La petite Micheline Chassagne naît le 22 Août 1922 à Montmartre.
Son père est un important agent de change et la famille est suffisamment fortunée pour que la maman de Micheline ne doive pas travailler. Ce qui lui laisse du temps pour balader sa fille dans les musées, les expositions de peinture et bien sûr au cinéma. Maman Chassagne est très attirée par les beaux arts.
Six ans plus tard un petit frère viendra compléter le tableau familial.
Une aubaine pour Micheline qui a une poupée vivante à disposition avant que le petit garçon ne lui serve de public.
Et d’un public elle en a absolument besoin.
Le cinéma a été une véritable révélation pour la petite fille.
Elle sera une actrice de cinéma, c’est sûr comme deux et deux font quatre. Elle n’en a jamais douté et encore moins envisagé de faire autre chose. D’ailleurs elle passe ses journées à faire le pitre, virevolter, danser pour que sa famille puisse apprécier cet extraordinaire talent à sa juste valeur.
En fait elle les épuise.
Plus tard, un journaliste en mal de copie, écrivant un article à faire pleurer Margot sur l’enfance triste et difficile de Micheline, madame Chassagne mère sollicitée pour compléter l’ouvrage s’ébouriffera complètement
« Une enfance difficile ? Vous rigolez ? C’est pour nous que son enfance a été difficile, elle nous a épuisés physiquement nerveusement et mentalement ! Vous n’imaginez pas ce que c’est que d’avoir à contenir un ouragan et faire l’éduction d’une tempête ! Elle faisait le pitre même en dormant ! »
Exténués par les performances bruyamment artistiques de leur fille, les parents l’envoient à l’âge de 12 ans continuer sa scolarité au couvent à Notre Dame de Sion.
Quel auditoire intéressant.
Des petites filles faciles à distraire, des bonnes sœurs faciles à scandaliser.
« Chassagne ! Arrêtez de faire le pitre ou vous finirez sur les planches ! »
« Dieu vous entende ma sœur ! » La réplique est restée célèbre.
La jeune fille en ressortira plus convaincue que jamais de son ascendant sur les foules. Les Chassagne retrouvent donc leur exubérante progéniture plus décidée que jamais à faire du cinéma. La voyant prête à courir toutes les auditions et répondre à toutes les annonces possibles, ils se résolurent à faire jouer leurs relations pour que la petite puisse participer à un tournage plutôt que de s’infliger l’humiliation d’une fille cachetonnant dans la figuration.
C’est donc grâce aux relations des Chassagne que Micheline se faufile dans l’univers du cinéma.
A l’ombre du fou chantant, Charles Trenet dont « Je Chante » est le premier film.
Le film se tourne dans le Calvados. Une aubaine, Micheline est en vacances en famille à Deauville.
Elle n’a que 16 ans. Bientôt elle aura déjà tourné dans trois films qui n’ont rien changé à sa vie. On l’y voit à peine.
Mais rien changé non plus à sa vocation d’artiste.
De guerre lasse, ses parents l’autorisent à tenter l’examen d’entrée d’un cours de théâtre. Ce seront les cours du belge Raymond Rouleau.
Bien des années plus tard, Micheline se souviendra :
« Je suis sortie du couvent pour me rendre au studio ! Je n’avais fait que des études très capricieuses, m’intéressant à certaines matière mais me fichant comme d’une guigne des autres ! »
Cette année là, seuls deux aspirants comédiens seront admis.
Micheline qui s’est dégotté un nom de vedette : Micheline Michel et un certain Serge Reggiani.
Et c’est là, qu’enfin, la chance va jouer.
G.W. Pabst prépare « Jeunes filles en détresse » avec André Luguet et la très allurale Marcelle Chantal. Comme c’est l’usage à l’époque pour les réalisateurs en recherche de jeunes interprètes, Pabst écume les cours de théâtre pour y dénicher cette kyrielle de fameuses « Jeunes filles ». Il voit Micheline, lui offre un rôle minuscule mais dès la première prise de vue, il change son fusil d’épaule. La jeune Micheline crève l’écran. Il lui offre un rôle bien plus important. Luguet trouve le nom de Micheline Michel d’un grotesque fini et invite la jeune fille à adopter celui de son personnage dans le film : Presle.
