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LAURA ANTONELLI




D’emblée le parcours de la belle Laura Antonelli est sujet d’équivoque. Certains la désignent comme une star italienne, ce qu’elle est. D’autres s’obstinent à voir en elle une ressortissante yougoslave. En fait, Laura est bel et bien italienne née de parents italiens à Pula, le 28 Septembre 1941 sous le patronyme de Laura Antonaz.

 Mais si la ville natale de la future star, Pola, fait bien partie de l’Italie mussolinienne, elle sera ensuite annexée à la Yougoslavie de Tito, devenant Pula. Aujourd’hui Laura Antonelli pourrait donc être Croate !


Cette ravissante jeune fille fera d’ailleurs ses études à Naples afin de devenir professeur de gymnastique et gagnera ensuite Rome pour y enseigner l’art du corps saint. Mais comme on le sait, Rome est une ville pleine d’opportunités pour les jeunes filles, surtout lorsqu’elles sont très belles.

 La jeune Laura, bien consciente de sa beauté a comme il se doit fait parvenir quelques photos d’elle dans des agences de mannequin et bientôt, mademoiselle la prof de gym sera en Italie le visage de Coca-Cola.

 Un comble lorsque l’on connaît l’influence de cette limonade sur l’obésité juvénile, mais passons…On paye Laura pour être belle sur la photo, pas pour penser calories et santé publique. Et comme de bien entendu, lorsque l’on est jolie et que votre frais minois s’affiche partout, un jour le cinéma s’intéresse à vous .




 Laura Antonelli soufflera ses dix-huit bougies sur le plateau de son premier film, et comme pour Virna Lisi, sa seule beauté suffira à lui valoir d’emblée un premier rôle, un rôle où elle affole les populations mâles du haut des seize ans supposés de son personnage. Le film ne fut pas un chef d’œuvre ni Laura une nouvelle Duse mais le tout eut un retentissement suffisant pour qu’on en entende parler jusqu’à Hollywood. C’est que, voyez vous, d’Italie étaient venues Gina Lollobrigida, Sophia Loren, Anna Magnani, Claudia Cardinale, Rossana Schiaffino et entre autres Virna Lisi. C’est dire si à Hollywood, à défaut d’être aux aguets, on garde un œil sur la botte et ses beautés ! Laura Antonelli sera soumise à la convoitise du public américain en 1970 à la faveur d’un western « A Man Called Sledge » où elle donnera la réplique à James Gardner.


 En Italie elle était déjà une star !



L’année suivante, elle part à la conquête du cinéma Français…Et plus si affinités.

Laura Antonelli a un rôle dans « Les Mariés de l’An II », comédie de Jean-Paul Rappeneau menée tambour battant par le duo Jean-Paul Belmondo et Marlène Jobert. Elle y incarne la sœur sublime de Sami Frey. Belmondo qui file depuis des années maintenant le parfait amour avec la James Bond Suissesse Ursula Andress qui pour mieux le surveiller a mis sa carrière en veilleuse et le suit partout comme un cerbère ! La presse s’amuse d’ailleurs de son « Bébel » sous surveillance et aime a photographier la sublime beauté blonde tapie dans un coin du décor et n’en perdant pas une miette. Mais hélas pour Ursula, elle devra laisser « son » Bébel se débrouiller tout seul. Appelée sur un tournage, elle laisse Belmondo aux griffes de Laura, ou est-ce le contraire, qui le saura ? Toujours est-il que si Ursula Andress et Jean-Paul Belmondo se retrouvèrent dès leurs films terminés, ce fut pour sonner en chœur le glas de leur histoire.


 Laura se fait sa petite place, mine de rien, dans le cinéma français en rejoignant Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel et Jean-Pierre Marielle sur le plateau de Philippe Labo qui met en scène « Sans Mobile Apparent » avant de devenir, mon dieu, quelle coïncidence, la partenaire de Jean-Paul Belmondo dès l’année suivante dans « Docteur Popaul ».



