
Le nom de Donna Douglas ne nous évoque pas grand-chose, à nous européens, et pour cause. Le feuilleton où Donna a gardé le même personnage neuf ans et qui a fait d’elle un phénomène de société US n’a pas à ma connaissance été diffusé chez nous. Mais Donna, bien sûr, ce n’est pas que ça.
Cette blonde naturelle bien que toujours perruquée vient au monde le 26 Septembre 1933 à Bâton Rouge, capitale de la Louisiane. Elle sera élevée dans la ferme de ses grands parents ce qui lui laissera un amour immodéré des animaux et des manières quelque peu frustres. La valeur n’attendant pas le nombre des années, Donna se marie dès la fin de ses études secondaires, en 1949, à son concitoyen Roland Bourgeois. Elle devient maman et « Miss Bâton Rouge ».
Dans la foulée. En 1957 elle est Miss Nouvelle Orléans et déjà divorcée depuis belle lurette.
Elle est alors invitée, comme c’est l’usage pour les Miss à venir montrer sa belle couronne à la télévision. Raison pour laquelle elle quitte Bâton Rouge pour New-York. On la verra alors dans les shows d’Ed Sullivan et de Perry Como. Pour ceux qui n’ont pas la télévision, elle est placardée partout en ville et dans leurs drugstores préférés car Donna devient aussi une « Miss Dentifrice » très efficace. Bien entendu, Hollywood ne pouvait rester aveugle aux charmes de cette somptueuse créature qui sois dit en passant sait magnifiquement chanter et danser. Bref, une aubaine.

Dès son arrivée on fit d’elle une brune puisqu’elle était blonde, imparable logique hollywoodienne. On la distribua dans quelques comédies trépidantes et technicolorisées menées par les endiablées Shirley MacLaine ou Doris Day, voire même par Elvis Presley soi-même.
Suivant les conseils de cette autre blonde très avertie et venue, comme elle de sa Louisiane natale, Cléo Moore, Donna investit ses avoirs dans une respectable agence immobilière mais n’eut guère le temps de s’en occuper. La télévision l’accapare pour des années de succès. « The Beverly Hillbillies » allait passionner durant neuf ans les téléspectateurs de tous âges et Donna avec sa perruque à la Nellie Olson allait entrer dans la légende populaire américaine.

Comme Michèle Mercier avec ses « Angélique », elle se lamenta quelque peu d’être identifiée à jamais à ce seul personnage puis en prit son parti, et tout compte fait s’en avoua satisfaite!
Donna Douglas chevauchera régulièrement un vénérable tacot 1900. Elle enfilera son jeans, ses santiags, ses chemisiers à volants vichy et surmontera le tout d’une effrayante perruque à bouclettes très « les périls de Pauline ». Elle viendra ainsi attifée rappeler des années durant à ses fans le bon vieux temps de leur feuilleton préféré. Le reste du temps elle viendra au secours des animaux en détresse et adoptera tout ce qui bouge sauf les guêpes et les serpents à sonnette.
La fée des animaux s’éteint le 1 janvier 2015 à l’âge de 81 ans, emportée par le cancer du pancréas dans sa ville natale de Bâton Rouge où elle s’était retirée.
Comme Edie Adams ou comme Sue Ane Langdon croisée sur le plateau de « Frankie et Johnny » Donna Douglas fut une « entertaineuse » de première force et le cinéma ne sut pas profiter d’une telle aubaine.
Dommage pour nous.
Celine Colassin

QUE VOIR?
1959: Career: Avec Shirley MacLaine et Anthony Franciosa
1963: The Trill of it All: Avec Doris Day
1966: Frankie and Johnny: Avec Elvis Presley et Sue Ane Langdon