypothèses les plus farfelues à son sujet.
La divine laisse dire ce que l’on veut à son sujet, elle semble ignorer souverainement tout le battage fait autour de sa personne, son aura est telle que la presse ne profitera jamais de l’aubaine. Garbo n’est pas du bois dont on fait les scandales. Et si par exemple elle ne s’est jamais cachée de ses aventures féminines, la presse gardera jalousement le silence, rien de ce qui pourrait entacher le prestige de l’idole ne sera fait, ou divulgué. Certes, on s’amuse beaucoup de sa nonchalance, de ses prétendus grands pieds, elle sera l’une des cibles préférées des caricaturistes de son temps, mais rien de scabreux ou de malsain ne filtrera jamais, fut-ce du plus pourri des tabloïdes. Ses meilleures amies hollywoodiennes, telles Suzy Vernon la française ou Dolorès del Rio la mexicaine ne feront aucun commentaire sur leur célèbre amie, chose dont elle leur saura gré.
La star ne donne aucune interview, il faut bien parler d’elle, on invente donc, des banalités sans conséquences ou l’on ressasse encore une fois l’enfance suédoise, l’académie, le mystère de la divine est entier, il est à son comble. On est courtois avec Greta, si son père vidait les latrines en Suède, il devient plombier pour la presse.
C’est Al Jolson qui bien involontairement va affoler l’entourage de la divine actrice en se mettent à nasiller dans le « Chanteur de jazz ». Aussitôt le public veut entendre plus qu’il ne veut voir et des idoles telles que Norma Thalmadge et surtout John Gilbert se fracassent irrémédiablement dans les fou rires du public. Que faire de Greta l’idole à la voix de camionneur ?
Le public à coup sûr va se rouler par terre de rire, c’est la fin programmée de la principale source de revenus MGM. La belle suédoise devenue fontaine de dollars va se tarir dans un éclat de voix guttural de ténor mâtiné d’un solide accent suédois dont l’actrice n’essaie même pas de se défaire. Le studio va prendre une décision assez surprenante, ses dirigeants après moult brainstormings choisissent la politique de l’autruche, ils vont, comme on dit aujourd’hui « nier l’affaire ». Garbo ne parlera pas, un point c’est tout !
Elle gardera sa voix comme un mystère de plus, elle sera la divine silencieuse.
Et comme si de rien n’était, que le silence restait d’or, Greta Garbo tournera de films muets bien longtemps après tout le monde.
Son film « The Kiss » est un des derniers muets à sortir sur les écrans et lorsqu’enfin Greta prendra la parole, treize films parlants avec des vedettes moins importantes qu’elles ont déjà été distribués.
Les studios vont jusqu’à « sonoriser » dare-dare les derniers films muets tournés avant de les sortir, Garbo se tait. Obstinément.
Mais le son n’est pas un effet de mode, c’est une évolution technique essentielle, le public refuse de voir encore des films muets, la star et son studio sont au pied du mur.
« Anna Christie » sort sur l’écran accompagné d’un slogan « Gabo parle »
La MGM a mis toutes les chances de son côté, le personnage imaginé en 1922 par Eugène O’Neill colle littéralement à l’actrice et est idéal : il s’agit d’une Suédoise, prostituée, certes mais malade et parlant peu. Adrian, Irving Thalberg, Cédric Gibbons, tout le monde s’est mis à la tâche pour sauver Greta si tant est qu’il soit possible de la sauver, l’actrice Marie Dressler, icône vénérée fait partie de la distribution et assiste à la scène cruciale des premiers mots.
En prévision du désastre on limite quand même le budget et on commande à Jacques Feyder une version simultanée en Allemand, la voix de Garbo sera, croit on, moins choquante là-bas.
Le soir de la première, le public retient son souffle, Garbo apparaît enfin sur l’écran, plus personne ne respire dans la salle.
Dans un sombre bouge, dans une pauvre robe, dédaigneuse, Anna Christie laisse tomber sa valise, toise le barman et lui lance : « Un Whisky à l’eau et ne soyez pas radin ! » Réponse distinguée : « Je dois le servir dans un seau ? »
Après un court instant de stupéfaction, c’est du délire, le public hurle, applaudit, Greta Garbo est plus grande, plus divine encore avec un micro. Réaction de l’actrice : « Il va falloir m’augmenter ».
