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GLORIA SWANSON



Gloria Mai Joséphine Swanson naît à Chicago le 27 Mars d’une année sujette à caution. Les biographes de celle qui deviendra une des personnalités les plus célèbres du XXème siècle pinaillent sur la date de l’illustre naissance et hésitent entre 1897 et 1899. Tant qu’ils y sont, ils mégotteront également sur le nom de famille officiel de la chérubine, balançant entre Swanson et Svensson. Je pencherais en ce qui me concerne pour…la prescription de ces détails et J’opterai pour une Gloria Swanson de 1899.

 

Le père de Gloria est un militaire, sa mère se contente d’admirer sa petite fille aux yeux clairs car l’enfant est un véritable charme pour les yeux et toute la famille se pâme au moindre de ses gazouillis. La mère de Gloria fut toujours fascinée par la beauté de sa fille. Elle pouvait l’admirer des heures et rien n’était trop beau pour sa créature. Un jour pourtant, Gloria grandissant, elle lui trouva un défaut. Elle s’exclama soudain « Mon Dieu ! Tu as de grandes oreilles ! »

 Et dès lors sa principale occupation fut de confectionner chapeaux, nœuds, rubans et coiffures qui cacheraient au mieux ce défaut minime entachant cette beauté parfaite.  La future star d’Hollywood apprenait l’importance du costume.

Tout ceci n’empêchera pas le couple Swanson-Svensson de se séparer alors que la petite merveille est encore à l’école.

C’est lors de vacances scolaires qu’une de ses tantes lui propose d’aller voir « les acteurs jouer pour le cinéma ».

 

La compagnie « ESSENAY » qui débite des bobines loufoques à la pelle a un studio à Chicago et ce studio se visite comme n’importe quel autre cirque. La petite Gloria a 14 ans et reste éberluée par ce qu’elle voit. Par toute cette agitation qui tient plus de la gymnastique que de l’art dramatique devant un monsieur qui tourne la manivelle de sa caméra à tour de bras en hurlant des ordres stupéfiants « Vas-y, flanque lui une baffe, encore une, très bien, un coup de pied au cul, maintenant ! ». La petite fille est tout à fait ravissante malgré ses oreilles avec de grands yeux de turquoise pâle qui éclairent un visage aux traits purs. Déjà sa petite moue dubitative et dédaigneuse lui donne un « petit je ne sais quoi » qui intrigue et fascine. Elle ressortira des studios avec une invitation à revenir « pour jouer dans les films si ça l’amuse ».

Ce qui l’amuse surtout, c’est que c’est payé ! Bien des années plus tard elle commentera : « Mes débuts n’ont rien eu de miraculeux, l’époque était différente, si ça vous prenait, vous passiez au studio et si par hasard on avait besoin de vous, on vous prenait et vous étiez dans le film, c’est tout, ce travail n’avait aucun prestige, les acteurs de cinéma étaient des ouvriers comme les autres. » Gloria revint souvent au studio ESSENAY dès 1914, d’abord parce que sa mère lui laissait tous ses gains pour s’acheter encore d’autres robes, d’autres chaussures, d’autres gants, d’autres chapeaux, ensuite par ce qu’elle s’est fait un bon copain d’un acteur de la bande : Wallace Beery.




 Enfin parce que sans se l’avouer encore tout à fait, ce travail lui plaît.

 

Le travail lui plaît, soit, mais il y a un hic : Essenay ne fait que des comédies burlesques où il ne s’agit que de se pousser pour se faire tomber, se battre et se lancer de la nourriture à la tête, Gloria ne se sent pas « comique ».

Charlie Chaplin qui l’auditionne lui donne d’ailleurs entièrement raison.

 Elle est bien consciente que le travail d’acteur c’est autre chose, que ce qu’elle fait n’a rien à voir avec le théâtre ni même avec ce qui se fait à Hollywood où on commence à produire des films « sérieux ».

 

C’est par le biais de son bon copain Wallace que son destin va se jouer. A son arrivée au studio un beau matin, elle apprend que Wallace Beery le farceur de service aux mains baladeuses a quitté Chicago pour Hollywood afin d’y tenter sa chance…En réalité, Pour échapper au scandale qui risque d’éclater et où une très jeune fille serait impliquée murmure t’on sous cape pour préserver les juvéniles oreilles de Gloria. Quelques semaines plus tard, Wallace qui ne l’a pas oubliée lui écrit d’Hollywood dont il lui fait une description enchanteresse et l’invite à venir l’y rejoindre faire de « vrais » films.

 Tentée, Gloria se lance dans l’aventure et traverse le continent en chemin de fer avec sa maman terrorisée à l’idée de traverser des territoires indiens et d’y laisser son scalp.

Nous sommes en 1916.


 Sur place Gloria trouvera un Wallace Beery complètement changé, fini les grosses blagues vulgaires et bonjour les belles manières. Elle est aussi engagée chez Keystone pour y être dirigée par Mark Sennett dans son bataillon de « bathing beauties » avec une autre idole des foules : Mabel Normand. Mabel fut la vraie star des « bathing », certaines bobines portent même son nom accolé au titre comme « Mabel à la plage » par exemple. Elle tourna plus de 120 films pour Sennett sur les 200 qu’il fit des « Bathing ». Les « Bathing Beauties » connurent un succès phénoménal et furent la signature érotique de toute une époque. Rien de bien palpitant pourtant.

 Ces dames minaudent sur les plages, les dunes et les rochers en maillots fort peu révélateurs avant de sauter dans une petite vaguelette en tenant bien haut leur ombrelle chinoise. Leur naissance vient d’un phénomène qui, il en fallait peu, fascina son époque.



Depuis la fin du XIXème siècle, le bain de mer se popularisait. On eut tôt fait de légiférer sur la tenue des baigneuses. il ne fallait effaroucher ! Et que dire de l’outrage aux bonnes mœurs d’un pays aussi puritain que l’Amérique. Il fallut attendre la fin de la guerre 14-18 pour que ces dames puissent se baigner sans chaussures et sans bas. Mais il ne fallait pas se croire tout permis pour autant ! On légiféra très officiellement sur le nombre de centimètres de chair nue qu’il était permis de dévoiler ! Les plages étaient donc sillonnées par ces messieurs de la maréchaussée ou des dames patronnesses nommées par le bureau du shérif pour mesurer les gambettes des baigneuses. Et gare à la contrevenante qui se faisait embarquer souvent avec une extrême violence ! Tout cela faisait un très intéressant spectacle et inspira à Sennett ses fameuses « baigneuses ».


Ces beautés balnéaires découvrent la joie de plein air mais après quelques maladresses désopilantes, les « forces de l’ordre » avec matraque et moustache viennent mettre bon ordre dans cette débouche de froufrous marins. Un spectacle qui fait mouche ! Ces dames adorent voir ces créatures éradiquées du bord de mer pendant que leurs maris reluquent leurs cuisses ! Le succès des « Bathing » était si grand que l’avisé Sennett faisait ériger des gradins sur ses tournages et le public pouvait venir y assister moyennant la somme de 25 cents. Ce qui peut sembler paradoxal puisque le film en salle ne coûterait au dit spectateur que 5 cents !

