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JOAN COLLINS



L’actrice anglaise Joan Collins est plus connue pour sa prestation télévisée haute en couleurs dans la série télévisée des années 80 « Dynasty » où, glamourisée comme à la grande époque, elle faisait feu de tout bois pour captiver l’attention du public. Et ce, il faut bien le dire malgré un scénario inexistant brodé sur un sujet mièvre à la limite de l’indigence. Si le « soap » survécut des années et pulvérisa à jamais les records de l’audimat pour ce genre de chose, c’est grâce à Miss Collins, ses tenues invraisemblables et ses homériques bagarres avec l’infortunée Linda Evans.

Joan Collins devint, enfin, une star de premier plan.

Il était temps.

Elle attendait depuis 35 ans.

 

Joan Collins naît à Londres le 23 mai 1933.

 Elle a une sœur : Jackie.

 Elle aussi tentera une carrière de comédienne dans l’ombre de sa célèbre sœur. Sans grand succès, elle obtiendra de meilleurs résultats comme romancière et scénariste. J’entends par là que ses écrits furent publiés et ses scripts tournés, ce qui n’implique pas forcément que la dame ait un quelconque talent remarquable. Jackie Collins n'était pas Victor Hugo qu'on se le dise.

 Les parents de Joan et Jackie sont artistes et n’opposeront jamais la moindre réticence aux velléités théâtrales de leur délicieuse petite Joan. Elle fait même ses débuts sur les planches à 9 ans, déguisée en garçon dans « Maison de poupée » d’Ibsen.

La jeune Joan est donc autorisée, sinon encouragée à suivre les cours de l’académie royale d’art dramatique de Londres dès qu'elle est en âge de s'y coller. Elle ne finira pas ses études, le cinéma l’aura accaparée avant !

 

Son père, confiant en son potentiel artistique et surtout conscient de sa beauté fracassante va devenir son agent et répandre ses photos dans la presse. En 1951, Joan fait de modestes débuts dans l’ombre de Maureen O’hara dans « Lady Godiva rides again ». Film où rides aussi Diana Dors ! Mais pour les amateurs de sensations inédites, une autre curiosité est à découvrir dans ce film de 1951 en la personne de Ruth Ellis. La dernière femme condamnée à mort et exécutée en Angleterre le13 juillet 1955 pour le meurtre de son amant. Ruth sera incarnée à l'écran par Miranda Richardson dans "Dance with a Stranger".

 

Pour de nébuleuses raisons, la RANK alors en négociations financières avec la Century Fox va fourguer les contrats de Joan Collins et de Jean Simmons dans un « package » aller simple pour Hollywood. En plus d’une beauté racée, la jeune actrice qui débarque à Hollywood en 1954 a un réel talent. Talent qui, hélas, s’épanouit difficilement à l’ombre du culte voué à sa personne.

Du talent, donc, et surtout de la volonté à revendre, Joan veut être une star « la » star. Dès son arrivée, les photographes se précipitent sur cette véritable nouvelle aubaine pour leurs objectifs.

Joan en plus d’être très belle est peu avare de ses charmes, ses premières photos de starlette nous prouvent assez sa perfection plastique....Et nous prouvent bien moins son sens du raffinement de l'élégance et de la distinction

 

En 1952 elle épouse l’acteur Maxwell Reed, son compatriote, alors acteur de film noirs par excellence. Un an plus tard ils sont divorcés, Joan exigeant 1250$ de pension alimentaire mensuels, un des premiers records du genre. Son mari, nous dit Joan dans son autobiographie a négocié le prix de vente de l’actrice à un scheik arabe contre une collection de chameaux. Ce qu’elle n’a pas apprécié ! D’ailleurs si Joan avait exigé un tel montant, c’est parce que monsieur Reed lui-même avait argumenté qu’étant momentanément au chômage alors qu’elle était une actrice d’Hollywood sous contrat (et accessoirement très liée à Arthur J. Loew, lequel était fort loin d’être pauvre). C’était donc à elle, estimait il, de lui octroyer une pension alimentaire. Ce dont il ne fut jamais question. Joan Collins aurait encore préféré attraper la lèpre que de lui céder un cent.


