Fay Compton voit le jour à Londres le 18 Septembre 1894 dans une très prestigieuse famille d'acteurs. Son père n'est autre que le célèbre acteur et metteur en scène Edward Compton et sa mère a connu la gloire sous son nom de jeune fille Virginia Bateman. Fay aura une soeur, Viola qui deviendra elle aussi actrice, et un frère qui connaîtra la célébrité en tant qu'écrivain, Compton Mackenzie.
La famille Compton est une famille non seulement célèbre mais très avisée. Ils possèdent plusieurs théâtres où ils produisent et jouent les pièces qui leur plaisent, le tout avec un succès rarement démenti.
Virginia Lilian Emmeline Compton Mackenzie, puisque tel est son patronyme officiel, entamera elle aussi très tôt sa carrière de comédienne, à 17 ans. 17 ans et déjà mariée à son premier metteur en scène HG Pélissier. C'est un peu le mariage de la belle et la bête car non seulement HG Pélissier a vingt ans de plus que son épouse mais il est doté d'un physique assez effrayant qui aurait fait de lui un candidat idéal au rôle de Quasimodo. Mais ce mariage sera de courte durée. Le couple convole en 1912 et en 1913 HG Pélissier décède à 39 ans emporté par une cirrhose du foie. A l'heure où son mari décède, Fay est la très jeune maman d'un petit Anthony. La veuve a 18 ans, le petit orphelin de père moins d'un an.
La jeune veuve, soutenue par sa famille va alors mettre les bouchées doubles et se consacrer à sa carrière.
Or, ce n'était pas gagné d'avance. Trop jeune, trop inexpérimentée, trop peu connue et ayant encore les kilos de la maternité, elle se trouva réduite à chercher du travail.
C'est Louis B; Meyer qui ayant besoin d'une actrice parlant parfaitement l'allemand lui demanda si c'était son cas. Pour lui une femme un peu grasse était une Allemande. Fay lui répondit "Oh mais parfaitement! " Ce mensonge éhonté lui valut un contrat. Elle se sortira de ce guêpier magnifiquement mais ne parlera jamais la langue de Goethe.
A l'avènement des années vingt, elle sera devenue une grande vedette de la scène londonienne et tout le monde se souvint longtemps de la merveilleuse interprétation qu'elle donna d'Ophélie face à deux Hamlet successifs: John Barrymore et John Gielgud.
Sa carrière scénique sera longue et prestigieuse et à près de 70 ans, elle impressionnera encore ses partenaires Laurence Olivier et Michael Redgrave qui en avaient pourtant vu d'autres Notamment dans "Oncle Vania".
Le succès de la pièce fut si colossal que le tout fut porté à l'écran dès l'année suivante.
En regard de cette gloire théâtrale, la carrière au cinéma de Fay Compton qui se positionna dans les rôles distingués dès ses débuts en 1914. Elle avait alors tout juste vingt ans et sa carrière filmée restera plus obscure. Elle n'atteindra jamais sur les écrans la gloire acquise sur les planches. Sa première tentative filmée ne l'avait d'ailleurs que très peu convaincue.
Elle mit trois ans à revenir devant des caméras dont le silence l'horripilait au plus haut point.
Ce cinéma qui finalement lui importait assez peu lui permettra quand même de jouer jusqu'à un âge très avancé les rôles qui lui plairont dans les films qui l'intéressent.
Jusqu'à ses 40 ans elle ne tiendra d'ailleurs que les premiers rôles.
Bien entendu, Fay Compton n'était pas restée une éternelle veuve éplorée. Elle s'était remariée avec un certain Lauri de Frece, qui enquête menée se révéla être un certain Jérôme Kern. Ceci fait donc ânonner tout un tas de biographes peu scrupuleux qui croient dur comme fer que Fay Compton fut l'épouse du compositeur de Show Boat!
Il ne s'agit là bien entendu que d'une homonymie! N'y a t'il pas plus d'un surgelé qui s'appelle Picard?
Il y aura ensuite le règne de Léon Quartemaine dont on ignore tout, avant celui de l'acteur Ralph Michael.
Fay Compton dont le souvenir s'étiole parmi les étoiles du film fut pourtant une actrice admirée et respectée. Orson Welles lui vouait un véritable culte et son école d'art dramatique fut fréquentée par des élèves aussi prestigieux qu' Alec Guinness ou Jan Sterling.
Le 12 Décembre 1978, le coeur de Fay Compton s'arrêtait de battre après 84 printemps dans son cher Londres qu'elle avait tant aimé et qui le lui avait si bien rendu.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1914: She Stoops to Conquer: Avec Jane Gail
1922: The House of Peril: Avec Bill Travers
1922: A Bill of Divorcement: Avec Constance Binney
1925: The Happy Ending: Avec Jack Buchanan
1927: Robinson Crusoé: Avec MA Wetherell
1931: Cap Forlorn: Avec Frank Harvey et Ian Hunter
1937: The Mill on the Floss: Avec Geraldine Fitzgerald, Frank Lawton, James Mason et Victoria Hopper.
1949: Britannia Mews: Avec Maureen O'hara et Dana Andrews
1952: Othello: Avec Orson Welles et Suzanne Cloutier
1956: Double Cross: Avec Donald Houston
1957: The story of Esther Costello: Avec Joan Crawford et Heather Sears
1963: Oncle Vania: Avec Michael Redgrave, Laurence Olivier et Joan Plowright
1963: The Haunting: Avec Julie Harris et Claire Bloom
1968: Journey to Midnight: Avec Edward Fox