 

Même s’il est bien payé, ce n’est pas ce travail qui va donner à Gloria la sensation de s’exprimer artistiquement. En réalité, depuis sa plus tendre enfance, dotée d’une jolie voix, elle se rêve chanteuse d’opéra.

La réelle surprise hollywoodienne est pour Gloria la demande en mariage de Wallace Beery qui commence à être un acteur qui compte. Gloria accepte, elle a 17 ans.

 

L’histoire est tristement célèbre, et elle est d’autant plus triste que Wallace Beery est un acteur qui sut se montrer à l’écran d’une efficacité rare et sera d’ailleurs oscarisé. Le soir de ses noces après une cérémonie fastueuse, la jeune mariée a la surprise de voir son jeune époux débouler complètement ivre dans la suite nuptiale. Gloria qui plafonne à un mètre 52 exige qu’il quitte sa chambre, il la viole.




Beery commençait à bien fonctionner en incarnant toutes les vicissitudes de l’homme qu’on aime détester. Ses personnages toujours faussement débonnaires sont menteurs, voleurs, tricheurs, buveurs, maquereaux et j’en passe. Sans doute l’osmose entre l’acteur et ses rôles était elle trop forte. C’est un phénomène qui ne fut pas rare à cette époque où nombre de comédiens se conduisirent en ville comme à l’écran et perdirent pied dans leur propre légende.

Le cas de Bela Lugosi est le plus célèbre d’entre tous et la folie gagna plus d’une idole de l’écran silencieux. Clara Bow et Mae Murray sentirent leur conscience vaciller et que dire de Marie Prévost, l’amie de Gloria au temps des bathing qui sombra dans la prostration et se laissa mourir de malnutrition à moins de 40 ans.

 

Après la violence que Beery lui fit subir, la jeune mariée violentée ne fut pas au bout de ses peines et de ses épreuves. Ayant annoncé à son mari qu’elle attendait un enfant, celui-ci lui conseilla le repos et une potion fortifiante bienvenue à une future maman si jeune et si frêle. Le poison qu’il lui fit avaler provoqua une fausse couche et faillit l’emporter elle-même.

En 1919 Swanson et Beery étaient divorcés.

 

Professionnellement, la chance avait commencé à tourner. Keystone fait faillite. Mark Sennett, sa Mabel Normand sous le bras propose également un contrat à Gloria pour aller poursuivre ailleurs leurs désopilantes aventures balnéaires. Gloria hésite, rechigne, et finalement refuse, Sennett déchire son beau contrat tout prêt et en jette les morceaux à la figure de l’ingrate !

 Une autre société de production, la TRIANGLE s’intéresse à Gloria et lui propose de faire d’elle une star supérieure encore à la Mabel de Sennett. Gloria accepte à condition de ne plus sautiller en maillot, Triangle était d’accord.

Gloria est positivement enchantée de son premier film pour triangle « You Can’t Belive Everything » et sa prestation est si efficace qu’elle tape dans l’œil du plus prestigieux metteur en scène du moment : Cecil B. DeMille en personne qui la convoque à son bureau.

 

Le metteur en scène déjà mythique a envie de la faire tourner et garde un œil sur elle depuis qu’il l’a vue en bathing beauty, Gloria se déclare libre de tout engagement car elle n’a signé aucun contrat avec Triangle. Elle ignore encore qu’à l’époque la parole donnée suffit, de plus elle vient d’accepter une augmentation de salaire, la proposition de De Mille tombe à l’eau, Gloria en est mortifiée.

 Dans la vie privée, Gloria fraîchement divorcée s’offre un flirt avec le millionnaire Pasadena Craney Grantz mais bien que son coffre à bijoux explose comme un grain de maïs dans une poêle, Gloria se rend très vite compte qu’elle n’est pour le richissime Pasadena qu’un luxueux bibelot et non une épouse potentielle. Elle se laisse donc séduire par le très distingué Herbert Somborn, genre d’homme aujourd’hui tombé en désuétude qui envoyait des orchidées pour s’excuser d’offrir un vison, ouvrait les portières, tenait les chaises et fréquentait tout le gotha hollywoodien dont la starissime Clara Kimball Young alors icône du drame en robe invraisemblable qui fascine complètement Gloria. Non par son exceptionnel talent qui reste encore à démontrer mais par son ahurissante garde-robe qui n’est pas pour rien dans le succès de ses films.


Après seulement quelques semaines de cour luxueuse et assidue, Gloria accepte de devenir madame Somborn. Nous sommes en 1919, Gloria n’est divorcée de Beery que depuis quelques mois. Elle a enfin l’air d’avoir pris une pente ascendante que plus rien ne pourra freiner, or rien n’est plus faux.



 

Si son premier film chez Triangle a connu un gros succès, l’ambiance n’est pas au beau fixe avec l’équipe et les propos sont plus que tendus entre Gloria et les dirigeants la Triangle. L’actrice se rend compte que ses rôles sont tous plus stupides, médiocres et stéréotypés les uns que les autres. Elle est fermement persuadée que pour conserver l’intérêt et l’amour du public, il faut lui en donner toujours plus. Elle s’est déjà risquée au volant d’un bolide pour le succès d’un film. Elle s’est couchée sur la voie ferrée face à un train qui arrivait vraiment Bientôt elle entrera dans la cage d’un lion et se fera mordre par un serpent à sonnettes ! Gloria Swanson mérite mieux que ces drames mondains ridicules et peu crédibles.


Même si pour l’instant, Gloria est toute à sa joie d’être enfin bientôt maman.

Un bonheur n’arrivant jamais seul, Triangle fait faillite. Libre, Gloria Swanson signe chez Paramount, studio de Cecil B. DeMille. La petite Gloria Somborn vient au monde en 1920.

La grande époque Gloria Swanson peut commencer.

 

Cecil B. DeMille la dirige enfin et l’équipe qu’ils forment est sensationnelle, elle fait partie du tout Hollywood, est une intime des Fairbanks, de Rudolph Valentino. Son luxe tapageur aussi insensé qu’avant-gardiste descend des écrans et se prolonge dans sa vie privée ou tout du moins dans l’image d’elle que véhiculent les médias.


Hollywood lui a crée une rivale en la personne de Pola Negri débarquée de sa Pologne natale dans les valises de Lubitsch et les deux divas s’affrontent à coups de caprices, c’est à celle qui fera les choses les plus extravagantes, les plus romanesques et…les plus chères ! La voiture de Gloria, une Isotta Fraschini importée d’Italie dont les sièges sont recouverts de léopard et qui laisse toutes les Rolls et les Duisenberg d’Hollywood pour ce qu’elles sont à côté d’elle (des brouettes) est aussi célèbre qu’elle et enflamme les imaginations. On peut lire dans la presse : « Gloria Swanson qui se déplace c’est d’abord deux policiers en moto qui ouvrent la route toutes sirènes hurlantes, ensuite une lourde Cadillac avec le personnel de la star : son coiffeur, son maquilleur, son secrétaire et sa masseuse, la star suit dans sa célèbre Isotta Fraschini aux sièges de léopard et au téléphone d’or, suit encore un luxueux convertible avec les chiens de la star avant que deux autres policiers ne ferment le convoi » Pola Negri, du coup, refuse que ses pieds divins touchent encore le sol et se fait mener de sa loge aux plateaux en chaise à porteur.