Toute sa vie elle aimera clamer : « J’avais 17 ans lors de mon premier mariage, comment savoir qui on est et surtout ce que l’on veut à cet âge ? La loi devrait interdire le mariage aux filles de moins de 20 ans ! » En 1955, Miss Collins avait bel et bien 19 ans !

Cela dit, cette histoire de chameaux, admettons que ce n’est pas très élégant, et, il faut bien le dire, assez typique de l’univers « Joan Collins », car malheureusement pour elle, son mauvais goût deviendra aussi notoire que sa beauté.

 En plus d’une prédilection pour les imprimés léopards, elle est quand même la seule actrice de ma connaissance (avec Mamie van Doren) à poser avec un short de tennis et … des talons aiguilles ! Bientôt elle sera la reine des perruques supplantant presque les records de Zsa Zsa Gabor.

 Humphrey Bogart la trouvait particulièrement peu à son goût. Un soir, lors d’une réception, Joan fit une réflexion à Frank Sinatra, Bogart l’aurait attrapée par le devant de la robe, lui ordonnant clairement de la boucler.

 

Ce genre de fautes de goût vestimentaire à Hollywood toujours en quête de respectabilité ne pouvait que lui nuire. On ne connaîtra guère qu'Ann Margrett s'habillant à la fois encore plus mal et avec plus d'ostentation encore que Joan. Hormis sa désastreuse garde-robe, Joan a un autre handicap : une furieuse ressemblance avec l’enfant chérie de la Metro Goldwyn Mayer (et de l’Amérique entière) : Miss Elizabeth Taylor en personne.


Au lieu de se démarquer de l’illustre Elizabeth reine d’Hollywood, Joan trouve plus commode de mettre ses pas dans les siens et de marcher sur les traces toutes fraîches de sa belle rivale ( presque aussi mal habillée qu’elle). Elle souligne sa ressemblance avec la star à un point tel que cela devient du mimétisme.

 

Joan Collins devient un plagiat vivant d’Elizabeth Taylor. Il faut parfois y regarder à deux fois sur les photos de cette époque pour être bien certain de laquelle il s’agit. Elle va pousser le perfectionnisme jusqu’à récupérer le premier mari d’Elizabeth Taylor, le richissime Nikki Hilton en personne ! Le sieur Nikki succédait dans la vie de la tapageuse Anglaise à Sidney Chaplin, Arthur Loewy jr, Walter Chiari et Rafael Trujillo Jr qu’elle partage aimablement avec Kim Novak et Zsa-Zsa Gabor ! Il est amusant de souligner en passant que Sidney Chaplin sortait tout frais émoulu d’une liaison avec Jackie Collins lorsque Joan lui mit le grappin dessus. Elle-même terminant une aventure sentimentale avec Charles Chaplin JR.


Les choses n’iront pas jusqu’au mariage avec ces messieurs et Joan épousera l’acteur –chanteur-compositeur Anthony Newley. 

Très amoureuse, elle refuse la succession de Bette Davis dans un remake de « Of Human Bondage » parce que son Anthony jouait une pièce à New-York. Le rôle allant à Kim Novak.

 

De nationalité Anglaise, comme sa femme, Anthony Newley est le père des deux premiers enfants de Joan Collins, Tara et Sacha. Pour situer, Anthony Newley, il est l’auteur d’un des plus célèbres génériques « James Bondesques » qui soient : « Goldfinger ».

 Mais l'homme supporte mal l’indifférence de Hollywood à son égard, le couple se désunit au gré de l’ascension de Joan.

 

Après leur divorce, Joan se réinstallera pour un temps à Londres. le succès l'a très vite désertée, Hollywood s'est détourné, elle tente le retour au pays natal, nimbée espère t-elle de sa gloriole de star d'Hollywood.


