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ANN BLYTH


Au chapitre des stars dont la carrière et le destin furent façonnés par un seul rôle, je demande aujourd’hui Ann Blyth dans le rôle de la fille vénale et sans scrupules de Joan Crawford dans Mildred Pearce : Veda Pearce alias Ann Blyth.


 Ann Marie Blyth vient au monde le 16 août 1928 à Mount Kisco, une petite ville de la côte Est dans l’état de New-York. Une petite ville charmante et plutôt huppée, de nombreux seigneurs d’industrie y ont leurs somptueux manoirs.

 La famille Blyth est très catholique et on ne manquerait une messe pour rien au monde. Pourtant, ses parents, Harry et Nan vont se séparer. Nan Blyth quitte Mount Kisco avec ses deux filles et s’installe dans un petit appartement new-yorkais, le plus près possible d’une école catholique pour ses chères filles.

La foi religieuse de Nan Blyth imprégnera complètement ses filles qui seront à leur tout d’une dévotion inébranlable envers leur seigneur. Si Ann Blyth apprend très tôt le chant c’est non seulement parce qu’elle a une jolie voix mais surtout parce qu’il y a une chorale à l’église et que chanter à la messe est un acte de foi. La petite fille croit dur comme fer aux miracles et elle fait bien, il y en aura plusieurs dans sa vie.

 

Ann Blyth possède une voix puissante et haut perchée qui surprend ses professeurs au point de persuader Nan Blyth de présenter sa fille aux auditions de l’opéra pour enfants.

Institution certes surprenante mais alors non seulement très à la mode mais très renommée et liée directement au Métropolitan Opéra qui la considère comme un excellent vivier pour les talents de demain. La joliesse d’Ann Blyth n’a bien sûr échappé à personne et n’est-ce pas merveilleux lorsqu’une voix céleste s’échappe d’un véritable petit ange du paradis ?

Ann Blyth va grandir au son des grands airs du répertoire.

Bientôt elle emmènera l’opéra pour enfants de New-York en tournée et un soir que la troupe se produit à Los Angeles, le réalisateur Henri Koster est dans la salle, subjugué. Il propose un bout d’essai à la jeune Ann Blyth dès le lendemain, avant que la troupe ne reparte. Elle accepte.

Henry Koster n’a pas la dégaine d’un vieux prédateur Hollywoodien, il n’est pas Harry Cohn. Il a plutôt l’aspect d’un brave homme, un peu rond avec les lunettes de Sacha Guitry.


Et puis lui aussi a été élevé par une mère solitaire dans le Berlin des années 10 après la séparation de ses parents. Quelque chose chez Ann Blyth le touche au plus profond, indépendamment de son talent et de sa juvénile beauté. Lorsqu’il rencontre Ann Blyth il est l’homme qui a sauvé Universal de la faillite en faisant débuter Deanna Durbin, autre adolescente à la voix céleste. Il est évident qu’en voyant la jeune Ann Blyth il a saisi immédiatement le potentiel commercial de cette jeune fille qui chante certes moins bien que Deanna mais est nettement plus jolie. Il y a quelque chose de « piquant » chez Ann Blyth alors que Deanna restera à jamais doucereuse physiquement.

Mais si Deanna est doucereuse, elle est devenue en un film un monstre du box office. L’Amérique lui voue un véritable culte et la jolie adolescente rompue à l’Ave Maria de Schubert plutôt qu’au dernier succès de Rudy Vallée va longtemps enchanter le cinéma US. Jane Powell suivra le même chemin à la MGM où on tentera même l’expérience du bel canto avec une autre adolescente nommée…Elizabeth Taylor !


 Henry Koster va signer Ann Blyth chez Universal et la faire débuter dès 1944 dans des comédies musicales « familiales » avec Donald O’connor déjà célèbre. Il ne s’agit guère plus que de tirer encore les bonnes vielles ficelles qui font le succès de Deanna : Des adulte sont de gros soucis d’argent, les enfants, en chantant, vont les résoudre car ils vont en gagner plus qu’il n’en faut. Et si Universal met à ce point les petits plats dans les grands, c’est que précisément, Deanna a des velléités d’actrice sérieuse. Elle veut maintenant jouer les vamps de films noirs sans sortir une seule note de son gosier céleste.

