GABY BRUYERE

Gaby Bruyère fut une sensationnelle comète du cinéma français des années 50. Sa beauté plastique avait quelque chose de très hollywoodien ce qui m’a permis de retrouver en son temps une photo d’elle illustrant un article consacré à la fabuleuse Arlène Dahl et plus récemment une autre fichée en plein hommage à…Zsa-Zsa Gabor!

Gaby Bruyère vint au monde en Lozère, à Mandé, le 3 juin 1924 sus le patronyme complet et joyeusement provincial de Gabrielle Josette Victorine Planche. Si les fées se bousculèrent au dessus de quelques illustres berceaux, elle durent provoquer un embouteillage d’anthologie au dessus de celui où braillait la petite Planche. 

Pour peu qu’elle ait braillé un jour et n’ait pas réclamé ses biberons en donnant quelques vers de Courteline. Gabrielle qui sera toujours Gaby ne sera pas très grande mais elle sera sublime. Elle sera douée en chant, en danse, en comédie et elle maniera la plume avec virtuosité.

 Avec un tel florilège de talents cumulés dans une aussi gracieuse personne, il était impensable que le cinéma ne fasse pas appel à elle. Une rencontre qui se serait probablement faite bien plus tôt s’il n’y avait pas eu cette satanée guerre.

Elle a 15 ans en 1939! Impossible de laisser une aussi jeune fille affronter les dangers d’un Paris occupé.

Elle aura 23 ans lorsqu’enfin elle boucle ses valises et déclare à son entourage stupéfié: "Je monte à Paris tourner un film avec Gorges Guétary! Les Aventures de Casanova »! 

Nul doute qu’une carrière fabuleuse l’attendait mais…Ce ne fut pas le cas.  Il y a pléthore de nouvelles frimousses qui piétinent au portes de la gloire d’un cinéma français libéré et les films américains déferlent sur l’hexagone.

Et puis Gaby Bruyère n’est pas non plus une acharnée des auditions. Elle a près de 25 ans, qu'irait-elle faire la file pour montrer ses jambes à des producteurs reluqueux avec des rivales de 17 ans, 20 ans au mieux?

Non. Gaby préfère le tour de chant où elle se taille un joli succès.

Et lorsqu’elle ne chante pas, elle écrit pour le théâtre avec un certain succès. Elle s’offrira même le luxe de signe un livret d’opérette.

Gaby devient une célébrité typiquement parisienne et si le cinéma fait appel à elle, c’est pour le prestige de son nom au générique. Tant pis si ses rôles on parfois tout de l’apparition fugace.

La carrière de Gaby Bruyère au cinéma va s’interrompre net en 1953. Elle part en tourné mondiale avec son tour de chant qui a tout il est vrai d’une production « made in Las Vegas ». Elle va alors provoquer un véritable phénomène de société au Mexique.

Elle devient la superstar nationale de 1955 et se souviendra plus tard: "Il y avait de véritables émeutes à l’arrivée des avions. Je vivais dans des palaces où on engageait du personnel supplémentaire rien que pour monter à mes appartements les corbeilles de fleurs qui arrivaient sans cesse! J’aurais pu devenir millionnaire rien qu’en les revendant! Je nageais dedans pour passer d’une pièce à l’autre! J’avais une secrétaire chargée d’y débusquer les bijoux pour les renvoyer et refuser les demandes en mariage! Je ne me suis pas grisée, c’était pour tout dire assez effrayant et j’ai fini épuisée. Une équipe de télévision me suivait partout et chaque soir à 19 heures la télévision offrait un émission spéciale: la journée de Gaby Bruyère ».

Gaby Bruyère ne resta pas au Mexique, elle n’y tourna aucun film. Elle rentra en France et n’en tourna plus. Cette beauté fabuleuse disparut du cercle enchanté du tout Paris des arts et se consacra à l’écriture.

On apprenait sa fin d’une manière très laconique dans un journal cannois, le 31 Aout 1978. Gaby Bruyère s’était éteinte à Cannes trois mois après avoir fêté ses 54 ans.

Celine Colassin

QUE VOIR?

1947: Les aventures de Casanova: Avec Jacqueline Gauthier et Georges Guétary

1947: Un Flic: Avec Suzy Carrier et Raymond Pellegrin

1948: Un cas sur mille: Avec Louis Florencie

1948: Les casse-pieds: Avec Noël-Noël

1948: Trois garçons, une fille: Avec Gaby Morlay et Suzy Carrier

1952: La Vérité sur Bébé Donge: Avec Danielle Darrieux et Jean Gabin

1952: Le Plaisir: Avec Claude Dauphin

1953: Les dents longues: Avec Danièle Delorme et Daniel Gélin

1953: Quand te tues-tu?: Avec Jean Tissier

1953: Innocents in Paris: Avec Claire Bloom, Claude Dauphin et Alastair Sim