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MARIE WINDSOR


En règle générale, lorsqu’une future actrice voit le jour dans une petite ville perdue au milieu de rien, elle n’a rien de plus pressé dans sa vie que de fuir vers Londres, Paris, Rome, New-York ou Hollywood. Ce ne sera pas le cas d’une certaine Emily Mary Bertelsen qui voit le jour dans sa bonne ville de Marysvale en Utah le 11 décembre 1919.


Dire qu’il n’y a rien à Marysvale est un euphémisme. Pas un bar, pas un cinéma. C’est une petite ville minière en pays mormon avec un bureau de poste, une ligne de chemin de fer et un magasin général. Ce n’est pas à Marysvale que l’on s’arrose de bourbon pour danser le charleston sur les tables jusqu’au bout de la nuit dans un bar louche. Les mormons ne boivent même pas de café. Si les mormons ne sont pas de joyeux fêtards, ils ont des valeurs auxquelles ils tiennent : Belle éducation, belles études, abstinence, sport et bonne santé. Esprit saint dans corps saint et fréquentes visites au temple.


La jeune Emily Bertelsen se trouve parfaitement bien dans sa ville et sa communauté ce qui fera d’elle une sage jeune fille, brillante universitaire et athlète accomplie. Ski, natation, équitation sont ses disciplines de prédilection auxquelles s’ajouteront la danse et le golf. Cette jeunesse est assez surprenante si l’on songe à l’image que laissera la très fatale Marie Windsor dans l’imaginaire collectif.

En attendant, l’université c’est à Salt Lake City que ça se passe. Et comme toute future actrice qui se respecte, Emily s’est piquée au jeu lors des représentations théâtrales. Alors, quitte à se chercher des petits boulots pour améliorer son ordinaire estudiantin, elle va travailler à la radio de Salt Lake City.  Sa vocation d’actrice se faisant plus forte, elle va sauter le pas. Elle va traverser le désert du Nevada et débarquer à Hollywood en 1939 pour y suivre les cours de la très prestigieuse Maria Ouspenskaya.


C’est de nouveau la valse de petits boulots. Elle sera longtemps demoiselle du téléphone avant de proposer des sketchs à l’animateur Jack Benny pour son émission de radio alors follement populaire. Par contre, les portes des studios restent hermétiquement closes alors que notre héroïne est fabuleusement belle. Plus tard elle incriminera sa haute taille. « C’est handicapant quand vous êtes plus grande que tous les acteurs mâles du studio ! J’ai dû inventer une démarche pour travailler avec eux. Quand je me dirigeais vers mon partenaire, je fléchissais les genoux un peu plus à chaque pas. Quand j’arrivais dans ses bras, j’étais plus petite que lui-même si c’était Alan Ladd ! » En attendant de peaufiner cet exploit technique, Jack Benny raffole de ses sketchs car Emily est encore beaucoup plus drôle qu’elle n’est belle ! C’est tout dire.


Quand elle vivait encore à Marysvale, la chambre de commerce de la ville avait décrété que Marysvale ne proposerait pas de candidate au concours de miss Utah. Ils avaient déjà Emily et personne au monde ne pouvait concurrencer une telle beauté, alors à quoi bon ? Et de décréter que leur magnifique concitoyenne était, de fait, miss Utah une fois pour toutes.

Si Emily est drôle, elle est aussi dotée d’une fine intelligence et s’est bien gardée de dire à Jack Benny qu’elle était une femme. Elle craignait, probablement avec raison, qu’un homme refuse d’être le porte-parole d’un humour féminin. Leur collaboration étant toute épistolaire. Textes contre chèques, rien n’était plus facile. Jusqu’au jour où Jack Benny souhaite rencontrer son merveilleux collaborateur et voit descendre d’un taxi la plus somptueuse créature jamais croisée dans sa vie.


