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JUDY HOLLIDAY


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Judith Tuvim naît à New-York dans une famille de réfugiés Juifs. Abe et Helen, ses parents ont fui la Russie pour l’Amérique. C’est là que naîtra le 21 Juin 1921 leur petite Judith qui restera leur fille unique et adorée.


Ces bienheureux parent sauront en effet tout lieu d’être fiers de leur progéniture, car après avoir été un riant bébé d’une santé scandaleuse, Judy deviendra une sage écolière qui se transformera en une sérieuse étudiante. Ou tout du moins une étudiante appliquée. Et elle a du mérite.

Certes, il ne faut pas décevoir ses chers parents qui se tuent pour lui offrir l’université, mais au fond d’elle-même, Judy ne rêve que de chant, de danse, de théâtre, de comédie. Sous son pupitre ses pieds font des claquettes et si on lui demandait ce qu’elle souhaite faire dans la vie, elle répondrait sans hésitation : Clown !


Devenue une jeune fille dont la beauté n’est pas fracassante mais qui dégage un charme fou grâce à un sourire ravageur et d’un humour absolument incroyable, notre jeune demoiselle ne résistera pas à envoyer des courriers à tous les théâtres et tous les music-halls de New-York, de la plus prestigieuse enseigne au dernier des boui-boui du Bronks afin de trouver un travail. N’importe lequel mais dans cet univers qui la fascine et l’attire plus que tout au monde.

On imagine sans peine l’émoi qui fut le sien et faillit provoquer une crise cardiaque fatale lorsqu’elle reçut au courrier du matin une lettre signée Orson Welles !

Remise de son évanouissement, Judy s’aperçut qu’il s’agissait d’un poste vacant au théâtre qu’il dirigeait alors, celui de standardiste aux réservations !

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Judy devint donc la fille des réservations au Mercury Théâtre et tant pis pour les études, tant pis pour l’université.


On retrouvera notre standardiste en 1938 où avec des copains théâtreux elle a créé un « collectif », un quatuor humoristique de deux filles et deux garçons, où l’on chante, danse joue la comédie et où bien sûr et déjà, Judy va d’emblée faire s’écrouler tout le monde de rire. Dans la foulée, elle était devenue miss Judy Holliday, trouvant cela bien plus joyeux que son nom de baptême.


Bien sûr elle avait participé à quelques courts métrages pour le cinéma, mais rien qui n’ait attiré l’attention sur elle.

Par contre, le joyeux quatuor verra sa renommée grandir de soir en soir, surtout, il faut bien le dire, grâce à l’abattage de Judy l’inénarrable. Les clubs et les cabarets où ils se produiront gagneront en prestige jusqu’à ce qu’ils partent en tournée à travers tous les Etats-Unis, une tournée qui les mènera, précédés d’une flatteuse réputation jusqu’à…Hollywood !

Nos quatre compères firent salle comble tous les soirs, secrètement persuadés à chaque soir que ce serait le grand soir où ils seraient « découverts » et qu’enfin ils rentreraient à l’hôtel avec un de ces mythiques contrats de sept ans au bout desquels vous êtes roi et reines du pays du cinéma. Ou d’un studio, ce qui revient au même !

Les représentations hollywoodiennes terminées, ils n’avaient rien signé et regagnaient New-York.

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La joyeuse association avait débuté en 1938, nous étions en 1944, chacun reprit sa vie de son côté, le quatuor se sépara.


Judy dont la flatteuse réputation était connue de tous à New-York ne tarda pas à voler de ses propres ailes et débuta enfin sur les scènes de Broadway à défaut de studios Hollywoodiens.

 Et à tout prendre, elle préfèrera toujours celles-ci à ceux-là.

Si Judy était allée à Hollywood sans que la grande histoire du film n’en fût bouleversée, ce fut alors qu’on ne s’y attendait plus, Hollywood qui vint à Judy de la plus étrange et de la plus élégante façon puisque le destin ce soir là prit les traits de l’éblouissante Katharine Hepburn.


Katharine Hepburn avait été désignée en son temps « poison du box office », ce qui l’avait moyennement flattée. Elle était alors venue à Broadway, avait assisté à une représentation de « Philadelphia Story » et en avait acheté les droits. Elle avait ensuite patiemment attendu que l’inévitable se produise, à savoir qu’Hollywood veuille faire un film de cette pièce à succès.

Propriétaire des droits, miss Hepburn s’imposa dans le rôle de Tracy Lord, eut son mot à dire sur tout et sur tous et connut un des plus éblouissants triomphes de sa carrière.

Elle fut à nouveau considérée comme une star essentielle mais la leçon avait été rude.