Pola ayant la phobie des chats et Gloria l’ayant appris, elle se découvrit une âme de bonne fée des animaux et se mit à distribuer des écuelles de lait à tous les nombreux chats du studio…Devant la porte de la loge de Pola.

C’est Adolph Zukor en personne qui devra intervenir pour que cesse le petit jeu. Non pas qu’il vint au secours de Pola mais parce que les chats gavés ne remplissaient plus leur fonction première de chasse aux souris. On ne dira jamais assez le goût certain qu’avaient les souris pour les studios de cinéma où il y avait tant de restes de sandwiches dans tous les coins et tant de délicieux câbles électriques à ronger.



 

Vieillissantes, les divas dans leurs autobiographies respectives s’uniront (à distance) pour clamer : Mais c’est tout à fait faux, nous n’avons jamais fait de choses pareilles ! Nous étions très simples au fond ! » Gloria ne ramenant pas sur le tapis sa gigantesque baignoire en or qu’elle trimballait partout y compris en voyage. Son divin séant ne pouvant s’accommoder disait-on, d’un vulgaire récipient de faïence mis à disposition, fusse par le plus prestigieux palace du monde ! Même si l’âge venu ces icônes de l’âge d’or se défendirent d’avoir été telles, il me semble impossible de ne pas se prendre au jeu lorsque le monde entier vous déifie comme une des plus sensationnelles créatures existantes et irrésistibles. Que l’on vous couvre d’or, de diamants, de fourrures et surtout de dollars pour simplement être telle que vous êtes. Adolph Zukor, devenu un alerte centenaire se souvenait de Gloria comme d’une « Allumeuse incroyable » et complétait « Je ne connais aucun homme qui lui ait résisté pour une petite trempette dans sa célèbre baignoire ! »


La Paramount reconnaîtra pourtant : « Gloria Swanson nous a coûté une fortune hallucinante en caprices de tous genres, mais nous avions trop peur de la perdre et ces dépenses n’étaient somme tout rien en regard des montagnes de dollars que ses films rapportaient et du prestige inégalable qui était le sien et qui rejaillissait sur le studio tout entier. » Que la star se casse un ongle sur le fermoir d’un bracelet de diamants et Cartier invente pour elle le bracelet articulé. Plus de dangereuse fermeture ! Il ne faudrait pas cependant oublier que notre Pola Negri était AUSSI une star Paramount ! Comme de bien entendu, nos divines habitent les plus somptueuses villas d’Hollywood et tant qu’elle y est, Pola a fait copier la sienne sur…la maison blanche !


 Gloria Swanson forme avec De Mille un team de gagneurs de haute volée et elle lui fait une confiance totale.

Elle acceptera d’entrer dans une cage de fauve, se coucher sur le sol face contre terre et attendre que l’animal pose sa patte sur son dos dénudé. On ne parla que de ça et il y eut des émeutes pour la sortie du film. Il y en avait pour son invraisemblable coiffe en plumes de paon albinos !

 Les plus spectaculaires furent pour « les Affaires d’Anatole » où Gloria fume et boit en pleine prohibition dans des robes qui encore aujourd’hui coupent le souffle et feraient très bien à Cannes. L’actrice passe le film à draguer les hommes qui lui plaisent ! Gloria Swanson est la star la plus spectaculaire et la plus rentable des années vingt, la deuxième millionnaire de l’histoire du film après Mary Pickford. Ses films tournés sous la direction de Cecil DeMille n’ont rien perdu, aujourd’hui encore de leur majesté et de leurs incontestables qualités artistiques. Gloria tournera sept films sous la direction de celui qu’elle n’appela jamais autrement que « Monsieur De Mille » et se serait tranché la gorge avec le sourire s’il le lui avait demandé. Pour lui elle restera toujours « ma jeune amie ». Ces sept films sont les plus impressionnants succès artistiques et commerciaux de leur époque et sont toujours visibles aujourd’hui.

Le seul reproche que le génial metteur en scène put faire à son interprète fétiche était son aura de star hollywoodienne luxuriante et tapageuse, selon lui le spectacle devait rester sur l’écran et ne se montrer qu’après l’encaissement du prix du billet. A ceux qui lui répondaient que tout ce tapage faisait une excellente publicité gratuite à ses films avec Gloria, il répondait en tournant des films sans aucun nom connu au générique et qui firent tous des triomphes !



 

En 1924, Gloria est au sommet de la gloire universelle mais les temps commencent à changer. Les mœurs dissolues et les scandales qui entachent la vie des stars commencent à choquer un certain public, Hollywood est montré du doigt et s’auto inflige un code de décence et de bonne conduite : le code Hayes. Gloria avec son luxe insensé et ses héroïnes au comportement bien peu catholique pour ne pas dire franchement païen est bien entendu dans le collimateur des âmes bien pensantes. C’est qu’il s’agit maintenant de se tenir à carreau. Et c’est précisément le moment que choisi le distingué mari de Gloria pour donner lui aussi un spectacle de son cru digne de Jeckyll et Hyde. Le monsieur se déclare bafoué et demande le divorce, présentant au juge la liste des 13 amants de sa femme ! La principale intéressée et ceux qui la connaissaient bien rirent beaucoup mais Paramount ne l’entendait pas de cette oreille, l’affaire risquait bien de briser l’idole à tout jamais et ses derniers films tournés rester bloqués par la censure. Gloria dut céder au chantage, négocier et payer l’indélicat pour retrouver sa liberté et sauver son image de marque. Et même si sa liaison avec l’acteur Rod la Roque était de notoriété publique. Vint alors l’idée d’éloigner la star devenue trop explosive vers l’Europe pour un nouveau tournage sensationnel qui dépasserait tout ce que les imaginations avaient osé envisager jusqu’à ce jour. Elle avait acquis les droits de la pièce « Madame Sans Gêne » de Victorien Sardou, ça tombait bien ! La diva hollywoodienne irait en France tourner une « Madame sans Gêne » sur les lieux mêmes où vécut la maréchale Lefèvre. Et en effet le battage médiatique autour du film dès que le projet fut annoncé fut tel que « monsieur Swanson » l’indélicat disparut des saines préoccupations du public avec son confortable pécule sous le bras.