Micheline Presle est née.
Le film est un succès.
Micheline Presle et née et elle est lancée du même coup.
Elle enchaîne avec « Paradis Perdu » au côté de Fernand Gravey.
Un triomphe absolu qui fera couler des fleuves de larmes.
Elle y interprète un double rôle, celui de la mère puis de sa fille et chante le thème du film.
Le succès est colossal, le film mélo comme on n’en fait plus et Micheline la jeune première préférée des Français.
En quelques films son prestige va devenir immense.
« La comédie du bonheur », « Elles étaient 12 femmes », « Fausse Alerte ».
Micheline tourne sans relâche.
On n’avait plus vu un tel enthousiasme pour une jeune débutante depuis Danielle Darrieux…
Et c’est la débâcle.
La guerre éclate. Paris est occupé la production française s’arrête net en juin 1940. Tout le cinéma Français file en zone libre. Michèle s’installe sur la côte d’azur avec son amoureux, le très photogénique Louis Jourdan. L’histoire d’amour entre ces deux-là est une affaire sérieuse.
Leurs bans sont publiés.
Certains partent pour l’Amérique comme Morgan et Gabin, d’autres restent.
Louis Jourdan aussi est parti, un matin, sans réveiller Micheline et sans lui laisser un mot d’explication. Elle n’en aura d’ailleurs jamais. Micheline Presle, quittée par Jourdan est effarée.
La guerre a tout arrêté.
Est-ce que la fin de ce bel amour accompagne la fin de sa carrière ?
C’est sans compter sur l’opiniâtreté de Micheline et sa bonne étoile professionnelle.
On tourne aussi en zone libre !
Ce sera « La belle aventure », ce sera Félicie Nanteuil ».
Et puis il y a le théâtre. Micheline n’en a jamais fait.
Qu’importe elle s’y jette. Au rideau gris de Marseille d’abord, au théâtre de l’Athénée ensuite.
Ses films sont des triomphes, ses pièces sont des immenses succès.
Elle va continuer à travailler sous l’occupation, refusant de quitter la France, accumulant les beaux rôles et les succès, brillant de mille feux dans le peu de productions mises en chantier durant cette période sombre.
La paix revenue, elle est la star numéro un en France.
Michèle Morgan est en exil à Hollywood, Danielle Darrieux s’est volatilisée avec une perruque et des faux papiers. Micheline règne un cran au-dessus de toutes les jeunes vedettes de l’occupation.
Elle se sera également brièvement mariée à un monsieur Michel Lefort.
Peu carriériste, Micheline Preste voit un jour Clouzot sonner à sa porte. Tout auréolé il vient lui offrir un premier rôle sur un plateau d’argent, un premier rôle dans une histoire sombre et sordide. Micheline refuse, maître Clouzot ou pas. « Jamais je ne jouerai dans une histoire pareille ! » Clouzot s’apprête à partir, regrettant de ne pas avoir Micheline sur ce tournage en Corse. Micheline, ne connaissant pas la Corse, tentée par le voyage change d’avis et signe.
Le film ne se fit pas et déjà Clouzot portait « L’Enfer ».
Elle est à l’affiche du Paris de la libération avec « Boule de Suif » après le triomphe, encore un, de « Falbalas ».
Micheline avait hésité avant d’accepter le rôle de « Boule de Suif ».
Elle se trouvait beaucoup trop fluette pour le rôle, pas du tout le personnage.
Christian Jacque balaye ses scrupules : « J’ajouterai une phrase, on dira que tu as été malade ! » Elle est la première des actrices Françaises à pouvoir choisir son scénario, son metteur en scène et ses partenaires.
Elle choisit donc le jeune Gérard Philipe pour lui donner la réplique dans « le Diable au Corps ».
Ils étaient déjà partenaires dans « Tous les Chemins mènent à Rome », une erreur de jeunesse, un film raté.
Et puis Micheline Presle va prendre une étrange décision
La quasi-totalité des acteurs Français qui ont tenté leur chance à Hollywood sont revenus en France plutôt déconfits, à commencer par Jean Gabin, Danielle Darrieux, Michèle Morgan, Mireille Balin, Simone Simon ou Annabella.
