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DIANA ROSS


J’avoue qu’il y a de quoi s’ébouriffer en découvrant le nom de Diana Ross au cœur de ce florilège d’actrices! Diana Ross la superstar. Dina Ross une des chanteuses les plus illustres de l’histoire. La chanteuse au cent millions d’albums vendus. Diana Ross, leader du groupe féminin américain considérée comme le plus illustre de toute l’histoire de la musique: Les Suprêmes. Certes. Mais Diana Ross a sa place dans ses pages. 


En 1972, alors qu’elle a déjà quitté « The Suprêmes » et vole maintenant de ses propres ailes de sommet en sommet de tous les hit parades du monde, Hollywood qui ne s’est pas encore tout à fait remis du succès planétaires de « Funny Girl » a retrouvé la fibre comédie musicale à budget colossal et envisage de porter à l’écran, après la vie de Fanny Brice, celle de Billie Holiday.

Et pour incarner  l’icône noire, le choix est vite fait.


C’est la Motown qui produit le film en collaboration avec la Paramount. Or Diana Ross a fait gagner des montages de dollars à la Motown, sa première maison de disques. Elle est leur plus grande star. Comment ne pas lui proposer le rôle même si elle n’a jamais joué quoi que ce soit de sa vie? 

Nombres d’esprits chagrins prédirent la décapilotade complète de l’entreprise comme de son actrice improvisée. Personne ne croyait ni en Diana ni au sujet du film. Certains proposèrent sans rire que l’on grime Barbra Streisand en noire pour que l’on obtienne une Billie Holiday crédible. D’autres menaçaient de se suicider si on ne confiait pas le rôle séance tenante à Diahnn Carroll!


Diana Ross allait faire pleurer des larmes de sang à ses adversaires. Le film allait engranger dix millions de dollars de bénéfices. Rien qu’avec la vente de la bande originale du film. La Motown aurait pu racheter toute la ville de Detroit alors encore prospère. Le film rivalisait au box office avec une autre comédie musicale « Cabaret » de Bob Fosse avec Liza Minnelli.

Et comme il se doit à toute diva, après avoir été portée en triomphe au festival de Cannes, Diana Ross était, pour sa première apparition à l’écran, nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice. Liza Minnelli aussi. Et c’est Liza qui évincera Diana Ross pour avoir été sublime en Sally Bowles, le rôle qui lui collera à la peau pour l’éternité aux yeux du public.


Mais aux yeux du monde et d’Hollywood en particulier, il n’y avait pas l’ombre d’un doute. Deux nouvelles superstars étaient nées. Personne ne pouvait imaginer qu’elles venaient de vivre les heures les plus glorieuses de leur carrière filmée. Toujours sous l’égide de la Motown, une autre super production allait être mise en chantier pour sacraliser encore la star Diana Ross et surtout engranger une nouvelle montage de dollars. Ce serait « Mahogany », tirant sur les mêmes ficelles, certes un peu moins glauques que dans « Lady Sings de Blues ». Cette fois encore, la petite fille des rues basses se hisserait au sommet grâce à son talent. Mais en matière de mode et non plus de chansons. Un régal pour Diana qui folle de mode avait longtemps rêvé d’être styliste et allait pouvoir dès son second film changer de robe à chaque scène!

Le succès sera au rendez-vous, Le public vient assister au défilé! On a beaucoup dit dans la presse que Diana elle- même avait beaucoup travaillé aux costumes. Et puis, Diana n’était-elle pas à la fois une superstar et une actrice confirmée? Pourtant quelque chose s’était déjà déréglé dans la mécanique céleste qui présidait aux amours de Diana Ross et du cinéma. Bien que le succès fut au rendez-vous, l’effet de surprise n’agit plus. Mahogany sera de ces films oubliés dès qu’ils ont quitté l’affiche.


La Motown, sans doute aveuglée par ses brouettes de devises se lança dans une nouvelle entreprise littéralement pharaonique, exactement comme si le deuxième film de Diana Ross avait pulvérisé jusqu’au souvenir du précédent et s’apprêtait à être lui-même pulvérisé par le suivant. Vingt quatre millions de dollars! Le double du budget de Star Wars va être investi pour réunir Diana Ross et Michael Jackson dans une version 100% musicale du « Magicien d’Oz ».


