
Il est certain que le nom de Nicole Avril est plus attendu dans les rayonnages des librairies et des bibliothèques que sur les affiches de cinéma. Et pourtant…
Nicole Avril qui déclarera : « J’aime m’appeler Nicole Avril car c’est sous ce patronyme que je suis née mais j’aurais détesté qu’on me l’inflige comme pseudonyme » avant que de s’appeler madame Nicole Elkabbach dès le 31 mai 1974. Jour de ses épousailles avec le journaliste et homme de médias Jean-Pierre Elkabbach.
Mais commençons par le début : Nicole Avril vient au monde le 15 août 1939 à Rambouillet. Elle grandira à Lyon et deviendra professeur de lettres à Maubeuge puis à Paris. Déjà férue de théâtre, elle avait consacré sa thèse au prestigieux auteur belge Michel de Ghelderode.
En 1968, Nicole Avril abandonne son poste d’enseignante et cette passionnée de théâtre se lance dans une carrière de comédienne.
1968, c’est la révolution, c’est la liberté sexuelle, c’est le MFL. Le cinéma s’engouffre dans cette brèche très à la mode qui sous prétexte de liberté va faire la part belle à la nudité, celle des femmes en tout cas. Loin de Michel de Ghelderode, Nicole a 29 ans, elle est très belle, elle s’engouffre elle aussi dans ce cinéma d’un « nouveau genre ». La voici dans « Chaleurs » où on compte beaucoup sur sa petite culotte sur l’affiche pour attirer le chaland qui passe dans un fauteuil de velours. Le film dépourvu du moindre intérêt avait déjà été distribué sous le titre moins alléchant du « Voyageur ».

Nicole ne se sentant pas toujours à l’aise avec les mots des auteurs qu’elle avait à enseigner s’était adonnée rapidement à l’écriture. La première guerre avait tué son grand-père, la seconde l’avait longtemps privée d’un père, c’est ce qui donnera corps à son œuvre littéraire : Des parcours de femmes fortes privées d’hommes ou s’en passant dans les horreurs qui secouent le siècle.
En 1972 se produit un petit miracle : Nicole avait envoyé un texte chez Albin Michel et un autre aux éditions Pauvert. Les deux textes paraîtront le même jour et « Les gens de Misar » recevra d’emblée le « Prix des quatre jury ».
Cette entrée triomphale dans le monde de la littérature va lui faire oublier son expérience de comédienne. Après une mini-série télévisée « Mon seul amour » avec Juliette Mills et Nicole Maurey et un court rôle dans « L’humeur vagabonde » avec Jeanne Moreau, sa carrière filmée prend fin. « Chaleurs » est devenu impossible à voir aujourd’hui ce qui doit bien arranger sa protagoniste. Parfois quelques photos de pin-up refont surface mais qu’importe à madame Elkabbach, écrivaine aux 22 titres et 22 succès de librairie.
Celine Colassin.

QUE VOIR ?
1971 : Chaleurs : Avec Patrice Pascal
1972 : L’humeur vagabonde : Avec Jeanne Moreau et Michel Bouquet