Depuis cette désagréable mésaventure qu’elle imputait à la fois au manque d’imagination des scénaristes et au mauvais goût du public, miss Hepburn, avec une régularité de métronome et son Spencer Tracy sous le bras venait chaque saison à Broadway à l’affût d’une bonne pièce.

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Cette année là, son choix se porta sur « Adam’s Rib » qu’elle considéra comme un merveilleux véhicule pour elle et son cher Spencer. Mais si la pièce lui plut, elle fut complètement subjuguée par le talent, la présence et la drôlerie de Judy qu’elle découvrait les yeux complètement écarquillés comme une petite fille devant un magasin de barbies.


Rentrée à Hollywood les droits de la pièce sous le bras, Katharine Hepburn imposa Judy Hollyday dans un rôle qui la ferait immanquablement remarquer des studios. Celui de l’épouse bafouée et boulimique qui a tenté de tuer son mari et qui oppose le couple d’avocats formé par Hepburn et Tracy puisque Katharine est l’avocat de la défense et Spencer celui de l’accusation.

Son numéro fut tout simplement étourdissant et Katharine Hepburn put être fière de son flair, Judy fut nommée aux Golden Globes.

Mais Judy ne s‘attarda pas à Hollywood malgré les lauriers qu’elle y récoltait par brouettées entières.


Jean Arthur avait triomphé en tournée à travers l’Amérique avec une pièce hilarante « Born Yesterday ». Mais à l’heure de monter la pièce à Broadway, Jean, souffrante et fatiguée déclara forfait.

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On proposa le rôle à Judy, trois jours avant la première, elle s’y précipita.

Hepburn et Tracy qui s’étaient pris d’une solide amitié pour Judy Holliday mijotèrent d’acquérir les droits de « Born Yesterday » pour leur petite protégée, mais malheureusement pour eux, cette fois Harry Cohn, le patron de la Columbia avait été plus rapide qu’eux et possédait déjà les droits.

Spencer Tracy fut déçu mais Katharine Hepburn ne baissa pas les bras.

Elle fit l’assaut de la Colombia et le siège du bureau de Cohn !

On a souvent dit que les pires cauchemars du « tyran » furent Rita Hayworth ou Kim Novak, lesquelles refusèrent toujours ses avances, mais c’est faux.

Son pire cauchemar fut la guerre ouverte que lui mena Katharine Hepburn pour l’engagement de Judy Holliday dans le rôle titre de « Born Yesterday ».


On imagine la tête de Cohn qui avait déboursé un million de dollars pour les droits et qui se voyait sommé par la plus tenace des harpies du siècle de confier le rôle à une comédienne qui n’était pas une star et…Qu’il n’avait pas sous contrat !

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Cohn avait très professionnellement fait passer des tests et la liste des comédiennes qu’il préférait à Judy pour le rôle était longue ! Gloria Grahame, Marie Macdonald, Peggy Knudsen, Jean Hogan, Barbara Hale et Jan Serling. Katharine Hepburn viendra à bout de tout ce beau monde ! Plus tard elle recommencerait au profit de Peter O’Toole pour qu’il obtienne le rôle de Lawrence d’Arabie.


C’était évidemment un gros risque pour le studio de confier un rôle de cette importance à une inconnue. Mais Cohn céda. Il fit photographier Judy dans des poses « à la Kim Novak » en espérant qu’elle « ressemblerait à quelque chose » sans comprendre qu’avec Judy, toute blonde qu’elle fût, le glamour n’était pas le propos.


Il confia le rôle à « cette Holliday », persuadé de courir au désastre.

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Non seulement Judy fut prodigieuse, mais le soir de la cérémonie des Oscar 1950, alors que la planète entière retient son souffle car s’affrontent Gloria Swanson nommée pour sa Norma Desmond et Bette Davis nommée pour sa Margot Channing, c’est le nom de Judy Holliday qui retentit, c’est elle qui ce soir là évince Gloria, Bette, Eleanor Parker et Anne Baxter.


Katharine Hepburn fut plus fière encore de l’Oscar de Judy que du sien.

En cette année 1950, son Oscar sous le bras, Judy Holliday est peut-être une des femmes les plus heureuses du monde, unanimement fêtée, son talent couronné par ses pairs.


Elle est également une jeune mariée heureuse, puisqu’en 1948 elle a épousé le clarinettiste de jazz Davis Oppenheim. Artie Shaw n’était pas libre persiflèrent les commères hollywoodiennes dont Judy se ficha toujours éperdument.


Et une foule de bonheurs ne venant jamais seule, Judy sera bientôt la maman d’un petit Jonathan.


Rien ne peut plus désormais freiner la marche triomphale de Judy Holliday, même pas une accusation Mac Carthienne qui l’accuse d’être une communiste. Sans doute à la solde des « soviets » a-t-elle glané un Oscar pour espionner les coulisses de la cérémonie.