Ensuite, elle épousera le producteur Ron Kass avec qui elle aura aussi un enfant, sa fille Katiana née en 1973.

Joan Collins restera cependant très proche d’Anthony Newley jusqu’au décès de celui-ci en 1999, après tout, ils avaient deux enfants en commun !

 

Revenons au Hollywood des années 50 où la Fox distribue Joan Collins dans « les Naufragés de l’Autocar » en 1957 où elle partage l’affiche avec une autre aspirante à la gloire : miss Jayne Mansfield en personne.

La réputation d’Elizabeth Taylor n’est pas au beau fixe et Marilyn est de plus en plus capricieuse Les studios se cherchent des remplaçantes. Pourquoi pas Jayne et Joan en lieu et place de Marilyn et Elizabeth? Si les deux nouvelles venues, acharnées à supplanter leurs aînées pouvaient emporter l’adhésion du public ce serait une aubaine pour les studios.

Qui de la blonde ou la brune sortira gagnante du duel sur plateau qui promettait d'être bine tapageur ?


La presse à scandale espérait beaucoup de la confrontation Jayne et Joan, il n’y eut pourtant rien de sensationnel à relater, ces dames se considérèrent avec politesse. Mais Joan ne déçut pas pour autant. Elle prit en grippe instantanée une autre actrice du film, Dolorès Michaels qui le lui rendit bien et ces deux-là s’entre déchirèrent avec beaucoup d’exaltation.

Joan comme poussée à bout éructa dans la presse « Je tournerai sans maquillage et coiffée n’importe comment ! Et non seulement je n’ai pas peur mais je n’attendais que ça ! C’est comme ça que les vraies actrices peuvent prouver ce qu’elles valent alors que les pauvres glamour girls ne pourraient pas s‘en passer on ne les reconnaîtrait même plus sans leur beauté artificielle étalée au pinceau sur leur figure ! » Les journalistes d’humeur canaille recueillirent ses précieux propos puis profitèrent d’une porte entrebâillée pour photographier Joan pendant qu’on lui maquillait les jambes.


Joan avait déjà fait ses preuves dans un péplum en 1955 : « la Terre des Pharaons » où elle avait été sensationnelle. (Si tant est que l’on puisse être sensationnelle dans un péplum)

 Pour l’anecdote, le film fut tourné en partie en Egypte, lorsqu’il fallut trouver une doublure à Joan, la production dénicha une fille du coin qui fut ravie d’endosser les mêmes costumes que l’actrice américaine. Plus tard, la jeune doublure Egyptienne fera son chemin et sera plus connue sous le pseudonyme de Dalida. Les fans et les biographes de la chanteuse et même son frère préférant clamer à tout va qu’elle fut la doublure de Rita Hayworth dans « Salomé », ce qui est semble-il plus prestigieux à leurs yeux mais faux. Tout simplement parce qu'aucune scène de "Salomé" ne fut tournée en Egypte.

 

Il faut reconnaître que dotée d’atouts physiques plus percutants (et d’un rôle plus intéressant) Jayne fut plus remarquée que Joan dans « les Naufragés de l’Autocar » par ces messieurs de la presse et par le public en général.


 La MGM. distribue alors Joan dans « Le Sexe opposé » où elle a la mission ô combien délicate de succéder à Joan Crawford dans le rôle de Cristal Allen dans le remake du film (Women de Georges Cukor tourné en 1939)Joan rappela le bon vieux temps, celui où sur le plateau de Cukor Joan Crawford dont elle reprenait le rôle ne parlait pas à Norma Shearer dont le rôle de grande bourgeoise trompée était repris cette fois par June Allyson. Ces deux-là ne se parlèrent pas plus que celles qui les avaient précédées et se détestèrent tout autant.