Treize millions de dollars vont s’envoler en fumée dans l’indifférence complète et peut-être même un peu agacée du public. Ce sera le coup de grâce, La Motown renonce à la production de films. Diana Ross ne reviendra pas au cinéma. Elle aura tourné trois films en six ans.

Elle ne sera pas Joséphine Baker à l’écran, elle ne tournera pas « Bodyguard » initialement prévu pour elle et Ryan O’Neal. Comme si la débâcle de « The Wiz » n’avait pas suffi, « Funny Girl » et « Cabaret » sont sans cesse redécouverts et admirés par de nouvelles générations. « Lady Sings the Blues » s’est empoussiéré avant de tomber dans l’oubli, ne faisant plus le régal que de quelques rares connaisseurs.

Diana Ross naît à Detroit, capitale de l’automobile américaine surnommée « Motor Town » le 26 Mars 1944. C’est encore la guerre en Europe. Son père est mobilisé, il n’est pas là. Pour l’instant il est soldat. Quand il reviendra , Diana trottinera déjà et il reprendra son métier d’instituteur. En attendant son retour l’employé qui rédige son acte de naissance commet une erreur et fait de la petite Diane une petite Diana. Diana Ernestine Earle Ross.  Diane grandit donc à Detroit, ville ouvrière et polluée mais ville la plus prospère d’Amérique vivant aux horaires de chez Ford ou Packard.

La famille de Diana n’est pas une famille pauvre, la classe ouvrière de Detroit vit d’ailleurs plus confortablement et gagne mieux sa vie que dans le reste du pays, c’est vraiment l’âge d’or de l’automobile. Les modèles changent chaque année, le public fortuné suit la tendance, fasciné par les nouvelles couleurs à la mode, les nouvelles options. Quelqu’un comme Elvis Presley achètera plus de cent voitures chez Cadillac dans sa vie! Il n’est pas rare que quelqu’un achète plusieurs voitures d’un coup et de nombreuses familles aisées possèdent plusieurs voitures. Le même modèle en clair et en foncé, la décapotable de madame, le break pour les week-ends.

Diana grandit de manière plutôt paisible et insouciante et après l’école aime à jouer dans la rue comme tous les enfants du quartier avec le petit William qui sera plus tars célèbre sous le nom de Smokey Robinson. La petite Diana ne pense pas à la musique. A la chanson encore moins. Elle veut devenir créatrice de mode pendant que William apprend le piano. Le temps passant, William deviendra le premier petit ami de Diana et l’aidera même à financer ses études. La jeune fille apprend le stylisme, la couture, le maquillage et même à faire des chapeaux. Pour gagner sa vie, elle coiffe les voisines et travaille même dans un grand magasin du centre ville. Elle déclarera dans ses mémoires: « Detroit était peut-être une ville moins raciste que les autres, mais la clientèle se demandait quand même comment une jeune fille noire s’était échappée des cuisines! »


C’est dans la foulée de William qu’elle va faire la rencontre de trois autres jeunes femmes et rejoindre leur groupe: Mary Wilson, Florence Ballard et Betty McGlow. Le groupe s’appelle « Les Primettes » avant de devenir les « Prim’s » puis en fin les « Suprêmes ». Il s’agit plus pour les jeunes femmes d’un loisir qu’autre chose. Et il s’agit surtout de participer aux innombrables crochets qui font fureur dans l’idée de rafler des prix à se partager plutôt qu’être repérées.

Elles gagneront un de ces concours…En Ontario!


Detroit ce n’est pas que la capitale de l’automobile. La Motor Town, c’est aussi la capitale de la musique noire. La qualité des musiciens, des auteurs et des interprètes noirs n’est plus à démontrer depuis longtemps. Mais dans une Amérique encore à moitié ségrégationniste et entièrement raciste, les « major Company » font reprendre les meilleures chansons des artistes noirs par des interprètes blancs bien propres sur eux tels Pat Boone et aux sonorités plus mollassonnes. Et qui se souvient aujourd’hui que les Beatles eux-mêmes achèteront des chansons à la Motown?