Complètement épaté, Jack Benny embarque Emily et la précipite sans rendez-vous dans le bureau de Louis B. Mayer à la MGM. « Ou vous signez immédiatement un contrat à cette fille ou vous êtes le roi des cons ! ». Jack Benny est une star, une star populaire qui rapporte des sous, on ne contrarie pas les stars qui rapportent des sous. Emily sortira du sacro-saint bureau de Mayer devenue actrice sous contrat à la Metro, destinée à connaître la gloire sous le pseudonyme de Marie Windsor.


Mais aussi somptueuse soit-elle, que faire de cette girafe ? Arrivée à Hollywood en 1939, Débarquée à la Metro fin 1941, Marie Windsor va piétiner au fond des génériques durant cinq longues années. Des personnages qui n’ont pas de nom, qui n’ont rien à dire ou si peu. Elle sera la fille dans le train, la fille dans le bistrot, la fille sur le quai, la patronne du saloon.

Marie va se sauver de la MGM comme on s’évade de prison et atterrir chez Warner pour en arriver au même point. Sa carrière au cinéma ne lui apporte strictement aucune satisfaction et la vie débridée des stars d’Hollywood l’indiffère au plus haut point. Dès qu’elle a un peu de temps libre, elle file se réfugier chez les siens à Marysvale.


Au cours d’un ce ces séjours en 1946, Marie plus lasse que d’habitude songe à tout plaquer et rentrer pour de bon chez elle à Marysvale dans sa communauté. Pour entériner son choix, elle épouse le chef d’orchestre Ted Steele le 21 avril 1946. Dans sa ville, à la maison de ses parents comme le veut la tradition.


Aussitôt Hollywood la rappelle dare-dare ! A-t-elle oublié qu’elle est sous contrat ? Pour qui se prend-elle ? Qu’elle se radine immédiatement ! Marie rentre au bercail et se retrouve dans les mêmes emplois insipides qu’avant !


De son côté, Ted Steele va décrocher un contrat avec une radio de Philadelphie, autant dire à l’autre bout du pays. Ces deux-là ne se verront pour ainsi dire plus du tout et leur mariage sera tout bonnement annulé quelques mois plus tard.

En attendant, Marie rentrée à Hollywood végète au moins autant chez Warner qu’à la MGM. Elle ne se fait plus aucune illusion sur son devenir d’actrice et attend, tout bonnement, que ça se termine. Après tout, même si elle n’a pas trouvé de rôle d’envergure ni même satisfaisant, elle a bien gagné sa vie à Hollywood et a largement de quoi « voir venir ». Nul doute que la belle Marie sera la citoyenne la plus riche de Marysvale quand elle en aura fini avec Hollywood.


Et puis il y aura un événement inattendu. John Garfield, bien plus petit que Marie, étouffe chez Warner. Le jour où son contrat arrive à son terme, il crée ses propres studios « The entreprises Studio » et propose un contrat de 7 ans à Marie. Elle signe, que risque-t-elle ?


Elle trouve enfin un rôle intéressant dans « Force of Evil » avec John Garfield. Il va alors se passer une chose bien curieuse. Le film fait un bide, les studios Entreprise n’y survivent pas. La clé se retrouve sous le paillasson et Marie sans contrat. Sans contrat mais le film lance sa carrière ! Hollywood semble découvrir un rien éberlué en Marie Windsor cette femme fatale absolue. On la découvre alors que voilà 7 ans qu’à la fois elle piétine et qu’elle tourne sans arrêt !


Au début du cinéma, ce sont les brunes qui étaient les fatales. Les blondes étaient les douces créatures sacrificielles. Et puis Jean Harlow avait mis le bazar et l’imagerie féminine s’était inversée. La garce blonde martyrisait les gentilles brunettes. Et ne voilà-il pas, mes bonnes gens, que Marie allait soudain remettre à la mode la fatale aux cheveux bruns et aux yeux sombres ? Que de bouleversements !


Marie allait à nouveau tourner sans relâche, des rôles plus étoffés mais hélas pour elle, aucun ne sera susceptible de faire d’elle une star. Il lui faudra trouver secours à la télévision pour enfin, tenir de beaux, vrais et grands rôles dignes de son talent et disons-le de sa formation, une des plus complètes d’Hollywood. Elle va alors mener sa carrière d’une manière très pragmatique. Sa renommée d’actrice de Hollywood lui ouvre en grand les portes de la télévision mais Marie prend soin contrairement à bon nombre de ses consœurs, d’encore tourner pour le cinéma afin de conserver un prestige que seul le cinéma peut donner.