Le succès sera tellement incroyable qu’en 1930, Greta Garbo est nommée deux fois aux oscar : pour « Anna Christie » et pour « L’Inspiratrice » Les films parlants vont alors s’enchaîner et Greta Garbo aborde la phase la plus spectaculaire de sa carrière, celle qui la fera entrer définitivement dans la légende.
Chaque film préparé avec soin est attendu comme un nouveau miracle, le comportement privé de l’actrice ne change pas d’un iota. La fascination qu’elle exerce sur le public s’exerce aussi sur le microcosme d’Hollywood pourtant blasé. Une star légendaire comme Katharine Hepburn consacre trois pages de ses mémoires à sa rencontre avec la divine, parce qu’ELLE voyez vous, a rencontré Garbo ! C’est dire l’impact de l’actrice ! Impressionner Katharine Hepburn, il faut quand même le faire !
Entre deux tournages, l’actrice s’isole, disparaît, voyage, s’offre une villa au Cap d’Ail et aussitôt en ferme les persiennes et les volets, ses plus proches voisins ignorant toujours si l’illustre est présente ou non. Elle revient également en Suède mais se lasse des accueils de gloire nationale que lui réservent ses concitoyens.
Durant près de dix ans, Greta Garbo sera l’une des plus grandes stars du monde.
Le public ne dit pas : « je vais au cinéma », ou « je vais voir tel film » ou « je vais voir Greta Garbo », non, il dit « Je vais voir Garbo ». Tout est dit.
Seul Chaplin avant elle avait eu droit à ce genre de gloire. Les cinémas qui projetaient ses films se contenaient de mettre un panneau sur le trottoir avec la mention « il est là » et la foule se ruait
L’actrice refuse bien plus de films qu’elle n’en accepte, et même si elle s’enthousiasme parfois pour certains projets, rien n’est jamais gagné avant le premier tour de manivelle, à tout moment elle peut faire volteface et changer d’avis. Elle sera néanmoins une fabuleuse dame aux camélias, une éblouissante reine de Suède, une Anna Karénine bouleversante, une Mata Hari un peu moins grandiose mais qui pulvérisa les précédents records de ses films. Elle sera encore nommée aux Oscar en 1937 et en 1939, respectivement pour « Marguerite Gauthier » et « Ninotchka ».
Elle recevra finalement un Oscar honorifique pour l’ensemble de sa carrière en 1955, Oscar qu’elle se gardera bien de venir chercher.
La montée du nazisme en Allemagne ne plaît pas beaucoup à Greta Garbo qui fait venir sa mère et son frère vivre avec elle en Californie pour les protéger de la menace Hitlérienne. Elle-même adoptera la nationalité Américaine en 1951.
Les retrouvailles entre la mère et la fille seront fort émouvantes, et Greta toute à sa joie acceptera la présence de journalistes qui n’eurent pas droit cette fois à son « Leave me alone » devenu légendaire. Sa mère hélas décèdera quelques mois après son arrivée.
La montée du nazisme aura son influence sur la carrière de Greta Garbo et le reste de son existence. Toute sa vie d’ailleurs elle resassera cette même opinion : « Plus rien ne fut jamais pareil après cette guerre ».
En 1939, depuis longtemps le public américain s’est désintéressé des mystères garbotiques et de ses films trop intellectualisés, on s’est découvert du goût pour les comédies musicales, les films de gangsters et les westerns. Qui au Ciné Excelsior de Kansas City a envie de voir Greta Garbo et Charles Boyer dans « Conquest » ? En Amérique, Greta Garbo a rejoint la peu enviable mais très prestigieuse liste des « poisons du Box Office » avec sa prétendue rivale Marlène Dietrich, Katharine Hepburn, Mae West, Dolorès del Rio son amie et Joan Crawford.
Mais pour Garbo le « retour de manivelle » était sans doute moins criant que pour les autres bannies car ses films faisaient des recettes mirobolantes partout en Europe. L’embargo Hitlérien va couper net le robinet d’or des devises étrangères. Privée de son public européen, Garbo se doit de reconquérir l’Américain moyen, serait-ce au prix d’une comédie ?