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En 1954, elle alignait deux autres succès commerciaux et se faisait un ami pour la vie de son partenaire, le jeune débutant Jack Lemmon dans « Une Fille qui s’Affiche » et « Phfttt ! ».

Elle enchaînera ensuite avec une joyeuse comédie chaque année, connaissant à chaque fois un triomphe commercial et artistique puisqu’aucune de ses prestations n’a manqué de lui valoir une nomination quelconque tant en Amérique qu’à l’étranger.


Elle s’est également fait une amie de l’une de ses fans les plus ferventes, une certaine Marilyn Monroe qui boit ses paroles et dévore le moindre de ses gestes. Nul doute que le personnage de « dumb blonde » qui réussit si bien à Marilyn et lui ouvre les portes de la gloire doit bien plus à l’intense fréquentation de Judy qu’aux pompeux cours de l’actor’s studio.


Les années 50 se terminent avec une Judy Holliday divorcée et au sommet du box office.

Elle ignore encore que pour elle comme pour son amie Marilyn, la vie, déjà se termine.

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Il y aura une première alerte en 1960, Judy, comme d’habitude triomphe à guichets fermés dans une comédie musicale, « Laurette », inspirée de la vie de Laurette Taylor. Mais son état de fatigue inquiète toute la troupe.

Un soir sa voix faiblit de réplique en réplique elle termine le spectacle sous les rappels et complètement aphone.


Judy devra être opérée d’urgence à la gorge et privée de sa star, « Laurette » quitte l’affiche.

Elle ne reviendra à la scène qu’en 1963, pour un spectacle qui fermera après seulement quarante trois performances de la star. Epuisée, Judy déclare forfait.


Alors même qu’elle est au sommet de la popularité et que tout lui sourit dans la vie, le cancer ronge Judy Holliday et déjà l’emporte. On ne la reverra plus sur scène, là où elle était tellement heureuse, elle avait tourné son dernier film pour le grand écran en 1960.


Quelques semaines avant sa mort, souriante, joyeuse et drôle, bien que portant perruque, elle vient une dernière fois se faire démasquer à l’émission télévisée « What’s my Line » et fait crouler de rire toute l’assemblée.


Judy Holliday s’éteint le 7 Juin 1965, deux semaines avant de fêter ses 44 ans.

Celine Colassin

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QUE VOIR ?


1944 : Winged Victory : Déjà dirigée par Cukor a qui elle devra son plus grand triomphe, Judy apparaît ici dans un court rôle dans l’ombre de Jeanne Crain et Lon McCallister

 1949 : Adam’s Rib : Judy surgit dans un court rôle, mais en technicolor et panavision. Elle conquiert d’emblée le cœur du public international avec ce qui restera sa marque de fabrique, elle reste hilarante même dans les situations les plus dramatiques et emmène le spectateur dans un tourbillon d’émotions contradictoires et simultanées allant du rire aux larmes. Une performance remarquée d’emblée et sanctifiée d’une nomination aux golden globes. Sa réussite est telle que l’on se surprend d’emblée à s’ennuyer d’elle lors des marivaudages du couple de stars Katharine Hepburn et Spencer Tracy.


 

1950 : Born Yesterday : Le grand triomphe de Judy face à William Holden qui ne craint pas la comédie pure même s’il ne sera jamais Cary Grant. Broderick Crawford avec ses cravates tapageuses et ses chaussures qui lui font mal est hilarant. Auréolé du prestige d’un récent Oscar du meilleur acteur, son nom devance d’ailleurs celui de Bill Holden au générique. Ce film connaîtra un remake assez pitoyable avec Mélanie Griffith qui ne doutait vraiment de rien !

1952 : The Marrying Kind (Une Cadillac en Or Massif) : Sous ce titre qui me fait rêver se cache une des comédies les moins connues de George Cukor. Sans doute parce qu’Aldo Ray en est le jeune héro romantique et qu’il n’a rien à faire dans cet univers. Judy hérite ici d’actions dans une société louche où elle va aller fourrer son nez. Supposée être d’une stupidité incommensurable, elle va bien entendu se révéler plus rouée que ses partenaires masculins.

1954: It Should Happen to You (Une fille qui s’affiche): Le joyeux team Judy Holliday et Jack Lemmon encadré avec beaucoup d’élégance par Peter Lawford et Constance Bennett dans une comédie délicieuse où débute l’excellent Jack à qui Judy porta bonheur. Les quelques rares amateurs de curiosités qui ont pu voir « Macédoine » avec Michèle Mercier auront reconnu le scénario bêtement trafiqué de « Une Fille qui s’affiche ».

1954: PHFTTTT : Retrouvailles entre Judy et Jack Lemmon, mais surtout affrontement au sommet entre les deux ladies Columbia : Judy et Miss Kim Novak !


 

 

 

 
 
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