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PATRICIA ROC



Patricia Roc est sans doute un cas à part dans l’industrie du film. La moindre de ses particularités n’étant pas la différence diamétralement opposée entre l’image que le public chérissait et le femme qu’elle était.

Patricia Roc vient au monde le 7 juin 1915 sous le patronyme complet de Felicia Miriam Ursula Herold à Londres.

Elle sera déjà une très grande vedette et elle aura déjà 34 ans lorsqu’elle apprendra que ses parents l’ont adoptée. Elle ne connaîtra jamais sa famille d’origine.

Sans doute son enfance heureuse avec ses parents adoptifs ne l’a t'elle pas incitée à découvrir le secret de ses origines biologiques. Son père, adoptif, donc, était un très riche agent de change belgo-hollandais et sa maman était elle-même franco-anglaise.

Une enfance heureuse, une adolescence luxueuse dans les plus élégants collèges de Londres et de Paris avant que la famille Herold ne s’installe en Allemagne en 1937.

La jeune fille rêve depuis toujours de devenir actrice et aux grandes vacances suivantes où elle est en visite à Londres, elle obtient l’autorisation parentale de suivre quelques cours de théâtre. Il y a belle lurette, après tout que la meilleure société londonienne fréquente des gens de théâtre, alors pourquoi pas?

Mais notre jeune héroïne téméraire ne va passe contenter de prendre des cours. Elle va courir les auditions.

En septembre , elle ne rentrera pas en Allemagne, et pour cause.

Elle est sur scène!

Si ses parents croient encore à une lubie de jeune fille qui lui passera avec le mariage, ils vont en être très vite pour leurs frais. Le destin de Patricia Roc, appelons-la d’emblée comme ca va, prendre un  départ tout à fait foudroyant. Si elle est sur scène, un soir dans la salle, il y a Alexander Korda qui n’est autre que le plus grand, le plus illustre de tous les réalisateurs anglais.

Elle plaît à Korda qui lui fait passer une audition. Une audition qui le conforte dans ses premières impressions admiratives. Après une première apparition « de rodage » dans « The Divorce of Lady X », un film de Merle Oberon, alias madame Korda à la ville, Patricia Roc débutera dans « Le Fils Rebelle ». Une adaptation des aventures du personnage de Gogol: Taras Bulba. On se doute que Patricia n’est pas la tête d’affiche, mais elle est le premier rôle féminin du film.



Après quelques rôles pour la Rank où elle était vendue comme « La Perfection britannique », elle va signer avec la Gainsborough. Etrangement, ce studio , particulièrement florissant durant la seconde guerre mondiale, tournant des films sans relâche sous des pluies de bombes a sous contrat quatre actrices se ressemblant furieusement et se disputant les mêmes types de rôles. Jean Kent, Margaret Lockwood, Phyllis Calvert et bien sûr Patricia. Ces dames partageront souvent les même génériques de la Gainsborough, Patricia aimant à plaisanter qu’elles étaient très camarades dans la vie mais étaient payées pour se gifler à l’écran.

En 1939, avant de signer avec la Gainsborough, Patricia s’était mariée à un ostéopathe canadien, le docteur Murray Laing de 12 ans son aîné. Le public qui la découvrait était ravi. Une fille si bien ne pouvait qu’être femme de médecin tout cela était d’une logique exemplaire, voire même d’une exemplaire logique.

Comme le public, Noël Coward était fou d’elle et n’en parlait que comme « La jeune vierge qui sait jouer la comédie ».. cette dénomination prend tout son sel à la lumière de ce qui va suivre.

Son mari va bientôt faire figure de vieux grincheux despote et malveillant. Il ne lâche plus la belle Patricia d’une semelle, se plaignant amèrement que ses regards langoureux et ses baisers passionnés au cinéma sont bien trop…langoureux et passionnés! Tête candide de Patricia et tête dubitative du public qui se demande ce qui arrive à ce médecin à l’étrange spécialité.