Elle décide de conquérir le public Américain et quitte Paris pour Hollywood en 1949.
Elle avait tourné en Italie un film sans intérêt « Les derniers jours de Pompéi ».
Sa comédie ratée « Tous les chemins mènent à Rome » sortait sur les écrans. Le public s’y ruait pour voir Micheline et en sortait complètement désappointé.
Rien de ce qu’on lui propose ne vaut la peine qu’elle s’y attarde.
Morgan, Darrieux et les autres reprennent leur place. Les stars américaines déferlent sur les écrans. Le public découvre, complètement épaté, Rita Hayworth, Lana, Turner, Ava Gardner et Hedy Lamarr. Tout cela est bien plus exotique que Micheline Presle que l’on s’est coltinée durant toute l’occupation.
Public ingrat.
Micheline, mieux que personne, comprend le message et s’en va là où elle aussi sera une « nouvelle tête follement exotique ». Elle est à Hollywood la partenaire de Tyrone Power et d’Errol Flynn et…Ça s’arrête là ! Micheline disparaît des écrans Américains dans l’indifférence la plus totale.
L’actrice Française se préoccupe peu de son prestige professionnel.
Elle file le parfait amour avec William Marshall, l’ex mari Américain de Michèle Morgan et père de son fils Mike.
Micheline convole et donne naissance à une petite Tonie Lee, la future comédienne et réalisatrice Tonie Marshall qui est donc la demi-sœur du fils de Michèle Morgan.
Micheline Presle étant momentanément la belle-mère du jeune garçon. Ceci au grand soulagement de Michèle Morgan qui, privée de son fils est rassurée de le savoir près de Micheline qui est une amie proche et en qui elle a toute confiance.
Ce mariage Marshall-Presle ne tient pas plus que le mariage Marshall-Morgan.
N’ayant plus rien à faire en Amérique, Micheline rentre en France mais réussit, contrairement à Michèle à ramener sa fille. Je présume que l’orgueil du père Américain se séparait plus facilement d’une fille que d’un fils. Micheline dont la cote est au plus bas achète les droits de la biographie de Sarah Bernhardt avec la ferme intention de l’incarner à l’écran mais le projet n’aboutira pas.
Marshall viendra faire sa petite visite parisienne dans la foulée de son épouse française comme il le fit en 1948 avec Michèle Morgan. Il se fendra même d’un rôle au cinéma, celui de chef des gangsters dans « Les Impures » où brille son épouse en haut de l’affiche. Marshall donnait une leçon de séduction dans le film ce qui intrigua beaucoup de la part d’un homme qui avait emmenées à l’église Michèle Morgan et Micheline Presle. A la fin de la projection, les spectatrices se dirent que si quelqu’un les abordait comme cela il prendrait une bonne paire de gifles !
William Marshall se remariera encore…avec Ginger Rogers !
Voici donc Micheline rentrée au bercail dans une semi indifférence. Elle retravaille malgré tout sous la direction de Jean Grémillon, redonne la réplique à Gérard Philipe, mais la magie n’agit plus. Les « Impures » ne feront que peu d’étincelles et le cinéma Italien lui fait les yeux doux. Micheline part pour Rome, elle donne la réplique à Marcello Mastroianni. Puis elle est choisie pour personnifier un personnage dont rêvent toutes les comédiennes.
Elle sera « La Dame aux Camélias » du cinéma italien.
Hélas, l’adaptation est mauvaise, la mise en scène sans envergure, Micheline mal photographiée.
Mais surtout, la comédienne est fatiguée, malade et pour tout dire rate le film. C’est clairement la plus mauvaise interprétation de Micheline Presle et le pire « Dame aux Camélias » que l’on puisse voir.
Micheline est rentrée en France, et bien que la quarantaine se profile, l’actrice est d’une élégance et d’une beauté rare. Son jeu s’est raffiné au fil des années et elle fait un sort à la moindre réplique. Elle vit une paisible histoire d’amour loin des tumultes du cinéma avec le peintre et sculpteur François Arnal. Elle est tout simplement incroyable en Perle Germain Joubert dans « Le Baron de l’Ecluse » avec Jean Gabin, peu à peu elle a renoué le contact avec son public.