 

Le battage qui entoura le déplacement de la diva vers la France fut tel qu’en comparaison le naufrage du Titanic, la comète de Hayley ou l’armistice de 1918 eurent l’air de banales anecdotes. Ce n’était rien encore en comparaison de ce que serait son retour ! Divorcée pour la seconde fois, Gloria se plut en France et s’impliqua beaucoup dans la préparation du projet, intervenant à tous les niveaux créatifs et surtout à l’élaboration de ses costumes qu’elle voulait « justes » ce qui était une première mondiale. Elle deviendrait d’ailleurs dès cette époque une productrice redoutable et respectée dans une profession alors fermée aux femmes et plus encore aux actrices. La France sachant que son illustre majesté Swanson ne pipait pas un mot de Français mit à sa disposition un interprète digne de son statut : le Marquis Henri de la Falaise de Coudraye qui saurait se tenir à table et la débriefer sur le maniement des pinces à escargots.

Gloria tombe littéralement en pamoison devant son bel interprète bien élevé et le couple se maria à Paris le 28 Janvier 1925.

 

Le film terminé, Gloria revint en Amérique, marquise et flanquée du mari le plus décoratif du monde que toute l’Amérique voulait voir. La Paramount organisa le trajet New-York Los Angeles en chemin de fer de telle manière qu’à chaque ville que le train devait traverser, il s’arrêtait pour que les nouveaux mariés soient fêtés par une population en délire. L’entrée de Gloria Swanson dans la plus prestigieuse des aristocraties ne pouvait être tolérée par Pola Negri qui épousa le prince Mdivani. Son prince ayant un frère, Mae Murray mit le grappin dessus et devint la belle-sœur de Pola !



Pour Gloria, cette nouvelle union finira par se défaire elle aussi. Le couple divorcera en 1931 après que Gloria ait dû subir un nouvel avortement et le beau marquis se remariera dans la foulée avec l’actrice Constance Bennett.

 Rentrée à Hollywood anoblie et telle une divinité descendue de l’Olympe, Gloria Swanson est plus star que jamais, tout ce qu’elle fait appelle le triomphe, même si c’est tourner sa petite cuillère dans son thé.

 Mais la belle s’est piquée au jeu de la création et l’envie de faire comme Mary Pickford ou Chaplin la titille, elle aimerait maintenant  gérer elle-même ses prochains films.

Gloria Swanson se décide productrice et rompt son contrat Paramount, abandonnant sans sourciller dans la manœuvre un rutilant million de dollars. Elle se lance donc dans « The Love of Sunya », le remake d’un ancien succès de 1919 joué par son inspiratrice Clara Kimball Young.

Mais dès les premiers jours de tournage, les « Swanson Productions » sont en dépassement de budget. L’actrice engloutit une bonne part de son avoir dans ce film qui pour être salué par la critique ne rapporta pas les fortunes escomptées.


Peu traumatisée par le côté négatif de l’expérience, Gloria qui n’aime rien moins que la défaite se lance dans sa production suivante : « Sadie Thompson » et aussitôt les boucliers offensés se dressent : « Comment ? Mais le personnage de Somerset Maugham est une prostituée de bas étage en prise avec un représentant du culte qu’elle pousse au suicide ! Comment Gloria Swanson peut-elle envisager de monter une telle créature à l’écran ? ». Jeanne Eagles avait porté la pièce au triomphe, faisant corriger le second acte par Maugham lui-même. Bien sûr tous les studios avaient rêvé de porter la pièce à l’écran avec miss Eagles dans le rôle dont on parlait jusque sur Pluton mais la censure interdit purement et simplement l’adaptation filmée de cette pièce outrageante.

 

Gloria l’envisagea, pourtant, et non contente de l’envisager, elle le fit !

Et quand je dis qu’elle le fit, j’entends par là qu’elle l’a réalisé !

Gloria fit jouer ses relations et finit pas savoir ce qui avait provoqué l’interdit.

Elle négocia les droits de la pièce à un prix dérisoire puisqu’ils étaient à priori inutilisables et porta la pièce à l’écran puisqu’il suffisait pour débloquer toute l’affaire de faire de l’homme d’église un simple civil excessivement porté sur la religion. Le film sera encore adapté au cinéma, d’abord avec Joan Crawford qui fit un four magistral et ensuite avec Rita Hayworth en technicolor et 3D. Un autre échec même s’il valut à Rita la seule nomination aux Oscar de sa carrière.


Tout Hollywood avait bien ri lorsque la star s’attela à la tâche, et pourtant…

Les dollars coulèrent dans les caisses et dans l’escarcelle de l’actrice-productrice qui put rembourser les fonds investis dans l’aventure par son nouvel amant Joe Kennedy. Et ceci permet de tordre le cou à une légende pourtant tenace : Jeanne Eagles n’a pas perdu le rôle de Sadie Thompson à l’écran parce qu’elle était imbibée d’alcool comme un alambic mais pour des raisons de censure et de droits qui n’avaient rien à voir ave elle mais bien avec la sujet de la pièce. Tout était enfin pour le mieux à ceci près que c’est Janet Gaynor qui reçut l’Oscar de la meilleure actrice. Gloria se soucia d’ailleurs fort peu de cette statuette somme toute assez laide qu’Hollywood venait d’inventer.


Grisée de ce succès, Gloria enchaîne avec "Queen Kelly" et engage Erich Von Stroheim pour le mettre en scène. La production est colossale, les dépassements de planning et de budget aussi mais Gloria s’en fiche maintenant que les bénéfices de Sadie et les économies de Joe Kennedy sont là pour pallier à ces menus inconvénients. Pas pour longtemps, le tournage prend des mois de retard, le gouffre financier est abyssal et pire encore, nombre de scènes tournées par Von Stroheim ne passeront jamais le cap de la censure. Mortifiée, Gloria Swanson interrompt le film et abandonne Queen Kelly. Pola Negri restée chez Paramount aussi confortablement installée en reine des studios que grassement payée put se sentir un moment « gagnante » dans la pseudo rivalité qui l’opposait à Gloria. Pour peu de temps d’ailleurs. Le crash de 1929 englouti tout son avoir et le cinéma parlant qui vient de naître l’éradique des écrans. La diva ténébreuse et fatale s’exprime avec un accent polonais à couper au couteau qui rend son babillage incompréhensible aux oreilles américaines.



 

Gloria de son côté rebondit comme elle a appris à le faire depuis maintenant 15 ans de carrière, elle produit dare-dare un « talkie » où elle apparaît dès la première scène en chantant d’une voix juste et mélodieuse. Le public est ravi, Gloria ne sera pas du cheptel de stars évacuées que sont Pola, Norma Thalmadge, Clara Kimball Young, John Gilbert et consorts. Le film est une comédie romantique et moderne. La garde-robe de Gloria est sensationnelle de modernité elle aussi, notamment grâce au concours de son amie française Coco Chanel !


