IRASEMA DILIAN

Céline Colassin
22 avr.
3 min de lecture

Quel étrange parcours géographique que celui-ci.

Irasema, polonaise et fille de diplomate naît à Rio le 27 Mai 1924 sous de patronyme d’Eva Irasema Warschalowska. Son père étant attaché à l'ambassade de Pologne, elle grandira au gré des affectations paternelles un peu partout dans le monde.

C'est en Italie qu'elle est découverte par Vittorio de Sica qui la fait débuter à l'écran dans "Zéro de conduite".

Si elle est choisie par Vittorio de Sica, d’autres nouvelles venues assoiffées de gloire sont également à l’affiche du film dont Carla Del Poggio et Vivi Gioi. Vivi s’essoufflera en voulant faire de son amour obsessionnel pour Vittorio de Sica son étendard de gloire. Elle disparaîtra de la circulation après avoir suffisamment tourné pour s’offrir une fabuleuse villa, la plus luxueuse de toute la côte amalfitaine.

Carla, assurément la plus belle et la plus douée deviendra madame Lattuada et le couple, accessoirement, incitera un jeune au talent prometteur à se risquer à la mise en scène, un certain Federico Fellini.

Irasema de son côté tournera quelques jolis rôles après « Zéro de Conduite ». Mais la belle n’est pas particulièrement convaincue par le régime mussolinien et préfère se diriger vers l’Espagne et son cinéma pour poursuivre sa carrière. Elle reviendra en Italie dès les hostilités terminées et Mussolini éradiqué, retrouvant les écrans dès 1946.

C'est ensuite le Mexique qui fait appel à elle pour en faire une de ses "reines de l'âge d'or". Une gloire entachée par une liaison (ou prétendue telle) avec l'icône nationale Pedro Armendariz notoirement très marié.

J'avoue honteusement avoir appris il y a peu qu'Irasema avait été purement et simplement expulsée du Mexique mais j'ignore à la fois l'exactitude de l'information et ses prétendues causes. La chose me semble étrange pour une actrice ayant été nommée au prix Ariel de la meilleure actrice, l'équivalent de l'Oscar au Mexique.

Même si elle est très active, on ne lui propose guère que des comédies sentimentales stéréotypées à défendre. Elle continuera à se partager entre l’Espagne et l’Italie espérant au moins un rôle dans sa vie qui justifierait à lui seul son passage devant les caméras.

Il viendra en 1954 de manière ô combien prestigieuse car Luis Bunuel fait d’elle l’héroïne de « Abîme de Passion », sa version personnelle des « Hauts de Hurlevent ». Fière de cette pépite dans sa filmographie, Irasema tournera encore jusqu’en 1957 et se retirera satisfaite, laissant l’oubli se faire sur son nom et la discrétion sur sa beauté avant qu’elle ne se flétrisse.

Irasema avait épousé en 1950 le réalisateur italien Dino Maiuri, père de sa fille Coralla.

On apprendra sa mort le 16 Avril 1996 dans sa chère Italie. Elle aurait eu 72 ans un mois plus tard.

Celine Colassin