On lui propose « Ninotchka », Mayer est tenté mais tenté aussi de se débarrasser de l’insoumise suédoise. Il pose la question à Greta Garbo :
« Il y a dans ce film une scène où vous êtes supposée éclater de rire, saurez vous faire cela ? »
Réponse : « je ne sais pas si je sais faire cela » Mayer raccroche et se lance à la recherche d’une actrice pour incarner Ninotchka. Lombard ? Bennett ? Dunne ? Colbert ?
Le lendemain, la porte de son bureau s’ouvre (Garbo ne prend pas de rendez-vous, ne se fait pas annoncer, ne frappe pas avant d’enter, c’est comme ça !)
Elle s’assied en face de Mayer, le regarde et tout à coup éclate de rire.
Un rire magique, communicatif, presque jouissif, Mayer se met à rire à son tour, bientôt, ils sont pris d’un fou rire incoercible, tous les assistants, toutes les secrétaires viennent voir ce qui se passe et tout le monde est également pris du fou rire contagieux de Garbo et Mayer.
Mais Garbo soudain s’arrête net de rire, quitte le bureau de Mayer en lançant un laconique « Oui, Garbo sait faire ça ». Greta tourne donc « Ninotchka » avec Melvyn Douglas et le film sort avec le slogan « Garbo Rit », neuf ans après « Garbo parle ». Le succès est au rendez-vous, ce sera la dernière fois.
La Metro met en chantier sans doute un peu trop vite « La Femme aux deux Visages » où cette fois Garbo danse ! Toujours flanquée de Melvyn Douglas, Greta interprète le rôle d’une femme se faisant passer pour sa sœur jumelle afin d’éprouver la fidélité de son mari. Le film terminé, les conseillers de Mayer s’inquiètent : Quelle sera la réaction de la censure et du public en voyant cet homme flirter honteusement avec celle qu’il croit être sa belle-sœur ? L’argument n’est pas dénué de bon sens et Melvyn Douglas est rappelé au studio pour tourner une scène supplémentaire : une scène où il surprend une conversation téléphonique et qui le met au courant de la supercherie dès le début de l’intrigue. La morale est sauve mais le scénario ne tient plus et pire, Greta Garbo en devient ridicule. Vexée, trahie, la divine sortira de la projection privée blême de rage en lançant un « Cette fois c’est terminé, ils ne me feront plus faire de grimaces ! »
L’actrice se sentait déjà manipulée par son studio qui lui avait infligé cette comédie qu’elle n’aimait pas et lui refusait coup sur coup d’incarner Jeanne D’Arc, Dorian Gray et…Saint François d’Assises ! La légende pouvait commencer, Greta Garbo ne tournera plus jamais, elle n’aura fait aucun film en couleurs. La divine du cinéma Américain prend sa retraite, elle a trente cinq ans.
Elle s’occupera un temps de ses placements immobiliers, louant à Marlène Dietrich la villa voisine de la sienne pour y abriter ses amours avec Jean Gabin (et se planquant derrière sa poubelle pour les observer). Elle quitte Hollywood, s’achète un appartement de sept pièces à New-York, c’est là qu’elle finira sa vie à l’abri des regards indiscrets derrière ses persiennes éternellement fermées, vivant au milieu de son inestimable collection de tableaux dont certains Renoir parmi les plus beaux qui soient.
Pourtant la recluse n’est pas si retraitée que cela, elle travaillera sur de nombreux projets jusque dans les années 50, projets qui ne se feront pas ou auxquels elle renoncera, recevant de très prestigieuses propositions jusque dans les années 80 pour un retour à l’écran de plus en plus hypothétique. La divine vieillissante sera une des grandes affaires de la seconde moitié du XXème siècle, et l’actrice sera impitoyablement pourchassée par les paparazzi jusqu’à la fin de sa vie. Elle fait partie intégrante d’un phénomène de société propre aux années 50-60 : Dieu sait pourquoi, certaines femmes sont pourchassées dans les aéroports, leurs arrivées sont à chaque fois un haut fait de l’actualité, que Greta Garbo, Soraya ou Ava Gardner descendent d’un avion et c’est l’émeute !