Mais la nouvelle consécration va venir de la télévision.
En 39 épisodes des « Saintes Chéries » elle entre dans tous les foyers Français et le feuilleton devient mythique, faisant de Micheline et de son mari télévisuel Daniel Gélin les deux acteurs préférés du public. Même la voiture d’Eve, son personnage devient célèbre : une simple Renault 4L mais avec les portières cannelées qui fait exploser le carnet de commandes de la régie Renault ! Toutes les femmes s’habillent, se coiffent, se tiennent comme Eve et veulent la même voiture. A l’époque des « Nymphettes », Micheline met à l’honneur la femme mûre et mariée, les téléspectatrices la bénissent !
Dès lors Micheline Presle ne va plus quitter les écrans. Tant au cinéma qu’à la télévision.
Elle ne retrouvera certes plus les grands rôles prestigieux de sa jeunesse. Mais soyons justes, elle ne sera plus jamais prise en défaut comme dans la Dame aux camélias, excellent tout particulièrement dans la comédie. Une nouvelle génération de réalisateurs qu’elle a tant fait rêver font appel à elle et elle entame une nouvelle prestigieuse carrière à l’âge où d’autres se brouillent avec la caméra.
Elle aura l’immense bonheur d’être dirigée par sa fille Tonie devenue réalisatrice au talent unanimement reconnu de tous.
Elle va encore être extraordinaire dans « Beau Temps mais Orageux en Fin de Journée » avec Claude Piéplu avec qui elle va former un tandem détonnant à plusieurs reprises.
Notamment dans « Casque Bleu » de Gérard Jugnot. Restée somptueuse malgré les années qui passent, Micheline continue fièrement sur sa lancée comme son ainée Danielle Darrieux avec qui elle a plusieurs fois partagé l’affiche.
Le temps, implacable passant, Michèle Morgan et Danielle Darrieux, ses amies de toujours vont s’éteindre, la laissant seule, dernière des « trois glorieuses » du cinéma français.
Sa fille Tonie s’est envolée avant elle.
Micheline a cent ans, ruminait sa peine. « Ma petite enfant qui me manque tant » Mais qu’on la sollicite et la machine repartait, le feu d’artifice éclatait, la voix immuable faisait mouche de chaque mot, chaque réplique.
Car telle était Micheline. Depuis toujours et à jamais.
Tant qu'il restera quelqu'un pour aimer les films; les actrices et se souvenir d'elle que la mort a emportée le 21 février 2024 à 101 ans bien sonnés.
Celine Colassin
QUE VOIR ?
1938 : Paradis Perdu : Tout y est pour faire pleurer : Fernand Gravey génie de la couture qui se fait bombarder dans les tranchées pendant qu’il écoute la voix de Micheline chanter le thème du film et que celle-ci meurt à Paris en mettant leur petite fille au monde.
1939 : Jeunes Filles en Détresse : Le film de Pabst qui révéla Micheline Presle
1939: La Comédie du Bonheur : Micheline donne la réplique à une des icônes du cinéma muet américain : Ramon Novarro sous la direction de Marcel l’Herbier dans un film qui réunit également Michel Simon et Jacqueline Delubac ! On s’excuse du peu !
1940 : Elles Etaient Douze Femmes : Georges Lacombe réunit douze comédiennes dans une seule maison sous prétexte de bonnes œuvres.
1941 : Parade en Sept Nuits : Un film à la prestigieuse distribution dont Micheline, Elvire Popesco, Jules Berry, Victor Boucher, Raimu et j’en passe. Film qui a, en réalité pour vedette un chien emmené à la fourrière !
1942 : La Nuit Fantastique : Micheline retrouve son partenaire à succès Fernand Gravey sous la direction de Marcel l’herbier.
1942 : Histoire de Rire : Fernand Gravey et Micheline, encore et toujours…
1943 : Un seul Amour : Toujours dans ses costumes d’époque froufroutants, cette fois chez Napoléon, Micheline affronte Pierre Blanchar des deux côtés de la caméra.
1943 : Le soleil a toujours raison : Ce film tourné en zone libre réunissait Micheline à Tino Rossi !