Longtemps fiancée à un magnat de l’immobilier d’Hollywood, Alex Lunciman, Après avoir annoncé plusieurs fois leur mariage, elle épouse un ex champion olympique de basket en 1954, Jack Hupp. Le couple aura un fils et Marie fera de Jack Hupp un veuf après 46 ans de mariage.


Marie s’éteint emportée par une insuffisance cardiaque le 10 décembre 2000. Elle se préparait à souffler ses 81 bougies le lendemain.

Elle était viscéralement restée attachée à sa ville natale et à sa communauté. C’est là qu’elle a souhaité reposer. Son mai Jack la rejoindra dans la mort six mois plus tard.

Celine Colassin


QUE VOIR ?

1941 : Unexpected Uncle : Avec Anne Shirley

1942 : The lady or the Tiger : Court métrage avec Johnny Mitchell

1942 : Parachute Nurse : Avec Marguerite Chapman

1942 : Eyes in the night : Avec Ann Harding et Donna Reed

1942 : Joan of Paris : Avec Michèle Morgan

1942 : Passed : Avec Lucille Ball et Henri Fonda

1943 : Inca gold : Court métrage avec Carey Wilson

1943 : Three hearts for Julia : Avec Ann Sothern

1943 : Pilote#5 Avec Marsha Hunt, Franchot Tone et Gene Kelly

1947 : Living in a big way : Avec Marie Macdonald et Gene Kelly

1947 : I love my Wife but ! Court métrage avec Dave O’Brien

1947 : The romance of Rosy Ridge : Avec Janet Leigh et Van Johnson

1948 : The three Musketeers : Avec Lana Turner, June Allyson et Gene Kelly

1948 : Force of Evil : Avec John Garfield

1949 : The Beautiful blonde from Ashful End : Avec Betty Grable

1950 : Dakota Lil : Avec Georges Montgomery et Rod Cameron

1950 : Frenchie : Avec Shelley Winters et Joel McCrea

1951 : Two dollar bettor : Avec John Litel

1952 : The Narrow Margin : Avec Marie Windsor et Jacqueline White

1952 : Outlaw Woman : Avec Richard Rober

1953 : The Tall Texan : Avec Lloyd Bridges

1953 : The Eddie Cantor story : Avec Keefe Brasselle et Marilyn Erskine

1953 : Trouble along the way : Avec Donna Reed et John Wayne

1954 : The Bounty Hunter : Avec Randolph Scott et Dolorès Dorn

1954 : Hells half acre : Avec Evelyn Keyes et Elsa Lanchester

1955 : The Silver Star : Avec Edgar Buchanan

1955 : No man’s woman : Avec John Archer

1956 : Abbott et Costello meet the mummy : Avec Bud Abbott et Lou Costello

1957 : The girl in black stockings : Avec Anne Bancroft et Mame van Doren

1957 : The Unholy Wife : Avec Diana Dors

1957 : The Unholy Wife : Avec Diana Dors et Rod Steiger

1958 : Island Women : Avec Vince Edwards

1962 : Paradise Alley : Avec Hugo Haas et Don Sullivan

1962 : The day Mars invaded Earth : Avec Ken Taylor

1964 : Mail order bride : Avec Buddy Ebsen et Loïs Nettleton

1964: Bedtime Story: Avec Shirley Jones et Marlon Brando

1966 : Chamber of Horrors : Avec Patrick O’Neal

1969 : The good guys and the bad guys : Avec Tina Louise et Robert Mitchum

1971 : One more train to Rob : Avec Georges Peppard

1973 : Cahill US Marshal : Avec John Wayne

1975 : Hollywood cow-boy : Avec Jeff Bridges

1976: Freaky Friday: Avec Jodie Foster et Barbara Harris

1981 : Lovely but Deadly : Avec Lucinda Dooling


 
 

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