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LAURA HOPE CREWS


Laura Hope Crews est une de ces actrices nées trop tôt pour que la caméra emprisonne à jamais leur juvénile beauté. Notre héroïne du jour vient en effet au monde le 12 Décembre 1879. Nous sommes à San Francisco.

Laura surgit dans une famille de "théâtreux" puisque sa mère est à la fois illustre et actrice, célèbre sous le nom d'Angelena Lockwood. Son père, John Thomas Crew est décorateur de théâtre. Laura restera la "petite dernière" du couple qui a déjà trois enfants à l'heure de sa naissance. Comme c'est souvent le cas chez les gens de théâtre, en tout cas à l'époque, la petite Laura va surgir sur scène dès ses 4 ans avec papa et maman et adorer cela. A cette époque, les enfants acteurs connaissent un succès inouï et souvent bien plus grand que les acteurs adultes. Mary Pickford perpétuera plus tard l'espèce à l'écran. Et ce jusqu'à avoir l'âge de la mère des personnages qu'elle incarne.


Laura quand à elle surgit sur scène sous des tonnerres d'applaudissement et croit mourir lorsque la réalité la rappelle sur les durs bancs de l'école. Ses parents avaient décrété qu'elle avait besoin d'un minimum d'éducation ce qui lui sembla d'une incongruité complète mais la tint quand même éloignée des planches jusqu'en 1898.

Dix neuf ans! Elle avait dix-neuf ans lorsqu'elle put à nouveau entendre ses chers applaudissements. Et, ma foi, elle était devenue une jeune femme d'une beauté charmante et très dans l'air du temps. Elle n'était peut-être pas Maud Fealy ou Liane Haid mais elle pouvait soutenir dignement la comparaison dans un autre genre. Le genre poupée de salon alors très à la mode. Cascade de boucles blondes, joues roses, teint de porcelaine et formes confortables

Chacune de ses apparitions sera un triomphe chacune de ses pièces un succès. Elle est avec Lilian Russell une des actrices qui font la réputation de Broadway.

Le temps passant, Laura Hope Crews va de triomphe en triomphe, regardant d'abord avec épouvante sa taille s'arrondir inexorablement. Puis, estimant qu'après tout cela pouvait lui ouvrir la porte à d'autres rôles, elle laissa faire la nature et se regarda grossir presque avec complaisance.

Elle a cinquante ans et elle est une vedette immense lorsqu'elle reçoit une fort étrange proposition. Le cinéma se mettant à parler, Gloria Swanson la super-méga-star Paramount souhaitant conserver son image de femme moderne voire avant-gardiste souhaite s'y mettre parmi les premières. Elle aimerait quand même avoir les conseils d'un coach vocal. Ne lui a t'on pas dit que "Laura Hope Crews était la meilleure actrice du monde et surtout la meilleure oreille"? 


Laura Hope Crews était au théâtre une star aussi prestigieuse que Gloria Swanson ne l'était à l'écran. Qu'elle acceptât la mission était pour le moins improbable. Elle accepta, pourtant.

Laura Hope Crews vint!

Le cinéma n'était pourtant pas sa tasse de thé, elle avait fait deux tentatives en 1915 et avait aussitôt renoncé à l'idée.

Evidemment, Hollywood ne pouvait rester insensible à la présence de l'illustre entre ses murs. Inévitablement, on lui proposa des rôles véritablement taillés sur mesure. Elle allait connaître un énorme triomphe personnel face à Irène Dunne dans "The Silver Cord" où elle reprenait un rôle qu'elle avait porté au triomphe au théâtre en 1926. Sa prestation fut ahurissante et il n'était pas rare que des applaudissements couronnent ses répliques dans les salles où le film était projeté. Laura tenait le rôle d'une mère dominatrice, castratrice, manipulatrice, sournoise et clairement incestueuse, bordant ses grands dadais trentenaires de fils et les embrassant goulument sur la bouche! Une prestation qui reste sidérante d'audace et de perfection 100 ans après avoir été tournée.


Le public se régalait de ce personnage odieux et maniéré à souhait comme avec cette remarque qu'elle fait à Irène Dunne: "Ce qu'il manque à cette robe, c'est un peu de classe et un visage intéressant" ou "J'ai beaucoup souffert à sa naissance! pensez donc! Un bébé de douze livres!" Mais ces répliques drolatiques ne venaient que fleurir le discours à glacer le sang. Et rendons gloire au médecin de famille qui lance à son fils inquiet de la fragile santé de sa mère "Son cœur? Mais son cœur va très bien il faudrait un bâton de dynamite pour tuer votre mère!" Après ce succès personnel, Laura sera déifiée au cinéma après l'avoir été au théâtre.  Universal la distribue dans un rôle plus important que celui d'une Shirley Temple encore débutante dans "Out All Night".

Elle sera absolument sidérante et odieuse à souhait dans "Camille" avec Greta Garbo avant d'aller couronner sa carrière sur la plateau de "Autant en Emporte le Vent" et entrer dans l'immortalité avec le personnage de tante Pitypat Hamilton!