1943 : Félicie Nanteuil : Un film magnifique à redécouvrir d’urgence pour voir « en vrai » le couple des amants terribles des années de guerre : Micheline et Louis Jourdan.
1943 : La Belle Aventure : Voici Micheline avec Claude Dauphin
1944 : Falbalas : Micheline garde un excellent souvenir de ce film tourné sous les bombes, et elle a bien raison, c’est vraiment un bon film tourné dans les salons Rochas.
1945 : Boule de Suif : Micheline est très convaincante en « boule de suif » et le film très respectueux de la nouvelle de Maupassant tant par la forme que par le fond.
1945 : Fausse Alerte : Les Allemands qui avaient largement diffusé l’information de la mort de Joséphine Baker sont ridiculisés en plus d’être vaincus : La voici en tête d’affiche de ce film de Jacques de Baroncelli avec Micheline en covedette !
1947 : Le Diable au Corps : Micheline est la Marthe du roman de Radiguet, elle forme avec Gérard Philipe un couple splendide et la sensualité du sujet transparaît malgré la mise en scène un peu académique de Claude Autan Lara.
1947: Les Jeux sont Faits : Un film très particulier qui se passe au royaume des morts sans jouer sur aucun des clichés habituels.
1948 : Tous les Chemins mènent à Rome : Tourné sous l'occupation, le couple du « Diable au Corps » se reforme à l'écran dans un film t où Gérard Philipe est blond et myope comme une taupe.
1948: Les Derniers Jours de Pompéi. Marcel l’Herbier aux commandes de l’éruption du Vésuve, ce n’est pas rien !
1949 : La Belle de Paris : On oublie trop souvent ce film de la période américaine de Micheline Presle. Pourtant, un bon John Garfield, ça ne se refuse pas. Le titre original de l’entreprise était plus alléchant « Under My Skin »
1950 : American Guérilla (in the Philippines) : Micheline dirigée par Fritz Lang avec Tyrone Power
1951 : La Taverne de la Nouvelle Orléans : Micheline est à Hollywood, pour y épouser William Marshall qui la dirige ici, y devenir maman et accessoirement tourner ce film avec Victor Francen, Vincent Price et Errol Flynn.
1952 : La Dame aux Camélias : la catastrophe italienne .
1953 : Si Versailles m’était conté : Comme tout le cinéma Français, Micheline est de la distribution fleuve du film de Guitry.
1953: L’Amour d’une Femme : Peu rancunier, le cinéma italien rappelle Micheline pour donner la réplique à l’excellent Massimo Girotti.
1953: Les Amants de la Villa Borghèse : Micheline retrouve son cher Gérard Philipe pour un de ses films les plus méconnus.
1953: Napoléon : Il faut bien viser, mais Micheline est bien dans le film de Guitry
1954 : Casa Ricordi : Poursuite de l’épisode Italien dans un film second empire où Micheline désabusée croise Myriam Bru, Danielle Delorme, Marta Toren et Nadia Gray, une coproduction, quoi.
1954: Les Impures : Raymond Pellegrin s’adonne à la traite des blanches et s’en prend à Micheline qui a quand même un peu passé la limite d’âge. Une grosse erreur de casting : Presle en entraîneuse qui succombe au charme de Pellegrin…
1955 : Treize à Tables : Micheline, superbe, donne la réplique à une Annie Girardot fagotée n’importe comment. Les retrouvailles de Micheline avec son partenaire de prédilection avant guerre : Fernand Gravey.
1956 : La Mariée est trop Belle : Micheline retrouve son amour de jeunesse Louis Jourdan pour partage l’affiche avec lui et Brigitte Bardot.
1956: Le Château des Amants Maudits : Un drame sanglant très « Nous deux » où se ballade la très anachronique Claudine Dupuis !
1957 : Les Louves : Micheline est marraine de guerre, son correspondant s’évade, se fait écraser par un train, François Périer le remplace, Jeanne Moreau et Madeleine Robinson s’en mêlent !
1958 : Christine : le film rendu mémorable par la rencontre Alain Delon-Romy Schneider, on oublie trop souvent la présence de Micheline dans ce film, présence pourtant ô combien essentielle pour sauver l’ensemble !