En outre son contrat arrive à expiration, il est temps pour Universal de réagir si l’on veut continuer à exploiter le filon d’or pur que sont les films chantant de Deanna Durbin.


Personne alors ne peut se douter que si Ann Blyth est bien une star en devenir, tout le monde chez Universal fait quand même fausse route.

Personne jamais ne remplacera ni même n’égalera Deanna Durbin. La mièvrerie de ses films fait que l’on oublie aujourd’hui à quel point Deanna fut une chanteuse exceptionnelle. 80 ans après ses grands succès, sa technique est encore enseignée dans tous les conservatoires du monde. Elle est, avant Maria Callas, celle qui a révolutionné, encore jeune adolescente l’art lyrique. Deanna Durbin a fait de ce fameux « Ave Maria » de Schubert sa véritable propriété personnelle et au passage a fait de plusieurs générations d’adolescents des férus d’opéra plutôt que de base-ball ou de démonstrations Tupperware.


Quant à Ann Blyth, malgré la passion qu’elle a pour l’art lyrique et son travail acharné, elle aura toujours une voix légèrement aigrelette qui n’est en rien comparable à celle de Deanna ni même de Kathryn Grayson.


C’est donc prêtée à la Warner en remplacement de Bonita Granville qu’Ann Blyth va rencontrer, sans chanter, la gloire.


Le studio Warner vit une situation plutôt difficile. On y a acheté les droits du roman de James MacCain « Mildred Pierce » à l’intention de la star maison Bette Davis. Mais celle-ci a envoyé le scénario pourtant travaillé par William Faulkner en personne à l’autre bout de la pièce avec une bordée d’injures. Aussitôt, Joan Crawford pourtant aussi difficile que miss Davis l’a ramassé et a souhaité le tourner. Une aubaine pour la Warner qui n’espérait plus qu’un jour Joan Crawford accepterait de faire quoi que ce soit !


Mais surprise, Michael Curtiz qui doit mettre le film en scène, ne veut pas entendre parler de Crawford dans le rôle de Mildred Pierce ! Il préfère attendre que Barbara Stanwyck ait terminé son film en cours. Mais Barbara, Curtiz aurait dû le savoir, est une amie très chère de Joan Crawford. Et si Joan Crawford a besoin du rôle pour se remettre en selle, Barbara Stanwyck ne va certainement pas l’en priver !

Curtiz sans s’avouer vaincu et contre l’avis du studio se dirige vers Olivia de Havilland qui décline puis vers Joan Fontaine qui décline tout aussi sec. Ces deux-là n’ont pas l’intention de déjà jouer les mères de jeunes adultes et pour cause ! Elles sont encore de jeunes trentenaires !

Mortifié, Michael Curtiz devra se résoudre à faire tourner Crawford quitte à se montrer glacial et à la limite de la grossièreté avec elle durant tout le tournage.


Mais Joan n’en a cure, elle voulait le rôle Mildred Pierce, elle fera mieux que le jouer, elle sera Mildred Pierce ! Dans tout ce charivari, lorsqu’enfin la Warner eut une actrice pour le rôle, le film fut mis dare-dare en chantier, on n’avait déjà pris que trop de retard et accessoirement, on avait attendu qu’enfin le rôle titre soit distribué pour compléter le casting.


Bonita Granville initialement prévue pour jouer Veda Pierce, était partie depuis belle lurette vers d’autres distractions, seule Ann Blyth pouvait être crédible dans le rôle et était disponible à peu près séance tenante. Réalisa-t-elle alors qu’elle obtenait sans l’avoir demandé un rôle pour lequel Deanna Durbin se serait damnée, je l’ignore.