Greta vit une existence de milliardaire voyageuse, aimant se réfugier sur de luxueux yachts pour de somptueuses croisières très privées et continuera à collectionner les tableaux et les comportements étranges. Elle avait bien évidemment ses princes consorts et ses chevaliers servants dont Cecil Beaton ou George Schlee qui lui fit beaucoup d’usage. Mais il y eut aussi des personnages plus hétéroclites, voire interlopes qui eurent un temps ses faveurs dont Pat di Cicco. Ce nom ne vous dira sans doute rien mais il suffit que l’on sache qu’il fut le mari de Thelma Todd et fortement inquiété lors de sa mort qui resta à jamais une affaire non élucidée. Il fut aussi impliqué à la mort d’un des « Three Stooges » qui mourut battu à coups de barre de fer.
Si dans la presse à potins on parlait de lui comme d’un « agent hollywoodien », nul n’ignorait qu’il avait été le bras droit du gangster Lucky Luciano. Il était également divorcé de la richissime héritière Gloria Vanderbilt qui en eut un jour assez d’être battue régulièrement comme plâtre ! Avouons que l’on imaginait assez mal la Dame aux Camélias ou Anna Karénine en aussi gracieuse compagnie. Le mystère s’épaissit encore lorsque l’on découvre que si Garbo en ce début des années 50 aimait déjà jouer les passe-murailles, elle s’afficha partout et très ouvertement avec son cher gangster qu’elle trouva probablement fort distrayant !
L’emmenait elle, je l’ignore, à Aix les Bains, où chaque année la municipalité prenait grand soin de préserver le secret sur la présence de la divine en cure.
Je sais cependant qu’en 1963, croyant que l’inévitable tumulte provoqué par sa simple présence (réelle ou supposée) avait tendance à se calmer, elle fit une infidélité à Aix les bains et risqua de s’afficher à Baden-Baden, ville plus réputée pour son ennui que pour ses chasseurs d’autographe. Hélas, dès que l’on sut que Greta Garbo prenait les eaux dans cet endroit, la foule se rua et la star dut fuir sur le champ.
En cette même année 1963, la popularité et le prestige de l’actrice sont inaltérés. En pleine époque Brigitte Bardot et Jean Luc Godard, un cinéma londonien organise un « festival Greta Garbo » et les films de la divine font salle comble. Les billets finissent par s’échanger au marché noir ! Les Anglaises redécouvrent son look et des sosies de Greta Garbo, le sourcil haut relevé, les cheveux coupés au carré et le célèbre chapeau enfoncé sur l’œil chaussé de lunettes noires envahissent les rues de la capitale. Le service courrier de chez Max Factor est complètement débordé ! Les Anglaises 1963 veulent toutes être Greta !
Greta vint d’ailleurs en grand secret se voir dans « La Dame aux Camélias ».
Evidemment on spécule à nouveau sur un retour de Greta au cinéma, mais Sam Spiegel qui vient de passer une croisière avec elle remet les pendules à l’heure. Il en a parlé à Greta qui s’est roulée par terre de rire puis lui a demandé de sa voix inimitable « Vous me prenez pour une jeune ambitieuse ? » En fait la « jeune ambitieuse » a d’autres soucis plus bassement matériels. Elle soupçonne les plus proches voisins de sa villa au Cap d’Ail de violer son intimité et de l’espionner lorsqu’elle se baigne nue dans la grande bleue. Bien que sa villa soit dotée d’une magnifique piscine à l’abri de tous les regards.
Après avoir surgi chez ses voisins et laissé tomber un laconique « Combien ? » pour qu’ils lui cèdent sa villa et déguerpissent, elle demandera l’autorisation de faire construire un mur tout autour de sa propriété ce dont il ne fut, non plus, pas question. Greta en fut pour ses frais et ses « chers voisins » qui l’avaient gentiment traitée de vieille loufdingue un peu paranoïaque jouèrent profil bas lorsque des cliches de Greta se baignant parurent dans la presse.