Le règne d’Ursula Andress finissait très officiellement et commençait celui de Laura Antonelli dans le cœur et la vie de l’idole hexagonale Jean-Paul Belmondo. Un règne qui durerait neuf ans.

L’actrice précédant ainsi les yorkshires dans la vie de l’acteur. Sanctifiée par le prestige du cinéma français où on ne la reverra paradoxalement plus, Laura Antonelli devient une véritable icône du cinéma Italien. Un cinéma qui s’est engouffré avec délices dans la vague de libération sexuelle débridée et qui fait de l’érotisme son argument essentiel de vente, voire son quality label ! Laura Antonelli en deviendra la reine incontestée et sera littéralement déifiée en 1973 avec son rôle d’affolante boniche dans « Malizia » qui donne au genre ses titres de noblesse.


L’actrice qui ne fut pas professeur de gymnastique pour rien condescend à offrir sa nudité sans réserve pour des cinéastes de renom, d’Ettore Scola à Luchino Visconti en passant par Dino Risi, s’essayant souvent avec succès d’ailleurs à exploiter un genre naguère réservé à un circuit de distribution parallèle et auquel ils s’attachent aujourd’hui à donner de l’humour, de l’émotion et surtout de la classe. J’en veux pour exemple la réussite exceptionnelle de « Ma Femme est un Violon ». Et si quelques esprits chagrins peuvent s’étonner de ce statut bien particulier, je dirai que si la belle Laura Antonelli gambada allègrement sans voiles sur les écrans, elle le fit pour des metteurs en scène de la trempe de Luigi Comencini ou Luchino Visconti et pour le bonheur d’acteurs tels que Terence Stamp. Dès le début des années 70, Laura Antonelli devient une des « valeurs sûres » du cinéma italien et sa gloire éclate bien au delà des frontières.



Que ce soit à Londres, Paris ou New-York, Laura Antonelli c’est un nom qui veut dire quelque chose.

Elle traversera les années 80 nimbée d’un même prestige bien que le genre de films où elle avait abondamment brillé finisse déjà par lasser le public qui après les beautés girondes s’entiche maintenant de bagarreurs musculeux et d’effets spéciaux balbutiants.


Séparée de Belmondo, discrète sur sa vie privée, la belle Laura Antonelli rivalise encore d’intérêt avec une Claudia Cardinale jusqu’à ce qu’en 1991 son destin bascule irrémédiablement vers un enfer dont la star ne sortira plus.


Les choses avaient pourtant bien commencé, on proposait à Laura Antonelli de reprendre le rôle qui fit sa gloire dix huit ans plus tôt. Elle redeviendrait la petite boniche affolante qu’elle avait été dans « Malizia » pour « Malizia 2000 ». Il n’y a qu’un hic, les dix huit ans passés sont également passés sur la beauté sensationnelle de l’actrice et la production l’incite à se soumettre aux injections d’un nouveau produit miracle : le collagène. La star accepte de bonne grâce, comme le ferait toute femme qui doit tant à sa beauté. Même si elle l’ignore encore, Laura Antonelli est une des rares personnes à être allergique au collagène. Epouvantablement allergique. Le produit produira une réaction catastrophique, les lèvres de l’actrice ressembleront à deux bananes Plantin sur un visage qui n’aura plus rien d’humain, se rapprochant plus de celui de « King Kong » que de celui de la star de « Malizia », la sublime Laura Antonelli.



L’actrice fera un procès et se laissera courageusement photographier, défigurée, pour mettre en garde les autres femmes des dangers de la chose.

Mais la vie n’en a pas fini de faire payer ses bontés à Laura Antonelli.

Sur base d’une dénonciation, la villa de l’actrice est fouillée, de la cocaïne est découverte, la star est incarcérée. Convaincue de trafic et commerce de stupéfiants, l’actrice est condamnée et se voit assignée à résidence.