 Avait-elle réalisé alors qu’elle ne serait jamais la nouvelle Deanna Durbin et que c’était l’occasion rêvée d’orienter différemment sa carrière, je l’ignore.


Ce que je sais c’est qu’elle abordait le tournage littéralement tétanisée. C’était la première fois qu’elle quittait les murs protecteurs du studio Universal et puis il y avait…Crawford !

Quelle jeune actrice n’aurait pas été tétanisée d’effroi à l’idée d’affronter ce monstre sacré sur qui couraient les plus effroyables légendes, ça aussi je l’ignore.

 

La première rencontre entre la mère et la fille Pierce mérite d’être contée.

L’usage à Hollywood voulait que les premiers rôles ne s’adressent pas aux seconds en dehors du plateau et qu’enfin personne ne s’adresse aux techniciens. Or, Ann Blyth malgré sa réputation grandissante d’actrice au collet très monté, n’aimait rien tant que de papoter avec les techniciens durant les longues heures d’attente entre les scènes. Crawford comme à son habitude veillait à tout sur le plateau, clouait le décor, choisissait les coussins, astiquait les placards pour que tout soit parfait et « a la hauteur d’un film de Crawford ! »

 

Ann qui connaissait tous les techniciens par leur nom chez Universal, entreprit de faire la conquête de ceux de chez Warner. Elle n’aimait rien tant, après tant d’années de pratiques d’église que d’écouter les problèmes de tous et les gratifier de ses pieux conseils. Elle était un véritable confessionnal ambulant et sa loge ne lui servait à rien. Un jour qu’elle écoute, recueillie un quelconque éclairagiste lui raconter sa vie par le menu détail et à sa demande, surgit Crawford !

Ann était persuadée qu’elle allait se faire écharper mais elle eut la surprise d’entendre Crawford demander au technicien : « Alors, Max, c’est une fille ou un garçon ? Et comment va madame Max ? N’hésite pas à me le dire si tu as besoin de quoi que ce soit ! ».

Joan Crawford était une star adorée de tous les techniciens des studios. Elle les connaissait tous par leur prénom savait tout de leur vie de famille. Elle était des baptêmes, des mariages et des enterrements. Elle ne loupait aucun anniversaire, aucun noël et chez les techniciens d’Hollywood, les petites filles prénommées Joan en son honneur pullulaient !


Ann Blyth était sidérée et accessoirement, elle venait de rencontrer la meilleure amie de sa vie !

« Ma chérie, il faut que je sois extraordinaire sur ce film et je le serai grâce à toi ! Nous serons extraordinaires ensemble ! ».


 Hélas, profitant de quelques jours de vacances, Ann s’en alla aux sports d’hiver et interdite de ski par les assurances du tournage, elle se contenta d’une luge. Ce fut suffisant pour un accident qui faillit la laisser paralysée. Les pronostics des médecins étaient désastreux, ses chances de marcher à nouveau étaient proches du néant mais c’était compter sans…Crawford !

Envoyant Michael Curtiz au diable, elle refusa de continuer le film si on remplaçait Ann Blyth ! « Vous voulez que je joue une mère qui sacrifie sa vie pour sa fille et que je laisse renvoyer celle qui joue son rôle parce qu’elle est tombée d’une luge ? »

Joan Crawford prit les choses en mains. Elle trimballait Ann Blyth dans son énorme Cadillac qui pouvait la contenir sans problème avec son fauteuil roulant.

Elle avait fait chambouler complètement le plan de tournage pour retarder les scènes d’Ann le plus possible. Ann ne tournait pas mais Joan la voulait sur le plateau pour qu’elle « reste dans le bain ».


Entre les scènes, elle renfournait sa jeune partenaire dans la Cadillac et elle l’emmenait dans sa propriété de Brentwood. Là elle s’occupait de sa rééducation physique dans son immense piscine. Bientôt Ann put se tenir debout on put tourner quelques scènes où elle resterait statique. Ann joue appuyée sur son partenaire comme dans la scène où Mildred la surprend dans les bras de Monty Beregon son mari de cinéma. Ou alors on tourne en plan américain des scènes où elle est supposée être debout mais où elle est en réalité assise en dehors du cadre.