On crut l’heure du crêpage de chignon tant attendu enfin arrivée lorsque Joan lança à une Allyson : « Celles qui habitent dans des misons de verre feraient bien de ne pas lancer des pierres contre les murs ». Mais elle n’obtint ni réponse ni réaction ce qui la fit bouillir encore plus !

 

On parle beaucoup de Joan, elle se fait beaucoup photographier, on a parfois l’impression qu’elle convoque la presse chaque fois qu’elle se change ! Elle est pour Hollywood une actrice prometteuse, peu avare de ses charmes, facile à distribuer et faisant de son mieux dans des rôles dont personne ne veut. Elle est en 1958 « La Brune Brûlante ».

 Un rôle très court mais avec Paul Newman. La pire chose qu’il soit donnée de voir !


La scène que Newman joue avec Collins est d’une médiocrité, d’un ridicule et d’un vulgaire tels qu’il est difficile de la visionner sans rougir. Une des pires singeries jamais tournée.

Pour inciter quand même le public (en vain) à payer son billet, la presse affirmera que Joan Collins est l’actrice dont les mensurations se rapprochent le plus de celles de la vénus de Milo. Un mois plus tôt c’était Virginia Mayo la tenante du titre.

La belle Joan, très sûre d’elle-même se demande probablement comment on ose la comparer à cette statue hideuse ! Car la belle miss Collins n’est pas du bois dont on fait les timides !

Et puisqu’elle est à Hollywood pour y jouer les stars divines, elle se conduit comme telle, n’hésitant pas à balancer son script à la tête d’Orson Welles parce qu’il est décidément trop mauvais pour jouer avec elle et la toise d’un peu trop haut.

Ou encore d’appeler Sam Goldwyn qu’elle n’a jamais rencontré pour qu’il lui prête son avion privé pour aller à Acapulco, les horaires des lignes régulières ne lui conviennent pas !

 

Depuis bientôt dix ans qu’elle est à Hollywood, Joan Collins piétine toujours.

En robe du soir, certes, mais elle piétine.


Elle régale alors les colonnes de la presse people par des déclarations à tout va et sur tous les sujets : « Mes secret de beauté ? Oh mon dieu, je n’y ai même jamais pensé ! Je crois que je n’en ai pas, je fume, je bois, mais par-dessus tout je crois que c’est le sexe qui me rend belle puisqu’il me rend heureuse ! » Ou encore : « Moi ? Suivre un régime ? Mon dieu quelle horreur, ça me rendrait bien trop malheureuse, je crois que la beauté d’une femme est une affaire de discipline, pas de régime, quand on en arrive là c’est déjà trop tard ! Depuis mes quinze ans je m’interdis tout aliment frit et je favorise plutôt les salades à base de tomates ! Une femme c’est comme une voiture, quand on est une Rolls-Royce on respecte son carnet d’entretien ! »


Joan Collins est une star dont tout le monde connaît le nom et la plastique mais sans réelle identité d’actrice. Elle est plus souvent en première page pour ses amours tumultueuses et ses déclarations à l’emporte pièce que pour ses rôles et ses prestations. Sa liaison avec Warren Beatty défraie particulièrement l’actualité.

Beatty avait croisé le regard de Joan au restaurant « Le Capri » et ça avait suffi pour qu’il largue presque séance tenante une certaine Jane Fonda qui prit d’ailleurs la chose très mal.

Cette rupture brutale entachée de muflerie aura une incidence très inattendue sur le monde du cinéma tout entier.


Quelques années plus tard, au sortir de sa liaison avec Leslie Caron, Beatty prépare « Bonnie and Clyde ». Le scénario avait été offert à Leslie par François Truffaut et Leslie comptait bien incarner Bonnie. Avec sa muflerie coutumière, Warren Beatty s’accapare les droits du scénario et dégage Leslie en lui disant qu’elle est trop vieille pour le rôle. Il compte l’offrir à Jane Fonda qu’il estime avec le recul avoir larguée un peu vite. Jane lui flanquera le scénario en travers de la figure ce qui fera le bonheur d’une certaine Faye Dunaway encore inconnue.