En 1970 elle cède sa villa du Cap d’Ail à l’héritier allemand Phillip Grundig contre la bagatelle d’un million de dollars (elle l’avait achetée 80.000) Alors qu’elle se plaignait amèrement de sa nostalgie pour sa Suédé natale, s’estimant condamnée à l’exil forcé par la Metro durant ses années de gloire, libérée de ses chaînes elle n’y retournera pas. Elle se plaint aussi de l’incessante chasse médiatique dont elle est le gibier mais reste fidèle à une silhouette de fuyarde qu’elle s’est composée et reconnaissable à des kilomètres !
Elle refuse désormais de se montrer mais accepte de poser pour Cecil Beaton son grand ami, faisant mine de se vexer si les clichés sont ensuite publiés par Vogue ou Vanity Fair. Beaton se targua au moins vingt ans durant d’épouser Greta Garbo, se trouvant d’ailleurs fortement embarrassé au printemps 1952 lorsque dans un dîner il se trouva confronté à un rejeton de la famille Rothschild qui affirmait la même chose. Jamais le dicton « On ne prête qu’aux riches » ne prit tant de sens que ce soir-là ! Telle est, telle fut Greta Garbo toute de contradictions faite.
Elle finira sa vie à New-York le 15 Avril 1990 emportée par les complications d’une insuffisance rénale aggravées d’une pneumonie. Une des plus fabuleuses icônes du cinéma dont nous restent les somptueuses interprétations, les pauvres bobines suédoises de ses débuts mais rien du film qui lui valut son éternelle renommée et son surnom qui lui survécut dans les cœurs et les mémoires.
La Divine.
Film aujourd’hui perdu.
Ses héritiers, les descendants de son frère Sven veillent sur sa mémoire et son prestigieux patrimoine. En 2005, pour son centenaire, sa correspondance privée sera publiée, on y lira une Greta Garbo souvent dépressive et restée tendrement attachée à Mimosa, la tendre Mimi Polak, l’amie des jeunes années.
QUE VOIR?
1924 : la Légende de Gösta Berling : Je n’ai jamais vu que des extraits du film, j’ignore s’il existe encore dans sa version complète.
1925 : La Rue Sans Joie : Le cinéma muet obéissait à d’autres critères que le cinéma d’aujourd’hui, mais même si les codes sont différents, voyez ce film fabuleux si vous en avez l’occasion, vous verrez, cela reste un spectacle saisissant et Asta Nielsen est incroyable.
1926 :Le Torrent : Le premier film de Greta Garbo à Hollywood, dirigé par Monta Bell, une histoire alambiquée dont les scénaristes ne se dépatouillent qu’au prix d’une inondation qui met tout le monde d’accord et réunit les héros que sont Greta et Ricardo Cortez.
1926: La Chair et le Diable : John Gilbert et Greta à l’affiche, il est fascinant de voir aujourd’hui à quel point le jeu de Garbo est d’une modernité saisissante, on ne voit qu’elle qui semble ne rien faire et souffrir d’être filmée comme si la caméra dépouillait son âme, à ses côtés, ses pauvres partenaires frôlent le ridicule.
1926: La Tentatrice : Le sujet est toujours très alambiqué mais au moins l’action se situe dans les hautes sphères parisiennes et dans une fort exotique Argentine. Greta n’est donc plus une improbable paysanne espagnole comme dans « Le Torrent » mais une grande mondaine passionnée ce qui lui va toujours magnifiquement.
1927 : Love (Anna Karénine) C’est la première fois que Garbo se heurte au personnage imaginé par Tolstoï, cette version est sensiblement modernisée, elle y est d’une beauté à couper le souffle, sa garde-robe aussi et Lionel Barrymore en Karenin ne ferait qu’une bouchée de John Gilbert en Vronsky s’il ne devait pas s’en tenir à l’intrigue originale…le pauvre !
1928 : A Woman of Affairs : Greta est couverte de fourrures d’un chic fou, elle a une fabuleuse voiture avec un énorme phare qu’elle braque vers les façades des maisons pour lire les numéros, c’est très bluffant ! Elle est en outre réunie ici à son beau John Gilbert.
1928: La Divine : Le film perdu de Greta Garbo qui lui vaut pourtant son « label » pour l’éternité. Le personnage de Greta s’inspirait franchement de Sarah Bernhardt.
1928: La Belle Ténébreuse : Une sorte de Mata Hari qui finit bien et qui, ma foi, se laisse voir aujourd’hui encore avec beaucoup d’intérêt. Conrad Nagel est le partenaire de Greta avec beaucoup d’allure.