Comme pour la scène où Joan appelle la police. Joan ayant fait au préalable un véritable travail de géomètre pour que les proportions restent exactes entre Ann et ses partenaires, qu’elle n’ait pas l’air soudainement plus grande ou plus petite.

Et au passage, elle usera de toute son influence pour garder la presse à distance. L’accident d’Ann Blyth aurait bien sûr fait vendre des tonnes de papiers mais une actrice ayant frôlé la paralysie risquait de ne plus être couverte par les assurances. Ca signifiait un risque trop important pour n’importe quel studio. Autrement dit c’était peut-être la fin immédiate de la carrière d’Ann Blyth.


Mildred Pierce restera un des films essentiels de l’histoire du cinéma américain. Joan retrouvera son statut de star et sera remise en selle pour des années. Et puis surtout « Mildred Pierce » lui vaudra le seul Oscar de sa carrière.

Le film vaudra à Ann Blyth sa seule nomination.


Joan, restée chez elle, prétextant une grippe triompha de Gene Tierney, Jennifer Jones, Ingrid Bergman et Greer Garson. Ann Blyth par contre sera évincée par Anne Revere pour avoir été la mère d’Elizabeth Taylor dans « National Velvet ». Eve Arden elle aussi nommée pour Mildred Pierce resta sur le banc de touche avec Ann Blyth, Angela Lansbury et Joan Lorring.

L’année suivante, après 14 mois de souffrance physique, Ann Blyth qui vient à peine de retrouver toute son autonomie a la douleur de perdre sa mère.

Complètement désespérée et encore mineure, elle s’installe chez sa tante à San Fernando Valley. Plus tard elle rachètera la maison et y passera le reste de sa vie.


Ann Blyth continue donc sa carrière, forcément devenue plus prestigieuse comme il convient à une actrice ayant été nommée aux Oscar. Et après le sort qu’elle a fait subir au personnage de Veda Pierce, plus personne ne songe à la faire chanter dans des comédies musicales bien nunuches. Hollywood voit en elle une actrice au potentiel dramatique très intéressant puisque malgré sa jeunesse et son visage d’ange elle sait se montrer capable des pires vilenies sans se départir de son charmant sourire.

 

Côté vie privée on est bien en peine de trouver une petite bribe de scandale à se mettre sous la dent. On l’a beaucoup vue avec l’acteur Lon McCallister avec qui elle fut « presque fiancée » avant d’être « presque mariée » puis son dévolu se porta sur un autre acteur, Richard Long.


En 1951, Hollywood apprend avec stupeur qu’Howard Hugues a jeté son dévolu sur Ann Blyth. L’émoi est grand, Hugues est un spécialiste des starlettes inconnues à qui il promet monts et merveilles, pas des vedettes confirmées comme Ann Blyth. Ava Gardner elle-même s’en étonne : « Qu’est-ce qui lui prend de s’intéresser à une actrice aussi collet monté qu’Ann Blyth ? »

Absente quelques jours, Ann Blyth a la surprise en rentrant chez elle de trouver sa maison flanquée d’une piscine et son garage pourvu du nouveau modèle Cadillac. A la journalise qui s’ébouriffait à l’idée de voir « une fille si bien » accepter une piscine d’Howard Hugues, Ann répondit pleine de candeur : « Vous vouliez que je fasse quoi ? Que je prenne une pelle et que je la rebouche ? »

 

Le 27 Juin 1953, Howard Hugues en ayant été semble-il pour ses frais et Maureen O'hara venant de déclarer : « Mon petit frère va probablement épouser Ann Blyth et je suis ravie de l’avoir comme belle-sœur », Ann Blyth se marie à la stupéfaction générale.