Seule la Motown signe des artistes noirs et uniquement noirs et produit leurs disques. Diana et ses copines vont auditionner et faire à la Motown leur apprentissage de chanteuses en faisant les chœurs, tapant dans les mains et faisant le café. Diana aide à la coiffure et au maquillage, c’est encore la débrouille. Barbara Martin intègrera le groupe pour en faire un quatuor, plus tard Betty McGlow déclarera forfait et les Suprêmes redeviendront trio.

 En 1961, les Suprêmes peuvent enfin sortir leur premier disque. Le véritable succès ne viendra qu’en 1963 et ce n’est qu’au début de 1964 qu’il sera décidé de mettre Diana « en avant » dans le groupe.


Ceci permet de faire taire pas mal de choses, à commencer par la légende de succès fulgurant. Les Suprêmes traînaient à la Motown depuis au moins 1958, elles n’ont enregistré qu’en 1961 et connu le succès que deux ans plus tard. Ceci fait taire également tous ceux qui jurent avoir repéré Diana dès qu’ils ont entendu sa voix pour la première fois et décidé de faire d’elle une star. Seuls travail et talent ont fait du groupe des Suprêmes des stars. « Aider » oui, peut-être. « Faire » en aucun cas.

Le groupe va devenir le premier « money maker » de la Motown pour les années 60.


En 1965 Diana devient la compagne du directeur de la Motown  Berry Gordy. Il sera le père de sa fille Rhonda Suzanne née en 1971. Mais Berry Gordy ne s’est jamais senti l’âme d’un mari. Diana épouse Robert Ellis Silberstein deux mois après avoir appris sa grossesse. Le couple aura encore deux filles: Tracee Joy et Chudney Lane avant de divorcer en 1977.

Succès après succès, la folie Suprêmes se répand à l’étranger. Les dollars coulent à flots mais la pression est énorme. Florence Ballard n’y résiste pas. Ebranlée nerveusement elle devient difficilement gérable. Bientôt elle a des problèmes d’alcool et de boulimie. Diana souffrant de son côté d’anorexie le groupe commence à être plutôt comique à regarder avec Florence devenue énorme boudinée dans ses fourreaux de paillettes se dandinant derrière Diana épaisse comme une chaussette. Florence quittera le groupe en 1967 et les Suprêmes en profitent pour devenir « Diana Ross et les Suprêmes ». C’est Cindy Bridsong qui la remplacera et rejoindra le groupe de Patti Labelle à la fin des Suprêmes.

 En 1970 les jours des Suprêmes sont comptés. Le groupe donne son concert d’adieu à Las Vegas en janvier.


Diana Ross est devenue une star, elle est très présente à la télévision et est même devenue assez puissante pour imposer à ses côtés un groupe de jeunes musiciens en qui elle croit: « Les Jackson Five ». Elle est assez célèbre pour se permettre de poser fièrement très enceinte, prenant une liberté qu’aucune célébrité blanche n’avait encore osé prendre en 1972.  Les années 70 sont les années d’or pour Diana Ross. Nommée aux Oscar et aux Grammy Awards, elle vend plusieurs millions de disques.

Deux millions rien que pour la band originale de « Lady Sings the Blues », 800.000 albums vendus dès le premier jour. Elle est en tournée dans le mode entier et elle est la première artiste à se produire au palais impérial de Tokyo, cadeau d’anniversaire pour l’épouse d’Hirohito.

Un autre de ses concerts entrera dans l’histoire. Un jour qu’elle chante à Central Park pour des milliers de fans, un orage violent éclate mais le public reste là, fasciné par la sirène de paillettes. Diana continue son concert sous des trombes d’eau lorsqu’elle se rend compte que tous les fils électriques sont sous eau. Alors elle interrompt sa chanson et hurle « Est-ce que vous m’aimez? Vous m’aimez vraiment? Oui? Alors fichez le camp d’ici le plus vite que vous pouvez! » Les images de Diana Ross dans son ensemble de paillettes roses dégoulinant et le maquillage coulé chantant sous le déluge resteront longtemps parmi les images les plus fortes d’une génération. Mais le déluge de Central Park c’est pour un peu plus tard, après que Diana Ross littéralement sacralisée ait découvert le disco et pris le second tournant de sa carrière.