Hélas ou tant mieux, dès 1941, Patricia ne pourra plus jouer les saintes nitouches.

Elle mène une aventure absolument torride avec Michael Wilding que l’on connaîtra plus flegmatique. Cette liaison causera la faillite des mariages des deux protagonistes! On peut d’ailleurs avoir une pensée admirative pour le florilège de conquêtes de ce brave Michael. Outre Patricia, il ajoutera à son tableau de chasse Marlène Dietrich, Marie MacDonald dite « The body » et épousera entre deux victoiires une certaine Elizabeth Taylor. Ce que c’est que le flegme britanique tout de même!

L’actrice Kay Young, l’épouse de Michael Wilding au moment des faits qui nous occupent se répand dans la presse faisant de Patricia la Bethsabée nationale. Les journaux ne sont pas encore tous distribuées que c’est l’actrice Fay Compton qui entonne la même chanson! Patricia a dévergondé son mari l’acteur Ralph Michael!

Patricia devient pour tout l’univers cinématographique anglais « celle qui couche avec tous ses partenaires » ou plus familièrement « Bed Roc »! Ce qui le la trouble que fort peu et ne l’empêche pas de continuer à jouer à l’écran les jolies saintes planant au dessus du moindre soupçon du moindre péché de chair.

Patricia est une véritable star nationale.

Et si elle se demande pourquoi Hollywood ne s’est pas encore intéressé à elle alors que la mode des actrices « so british » bat son plein en Amérique où l’on vit sous le règne de Greer Garson. La réponse ne va pas tarder à la stupéfier! « Ses décolletés dans ses films d’époque sont décidément trop provocateurs pour le prude public américain qui ne s’en remettrait pas! » La censure a bloqué la plupart de ses films où elle est en tête d’affiche. De quoi sidérer le public anglais qui n’avait rien remarqué là de bien scandaleux.

Elle ne fera d’ailleurs qu’un très bref aller-retour à Hollywood en 1946. Le temps d’un film, « Canyon Passage » à la faveur d’un échange d’acteurs et non parce qu’un studio lui offre un contrat. Mais cela sera suffisant pour qu’elle adapte ses habitudes au cinéma américain et mène une liaison absolument torride avec Ronald Reagan alors toujours marié à Jane Wyman.



Reagan sera fou amoureux d’elle et lui proposera de divorcer pour l’épouser. Patricia Roc refusera l’offre ce qui la privera, qui sait, de maison blanche. Mais il est possible que son refus ne soit pas uniquement sentimental. Reagan est un homme marié et Patricia n’est pas officiellement divorcée. Elle a sa vie et surtout sa carrière en Angleterre. Il est fort probable que si un studio lui avait offert un contrat et qu’elle soit restée à Hollywood, elle soit en effet devenue madame Reagan. Patricia rentrera donc à Londres pour mener une nouvelle liaison avec cette fois son réalisateur David MacDonald.

En 1949, enfin divorcée, elle se remarie à André Thomas, le chef opérateur d’un de ses films. Le couple quittera l’Angleterre pour s’installer à Paris. Les mauvaises langues affirmant que Patricia avait fait le tour de tous les hommes intéressants de Londres et devait élargir le champ de ses investigations. Elle en profitera tant qu’à faire pour tourner un film, « Black Jack » sous la direction de Julien Duvivier.

La présence de Patricia outre manche lui permettra de mener un joli parcours dans le cinéma français, en tout cas pour une anglophone mais aussi de se laisser séduire par le cinéma italien. On aurait pu croire ses démons sensuels enfin apaisés lorsqu’en 1952 elle tourne avec Anthony Steele qui la bouleverse complètement et dont elle est littéralement folle, précédant Anita Ekberg dans l’emploi.

Un peu plus tard, Patricia mettra au monde son fils Michael. Son mari fera comme si tout était normal et que le petit Michael était son fils biologique, Patricia ignorant que son mari était stérile.