La MGM, alléchée par tout ce qui est chantant se jette sur Gloria avec un contrat en bonne et due forme que l’actrice s’empresse d’accepter, ravie de réintégrer le confort sécurisant d’un studio. Mais si la MGM n’est jamais à cours de contrats, elle est souvent en panne d’imagination et ne sait trop que faire de sa prestigieuse recrue. Les années 30 commencent avec Gloria Swanson, star immense au sommet de la gloire ayant brillamment réussi le « test » fatal du parlant et sous contrat avec le plus puissant studio du monde et le règne de la marquise de la Falaise est virtuellement terminé. Si le nom de Gloria Swanson enorgueillit le catalogue de stars MGM, le studio ne trouve rien à lui faire faire et lorsque la star vient au studio c’est simplement pour s’y faire photographier en sa qualité d’icône de mode. La star, bien sûr sa lasse de ce traitement. Elle se lasse aussi de ce mari aussi titré soit-il qu’elle ne fait plus que croiser par hasard en rentrant chez elle. L’aimable marquis avait ses activités professionnelles en France, ses apparitions hollywoodiennes étaient réservées à Constance Bennett, Gloria filait le parfait amour avec Joe Kennedy, l’actrice proposa un jour le divorce comme on propose à un invité une autre part de gâteau. En 1931, Gloria est divorcée pour la troisième fois mais fait exceptionnel, elle resterait en excellents termes avec cet ex mari.


 En 1934, après l’insuccès de « La Musique est dans l’Air », Gloria tire sa révérence Hollywoodienne. Elle est avec Greta Garbo la dernière survivante en haut des affiches de la glorieuse époque du muet hollywoodien. De nouvelles venue ont remplacé les absentes et le public se pâme maintenant pour Marlène Dietrich, Claudette Colbert, Barbara Stanwyck et surtout Shirley Temple.

 

Elle fera un court retour en 1941 dans une comédie assez mièvre avec Adolphe Menjou et Desi Arnaz où sa séquence de gymnastique fit beaucoup d’effet mais ne suffit pas au succès du film. Gloria n’en fut pas particulièrement désappointée, elle s’était déjà tournée vers d’autres activités. Elle s’était remariée avec le très beau Michael Farmer rencontré dans le sillage d’un de ses fans invétères : Noël Coward. Ce mariage n’eut que peu d’intérêt si ce n’est la naissance de la seconde fille de Gloria : Michelle Farmer le 5 Avril 1932.




 En 1934, Gloria demande à nouveau le divorce, lassée des perpétuelles scènes de jalousie de ce nouveau mari. Elle aura un quatrième mari pour une durée de 45 jours, avouant avoir épousé William N.Davey parce qu’il était richissime et que sa fille Michelle se languissait d’un père, Gloria se retrouvera l’épouse d’un alcoolique notoire. Parce qu’elle avait disposé des brochures des « alcooliques anonymes » partout dans l’appartement, le monsieur prit la mouche et on ne le revit plus.


 Pour Hollywood et le public comme pour l’actrice elle-même, il semblait clair que si le nom de Gloria Swanson évoquait irrésistiblement luxe, gloire et talent, il restait invariablement et définitivement attaché à l’histoire du cinéma. Une histoire si proche et pourtant lointaine, une histoire définitivement passée.


Personne ne pouvait s’imaginer alors que le meilleur et le plus grandiose restait à venir : le rôle qui ferait passer Gloria Swanson de l’histoire à la légende. Billy Wilder cherche parmi ces grands noms du passé celle qui sera l’héroïne de son « Sunset Boulevard ». Cette Norma Desmond, déchue, retirée et acariâtre, star du muet tuée par le parlant cherchant dans les cendres d’une gloire enfuie l’espoir d’une rentrée fracassante qu’elle estime mériter plus que toute autre, car Norma Desmond est « La plus grande ». Ce qui s’impose comme une évidence aujourd’hui ne l’était pas à l’époque, Wilder avait rêvé de Garbo depuis qu’il songeait à faire ce film et elle ne voulut bien sûr rien entendre. On se tourna vers Mae West qui rentra le ventre, gonfla le torse et s’estima insultée de se voir proposer un rôle de femme plus vieille qu’elle. (En fait Norma est plus jeune que Mae mais ces détails ne comptent pas !)

 Mary Pickford se montra intéressée, mais au fur et à mesure que le script avançait, elle reculait épouvantée. On en vint avec prudence vers Pola Negri dont le script s’inspirait largement, elle hurla comme une possédée.

Personne ne songea d’abord à Gloria car en 1948 elle est une femme dont la jeunesse inouïe est presque scandaleuse et semble défier les lois de la nature, elle s’apprête d’ailleurs à mettre sur le marché sa propre ligne de produits de beauté.

Elle se produit également beaucoup à la télévision, elle est même la toute première légende hollywoodienne à accepter d’en faire.

 Mais en 1948, la technique n’est pas très au point et les émissions ne sont pas enregistrées ou rarement, Gloria ne se voit donc jamais.

Brièvement hospitalisée pour une broutille, elle demande à voir sa dernière prestation enregistrée à sa demande. Et la pauvre Gloria manque d’entrer pour de bon en agonie sur son lit d’hôpital. Epouvantablement mal éclairée et mal cadrée elle se trouve ignoble et découvre avec stupeur que le caméraman a une formation d’ingénieur du son et ne connaît rien à l’image. Gloria résille tous ses engagements en déclarant qu’elle reviendra « Quand ça sera techniquement au point ! ».



C’est ce concours de circonstances qui fait d’elle une actrice libre lorsque Billy Wilder la contacte pour « Sunset Boulevard ». 

Le script de « Sunset Boulevard » lui plut, elle se vexa que Paramount exige un essai "J’ai fait vingt films pour Paramount ! Pourquoi leur faut-il un essai ? " Wilder faillit en tomber de sa chaise, Norma Desmond était devant lui en chair et en os, aussitôt la réplique suivante intégra le scénario « Sans moi, il n’y aurait pas de Paramount ! » Comme d’habitude, Gloria Norma travailla à l’élaboration de ses costumes et refusa de se faire vieillir au maquillage : « Norma Desmond est riche et voue un culte à sa beauté, elle n’a pas à être fripée, rajeunissez donc Bill Holden ! ». Ce que l’on ignore généralement c’est qu’au départ, le personnage de Norma Desmond, tout spectaculaire qu’il fût, était un personnage secondaire, le film racontait les amours de William Holden et de la belle Nancy Olson. Mais dès les premiers rushs de Gloria, il fut évident pour tout le monde, et même pour Nancy Olson, que Norma Desmond entrerait d’emblée dans la légende du cinéma, que le personnage la jeune première ne valait pas une épluchure de cacahuète à côté de celui du monstre. Chaque soir Wilder remania le scénario pour la faire vivre de plus en plus. Le rôle de Nancy se réduisait comme peau de chagrin, lorsque le film sera terminé, il aura l’air « plaqué » sur le film « the story of Norma Desmond ». Mais ne vaut-il pas mieux un court rôle dans un chef d’œuvre absolu qu’un long dans un film de Tom Mix ou de Francis la mule qui parle ?