Elle épouse son gynécologue le docteur James Vincent MacNulty de 11 ans son aîné. Ann Blyth qui était déjà terriblement collet monté devient tout à fait guindée. Elle renonce à porter les cheveux longs et à jouer des personnages avec de mauvaises intentions.

Elle déclare d’ailleurs que ce sont leurs mêmes convictions religieuses qui avant toute chose ont décidé de ce mariage.


Elle ne ment pas, bien des années plus tard, en 1973, son mari et elle seront adoubés chevaliers de l’ordre du Saint Sépulcre de Jérusalem.

L’ordre remonte aux premières croisades et la mission des chevaliers n’est rien de moins que de veiller à la préservation du tombeau du Christ.

On est en effet bien loin des basses manœuvres de Veda Pierce !

En attendant ces pieux honneurs, elle édite un album de « ses plus grands airs ».


 Elle renonce à être liée par contrat avec un studio car elle a l’intention de fonder une grande famille. Elle n’entend laisser personne disposer de son temps.

 

Le mariage d’Ann Blyth est avec celui de Grace Kelly le mariage dont Hollywood aura le plus vivement souhaité l’échec ! 

Mais non seulement le mariage d’Ann Blyth va tenir bon, mais elle va mettre sa « menace » à exécution.

 

le 10 Juin 1954 elle met son fils Timothy au monde

le 14 Décembre 1955 naît sa fille Anne

le 23 Décembre 1957, c’est au tour de sa fille Kathleen

Le 9 Décembre 1960 vient son fils Terence

Le 10 Avril 1963, c’est sa fille Eileen qui restera la cadette de la famille.

 

Ann Blyth aurait volontiers abandonné le cinéma dès la naissance de son premier enfant, mais Hollywood et la MGM en particulier lui tendit un piège qu’elle ne pouvait pas éviter : La comédie musicale.

Mais pas n’importe laquelle, pas de rock ni de swing pour miss Blyth ! Du chant lyrique !

Elle est la vedette de « Rose Marie » et du « Prince Etudiant », réalisant ainsi son plus vieux rêve.

Et grâce à Kathryn Grayson qui ne veut plus jamais voir Mario Lanza même de loin, même en photo, elle connaîtra son dernier très grand succès en étant l’épouse du ténor dans « The Great Caruso ».


En 1957, après une ultime comédie musicale, « The Helen Morgan Story » où elle chante et se montre ivre en un véritable catalogue de ses nombreux talents, Ann Blyth, bientôt maman de trois enfants renonce au cinéma.

 

Elle travaillera encore pour la télévision durant toutes les années 60 et reprendra même une tournée théâtrale avec « Wait Until Dark » pour ne pas désobliger son amie Shirley Jones empêchée de continuer le spectacle.

On reverra Ann Blyth de ci de là, dorénavant simple invitée d’honneur dans les spectacles où elle paraît. Elle fera ses adieux définitifs en 1985 dans l’inévitable épisode d’Arabesque qui convient à toute star vieillissante de l’âge d’or.


Chaque année pour Noël, comme le veut la tradition américaine, Ann envoie à tous ses proches une carte de vœux avec une photo de toute sa famille. Contrairement à la tradition, elle ne pose pas au pied du sapin ou devant la cheminée garnie de chaussettes mais dans son jardin de San Fernando Valley au pied de la statue de la vierge qui y trône.

Ne fait-elle pas, elle aussi partie de la famille ?

Le 13 Mai 2007, son mari s’éteint à 89 ans.

 

Ann Blyth est restée telle que le cinéma nous l’avait donnée à admirer et qu’importe que ses 80 ans et même ses 90 ne soient plus qu’un lointain souvenir. Parfois, elle consent encore à venir fouler un tapis rouge, participer à une conférence sur le cinéma.

 

Le temps a passé, mais n’a pas réussi à effacer le visage serein qu’elle doit à une vie réussie et une foi sans concessions.

Celine Colassin

QUE VOIR ?