« Upside Down »  »I’m Coming Out » seront les points d’orgue de cette troisième carrière. Après Marvin Gaye elle chante en duo avec Lionel Ritchie. 


La star porte tout ce qui peut la magnifier encore, choisissant ses robes chez les couturiers les plus luxueux du monde dont Valentino, Versace ou Thierry Mugler. Ses préférés qui ne se feront d’ailleurs pas faute de la faire défiler dans leurs créations les plus hollywoodiennes. Elle n’est jamais assez mince, ses faux cils et ses ongles ne sont jamais assez longs, ses talons assez hauts ses cheveux assez spectaculaires. Diana Ross devient la diva la plus luxueuse et la plus glamour du monde.


En 1981 elle quittera la Motown pour RCA records et ce transfert de la star d’une maison de disque à l’autre reste l’opération financière la plus élevée de l’histoire du disque. Vingt millions de dollars sont nécessaires pour faire changer la chanteuse de studio.


Au passage elle crée la surprise en 1986 en se remariant avec un milliardaire norvégien Arne Naess jr. Il sera le père de ses deux fils Ross Arn et Evan Olav. Arne laissera Diana veuve en 2004 lorsqu’il se tue dans un accident d’escalade en Afrique du Sud.

Diana est effondrée, elle déclare qu’Arn était l’homme de sa vie et qu’elle reste à la dérive sans lui…Même s’ils vivaient séparés depuis 1999 Ce sera pour la veuve la plus célèbre des années 2000 une nouvelle décennie de triomphes, de tournées. La seule ombre à sa gloire fut le concert de Central Park. Lorsque Diana exhorte le public de fuir à toute jambes, elle promet de recommencer gratuitement le concert le lendemain. Or le concert était donné à titre caritatif, les bénéfices devant servir à crée une aire de jeux dans le parc.  Mais les bénéfices du premier concert payant et interrompu furent entièrement engloutis dans le second concert gratuit et abouti. Les médias s’emparèrent alors de l’affaire, éberlués par le coût pharaonique d’un concert de Diana Ross. Lassée de la polémique elle signe un chèque de 250.000 dollars pour l’aire de jeux qui porte aujourd’hui, c’est bien le moins, son nom.

Diana restera au sommet du box office musical jusqu’en 1994 même si depuis quelques années les ventes de ses disques se faisaient surtout à l’étranger. En 1999 elle est élue avec Madonna la chanteuse américaine à la plus belle carrière.


Régulièrement on parlera du « retour des Suprêmes » ce qui ne se fera jamais. Florence Ballard étant d’ailleurs décédée en 1976 , sa fin rendait le retour du groupe aussi improbable que le retour des Beatles.

En 2002, Le public ravi apprenait le retour de Diana Ross avec une tournée mondiale d’une ampleur telle que seule Madonna pouvait lui être comparée. Mais après quelques dates aux Etats-Unis et au Canada. La tournée est annulée sans explications même si l’entrée de la star en cure de désintoxication n’est un secret pour personne, elle avait déjà fait un petit tour en prison, deux jours, pour « conduite sous influence » Elle ne reprendra ses tournées qu’en 2010, tournée qu’elle voulait « hommage à Michael Jackson » Décidément le temps passait mal.


Diana Ross est toujours une icône, toujours une diva, toujours sublime même si elle est plusieurs fois grand’mère. Elle a chanté Noël à la maison blanche pour Barak Obama…Avec une jambe dans le plâtre puisqu’il semble que sa chance insolente soit restée aux années Motown.

Celine Colassin


QUE VOIR?

1972: Lady Sing the Blues: Avec Richard Pryor et Billy Dee Williams

1975: Mahogany: Avec Billy Dee Williams

1978: The Wiz: Avec Michael Jackson

 

 
 
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