 

Le film se fit, il fut magique, sorti en 1950, son succès n’a cessé depuis et il est considéré comme le douzième film le plus important de toute l’histoire du cinéma. Je me demande bien quels sont ces onze autres ? Une pluie de nominations aux oscar s’abattit sur « Sunset Boulevard » avec évidemment Gloria en meilleure actrice. Déjà durant le tournage, il ne faisait aucun doute pour l’équipe du film que Gloria serait obligatoirement couronnée meilleure actrice de l’année, voire de la décennie et pourquoi pas du siècle ! Mais la même année, Bette Davis était également nommée pour son historique « All About Eve », Judy Hollyday emporta la statuette et Bette commenta : « Gloria et moi nous nous sommes court-circuitées l’une l’autre, mais si elle avait gagné, j’aurais dansé sur les tables car elle était prodigieuse ! » Lors d’une première projection privée, Barbara Stanwyck avait embrassé l’ourlet de la robe de Gloria.

Mae Murray se sentant visée par le film et vexée de n’avoir pas été sollicitée se fendit d’une élégance : « On était peut-être des salopes mais aucune n’était cinglée à un point pareil ! ».

 

Avec Sunset Boulevard on crut à juste titre qu’une nouvelle carrière triomphale s’ouvrait pour Gloria Swanson dans un cinéma qui se demandait comment il avait pu tourner sans elle, il n’en fut rien. Elle rejeta toutes les propositions qui suivirent à part quelques navrances de mauvais goût car toutes étaient des sous Norma à interpréter ce qu’elle refusa. Gloria s’obstina d’ailleurs longtemps à bien faire la part des choses entre elle et le personnage de Norma, mais Billy Wilder aimait à dire : « Il y avait beaucoup de Norma Desmond en Gloria Swanson »

 

Elle désertera définitivement les écrans en 1975 après un « Airport » où elle joua…Gloria Swanson, le seul personnage qu’elle pût encore tenir avec crédibilité. Elle sillonnera longtemps le monde avec son nouveau cheval de bataille : la nutrition et la diététique.



Gloria commentait alors : « Je refuse de manger ce que mangent les autres gens à commencer par du poison ou des aliments qui ont été emballés dans du plastique ! Pourquoi pas des conserves ?  Lorsque je suis conviée à dîner, j’ai toujours avec moi un morceau de pain de seigle dont je connais la provenance exacte et je le mastique discrètement en faisant mine de partager le même repas que les autres ! Nous vivons une époque déplorable ! L’air que nous respirons, la nourriture que nous avalons ne sont bons qu’à nous tuer ! A croire que les industriels ont passé un pacte avec le diable ! » Gloria, toujours à l’avant-garde, tenait ce discours il y a…45 ans ! Elle menait ce combat avec son ultime mari épousé en 1968, William Dufty, de seize ans son cadet et qu’elle laissera veuf le 4 Avril 1983, jour où Gloria Swanson s’éteignit paisiblement dans son sommeil.

 

Cette femme était encore en pleine activité. Elle avait œuvré dans la mode, la cosmétique.

Elle avait rédigé ses mémoires. Elle avait beaucoup joué à la télévision et à Broadway où elle fut d’ailleurs « Coco » à l’instar de Katharine Hepburn et Danielle Darrieux.

 

Elle a dirigé une ligne de prêt à porter féminin : « Forever Young ». Elle était venue au festival de Cannes et avait fait un détour sur le plateau de Michel Drucker où elle chanta en direct. Elle était une habituée des galas hollywoodiens, des défilés de haute couture mais aussi des soirées du « Studio 54 » où elle aimait faire la fête avec sa copine Bianca Jagger. Gloria était chez elle au 54 même si Cher resta parfois dehors refoulée par le portier !

Celine Colassin



QUE VOIR ?

 

1915: The Fable of Elvira and farina and the meal Ticket.

 1915 : Sweedie Goes to Collège: Les “Sweedie” étaient une série de courts films menés par Wallace Beery dans le rôle titre.

 1915 : La Romance d’une Duchesse Américaine : le premier rôle de vamp de Gloria alors âgée de 16 ans, son personnage en a 30.

 1915 : The Broken Pledge : Retrouvailles à l’écran avec Wallace Beery et le dernier film tourné à Chicago.

1916 : A Dash of Courage : Gloria dirigée par Sennett aide la police à capturer un méchant voleur et avoue préférer la Californie à l’Illinois ! Son partenaire Bobby Vernon devient son partenaire attitré.

 1916 : Hearts ans Sparks : Gloria et Bobby.

 1916 : A Social Club : Avec Bobby Vernon encore qui a la particularité d’être aussi petit que Gloria.

 1916 : The Danger Girl : Parce que Wallace Beery avait appris à conduire à Gloria, Sennett fait d’elle une femme déguisée en homme pour devenir pilote de course, Gloria s’amuse à conduire come une folle sur le tournage à une époque où nul n’a encore pensé à assurer les acteurs !

 1916 : Love on Skates : Gloria passe du volant aux patins à glaces, comme dans son film précédent, Bobby Vernon est son partenaire, mais celui-ci semble définitivement perdu.

 1916 : Haystacks ans Steeple : Pour la première fois, Gloria se mêle de ses costumes et la foule se précipite pour voir l’ahurissant chapeau qu’elle porte pour épouser…Bobby Vernon.

 1916 : The Nick of Time Baby : Bobby et Gloria toujours, mais ils se font voler la vedette par Teddy le chien star qui a sa propre série de films comme Wallace Beery, Mabel Normand ou Pearl White. Détail amusant : les bathing beauties apparaissent dans le film mais Gloria n’en fait pas partie.

 1917 : Teddy at the Throttle : le chien Teddy semble avoir accepté de jouer encore avec Gloria. Dans ce film les vilains l’ont ligotée sur une voie de chemin de fer et le chien doit la sauver avant le passage du train, à l’époque on travaille encore dans l’artisanat, on ligote vraiment quelqu’un sur les voies et le vrai train arrive vraiment sans que la compagnie des chemins de fer ne soit même avertie qu’il y a un tournage sur la voie. Gloria insista pour ne pas être doublée et s’amusa comme une folle !

1917 : Baseball Madness : Gloria lassée des rôles que Sennett lui donne s’en va chez Universal tourner ce film.

 1917 : Dangers of à Bride : C’est Bobby Vernon qui maintenant dirige Gloria dans ce film en plus de lui mimer la réplique.

 1917 : La Femme du Sultan : Gloria, Bobby Vernon et Teddy le chien en expédition orientale avec les bathing Beauties exceptionnellement au sec dans un harem !

 1917 : Pullman bride : le dernier film de la collaboration Sennett Swanson.

 1918 : You Can’t Belive Everything : Gloria sauve un dadais de la noyade et en tombe amoureuse. Dirigée pour la première fois par Jack Conway pour la Triangle, Gloria fait ses preuves et il est décidé d’en faire une star.

 1918 : Society for Sale : Frank Borzage dirige Gloria avec qui il s’entend comme chien et chat. Son partenaire est William Desmond Taylor. C’est la première fois que Gloria peut se montrer à l’écran fastueusement vêtue d’un bout à l’autre du film.