 

1944 : Chip of the Old Block : C’est la guerre en Europe, l’Amérique s’en mêle. Les grandes stars masculines partent faire leur devoir et les grands studios testent dare-dare de jeunes perdreaux de l’année pour les remplacer. Et bien entendu il leur faut de jeunes demoiselles assorties. Cette situation très particulière fera le bonheur de Frank Sinatra, Peter Lawford, Tom Drake et quelques autres. Elizabeth Taylor, June Allyson, Jane Powell et Bonita Granville seront les grandes gagnantes de la situation. Ici le studio Universal confia à Donald O’connor les jeunes Peggy Ryan et Ann Blyth.

 1944 : The Merry Monahans : Le film précédent ayant été un succès on reprend les mêmes et on recommence presque à l’identique. Revoici Peggy Ryan, Ann Blyth et Donald O’connor !

 1944 : Babes on Swing Street : Troisième mouture du même principe ! Ann Blyth chante, Peggy Ryan danse et Donald O’connor est remplacé par Andy Devine.

 1944 : Bowery to Broadway : Ann Blyth et Susanna Foster découvrent l’extravagante Maria Montez. Ce film est une véritable curiosité Universal. Maria qui a conquis le public grâce un exotisme de pacotille mais dans un technicolor criard trône en tête d’affiche mais n’apparaît somme toute que peu. Peggy Ryan et Donald O’connor sont logés à la même enseigne et Andy Devine est à peine mieux loti. C’est finalement Susanna Foster et Louise Albritton qui s’en sortent le mieux .

 1945 : Mildred Pierce : Le point d’orgue de la carrière d’Ann Blyth, le rôle qui la fait entrer dans la légende et accessoirement le début d’une amitié fusionnelle avec Joan Crawford qui durera pour la vie. Le rôle de Veda faillit aller à Bonita Granville puis Martha Vickers et enfin Virginia Weilder avant que d’échoir à Ann Blyth.

 1946 : Swell Guy : Ce film est peut-être le seul rôle vraiment intéressant de l’acteur Sonny Tufts. Ce chanteur à la carrure digne d’un péplum est apparu sur les écrans durant la guerre grâce à une ancienne blessure le dispensant  de servir à l’armée il n’avait eu qu’à se glisser dans la place laissée vacante par les héros hollywoodiens partis combattre. La guerre terminée  ces messieurs reprendront leur place et Sonny Tufts disparaîtra au fond d’une bouteille avant de mourir à 58 ans. Habitué aux comédie avec Claudette Colbert ou Paulette Goddard il incarne ici un type malhonnête et sournois se faisant passer pour un type sensationnel. Au grand dam d’Ann Blyth qui en tombe follement amoureuse.

 1947 : Brute Force : Moment fort dans la carrière d’Ann Blyth dirigée par Jules Dassin . Ne craignant rien, elle affronte Yvonne de Carlo, Anita Colby et Ella Raines. En tout cas au générique car leurs personnages ne se connaissent pas. Ann est ici l’épouse de Burt Lancaster et elle refuse de laisser opérer son cancer tant que son mari est en prison ! A l’heure de la sortie du film dénonçant la violence dans les prisons, la critique admira le film mais s’affola sur les scènes de violences en milieu carcéral encore jamais montrées aussi brutalement. Certains mêmes refusant d’y croire argumentèrent qu’après tout, personne n’était allé voir si c’était bien « a ce point là » !

 1947 : Killer MacCoy : Il existe parfois des choses surprenantes au cinéma. Voici Mickey Rooney en terreur des rings de boxe ! Si aujourd’hui l’idée paraît un tantinet saugrenue, à l’époque c’était le premier rôle « adulte » de Mickey Rooney et le public se rua pour faire un triomphe au film et à Mickey !

1948 : A Woman’s Vengeance : Un film noir de bonne facture dirigé par Zoltan Korda où Ann Blyth s’offre le french lover Charles Boyer comme partenaire. Charles certes vieillissant mais toujours très efficace.