1958: Les Femmes sont Marrantes : Micheline est la partenaire d’Yves Robert, ce qui l’est moins,
1959 : Bobosse : le film fut un succès extraordinaire et resta longtemps le rôle phare de la carrière de François Périer…Et pour cause, il y interprète 12 rôles.
1959 : Blind Date : Quel titre précurseur, sagement traduit à l’époque par : « L’Enquête de l’Inspecteur Morgan » alias Hardy Kruger brillantissime. Le film est une merveille, moi qui ai peu d’affinités avec le cinéma de Losey, je suis bien obligée de l’admettre.
1959 : Une Fille pour L’été : La fille étant Pascale Petit et le tout dirigé par Edouard Molinaro.
1960 : les Grandes Personnes : Micheline, décoratrice très « up to date » est amoureuse d’un monsieur qui s’obstine à draguer toutes ses copines dont Jean Seberg et Françoise Prévost.
1960 : La Française et l’Amour : Film à sketches encore, une distribution brillante, Micheline est ici la très élégante maîtresse de Mel Ferrer ce qui éveille la jalousie de Françoise Arnoul qui lui refile pour un galop d’essai son vieux Claude Dauphin sans le sou.
1960 : L’Amant de Cinq Jours : Micheline retrouve Jean Seberg, Edouard Molinaro et François Périer. Bref, si ce n’était la présence de Jean-Pierre Cassel, l’amant en question, ce serait : « On prend les mêmes et on recommence ! »
1960 : Les Mystères d’Angkor : Confrontation au sommet : Micheline la fabuleuse et Martha Hyer la merveilleuse.
1961 : L'assassino : Petit détour italien pour Elio Petri qui dirige Micheline face à Marcello Mastroianni. Par un insondable mystère, ce film pourtant produit par la toute puissante Titanus n’a pas été distribué en France. Il faudra attendre…2012 pour le découvrir !
1961 : Le Baron de L’Ecluse : Micheline aurait pu retrouver Blanchette Brunoy vingt ans après les « Douze Femmes » mais les deux comédiennes n’ont aucune scène en commun, se contentant de se partager Jean Gabin qui trouve là un de ses meilleurs rôles.
1962 : Un mari en Laisse : Hollywood rappelle Micheline pour une pseudo comédie débridée avec Sandra Dee dont Micheline est sensée être la mère ancienne danseuse des Folies Bergères ! Elle commence le tournage avec Michael Wilding mais quelques jours plus tard elle se retrouve face à John Lund dans le rôle et le costume. « Le rôle ne lui allait qu’à moitié » laisse tomber la production. Micheline commentera : "J’avais l’impression d’être une étudiante connaissant sa thèse sur le bout des doigts mais obligée de la défendre dans une langue inconnue". Et oui, Hollywood avait bien changé.
1962 : Le Diable et les Dix Commandements : Micheline, très racée et d’une élégance à couper le souffle tient la dragée haute à Françoise Arnoul dans un des sketches du film de Duvivier où elle est la compagne de Mel Ferrer qui, reconnaissons le, a toujours su s’entourer !
1962 : La Loi Des Hommes : Un policier sans grand intérêt et pour tout dire assez décousu. Arletty et Dalio font partie de l’intrigue.
1963 : Pas de Lauriers pour les Tueurs : Micheline s’offre le luxe de donner la réplique à Paul Newman, mais c’est Elke Sommers qui a les faveurs du beau Paul, Michèle devant se contenter de…Gérard Oury ! Ce n’est bien sûr pas tout à fait pareil, reste que le film est toujours aussi plaisant à voir, avec une « Hitchcock touch » très réussie.
1963 : Vénus Impériale : Jean Delannoy fait de Micheline Presle la Joséphine De Beauharnais de Napoléon Raymond Pellegrin, c’est la somptueuse Gina Lollobrigida qui est Pauline Bonaparte, la Vénus en question.
1963 : Le Coup de Bambou : Film supposé être drôle où Micheline Presle est mariée à François Périer pour le meilleur et pour le pire…le pire en l’occurrence.
