top of page

LOUISE ALBRITTON



Il faut faire très attention avec Louise Albritton. Elle est si belle, si sophistiquée, si racée « So glamourous » que lorsque l’on tombe sur une de ses photos il n’est pas rare que l’on attribue le portait à Maria Montez, voire même à Rhonda Fleming. A Hollywood comme ailleurs, on ne prête qu’aux riches.

Cette beauté céleste voit le jour à Oklahoma City le 3 Juillet 1920. C’est là qu’elle grandira, ira à l’école, au collège et à l’université. Le crash de 1929 avait un peu refroidi les tempéraments jusqu’en Oklahoma. On s’était rendu compte que le rêve américain, tout rutilant qu’il soit n’était quand même qu’un rêve comme son nom l’indique. Il valait mieux aborder la vie avec toutes les chances de son côté. Et donc un diplôme même si on est une fille, même si on est très belle. 

Et très belle, Louise l’est assurément, elle est mieux que belle, elle est sublime.

Elle aurait pu envoyer sa photo à n’importe quel concours de beauté, elle l’aurait gagné séance tenante et elle aurait été reçue tout aussi vite comme une nouvelle déesse par Hollywood. 

Mais Louise Albritton est une beauté avertie. Une beauté pensante et considère ces concours plutôt avilissants pour les femmes, les comparant aux concours pour bestiaux où là aussi on couronne la plus belle vache.

Et en Oklahoma plus qu’ailleurs. 

Pourtant, à quoi bon le nier, Louise est elle aussi folle de théâtre et de cinéma. Elle joue dans des pièces depuis le collège. Mais de là à envoyer sa photo en maillot partout, non! Elle préfère suivre une voie plus spirituelle et lorsqu’elle débarquera à Hollywood ce ne sera pas pour aller jouer les pin-up girls, même si ça ne va pas tarder. C’est pour rejoindre la très célèbre troupe du Pasadena Playhouse.

Et lorsqu’elle sera bien inévitablement repérée par un scout qui lui propose à la fois un film et un contrat, elle acceptera le film et refusera le contrat, tenant plus que tout à sa liberté personnelle et intellectuelle. 

Elle va tourner avec une des pin-up girls les plus en vogue du moment: Marguerite Chapman puis retournera, croit elle, à son cher théâtre.

Seulement voilà, lorsque Louise tourne pour la première fois, nous sommes en 1942. L’Amérique se prépare à entrer en guerre et le cinéma est chamboulé par le phénomène « Pin-Up Girl » dont Betty Grable sera bientôt le fer de lance. La Pin-up Girl qui devient en un temps record un véritable phénomène de société avant d’être reconnu d’utilité publique ou tout du moins militaire.

La Paramount propose l’emploi à la belle Louise qui l’accepte comme si refuser de poser en maillot et jouer des comédies musicales ridicules mais en couleurs était contre productif pour l’Amérique entière, voire antipatriotique.

Lorsque l’Amérique sera officiellement en guerre, Louise aura déjà tourné toute une kyrielle de films et ses photos de pin-up sont parmi les plus prisées des GI’s.

Son fan mail égale celui de sa première partenaire Marguerite Chapman. Ces deux là battent Rita Hayworth à la course dans le cœur des beaux militaires! Et Louise a une chance de plus face à Marguerite.

Elle est chez Universal mais on la prête volontiers à la Paramount, studio où on continue malgré tout à soigner les films, leur contenu et les actrices. Le studio est celui de Marlène Dietrich, de Mae West, de Claudette Colbert et de Carole Lombard qui vient de payer de sa vie son effort de guerre.



Universal va d’ailleurs « vendre » Louise Albritton comme « La Nouvelle Carole Lombard » ce qui n’avait pourtant rien à voir!

Louise devient la rivale pimbêche de Marlène Dietrich soi-même, se disputant avec l’Ange Bleu qui a le double de son âge les faveurs de John Wayne dans « Pittsburg ». Toujours farceuse, elle pose comme Marlène dans les mêmes décors et les mêmes costumes du film.

 Ensuite elle épousera le « Fils de Dracula » soi-même, espérant ainsi atteindre à la vie éternelle dans « Son of Dracula ».

Ensuite encore, elle aura la lourde tâche d’incarner Lillian Russell dans « Bowery to Broadway » Le studio, sans doute parce qu’elle vient de l’Oklahoma va la distribuer dans une jolie collection de westerns!

Elle accède aux premiers rôles et c’est une belle histoire de complicité sinon d’amour entre les studios et leur actrice.