1929 : Terre de Volupté : On est en droit de préférer le titre original : « Wild Orchid ». Greta est mariée au vieux Lewis Stone et alors qu’ils sont les hôtes du séduisant prince Niels Ashter dans son palais de Java, la belle Greta se ferait bien trousser sur un canapé mais elle a vu le beau prince battre son serviteur indigène, et ça elle n’aime pas du tout !
1929: Le Droit D’aimer : Garbo retrouve Ashter. Elle est ici une jeune fille de haut lignage aimant conduire vite, les hommes dangereux et les plaisanteries risquées. Ca tombe bien elle rencontre Niels Ashter qui l’emmène en croisière au mépris du qu’en dira-on. Mais voyez vous, le souci c’est que ce bellâtre aventurier est aussi un peintre de talent qui a besoin de solitude pour créer. Il rapatrie donc son encombrante passagère pour prendre le large seul, accompagné seulement de ses pinceaux. Il reviendra, bien entendu, on ne se débarrasse pas de la divine comme d’un excédent de bagages…
1929: The Kiss : Le dernier muet de Garbo filmé par Jacques Feyder et magnifiquement mis en images Garbo est d’une modernité incroyable.
1930 : Anna Christie : Le premier parlant de Garbo. Le son étant chose maintenant tout à fait normale, le film n’a plus beaucoup d’intérêt. (Il existe d’ailleurs deux versions du film tournées par Garbo : l’une en Anglais et l’autre en Allemand.)
1930: Inspiration : Greta dirigée par son cher Clarence Brown s’offre le partenaire attitré de Joan Crawford : Robert Montgomery. Elle est ici mannequin mais tout le monde dit avoir démasqué le scénario à peine déguisé d’une « dame aux camélias ». Or, il s’agit d’une œuvre d’Alphonse Daudet : « Sapho ». Et bien oui, messieurs dames. Et Daudet étant tombé dans le domaine public aux USA mais pas en Europe, le film restera bloqué. Un drame puisque l’essentiel des recettes des films de Greta viennent d’Europe. Elle n’aura jamais fait courir les foules américaines. Elle n’était pas dans le goût du Wyoming ou du Texas !
1930: Romance : Greta cantatrice amoureuse d’un ecclésiastique (à ce qu’il paraît, je n’ai pas vu le film)
1931 : Mata Hari : J’adore Greta mais là, je regrette ça ne va pas du tout ! Adrian lui dessine toute une garde robe faite de velours brodé qui lui va comme une poussée d’herpès même si elle n’est pas encore démodée en 2025 ! Greta est grasse, godiche et sa danse au début du film est une des choses les plus ridicules que j’aie vues au cinéma, en fait, ça fait presque mal de voir l’actrice se couvrir de ridicule à ce point. Le film fit cependant un succès colossal les scènes supposées être d’un suspens haletant ont l’air de sortir d’au « Théâtre ce soir » lorsque Greta sort d’un côté, on entre de l’autre et elle revient par la droite aussitôt les autres sortis par la gauche avec la discrétion d’un top model sur un podium.
1931: Susan Lenox, Her Rise and Fall : Le seul film où Greta Garbo donne la réplique à Clark Gable, le scénario est archi tordu mais…J’adore ! Pour ne pas devoir épouser de force un rustre qui a failli la violer, Greta se sauve dans le garage de Clark Gable, il lui fait découvrir le caviar, elle trouve que ça ressemble à de la crotte de bique. Il la laisse seule pour aller construire un pont mais le rustre la retrouve, Greta se sauve donc dans un cirque…Se donne à je ne sais plus qui pour ne pas être dénoncée à la police bien qu’elle n’ait rien fait du tout, devient bonne copine de la femme tatouée, Clark revient, se fâche, la traite de pute, elle dit « Ah Haaaa ! Puisque c’est comme ça, je vais faire la pute, ça t’apprendra ! » Du coup elle est à New-York entretenue par un monsieur riche mais Clark, lui s’est mis à boire et n’a plus de sous. Elle quitte le riche pour retrouver Clark qui a déménagé entretemps alors elle se retrouve aux colonies dans une maison de passe ou elle refuse de parler aux clients en attendant que Clark revienne de la légion (je crois, je m’y perds un peu), là un riche tout de blanc vêtu veut l’épouser mais elle refuse, elle attend Clark qui revient parce que ça fait 90 minutes que ça dure et que le film est fini !