 1948: Another Part in the Forest: Etrangement oublié aujourd’hui, ce film mené par le vétéran Fredric March fit énormément parler de lui en son temps car il apparut comme l’exemple type de la parfaite adaptation d’une pièce de théâtre à l’écran.

 1948 : Mr Peabody and the Mermaid : William Powell en vacances aux Caraïbes pêche une sirène dorée. Ce qui nous prouve à quel point le scénario de ”Splash” était une idée aussi follement originale que jamais vue !

 1949 : Red Canyon : Howard Duff et Ann Blyth s’affrontent pour savoir lequel des deux est le plus efficace en dressage de chevaux sauvages. D’où le titre choisi pour l’exploitation européenne du film : « Le Mustang Noir »

 1949 : Once More, My Darling : Robert Montgomery passe derrière la caméra et se met en scène. Le tout est épouvantablement vieilli et aurait dû être tourné 20 ans plus tôt avec Carole Lombard.

 1949 : Top o’ The Morning : Une jolie comédie romantique tournée en Irlande où Ann Blyth s’éprend de Bing Crosby.

 1949 : Free for All : Ann Blyth aura donné la réplique à quelques grandes icônes des années 30 puisque la voici maintenant face à Robert Cummings après Charles Boyer, Bing Crosby et William Powell. Le film était surtout destiné à faire briller Robert Cummings et la critique comme le public s’offusqua de retrouver Ann Blyth dans ce rôle de jeune secrétaire sans intérêt après ses excellentes performances dans ses films précédents. L’un deux commentera même « il n’y a donc plus de petites starlettes débutantes prêtes à jouer n’importe quoi à Hollywood qu’on ait donné ce rôle à Ann Blyth ? Quant à Bob Cummings, il ne sera décidément jamais ni Cary Grant ni James Stewart ! » Sans vouloir enfoncer le clou je dirais qu’en effet Cummings affiche dans ce film la sensualité d’un tabouret de cuisine et l’enthousiasme d’une borne kilométrique. Ce qui fait que malgré tout…On ne voit qu’Ann Blyth !

 

1950 : Our Very Own : La MGM met les petits plats dans les grands autour de Farley Granger et Ann Blyth. Le scénario est pourtant bien mince. Ann Blyth apprend qu’elle a été adoptée, elle est la fille naturelle d’Ann Dvorak ! Mais le film permet une fois encore à la MGM de porter au pinacle les bonnes vielles vertus familiales américaines

 1951 : The House in the Square : Ann Blyth  dans un film fantastique où Tyrone Power voyage dans le temps pour ses beaux yeux, cela se refuse-t-il ? Le film avait été commencé en 1945 par Maureen O’hara et Gregory Peck puis abandonné au bout de quelques jours de tournage. Repris en 1951 avec Micheline Presle tombée malade , Ann Blyth la remplace au pied levé.

1951 : Katie dit It : Et qu’a donc fait Katie ? Jolie petite libraire d’un patelin très collet monté ? Elle est tombée amoureuse de Mark Stevens qui sort d’on ne sait où !

 1951 : The Great Caruso : Avec le très imposant Mario Lanza dans le rôle. Le film sera un succès colossal mais les héritiers du ténor disparu en 1921 attaqueront la MGM en procès pour outrage à la mémoire de leur parent…Et gageront la partie haut la main !

 1951 : Thunder on the Hill : Claudette Colbert en bonne sœur, cela se refuse-t-il ? Non. Surtout si le mythique Douglas Sirk est à la mise en scène. Ann Blyth renoue avec son personnage de « vilaine fille » perdu de vue depuis Mildred Pierce. Elle joue ici une meurtrière ayant empoisonné son frère. Mais nous sommes chez Douglas Sirk, pas chez Michael Curtiz. Une pluie torrentielle fait que la voiture qui devait mener Ann Blyth en prison s’arrête au couvent de Claudette ! Laquelle persuadée de l’innocence de la jeune fille mène prestement l’enquête sous sa cornette au péril de ses propres abatis. Ann sera innocentée et Claudette persuadée que cette pluie était envoyée de dieu pour mettre à l’épreuve ses talents de détective !