En 1956 il laissera Patricia veuve, une attaque cérébrale le foudroie à seulement 45 ans.

Patricia Roc se remariera en 1962 à un certain Walter Reif. Un an plus tard, contre toute attente, elle prenait sa retraite nette et définitive à seulement 48 ans.

Les très psychédéliques années 60 auront tôt fait de balayer le souvenir de Patricia Roc, la « vierge qui savait jouer la comédie ». Sans doute avait-elle commis une erreur en quittant L’Angleterre où elle connaissait le succès depuis un lustre car le succès ne suit que rarement les vedettes en exode.

Patricia Roc s’éteindra à 88 ans, à Locarno près du lac Majeur où elle s’était installée depuis des décennies, le 30 Décembre 2003.

Son dernier mari l’avait laissée veuve en 1986. Alors dans sa solitude de veuve, elle avait sorti de sa boîte à souvenirs une photo où Ronald Reagan la regardait tendrement et l’avait placée sur son chevet.

Elle avait vécu une dernière petite aventure médiatique aussi involontaire que saisissante. Avec le temps et porté par la nostalgie pour le cinéma des années 50, son souvenir qu’elle croyait effacé à jamais s’était rappelé aux mémoires anglaises.

Lorsqu’à 80 ans elle vint à Londres pour les funérailles de son beau-frère comme n’importe quelle vieille dame anonyme, il fallut l’intervention de la police pour l’arracher à ses fans en délire!

Ce fut à la fois la plus grande frayeur et la plus grande surprise de sa vie!

Quant à savoir si Patricia Roc fut vraiment la « folle de son corps et des hommes » que l’on veut bien dire, je pense quant à moi qu’elle est simplement une femme comme les autres qui n’a tout simplement pas attendu la libération des années 70 pour prendre sa liberté personnelle. Ce en quoi il serait bien incongru de lui donner tort!

Celine Colassin




QUE VOIR?

1938:The Divorce of Lady X: Avec Merle Oberon et Laurence Olivier

1938:The Rebel Son: Avec Harry Baur

1939:The Gaunt Stranger : Avec Louise Henry et Wilfrid Lawson

1940: It Happened to One Man: Avec Nora Swinburne et Wilfrid Lawson

1942: Let the People Sing: Avec Alastair Sim

1943: Millions Like Us : Avec Anne Crawford et Gordon Jackson

1944: Two Thousand Women: Avec Phyllis Calvert, Jean Kent et Flora Robson

1944: Love Story: Avec Margaret Lockwood et Stewart Granger

1945: Johnny Frenchman: Avec Tom Walls et Françoise Rosay

1945:Madonna of the Seven Moons: Avec Phyllis Calvert, Jean Kent et Stewart Granger

1945: The Wicked Lady: Avec Margaret Lockwood et James Mason

1946: Canyon Passage: Avec Susan Hayward et Dana Andrews

1947: Jassy: Avec Margaret Lockwood

1947: The Brothers: Avec Maxwell Reed

1947: So Well Remembered: Avec Martha Scott et John Mills

1947: When the Bough Breaks: Avec Rosamund John

1948: One Night With You: Avec Nino Martini

1949:The Man on the Eiffel Tower: Avec Charles Laughton et Burgess Meredith

1949: The Perfect Woman: Avec Nigel Patrick

1949: Retour à la Vie: Avec François Périer

1950: L’Inconnue de Montréal: Avec Paulette Andrieux

1950: Black Jack: Avec Georges Sanders et Herbert Marshall

1951: L’enquête est close: Avec Ray Milland

1953: La mia Vita è tua: Avec Armando Francioli

1955: Le avventure di Cartouche: Avec Richard Basehart et Massimo Serato

1957: The Hypnotist: Avec Roland Culver

1960: Bluebeard’s Ten Honeymoons: Avec Georges Sanders, Jean Kent et Corinne Calvet

 

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