 1918 : Her Décision : mélodramatique à souhait, le film entraîna le départ de Conway qui quitte la Triangle au grand dam de l’actrice.

 1918 : Every Women’s Husband : Les scénarii de la Triangle sont si stupides que Gloria se demande si elle n’aurait pas mieux fait de rester avec Sennett.

 1918 : Sables Mouvants : Gloria victime de maîtres chanteurs connaît un grand succès avec ce film résolument anti Allemands.

 1918 : Code Secret : Gloria espionne.

 1918 : Wife or Country : Drame de l’espionnage encore qui marquera le glas de la Triangle.

 1919 : Don’t Change Your Husband : Premier film de la collaboration Swanson-De Mille. Le succès est venu d’emblée, le film bat les records d’exclusivité avec…deux semaines à New-York. Le tournage est si fastueux que le soir venu, débarrassée de ses costumes et rentrant chez elle, Gloria Swanson se sent comme une pauvresse en haillons.

1919 : For Better, For Wrose : (Pour le Meilleur et pour le Pire) : Le moins réussi des films Swanson-De Mille, le scénario n’est que la valse hésitation d’une femme entre deux hommes et les séquences flash back aujourd’hui habituelles déroutèrent le public de l’époque pour qui c’était nouveau.

 1919 : Male and Female : Après le pire, le meilleur : Gloria partage l’affiche avec Bebe Daniels pour une histoire de famille richissime et naufragée sur une île déserte. Seul le maître d’hôtel est capable d’assurer leur survie et Gloria en tombe éperdument amoureuse, lorsqu’ils regagneront la civilisation, les choses reprendront leur place.

C’est ici que Gloria se laisse lutiner par un lion sans aucun truquage.

 

1920 : Why Chang Your Wife ? Un mari délaisse Bebe Daniels pour Gloria Swanson, Bebe se relooke et reprend sa place, Gloria change de robe à chaque plan ce qui exaspéra les critiques mais ravit le public fasciné.

 1920 : Something to think About: Cecil B.de Mille toujours aux commandes, Gloria joue les ténébreuses sous le regard fasciné d’Eliott Dexter.

1920 : The Great Moment : Gloria est au faîte de la gloire et Hollywood ne sait plus quoi inventer pour la rendre plus passionnante encore. Ici on annonce dès la préparation du film que Gloria se fera mordre par un serpent à sonnettes et qu’un assistant ensuite aspirera le venin. N’ayant pas vu le film je ne peux jurer de rien, mais il semble qu’il y ait effectivement bien eu morsure.

 1921 : Les Affaires d’Anatole : Le dernier Swanson-De Mille et mon préféré. Bebe Daniels est bien sûr dans le coup, ce film est d’une modernité folle et donne envie d’un voyage dans le temps pour connaître ces fabuleuses années vingt !

 1921 : Sous le Fouet : De Mille craignait que le public ne se lasse de sa collaboration avec Gloria Swanson et renonce pour toujours à la diriger. Gloria, ici victime d’un mari tyrannique n’a pas l’occasion de se couvrir de perles, de plumes et d’hermine, le public bouda, déjà on la dit finie ou tout du moins perdue sans De Mille.

1921 : Ne Dites Pas Tout : La Paramount épouvantée par l’échec de « Sous le Fouet » récupère les scènes abandonnées des « Affaires d’Anatole », les mixe à de nouvelles fraîchement tournées et sort ce film d’urgence pour sauver le box office de sa star. Curieusement, le résultat est très réussi et le film marcha fort.

1922 : Her Husband Trade mark : Le contrat de Gloria Swanson précisa que dorénavant l’actrice n’apparaîtrait plus en pauvresse sur les écrans, elle change ici vingt fois de costumes et tous sont filmés complaisamment avant qu’elle ne joue ses scènes. Le public jubilait.

 1922 : Beyond the Rocks : La Paramount eut l’idée de réunir les deux plus grandes stars du monde à l’affiche : Gloria Swanson et Rudolph Valentino. La réussite fut complète et le résultat au box office miraculeux. A la fin de sa vie, Gloria souhaita revoir le film et l’on s’aperçut qu’il était perdu. Le miracle aura lieu en 2004 où un collectionneur privé cédant ses bobines a la cinémathèque hollandaise cèdera du même coup une copie parfaitement conservée et complète du film. Gloria, hélas n’était plus là pour s’en réjouir.

1922 : Her Gilded Cage : Ici il n’y a plus de film, seulement un défilé de mode constatèrent les critiques.

 1922 : L’Impossible Madame Bellew : Encore un drame mondain destiné à éblouir le public des accoutrements Swansonniens.

 1923 : Mon Epouse Américaine : Le film réunissant Gloria à Rudolph Valentino avait connu un tel succès que la Paramount produisit cette resucée de l’histoire alors que c’est le couple qui avait séduit le public et non l’intrigue plutôt fadasse qui les réunissait. Ici Antonio Moreno succède à Rudolph et s’en ira ensuite se faire pâmer Garbo à la MGM.

 1923 : Fille Prodigue : Gloria est la fille de l’icône Marie Dressler et certaines scènes se tournent dans sa toute nouvelle demeure afin que ses fans puissent visiter son « home sweet home ».

 1923 : La Huitième Femme de Barbe Bleue : Gloria, toute en bouclettes était ravie de ce film qui fut massacré par la censure. Claudette Colbert reprendra le rôle pour Lubitsch en 1938.

 1923 : Zaza : Encore un film qui fut sauvagement attaqué par la censure et que Claudette Colbert reprendra à son compte quelques années plus tard. Avec évidemment plus de crédibilité, Zaza étant française. Il est d’ailleurs amusant de souligner que Gloria Swanson fut bien souvent française à l’écran.

1924 : The Humming Bird : Gloria journaliste très émancipée se déguise en homme pour suivre son amoureux à la guerre !

1924 : A Scandal Société : Une femme de la haute société décide de ruiner la carrière de l’avocat qui a défendu les adversaires de son mari. Bien entendu elle en tombe amoureuse. Le bel avocat étant Rod la Roque, Gloria joue les prolongations dans le privé.

1924 : Manhandled : C’est le troisième film que Gloria tourne à New-York, y estimant les esprits plus cultivés qu’à Hollywood. La Paramount, satisfaite des résultats laisse faire. Celui-ci est excellent, Gloria y fait pour la première fois son imitation de Charlot qui deviendra un de ses must, elle joue aussi une scène (hilarante) dans le métro New-Yorkais. Pour son rôle enfin, l’actrice  incognito se fait engager comme vendeuse dans un grand magasin pour étudier son rôle en « immersion ».

1924 : Her Love Story : Gloria en princesse amoureuse de son garde du corps se fait envoyer au couvent par le roi et connaît un de ses plus grands triomphes.

1924 : Le Salaire de la vertu : Gloria en algérienne connaît encore un triomphe, ses trois derniers films sont les sommets du box office 1924.