 1951 : The Golden Horde : Ann Blyth dans son personnage sans doute le plus spectaculaire, celui de la princesse Shalimar. La pauvre affronte une horde de mongols sans éducation lorsqu’arrive à point nommé le croisé David Farrar

1952 : Sally and Saint Anne : Un des films les plus méconnus d’Ann Blyth où elle joue une petite provinciale ayant pour habitude de prier Saine Anne pour résoudre ses petits soucis familiaux et accessoirement ravir son fiancé à la belle Kathleen Hugues ! Le film n’avait d’autre but que de véhiculer de bonnes valeurs américaines mais il est particulièrement réussi et reste plaisant à visionner comme peut l’âtre « A Date with Judy » ou « Father’s Bride ».

 1953 : All The Brothers Were Valiant : Sortit en Europe sous le titre de “Perle Noire”, le film connut une incroyable carrière à la télévision durant près de 30 ans et fut au moins aussi rediffusé que « La Grande Vadrouille » ou la saga des « Angélique ». Cet étrange phénomène vaudra une longue popularité à Ann Blyth !

 1954 : Rose Marie : Voici remis sur le chantier cette vieille lune d’opérette canadienne où Ann Blyth et Howard Keel succèdent à Jeanette MacDonald et Nelson Eddy. Curieusement, cette resucée connut un grand succès. Mais la MGM affrontait pour la première fois un tournage en décors naturels en technicolor et cinémascope. Les frais techniques du film feront basculer les comptes dans le rouge malgré le succès.

1954 : The Student Prince : Encore un film dont les coulisses sont sans doute plus palpitantes à découvrir que l’œuvre en soi. Mario Lanza avec qui Ann Blyth avait tourné « Le Grand Caruso » trois ans plus tôt se fâche avec la MGM et abandonne le tournage, laissant le film et accessoirement Ann en blonde et en plan. La MGM le remplace au pied levé par Edmund Prudom. Par contre, Mario Lanza ayant déjà enregistré toutes les chansons du film, c’est lui qu’on entendra. Pour la seule fois dans l’histoire du cinéma, un studio basera sa publicité sur le nom de celui qui double l’acteur ! L’opération sera payante, le public est prêt à tout pour entendre Lanza et les bénéfices mirobolants couvriront même très largement les pertes de « Rose Marie »

 1955 : The King’s Thief : Ann Blyth trône au sommet d’une super production MGM. Malheureusement pour elle, le genre de film « cape et d’épée » sur abonde dans la production américaine et commence sérieusement à passer de mode. Celui-ci fra près d’un million de dollars de pertes. Sans doute parce que Robert Taylor puis Stewart Granger, eux aussi lassés du genre refusèrent le rôle du héros qui alla à…David Niven ! Le jeune Roger Moore débutant ne fut pas suffisant pour inverser la tendance et susciter l’intérêt.

1955 : Kismet : Vincente Minnelli s’attaque au remake d’un film déjà raté en son temps. On n’avait  retenu de la version précédente, déjà troisième du nom que les jambes peintes en doré de Marlène Dietrich !

1957 : The Buster Keaton Story : Ann Blyth qui va bientôt abandonner le grand écran boucle la boucle puisqu’elle retrouve le partenaire de ses débuts Donald O’connor en Buster Keaton.

 1957 : The Helen Morgan Story : La dernière apparition d’Ann Blyth sur grand écran face à Paul Newman. Ann Blyth semble s’être spécialisée dans le biopic après celui de Caruso et celui de Buster Keaton. Elle incarne ici la chanteuse Helen Morgan qui ruinée dans le crash de Wall Street sombra dans l’alcoolisme avant de mourir à 41 ans bien que la fin du film laisse espérer une fin sobre et heureuse.

 


 

 
 

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