1964 : La Chasse à L’Homme : Comme tous les films à sketches, celui-ci brille surtout par sa distribution. Ici, Micheline est la maîtresse de Claude Rich, Catherine Deneuve est la secrétaire de Claude et Bernard Blier le père de Catherine. Le reste est idiot comme il se doit !
1964 : L’intrigo : Micheline dans une production italo-américaine avec Shirley Jones, Rossano Brazzi, Georges Sanders et Georgia Moll
1965 : Je vous salue Mafia : Une phrase qui résumera tout aux yeux des connaisseurs : c’est un Eddie Constantine !
1966 : Le Roi de Cœur : Micheline est à l’affiche d’un excellent film de Philippe de Broca qui connut un succès incroyable dans une seule salle de New-York au point de détenir un record absolu de toute l’histoire du cinéma : celui du film resté le plus longtemps à l’affiche de toute l’histoire du cinéma.
1966 : La Religieuse : Le film de Jacques Rivette fit un scandale monumental. Madame Claude Pompidou elle-même s’en mêla et porta plainte pour « outrage et blasphème ». Réquisitoire sans concession où la vie au couvent est considérée comme une vie en univers carcéral, le film est saisissant, il sortit en 1966 avec la mention « Enfin libéré après 10 ans ». Libération confidentielle : il ne sortit que dans une seule salle à Bruxelles : le « Plaza ».
1969 : Le Bal du Compte d’Orgel : C’est Jean-Claude Brialy qui incarne le comte en question.
Micheline ayant porté bonheur des années plus tôt à la version cinématographique du premier roman de Raymond de Radiguet, il était normal qu’elle soit de la partie quand le cinéma s’en prit au second.
1970 : Peau d’Ane : Jacques Demy fait appel à Micheline pour être la reine du pays rouge et accessoirement la mère de Jacques Perrin promu prince charmant
1970 : Le Clair de Terre : Un trio infernal en tête d’affiche : Micheline, Annie Girardot et Edwige Feuillère. Le jeune réalisateur Guy Gilles mit deux ans pour monter son projet, essentiellement parce que les autorisations pour un tournage en Algérie n’arrivèrent jamais et qu’il fallut, à défaut, se rabattre vers la Tunisie. Un des plus beaux films de tous les temps.
1971 : Les Pétroleuses : Micheline est cette fois la marraine de Claudia Cardinale et accessoirement poule de saloon dans cette parodie de western assez nulle dont le seul intérêt est la collaboration Bardot-Cardinale et leur bagarre légendaire.
1973 : L’Evènement le plus Important depuis que l’Homme a Marché sur la Lune : Micheline Presle participe à la grossesse de Marcello Mastroianni en tant que gynéco (de chez Chanel) !
1974 : Deux grandes Filles dans un Pyjama : Ayant lu le titre et constaté que Michèle partage l’affiche avec Philippe Nicaud et Michel Galabru, on s’abstiendra de perdre son temps !
1977 : Le diable dans la boîte : Une des premières comédies sociales sur la précarité de l’emploi en France, crise oblige. Micheline est l’épouse de Michael Lonsdale, directeur de société confronté à Jean Rochefort qui fait la grève de la faim dans son bureau suite à son licenciement.
1978 : Va voir Maman, Papa Travaille : Un film bien dans l’air de son temps avec Marlène Jobert en tête d’affiche. On choisit un pseudo problème de société et on le traite comme un téléfilm coûteux en faisant confiance à des acteurs chevronnés pour qu’il en sorte quelque chose. Annie Girardot s’était faite la championne de ce genre de cinéma.
1979 : je te tiens, tu me tiens par la Barbichette : Une comédie acide telle que Jean Yanne en a le secret. Cette fois il s’attaque à l’univers de la télévision aux grandes heures des émissions de jeux et de variétés. Micheline est la directrice financière assez peu scrupuleuse d’une chaîne de télévision.
1979 : Démons de Midi : Avec Pierre Mondy, pour une fois seul à l’affiche !
1979 : Rien ne va Plus : Un film a sketches dont le genre s’est démodé avec l’avènement des années 70. Celui-ci donnait la part belle à Jacques Villeret qui est de chaque tableau, mais on côtoyait aussi bien Michel Blanc que Patrick Chesnais ou Tonie Marshall.