1932 : Comme tu me veux : C’est assez raté : Garbo picole, se décolore en Jean Harlow et partage ses répliques entre Melvyn Douglas et Erich Von Stroheim, on ne peut plus différent comme école !
1932 : Grand Hôtel : La MGM aimait les grandes distributions de prestige en ce temps là. Celle-ci réunit entre autres curiosités Greta et Joan Crawford. Garbo qui n’est pas d’une souplesse légendaire est fort peu crédible en étoile du bolchoï !
Ceci n’empêche pas le film de recevoir l’Oscar.
Michèle Morgan héritera du rôle dans le remake des années 60.
1933 : La Reine Christine : Greta tenait au film, le film ne marcha pas. Elle imposa John Gilbert alors tombé en disgrâce pour lui donner la réplique, cela ne servit à rien, l’acteur continua à sombrer dans l’alcool et l’oubli, un instant récupéré par Marlène Dietrich malgré son récent mariage avec Virginia Bruce qu’il délaissait dès qu’il recevait ce message de Garbo son grand amour : « Viens ici tout de suite ! »
1934 : Le Voile des Illusions : Greta part s’ennuyer en Chine avec un mari qu’elle n’aime pas, le reste est drame mondain sans grand intérêt si ce n’est cette hallucinante garde-robe !
1935 : Anna Karénine : Dans des costumes hallucinants, Greta Garbo est une Anna Karénine comme Tolstoï n’aurait pas osé en rêver
1936: Le Roman de Marguerite Gauthier: Tous les fans de Garbo adorent le film, comment faire exception, tout est y magique, et en fait tout y est surréaliste, les pelouses sont traitées par des coiffeurs semble-il, mais ça marche. Robert Taylor est un très convainquant Armand Duval et la scène de la mort reste une énigme. Garbo ne fait rien, ne bouge pas d’un cil, vous pouvez visionner la scène image par image, vous ne verrez rien. Pourtant, à la seconde où elle meurt, on le SENT presque avec violence. Sur l’écran rien n’a changé, Greta est là, les yeux fermés, paisible mais on sait que Robert Taylor parle à un cadavre. C’est la chose filmée qui m’a le plus impressionnée.
1937 : Marie Walewska : C’est assez pompeux et assez ennuyeux, avouons le, le film est loin d’être une réussite, Greta elle-même semble peu concernée par ce qui se passe. Il faudrait faire quelque chose pour réveiller Charles Boyer !
1939 : Ninotchka : C’est gai, pétillant, plein d’humour, de grâce et d’esprit, Lubitsch signe là un de ses meilleurs films et le monde découvre le côté drôle de l’icône même si son côté pince sans rire transparaît dans tous ses films même aux heures les plus sombres vécues par ses personnages. Greta disait souvent à l’écran « I Want to Be Alone ». Ici, un personnage lui demande: ”Do you want to be alone?” Greta: ”NO!”
Cyd Charisse héritera du rôle dans un remake musical au côté de Fred Astaire en 1957.
1941: La Femme aux Deux Visages: Le film n’était déjà pas articulé autour d’un scénario très brillant, la scène ajoutée ou Melvyn Douglas apprend la supercherie de Greta rend tout le reste de l’histoire ridicule et dénué de tout intérêt. Greta est mal coiffée, semble très lasse et lorsqu’elle danse, la caméra s’obstine à filmer ses prétendus grands pieds en gros plan.
LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS
(Avec Greta Garbo)
La Femme aux Bijoux : Ce film refusé par Garbo fut tourné par Pauline Stark
Jeanne d’Arc : En 1931, Greta Garbo tente de forcer la main à la MGM pour incarner deux personnages qui lui tiennent à cœur : elle souhaite être Jeanne d’Arc et Mercedes d’Acosta lui écrit le scénario et enchaîner ensuite avec…
Le Portrait de Dorian Grey : Personnage que Garbo souhaite incarner en travesti. Refus catégorique d’MGM malgré l’appui inconditionnel d’Irving Thalberg.