 1924 : Madame sans Gêne : Paramount avec ce film se lance dans l’opération la plus coûteuse de son histoire, pourtant au départ, Gloria se rendait en Europe dans l’espoir d’y obtenir les droits de « Peter pan », rôle dont elle rêvait, « Madame sans Gêne » était un projet de secours…tant qu’elle y était. Gloria n’imaginait pas un seul instant à quel point elle était populaire en France, elle obtint tout ce qu’elle voulait, y compris le droit de tourner dans les demeures de Napoléon. Et bien qu’elle soit muette, sa « Madame sans gêne » fut bien meilleure que celle que nous donnerait plus tard Arletty.

 1924 : Le Prix d’une Folie : Madame la Marquise de la Falaise de la Coudraye se pique de plus en plus au jeu de la performance, elle est ici une jeune fille et sa mère, sa double interprétation pousse le public au délire et laisse les critiques sans voix.

 1924 : Stage Struck : le film fut entièrement tourné dans une petite ville de campagne qui vécut la présence de l’équipe et de Gloria Swanson comme une bénédiction des dieux. La star est ici une petite serveuse cambrousarde qui rêve d’être une star d’Hollywood, et comme Norma Desmond rêve d’y incarner Salomé. La séquence onirique est en couleurs.

1926 : Untamed Lady : Un échec inattendu dans la filmographie de Gloria Swanson.

 1926 : Fine Manners : L’histoire était sympathique : un milliardaire apprend les bonnes manières à une girl de music hall pour pouvoir la présenter en société, mais lorsque c’est chose faite, il s’aperçoit qu’il la préférait avant ces retouches. Gloria paye la rançon de son professionnalisme pointilleux. Pour avoir donné au public ce qu’il existait de meilleur, celui-ci n’accepte plus la moindre faiblesse de sa part. La star s’aperçoit que la Paramount compte sur son seul nom pour remplir les caisses et considère le reste comme de coûteux caprices de star prétentieuse. Le torchon brûle. Swanson se libère du studio.

 1927 :L’Amour de Sunya : Gloria se lance dans la production et regrette le confort Paramount au bout de quelques semaines, les effets spéciaux exigés par la star qui dans le film voyait son destin dans une boule de cristal engloutirent à eux seuls des sommes folles. Le succès fut au rendez-vous, mais le budget du film mal mené engloutit tous les bénéfices. Le film inaugura le nouveau Roxy Theater de New-York, lorsqu’on le démolira 40 ans plus tard, Gloria posera en star au milieu des décombres.

 1928 : Sadie Thompson : Première nomination aux oscar qui viennent de naître pour Gloria Swanson qui prend tous les risques en produisant une œuvre traînée dans la boue par les ligues de décence et de vertu américaines.

1929 : Queen Kelly : Après des mois d’un laborieux et dispendieux tournage, Gloria Swanson exige que le film s’arrête avant d’être complètement ruinée par Erich Von Stroheim qui a déjà utilisé assez de pellicule pour un film de six mois ! Une version tarabiscotée tente une sortie très confidentielle en Europe avant qu’un travail plus soigné ne voie le jour en 1985 et fasse de Queen Kelly un triomphe.

1929; L’Intruse : Pour sauver les meubles, Gloria se précipite dans cette nouvelle production fermement décidée à en faire un triomphe, phénomène dont elle connaît maintenant toutes les ficelles. Le tournage est bouclé en 21 jours, un record. Elle gagne son pari et en profite pour se pavaner en Chanel, comble de l’avant-gardisme scandaleux. C’est le premier film parlant et chantant de Gloria qui se paye un succès foudroyant, une seconde nomination aux oscar. C’est la first lady de la MGM, Norma Shearer qui la supplante.


 1930 : Quelle Veuve ! Joe Kennedy s’était mis en tête de fournir un scénario d’enfer à sa tendre Gloria. Il lui amena cette chose navrante et l’actrice n’eut pas le cœur de le lui refuser. « Quelle Veuve » fut mise en chantier et un nègre rabibochait l’histoire au jour le jour derrière le dos de Kennedy pour rendre l’ensemble moins ridicule. Au scribouillard qui trouva le titre racoleur que tout le monde cherchait, Kennedy offrit une nouvelle Cadillac et Gloria s’aperçut que c’est elle qui la payait ! Là aussi le torchon brûla.

 1931 : Indiscret : Kennedy a laissé les affaires de Gloria Swanson dans une telle pagaille qu’elle doit se dépêcher à tourner n’importe quoi dont ce très banal indiscret chez United Artist où on lui propose un million de dollars pour quatre films.

 1931: Ce Soir ou Jamais : Gloria joue face à Melvyn Douglas et incarne une chanteuse d’opéra, son rêve d’enfant. L’United Artist a fourgué son contrat à la MGM qui se révèle fort satisfaite du résultat de ce film. Gloria, en outre, n’a jamais été plus belle.

 1933 : A Perfect Understanding : Gloria s’exile à Londres pour y jouer et y produire ce film de cauchemar avec Laurence Olivier. La grippe décima l’équipe, un incendie ravagea le laboratoire, le réalisateur était tétanisé par sa voyante qui annonçait sa mort durant le tournage et le tout fut un ratage complet qui engloutit la fortune de Gloria Swanson. Laurence Olivier est ridicule.

 1934 : Music in the Air : Gloria est à nouveau chanteuse d’opéra et le film n’est certes pas un immortel chef d’œuvre, mais il est vraiment très plaisant à voir.


 1941 : Father Takes a Wife : Gloria Swanson avait déserté les écrans depuis longtemps lorsqu’elle réapparut dans cette chose d’une incrédibilité totale et mal filmée, le tout est cheap, indigne d’elle et Desi Arnaz est exaspérant au possible.

 

1950 : Sunset Boulevard : Après une absence de près de dix ans, Gloria revient pour son plus grand triomphe et sa troisième nomination aux oscar.

1950: Trois pour la chambre C : Gloria dépitée par la mièvrerie de ce qui lui est proposé accepte ce film pour se monter en couleurs.

 1956 : Nero’s Mistress : Cette chose est absolument navrante malgré Brigitte Bardot en Poppée et Gloria en Agrippine qui trimballe des vipères dans son sac à main !

 

1974 : Airport 1975 : Ce film est aussi bête que tous les autres de la série et Gloria se joue elle-même pour son ultime apparition au cinéma.

FIN


 

LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS

(Avec Gloria Swanson)

 

December Bride : En 1951, dans la foulée du succès de Sunset Boulevard ; on parle beaucoup de ce projet qui devrait « asseoir » la nouvelle gloire de Gloria. Après moult méandres, le projet deviendra un soap à succès en 1954 avec Spring Byington et ne fera l’objet d’un film qu’en 1991…En Irlande !

 

Crosstown : En 1953, ce film où Gloria devait interpréter une star arrimée à son Oscar comme preuve de sa gloire passée fut abandonné.

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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