
A la fin des années 60, le public français avait plébiscité en masse miss Raquel Welch comme étant leur actrice préférée, alors même qu’aucun de ses films n’était encore sorti en Europe.
Dix ans plus tard, le même phénomène se renouvelait avec Dalila di Lazzaro qui devenait la star adulée des Français…qui ne l’avaient encore jamais vue autrement qu’en photo! Il faut croire que Raquel et Dalila furent les beautés que leur temps espérait pour symboliser ses critères en matière de sensualité féminine et faire d’elles le visage du fantasme absolu d’une époque.
Dalila la belle naît à Udine dans la plaine du Pô le 29 Janvier 1953. Elle deviendra célèbre sous son véritable patronyme, son père ayant voulu faire de sa fille une Dalila en hommage à ses émois devant la Dalila de Cecil B. de Mille.
On sait d'ailleurs peu de choses des jeunes années de cette future reine des écrans. Si ce n’est sa grande beauté avec ces grands yeux candides d’un bleu lagon des mes du sud sous un ciel d’orage . Tout ce patrimoine génétique exceptionnel attira très vite l’attention sur elle.
Elle débuta très jeune une carrière de mannequin immédiatement prestigieuses puisqu’elle ne mit que quelques semaines pour avoir les honneurs de la couverture de VOGUE.

Très vite on joua au petit jeu des comparaisons, était-elle la nouvelle Marlène Dietrich, une autre Ursula Andress? Lorsque l’on est une fille très belle et en couverture de VOGUE, il est difficile d’échapper au producteur toujours un peu à l’affût de beauté rare. Dalila « tapa dans l’oeil » du plus célèbre de tous sous les cieux italiens, j’ai nommé monsieur Carol Ponti, époux et créateur de la divine Sophia Loren.
Ponti contacta Dalila, lui proposa un contrat mirifique et avertit la presse qu’il allait renouveler le miracle Sophia Loren. Offrir au monde sa nouvelle beauté folle doublée d'une actrice de génie: Dalila Di Lamar!
Nom dont Carlo Ponti avait fini par affubler sa découverte au bout de plusieurs nuits d’insomnie avant de se ressaisir apprit-t-on parfois dans les gazettes informées des essentiels de la vie.
Il envoya donc la créature nouvellement baptisée se faire les armes sur divers plateaux. C’est ainsi qu’elle fut catapultée entre Bud Spencer et Jack Palance dans un « Western Spaghetti »: « Si Può Fre, Amigo! » en 1972. Film dont la vedette féminine n’était autre que…Dany Saval, encore plus étrangement parachutée dans cet univers que miss Dalila di Lamar!
Ponti allait distribuer sa Dalila un peu partout et surtout un peu dans n’importe quoi dont un « Frankenstein’80″ pour lequel elle deviendrait Dalila Parker! En 1975, notre bon Carlo allait prendre un gros risque. Il allait distribuer Dalila redevenue cette fois di Lazzaro dans un film avec Marcello Mastroianni et…Son épouse Sophia Loren! « La Pépée du Gangster ».

Mal lui en prit!
La presse compara les deux femmes, l’avantage n’était pas forcément pour Dalila mais Sophia n’aime pas les comparaisons. Un article de presse fracassant parut à la même époque: « Carlo Ponti est follement amoureux de Dalila di Lazzaro et va divorcer de Sophia Loren pour l’épouser et faire d’elle la plus grande star du monde! »
Cette fois Sophia monta sur ses grands chevaux de napolitaine et Dalila n’eut tout simplement plus aucune nouvelle de Carlo Ponti, jamais! La même blague s’était déjà produite lorsque Carlo Ponti s’était entiché de Sylva Koscina. Sophia en avait vraiment soupé!
Mais Carlo, bon prince, avait déjà recommandé chaudement Dalila à Alberto Lattuada qui fit d’elle Sérafina dans « Oh Sérafina » en 1976.
Film qui allait être pour elle ce que fut « Et Dieu Créa la Femme » pour Brigitte Bardot.
Après quatre longues années d’un dur apprentissage à tourner tout et n’importe quoi et à beaucoup poser pour les photographes, Dalila devenait une superstar et le monde bientôt croulerait sous ses photos et retentirait de son nom. Sa carrière resterait pourtant italienne si on excepte le film de Jacques Deray, « Trois Hommes à Abattre » qu’elle tourne en 1980 avec Alain Delon et un film japonais en 1987.
Dalila aura une aventure très passionnée avec Alain Delon durant le tournage; Si leurs routes se séparent à la fin du tournage, Dalila conservera un souvenir ébloui de leur histoire et regrettera amèrement, non seulement de n'avoir jamais revu Alain mais de n'être pas restée proche de lui et partager la solitude amère de ses dernières années.

Dalila qui fut toujours d’une sage discrétion sur sa vie privée était la maman comblée d’un petit Christian et une véritable fée des animaux toujours entourée de chats ou de chiens. Elle réussit la gageure de devenir une actrice populaire des familles malgré sa scandaleuse beauté et sa première image d’icône follement sexy, gageure qu’avaient aussi admirablement réussie Sophia Loren et Gina Lollobrigida.
Mais le destin qui avait tout donné à la belle Dalila va tout lui reprendre avec une violence rare. Son fils Christian qui était tout pour elle perd la vie dans un accident de voiture alors qu’il n’a que 22 ans.
Complètement anéantie, l’actrice est elle-même victime d’un accident de la route qui lui brise une vertèbre dans le cou et la condamne à plusieurs années d’immobilité complète sur un lit d’hôpital. Elle découvre la lecture sur son lit de souffrance. Dalila qui a gardé intacte sa fabuleuse beauté mais qu’on ne reverra pas aux écrans avant 10 longues années a entamé avec succès une carrière d’écrivaine où elle pleure sa vie et son fils disparu de page en page et avec beaucoup de pudeur et d’émotion. Après les images sont venus les mots.
Celine Colassin

QUE VOIR?
1972: Si Puo Fare, Amigo: Avec Dany Saval, Bud Spencer et Jack Palance
1973: Flesh for Frankenstein: Avec Monique van Vooren et Joe Dallesandro
1974: Il Bestione: Avec Michel Constantin et Giancarlo Gianinni
1975: La pépée du gangster: avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni
1976: Oh! Serafina: Avec Renato Pozzetto et Anjelica Ippolito
1980: Il Bandido Dagli Occhi Azzurri: Avec Franco Nero
1980: Voltati Eugenio: Avec Carole André et Bernard Blier
1980: Trois Hommes à Abattre: Avec Alain Delon et Michel Auclair
1982: Quando la Coppia Scoppia: Avec Claude Brasseur et Enrico Montesano
1987: Sicilian Connection: Avec Toshirô Mifune et Köji Kikkawa
1990: Diceria dell’Untore: Avec Vanessa Redgrave et Franco Nero
1991: L’ulivo e l’Alloro: Avec Werner di Donato
1998: Mashamal Ritorno al Deserto: Avec Kabir Bedi et Isabel Russinova
2013: L’ultima ruota del carro: Avec Elio Germano