Le reste de sa fortune sera englouti en tentatives de réhabilitation.

Elle mettra trois longues années d’un combat opiniâtre pour convaincre la justice.

Laura n’est que consommatrice, pas trafiquante, pas dealeuse.

Mais quel que soit le verdict, Laura Antonelli est bel et bien finie, défigurée, salie à jamais.

Elle récupèrera une certaine somme, bien moins que ce qu’elle espérait pour les outrages physiques subis : cent mille euros au lieu de deux millions.


Cela peut sembler beaucoup, mais qu’est-ce que cent mille euros pour une vie détruite, une carrière brisée un visage ravagé ?



Et quand bien même, la star déchue n’en verra pas la couleur, des avocats véreux lui ayant promis monts et merveilles, d’appels en dommages et intérêts, elle fut spoliée de la totalité de la somme, Victime d’escrocs contre qui elle n’avait même plus les moyens de se défendre.

Laura Antonelli sombra alors irrémédiablement dans l’anonymat, on en avait assez entendu de ses malheurs. Et à tout prendre, c’était ce qui pouvait lui arriver de mieux.

Il y aura bientôt vingt ans que la belle Laura Antonelli a définitivement déserté les écrans mais le destin lui garde encore en réserve un dernier tour de piste sur le manège de la honte.


Un de ses rares amis restés fidèles rend publique la situation désastreuse de l’ancienne icône érotique. Laura Antonelli vit d’allocations de survie dans un modeste appartement aux volets éternellement clos. L’ancienne icône érotique, fantasme planétaire est aujourd’hui obèse, vit de 520 euros par mois, et l’esprit chancelant, le visage défiguré et le corps difforme, écoute dans le noir sordide de sa misère les sermons chrétiens à la radio.

Or il existe une loi en Italie qui recommande une aide plus pointue à des artistes ayant porté haut et fier les couleurs nationales. C’est dans cette optique que son ami avait rendu public le désarroi de la star.


Et qui d’autre que Laura Antonelli a personnalisé l’Italie dans ce qu’elle avait de plus sensuel et de plus beau ? Hélas, la démarche n’eut pas l’effet escompté.

L’Italie en pleine crise économique reçut comme une insulte la demande de cette femme qui avait eu tout et toutes les chances dont elle n‘avait pas su se montrer digne comme une insulte aux autres personnes dans le désarroi à qui rien, jamais n’avait été offert.

Une fois de plus, Laura Antonelli fut pointée du doigt, soumise à la vindicte populaire comme une Marie Antoinette déchue.

Certains souhaitèrent alors que ce soit la dernière fois.

Le monde ne pouvait il rien pardonner à ceux qui lui ont tout donné? La mort fut somme toute plus clémente. Laura Antonelli s'en allait le 22 juin 2015 , fuyant ses misères dans l'oubli de la tombe.

Celine Colassin

 


QUE VOIR ?

 

1965 : Le Sedicceni : Les débuts fulgurants de Laura Antonelli dans un film qui n’a guère d’autre intérêt !

 1966 : Scusi, Lei, é Favorevole o contrario : Il serait vraiment intéressant de redécouvrir ce film aujourd’hui, car si Alberto Sordi était à la mise en scène, Dario Argento en avait imaginé le scénario et Laura y côtoyait Bibi Anderson et la très belle Tina Aumont. Intriguant, non ?

 1969 : Le Diable dans la Peau : Une Laura Antonelli blonde et nue sur l’affiche ! Pour un film que je n’ai pas vu et j’ignore donc s’il y a une relation quelconque avec un éventuel remake du « Diable au Corps ».

 1969:A Man Called Sledge : Laura Antonelli est le ravissant pousse au crime de ce western sans aucun autre intérêt que sa présence et mené par James Garner.