Saint François d’Assises : Puisque la MGM ne voulut pas d’elle en Dorian Grey, l’envie de jouer un rôle masculin la tenaillant, Greta souhaita incarner François d’Assises, mais là encore la MGM fut intraitable.
Le Jardin d’Allah : Garbo refuse un rôle qui échoira à Marlène Dietrich, laquelle ne décolère pas de l’avoir tourné.
Victoire sur la Nuit : Refus encore de Garbo pour un rôle qui vaudra un Oscar à Bette Davis.
Le Procès Paradine : Refus encore d’un rôle par Garbo, lequel échoira à Alida Valli bien des années plus tard. Le projet avec Garbo date de 1935, le film réunissant Alida et Gregory Peck de 1947.
Madame Curie : Garbo aurait dû enchaîner ce tournage après celui de « la femme aux deux visages ». C’est Greer Garson qui s’y taillera le joli succès que l’on sait.
Le Narcisse Noir : Michael Powell, bien qu’il ait en Deborah Kerr sa propre égérie songeait à Greta pour incarner cette religieuse troublée de l’Himalaya. Greta, comme il se doit, refusa !
George Sand : Encore un projet annoncé à grand fracas par le producteur Eugène Frencke à son retour d’Italie où il avait enfin trouvé les extérieurs qui conviendraient à la magnificence de la divine.
Vêpres à Vienne : Le Roman de Bruce Marshall avait fait un énorme succès en librairie en 1947, la MGM avait aussitôt sauté sur les droits pour offrir le rôle à Garbo dès 1948. En vain.
Ma Cousine Rachel : Cukor était persuadé de convaincre Greta d’incarner le personnage imaginé par Daphné du Maurier. Le refus fut catégorique et sans appel. De dépit, Cukor abandonna le projet qui fut remis instantanément en chantier, Henry Koster dirigeant Olivia de Havilland.
La Valse de l’Empereur : Paramount fit un pont d’or à Greta en 1947 pour qu’elle accepte d’être la partenaire de Bing Crosby dans cette viennoiserie pâtissée à Hollywood. Pour tenter la divine, la Paramount agita les chiffres des « Cloches de Sainte Marie » où Crosby avait triomphé et Ingrid Bergman glané un Oscar. Réponse : « Vous me parlez d’argent comme à une fille des rues et ensuite vous me comparez à Ingrid Bergman ? Vos raisons sont mauvaises je n’ai besoin ni d’argent ni de comparaisons ! »
La Duchesse de Langeais : Le projet avec Garbo alla très loin, elle tourna les essais à Paris qui parvenus jusqu’à nous la montrent d’une beauté fantastique et très à l’aise devant la caméra. Le film se fera avec Edwige Feuillère. Le désistement de la divine provoquera la faillite du producteur Walter Wanger. Remis à flot il la recontacta pour un nouveau projet « L’impératrice ». Elle ne lui répondit même pas !
Le Voile Bleu : En 1951, on cherche toujours le scénario qui sortira la divine de sa retraite. Elle rejeta celui-ci parce que son personnage n’était pas une « amoureuse ». Jane Wyman qui cherchait en vain un rôle digne d’elle depuis « Johnny Belinda » sauta littéralement dessus ! Tête de Gaby Morlay qui avait tenu le rôle en France !
Maman Cabrini. C’est curieusement Desi Arnaz qui portait ce projet. Greta ne leva même pas un cil ! Elle ne se voyait probablement pas incarner à l’écran Françoise Xavière Cabrini, la première sainte des Etats-Unis.
Les 55 jours de Pekin : Au début des années 60 on annonce une nouvelle fois à grand fracas le retour à l’écran de la divine Greta. C’est elle-même qui souhaiterait dit-on, incarner l’impératrice chinoise Tzu Haï, personnage qui la fascine hautement. On sait qu’il n’en fut rien. Dommage. Voir Greta tenir la dragée haute à Charlton Heston ne m’aurait pas déplu.
Out of Africa : Qui croirait que ce film tourné en 1985 par Meryl Streep et Robert Redford avait été prévu en son temps pour la divine Greta ?