Elle va pourtant commettre une bévue qui lui vaudra six mois de suspension et qui marquera le déclin de sa courte carrière. Louise qui sous cette beauté radieuse et affolante affirme un véritable tempérament de clown ne recule jamais devant une bonne blague à faire aux copains. D’autant qu’à l’époque, les lourds moyens techniques des studios impliquent de très longues mises en place sur les plateaux et que les acteurs attendent beaucoup. Certaines dorment, d’autres tricotent en surveillant tout ce qui se passe du coin de l’œil. Mais la plupart s’enferment dans leur loge avec une bouteille de bourbon, leur caniche préféré et un partenaire de leur choix.

Louise, elle, fait des blagues!

Durant une longue attente sur le plateau du « Fils de Dracula » avec Lon Chaney jr, elle va en faire une qui va rester dans les anales du studio. 

Dans une scène où elle n’est pas, les acteurs doivent pousser le couvercle d’un cercueil et le découvrir vidé de son occupant. Or, Louise a eu largement le temps de s’y glisser, entièrement nue. On imagine volontiers la tête sidérée des comédiens et de l’équipe découvrant cette radieuse nudité au lieu d’un vulgaire capitonnage abandonné! Tout le monde rit jusqu’à s’en étourdir sauf…Universal soi-même! 

Elle profite alors de sa punition pour suivre Marlène qui s’en va régaler le moral des troupes en Italie avec le théâtre aux armées.



Mais on le sait, une actrice qui a été suspendue par son studio est sur la mauvaise pente à Hollywood. Réintégrée, Louise ne tournera plus que des films mineurs, souvent en second rôle. Elle ne s’en inquiète que fort peu. Elle a fait la rencontre du journaliste Charles Collingwood qui est avec Frank Capa un des seuls journalises stars » de sa génération. Le couple attendra la fin des hostilités pour convoler en 1946.

Retrouvant avec son mari un univers à la fois plus sérieux et plus intellectuel qui lui sied mieux, Louise Albritton-Collingwood ne renouvellera pas son contrat à la fin des sept ans du premier. 

Le couple Collingwood s’installe à New-York, Louise en profite pour continuer sa carrière à la télévision mais navigue désormais dans les hautes sphères de la société. Une place qui était somme toute la sienne mais où, hélas il n’est plus question de se glisser nue dans des cercueils pour faire des farces aux copains.

 Collingwood est un proche des Kennedy. Il entrera à la maison blanche comme chez lui. C’est à lui que Jackie fera les honneurs de visiter la maison blanche redécorée par ses soins. Un reportage télévisé qui est entré dans l’histoire. C’est lui aussi qui couvrira l’attentat de Dallas d’heure en heure.

Un épilogue conjugal somme toute heureux pour une histoire qui finira hélas tristement.

Dans les années 70, Louise Albritton Collingwood, toujours aussi superbe dans sa cinquantaine se sent anormalement fatiguée et souffre atrocement du dos. On va lui diagnostiquer un des pires cancers qui soient, celui de la moelle épinière. Bien que la maladie ne lui laisse aucune chance, elle veut malgré tout se battre et suit un premier traitement radical en 1978. Epuisée tant par la maladie que par le remède, Louise part en convalescence avec son mari à Puerto Valarta au Mexique. Nous sommes en Janvier 1979 et l’hiver new-yorkais est cette année là exceptionnellement rude.

La malade ne reverra jamais son cher New-York où elle avait été tant heureuse.

Elle meurt durant sa convalescence mexicaine le 16 Février 1979 à seulement 58 ans.

Celine Colassin



QUE VOIR?

1942: Parachute Nurse: Avec Marguerite Chapman et William Wright.

1942: Not a Ladie’s Man: Avec Fay Wray et Paul Kelly

1942: Who Done It: Avec Bud Abbott et Lou Costello

1942: Pittsburgh: Avec Marlène Dietrich et John Wayne

1943: Fired Wife: Avec Diana Barrymore et Robert Paige

1943: Crazy House: Avec Martha O’Driscoll et Ole Olsen

1943: It Comes Up Love: Avec Gloria Jean et Donald O’Connor

1943: Son of Dracula: Avec Lon Chaney jr et Evelyn Ankers.

1944: Hollywood Parade: Avec Marlène Dietrich et Orson Welles

1944: Bowery to Broadway: Avec Maria Montez, Susanna Foster et Ann Blyth

1945: That Night with You: Avec Suzanna Foster et Franchot Tone

1946: Tanger: Avec Maria Montez et Robert Paige

1947: The Egg and I: Avec Claudette Colbert et Fred McMurray

1948:Walk a Crooked Mile: Avec Louis Hayward

1948: An Innocent Affair: Avec Madeleine Carroll et Fred McMurray

1949: The Doolins of Oklahoma: Avec Randolph Scott

1964: Felicia avec Chet Sommers

4 vues

Posts récents

Voir tout
bottom of page