 

1971 : Les Mariés de l’An II : La rencontre Laura Antonelli-Jean-Paul Belmondo sous l’œil pourtant vigilant d’Ursula Andress. Reste une comédie amusante sans être époustouflante menée par ledit Jean-Paul et le nouveau phénomène du cinéma français Marlène Jobert. Laura est la sœur royaliste et très en beauté de Sami Frey qui semble encore se croire dans Angélique.

 1971: Ma Femme est un Violon : Un film complètement surréaliste qui mériterait d’être redécouvert séance tenante ! Un violoncelliste obscur se rendant compte que la beauté de sa femme attire plus les louanges que son art va l’utiliser, nue comme il se doit, comme instrument de musique, la docile et gracieuse Laura offrant ses courbe délicates à l’admiration de tous.

1971: Sans Mobile Apparent : Laura Antonelli rejoint le prestigieux casting de Philippe Labro où aligne son nom à ceux de Dominique Sanda, Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel ou Carla Gravina.

1972 : Docteur Popaul : Belmondo le retour, aux prises cette fois avec la belle Laura et Mia Farrow qui en rajoute sans vergogne dans le genre crétine mochisante et qui avouons le ne semble pas trouver son bonheur dans l’univers de « Bébel ».

1973 : Sexe Fou : Dino Risi est au commandes d’un film à sketches qui se voulait joyeux et débridé et d’ailleurs sorti dans les pays anglo-saxons sous le titre de « How Sex Can be Funny ? »

 1973 : Malizia : Le film culte qui fera de Laura Antonelli l’icône du cinéma érotique du cinéma italien des années 70.

1974 : Simona : Un pur produit de l’ère érotico-comique italienne où Laura Antonelli, folle de son corps explore les extravagances des nouvelles opportunités libertaires dans les draps d’un certain Marc Audier. On sera très étrangement surpris de trouver ici Raf Vallone en tonton !

 1976 : L’Innocente : La carrière de Laura Antonelli prend ses titres de noblesse avec ce film où elle est dirigée par Luchino Visconti. On remarquera par ailleurs la présence de la délégation française avec Marie Dubois (à gauche sur l’image, portant fièrement sa robe rouge), Didier Haudepin et Marc Porel.

1976: Le Malade Imaginaire : Une joyeuse et truculente adaptation de l’œuvre de Molière avec le très en forme Bernard Blier dans le rôle titre.

 1977 : Mogliamante (La Maîtresse Légitime): Laura Antonelli enfin réunie à Marcello Mastroianni dont elle sera d’ailleurs très vite la veuve !

 1977 : Mon Dieu, Comment Suis-je Tombée si Bas : La pauvre Laura, baronne sicilienne de son état, reçoit, au sortir même de ses élégantes épousailles belle époque un télégramme l’abjurant de ne pas consommer son mariage puisque l’élu de son cœur est son frère ! Jean Rochefort et Karin Schubert sont là pour donner des idées de solutions ! C’est drôle, grinçant, très subtil et mis en scène par Luigi Comencini !

 

1981 : Passion d’Amour : Laura Antonelli dirigée par Ettore Scola dans un film sublime avec Bernard Giraudeau et Jean-Louis Trintignant qu’elle retrouve dix ans après le film de Philippe Labro et Bernard Blier, cinq ans après le « Malade Imaginaire ».

1982 : Sesso e Volentieri : Laura dirigée par il maestro Dino Risi après Ettore Scola.

 1985 : La Gabbia (L’Enchaîné) : Laura Antonelli se heurte à la mythique star brésilienne Florinda Bolkan.

1985 : Tranches de Vie : Un film collégial de Gérard Lauzier sans une once d’intérêt si ce n’est Josiane Balasko en djellaba et hilarante dans un sketch sur l’immigration.

 1987 : Rimini-Rimini : Laura Antonelli se fait disputer son titre jusque là incontesté d’icône de l’érotisme du cinéma italien par la sculpturale Serena Grandi. On reverra avec émotion la belle Sylva Koscina.

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