 

En attendant ces hauts faits, les paris sont ouverts sur qui passera la corde au cou du beau Warren, l’éternel Casanova célibataire. Joan est évidemment persuadée que ce sera elle et nulle autre. Pour ne pas quitter son cher et tendre d’une semelle, elle envoie balader la Fox avec les rôles enfin intéressants qu’elle lui propose alors même que le studio se débat dans des difficultés sans nom. Elle s’en ira surveiller au centimètre près « son » Warren sur le tournage du « Printemps Romain de Mrs Stone » où son cher et tendre donne la réplique à Vivien Leigh et où elle n’a personnellement strictement aucun rôle !


Pour la Fox, les années 60 avaient débuté avec le séisme planétaire du tournage de Cléopâtre. Joan s’est battue pour le rôle finalement confié à Elizabeth Taylor. Encore elle.

Elles s’étaient déjà entre déchiquetées pour le rôle de Maria Vargas dans « la Comtesse aux Pieds nus », supplantées cette fois par Ava Gardner…Qui n’en avait pas envie du tout !


Les catastrophes succédant aux catastrophes sur le tournage de « Cléopâtre », Joan ne perdait pas espoir de récupérer le rôle commencé par Liz Taylor. Elle s’envole pour Rome où le tournage s’est exilé dans le sillage de son fiancé de l’époque, le don juan Hollywoodien numéro deux : Robert Wagner fraîchement divorcé de Natalie Wood. Warren Beatty est à l’époque le Don Juan numéro un.

Parce qu’entretemps, allais-je oublier de vous dire, Warren Beatty lassé d’avoir une ombre ressemblant à la vénus de Milo sur le tournage du « Printemps Romain de Miss Stone » a craqué pour sa partenaire suivante, Natalie Wood avec qui il tourne « La Fièvre dans le Sang ».

Lorsque Joan Collins annoncera à Louella Parsons la fin de son idylle avec Warren, le chassé-croisé sentimental durait depuis si longtemps que la commère lui répondit du tac au tac : « Ma chère ! Vous m’auriez annoncé qu’il y avait une tour Eiffel à Paris, je n’aurais pas été plus surprise ! »


Puisque Natalie l’ex madame Wagner risque de devenir la nouvelle madame Beatty, l’ex future madame Beatty née Collins se dit qu’elle serait bien, elle, la nouvelle madame Wagner ! Echange de bons principes ! Joan Collins sera-elle celle qui réussira là où d’autres ont échoué, sera-elle celle qui passera à la fois la corde au cou et la bague au doigt du beau et richissime Robert Wagner ?

Sera-t-elle celle qui ramassera sur les rives du Nil reconstitué le sceptre de Liz Taylor déclarant forfait ?

Via Venetto, les paparazzi sont sur les dents.

Shirley MacLaine aussi qui se demande qui sera en fin de compte sa belle sœur, puisqu’elle est, rappelons-le, la sœur de Warren Beatty !


Liz terminera Cléopâtre, et même si elle avait renoncé au rôle, la Century Fox avait déjà tranché en faveur de…Juliette Greco pour la remplacer au cas où ! Joan Collins avait été écartée de la succession parce qu’au temps de son idylle avec Warren Beatty, jouant elle aussi une princesse Egyptienne avec beaucoup de conviction, elle avait néanmoins de refusé d’ôter la rutilante bague de fiançailles de Warren qu’elle portait comme un trophée et entendait bien la faire admirer de tous comme une sorte d’Oscar sentimental. Or, cette bague rutilante à souhait était d’une exceptionnelle modernité bien incompatible avec la terre des pharaons. Et c’était précisément le genre de caprices que la Fox ne voulait plus supporter. Le studio ne cherchait plus du glamour, il cherchait de l’obéissance chez ses actrices !