1979 : On Efface Tout : Micheline dans un second rôle dans l’ombre de la tragique Christine Pascal, mais avec son cher Claude Piéplu.
1980 : Certaines Nouvelles : Micheline en Algérie où elle profite du dernier été de paix avec Bernadette Lafont.
1983 : En haut des Marches : Micheline Presle partage l’affiche avec Danielle Darrieux, tout un programme pour un film très hermétique.
1984 : Les Voleurs de la Nuit : Ce film semble avoir aujourd’hui complètement disparu. Dirigé par Samuel Fuller il fut pourtant en compétition au festival de Berlin. Sans doute le nom de Véronique Jeannot au sommet de l’affiche n’inspire t-il pas la postérité ?
1984 : Les fausses confidences : Cette adaptation de Marivaux est très luxueuse et presque littéraire. On s’ennuierait donc un peu malgré tant de soin apporté aux costumes et aux décors mais les acteurs ont l’air de tant s’amuser qu’on s’y laisse prendre.
1986 : Beau Temps mais Orageux en Fin de Journée : Micheline est bouleversante, en véritable état de grâce et méritait nettement un César pour sa magnifique interprétation. Piéplu est fantastique et Tonie Marshall leur donne la réplique.
1986 : I Want to go Home : Micheline tire magnifiquement son épingle du jeu : le film d’Alain Resnais coule à pic, est une catastrophe critique et publique, Micheline, elle, s’en tire avec une nomination aux César en meilleur second rôle !
1993 : Je m’appelle Victor : Un film très réussi où un petit garçon se sert de la réincarnation pour séduire une fille. Avec aussi Jeanne Moreau qui s’en mêle. Michèle passe le temps à ronchonner dans sa cuisine mais sa rencontre, je devrais dire sa collision avec Jeanne Moreau devrait entrer au musée du cinéma !
1994 : Casque Bleu : Presle et Piéplu sont hilarants dans ce bon film de Gérard Jugnot qui réunit aussi Victoria Abril, Valérie Lemercier et Jean-Pierre Cassel.
1994 : Pas très Catholique : Micheline dirigée par sa fille face à Anémone et Christine Boisson. L’occasion aussi de profiter de l’abattage de Michel Roux sur grand écran !
1998 : Vénus Beauté : Micheline a l’immense plaisir d’être dirigée par sa fille au côté de l’excellente Nathalie Baye.
2003 : France Boutique : Satire du télé achat avec une Micheline toute en verve et une Karin Viard d’exception.
2005 : Grabuge : Mocky dirige l’inspecteur Michel Serrault de main de maître sur des dialogues sur mesure qui semblent rendre un hommage cru à la verve d’Audiard.
2007 : Vous êtes de la Police ? Enquête en maison de retraite pour l’ultime film de Jean-Pierre Cassel et Jean Claude Brialy qui décèderont tous deux peu après.
2009 : Un Homme et Son Chien : Un retour au cinéma passé complètement inaperçu pour l’ex numéro un Jean-Paul Belmondo.
2009: Thelma, Louise et Chantal : Deux courtes scènes pour Michèle en mère de Thierry Lhermitte et ex belle-mère de Caroline Cellier.
2010 : H.H. Hitler à Hollywood : Marie de Medeiros se lance dans un documentaire hommage sur Micheline et met la main sur un cinéaste « volatilisé et son film avec lui ». L’enquête commence et tout le cinéma français s’en mêle, de Nathalie Baye à Arielle Dombasle.
2012 : Bankable : Un court rôle de belle-mère richissime pour Micheline, très chanellisée
LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS
(Avec Micheline Presle)
Durant son séjour hollywoodien, Micheline est programmée pour un marivaudage assez stupide « On the Riviera ». Or on lui réserve Louis Jourdan comme partenaire ce qu’elle refuse. Jourdan ayant lui aussi refusé de son côté, les rôles échoiront à Danny Kaye et Corinne Calvet après bien sûr que le scénario ait été entièrement remanié pour convenir à l’humour de monsieur Kaye ! Le film sera honorablement connu à cause de la somptueuse garde-robe de l’autre vedette féminine : la fabuleuse Gene Tierney.