Le film lui réservera une amusante surprise. Elle retrouve en Clark Gable, un jeune acteur qu'elle avait rencontré vingt ans plus tôt lors d'une tournée en Oregon. Il était alors le jeune WC Gable, tenait des petits rôles au théâtre et vendait des cravates la journée. Laura lui avait trouvé quelque chose et lui avait dit "Vous perdez votre temps en Oregon, c'est à Broadway que les choses se passent. Vous avez quelque chose d'intéressant, foncez!" j'imagine que de le retrouver devenu roi d'Hollywood et s'apprêtant à jouer le rôle principal du film le plus prestigieux de tous les temps dut lui apporter une intense satisfaction personnelle.


Evidemment, Laura est une grosse dame qui prend de l'âge et en ces temps de glamour absolu où règnent Betty Grable, Lauren Bacall et Hedy Lamarr on ne risque plus guère d'écrire pour elle ni même de lui confier des premiers rôles. Mais peu importe à miss Crews. Elle a son cher théâtre et c'est le théâtre qu'elle aime. Elle considère le cinéma comme une sorte de très intéressante publicité. Elle est payée pour tourner des films et le public qui la voit au cinéma n'a de cesse que de se précipiter au théâtre pour l'applaudir à tout rompre.


Ce qui explique sans doute se filmographie en "sauts de puce" puisqu'elle surgit à Hollywood, enchaîne une petite collection de tournages, tous de prestige, il va de soi, puis se volatilise pour retourner à Broadway qui se consume d'ennui sans elle.


La carrière de cette vielle célibataire endurcie aurait d'ailleurs de quoi faire pâlir tout mâle hollywoodien qui se respecte puisqu'elle donnera la réplique trois fois à Marlène Dietrich mais jouera aussi avec un égal bonheur face à Greta Garbo, Greer Garson, Vivien Leigh, Olivia de Havilland, Norma Shearer, Ginger Rogers, Bette Davis,  Myrna Loy, Myriam Hopkins, Irène Dunne et même comme je l'ai dit Shirley Temple.


Son rôle dans "Autant en Emporte le Vent" pour lequel elle s'était fait faire une coiffure drolatique, deux petits toupets de bouclettes blondes à la Shirley Temple, placés sur sa tête comme les oreilles sur celle d'un chien lui avait valu un énorme courant de sympathie, partagé avec Hattie MacDaniel. Hollywood pouvait bien se frotter les mains. Il avait ses deux matrones de grand style!


L'une blanche et l'autre noire dans un même film, que demander de plus? 

On aurait été bien en peine alors d'imaginer que la carrière de Laura Hope Crews, déjà, touchait à sa fin.

En 1942 elle tourne "The Man Who Came to Dinner" avec Bette Davis et Ann Sheridan puis file à Broadway créer "Arsenic et Vieilles dentelles". Un triomphe inouï! Mais on ne la reverra plus. Ni au cinéma , ni au théâtre.


Elle n'a que 62 ans  mais sa santé décline inexorablement et particulièrement rapidement.

Laura Hope Crews s'éteint à New-York le 12 Novembre 1942. Quatre mois plus tôt elle triomphait sur scène et faisait preuve d'un abattage inouï.

Celine Colassin

QUE VOIR?

1929: Charming Sinners: Avec Ruth Chatterton et Clive Brook

1932: New Morals for Old: Avec Robert Young et Myrna Loy

1933: Rafter Romance: Avec Ginger Rogers et Norman Foster

1933: The Silver Cord: Avec Irène Dunne et Joel McCrea

1933: Out all Night: Avec Shirley Grey, Zasu Pitts et Slim Summerville

1934: The Age of Innocence: Avec Irène Dunne et John Boles

1935: The Melody Lingers On: Avec Joséphine Hutchinson

1935: Escapade: Avec Luise Rainer

1936: Camille: Avec Greta Garbo et Robert Taylor

1937: Angel: Avec Marlène Dietrich

1937: Confession: Avec Kay Francis et Basil Rathbone

1939: The Rains Came: Avec Myrna Loy et Tyrone Power

1939: The Star Maker: Avec Louise Campbell et Bing Crosby

1939:The Hunchback of Notre Dame: Avec Maureen O'hara et Charles Laughton

1939: Gone with the Wind: Avec Vivien Leigh, Olivia de Havilland et Clark Gable

1939: Remember? Avec Greer Garson et Robert Taylor

1939: Idiot's Delight: Avec Norma Shearer et Clark Gable

1940: Lady with Red Hairs: Avec Myriam Hopkins

1940: The Blue Bird: Avec Shirley Temple

1941: The Flame of New Orléans: Avec Marlène Dietrich, Bruce Cabot et Roland Young

1941: One Foot in Heaven: Avec Martha Scott Fredric March

1942:The Man Who Came to Dinne: Avec Bette Davis et Ann Sheridan

 

 
 
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