Joan gardera une certaine rancune à Warren Beatty, il est vrai qu’elle l’a talonné durant plus d’un an. A l’heure de rédiger son autobiographie, elle n’hésitera pas à déclarer : « On a beaucoup dit de Warren qu’il pouvait satisfaire sa compagne cinq ou six fois par jour ce qui est exact, mais on a oublié de dire qu’en même temps il donne ses coups de fil importants ! »

 

Quant à Robert Wagner, à peine débarqué avec Joan dans la ville éternelle, il est photographié très occupé dans les toilettes des dames avec une autre fille, au nez et à la barbe des journalistes et de Joan.

C’est le brave et dévoué Jack Lemmon qui se chargera de trouver un taxi à l’actrice bafouée en public puisque Robert ne la raccompagnera même pas à l’hôtel.


Adieu les beaux rêves de mariage et de superproductions. Joan s’empressera de déclarer à la presse : « Je me fiche de Robert Wagner, je suis folle de Jack Lemmon qui va divorcer pour moi ! » Il n’en fut rien, comme on le sait.


 Après l’épisode de la nuit Romaine, la carrière de Joan Collins va s’enliser dans la médiocrité définitive au cinéma. Ce qui n’empêche pas la belle de confier les rênes de sa carrière à son astrologue avisé !


Le cinéma fera parfois appel à ses charmes et son talent pour des films d’horreur minables aux effets spéciaux indignes d’un épisode de « Chapeau Melon et Bottes de cuir ».


En 1971 elle se lance dans une nouvelle déclaration fracassante « Jamais je ne tournerai nue ! L’autre jour mes enfants regardaient un de mes films à la télévision, rien de choquant mais une des scènes était quand même très explicite et j’ai bien vu qu’ils étaient heurtés !  Je suis une mère avant tout ! Dès le lendemain j’ai appelé mon agent pour lui signifier que désormais je refuserais toutes les scènes de nu ou sexuellement trop explicites ! Je sais parfaitement que cette décision va me contraindre à une semi retraite car aujourd’hui refuser de tourner nue signifie ne plus tourner du tout mais tant pis je ne changerai pas d’avis ! »

 

Personne n’en crut un mot et tout le monde fit bien !


Durant cette période de vaches maigres, il est un film particulièrement kitchissime où Joan est attaquée par des fourmis géantes en plastique ! La Pauvre ! L’Italie aussi, friande de beautés tapageuses estampillées « Hollywood » fait appel à ses services pour des comédies pseudo humoristico-érotiques. Cela suffit pour que Joan Collins conserve son train de vie et sa place dans les journaux . Y compris Play boy qui lui fera souvent et longtemps confiance pour ses ornements.


Il reste cependant une personne persuadée que Joan Collins est une star de toute première grandeur : elle-même. La belle a d’ailleurs la dent dure envers ses rivales Hollywoodiennes des années 50 : « A l’époque, il n’y en avait que pour moi et quelques autres, dans les journaux. Aujourd’hui elles sont mortes ou traînent leur carcasse déchue de bar en bar comme Diana Dors, les autres se sont installées au fin fond de la Patagonie sous un nom d’emprunt, c’est ce qu’elles avaient de mieux à faire ! »


Après avoir tenté le glamour haute époque, elle a surfé sur toutes les vagues cinématographiques : espionnage, érotisme, horreur, tout est bon, à condition bien sûr qu’on l’engage. D’où ses nombreuses campagnes photographiques où elle affiche un luxe ostentatoire et de mauvais goût, un érotisme de pacotille et un tas de perruques de plus en plus invraisemblables.


Joan Collins n’a pas l’intention de se laisser oublier !

Le temps passe, Joan reste, les temps changent, Joan s’adapte. Avec le relâchement des mœurs du début des années 70, Joan prend le taureau par les cornes, revendiquant sans cesse son plaisir à tourner nue, faisant fi de toute contradiction, elle se lance dans une entreprise des plus périlleuses. Sur un scénario mâtiné par sa sœur Jackie, elle produit « The stud », un film destiné à faire un tabac, à devenir l’emblème du cinéma Américain des années 70.

Bien sûr, Joan s’y octroie le premier rôle. Le film fera la part belle à la musique disco et au nu masculin.

Jackie Collins a mis les petits plats dans les grands pour que le film fasse scandale et recette.

Le résultat est la sortie sur les écrans d’un navet ignoble qui engrangea cependant des recettes impressionnantes.  « Les villages people » étaient partie prenante du chef d’œuvre et collaborèrent à la partition, Jackie se dépêcha de concocter une suite : « The Bitch » !


Joan Collins ne baisse pas les bras, jamais, et lorsque la boisson apéritive Campari cherche une star de renom pour vanter ses mérites, c’est à elle qu’il est fait appel pour un spot publicitaire où elle se parodie elle-même et, ce sera là, diront les mauvaises langues son seul bon film !

La marque est contente du résultat et Joan enchaîne les tournages publicitaires pour l’apéritif rouge, point commun : elle prend chaque fois le verre en pleine figure ou sur sa robe de diva !


Les stars de première grandeur qui monopolisaient les bons rôles et l’attention des producteurs lorsque Joan fit ses débuts à Hollywood ont peu à peu passé la main.

Marilyn et Mansfield sont mortes.

Ava, Gina, Elizabeth, Sophia, Lana vieillissent et ne se soucient plus qu’occasionnellement de faire miroiter les paillettes de leurs robes de stars.

Raquel, Ursula, Claudia sont venues et ont eu plus de chance que Joan.


Elle n’a qu’une seule supériorité sur les nouvelles stars : l’ancienneté.


Mais maintenant que les places se libèrent, le cinéma est en crise, on ne tourne plus ces grands films avec les grands rôles dont Joan a toujours rêvé. Joan Collins est une star dont le cinéma n’a pas, n’a jamais eu besoin.

Dommage que les producteurs n’aient jamais fait appel à cette Anglaise sublime pour donner la réplique à James Bond ! Après avoir pu faire durant des années une impressionnante James Bond girl certainement plus efficace que Jill St John, elle aurait pu faire une parfaite méchante folle dangereuse voulant dominer le monde grâce à une usine de faux-cils radioactifs par exemple. Dommage que le destin en ait décidé autrement.


Joan va encore se battre pour obtenir les rôles qu’elle souhaite, particulièrement inspirée par les biographies filmées d’autres stars ! Elle s’est battue en vain pour être Joan Crawford et Eva Perón, Dunaway et Madonna l’évinceront, elle se battra pour être Vivien Leigh et Lana Turner, les films ne se feront pas.


Il ne faudrait pas faire pour autant de Joan Collins une naufragée de la pellicule. La belle tournera plus de 70 films.

 Le cinéma en crise, Joan Collins se tourne vers la télévision.

Très amie avec le producteur Aaron Speeling, elle apparaît, radieuse, dans toutes les séries possibles et imaginables, Starsky et Hutch y compris ! Pour l’anecdote, Aaron Speeling est à l’époque associé à…Robert Wagner !

 

Après avoir piaffé 35 ans aux portes de la gloire, Joan Collins est enfin déifiée par la télévision : elle devient Alexis Colby Dexter Carrington dans le feuilleton fleuve « Dynasty », elle va rester au sommet du box office télévisé durant sept ans !

Sept ans durant lesquels elle va rattraper le temps perdu, et porter tout ce qu’il est possible de porter comme tenues glamour à l’écran, Joan Collins a 50 ans, sa carrière télévisée commence.

Aaron Speeling lui offrira même un téléfilm à sa gloire « Monte Carlo » en 1986 où elle tiendra le rôle principal, cumulant les tenues extraordinaires et tous les bons vieux poncifs des films des années 50, elle y chantera même une petite chanson. (Last Time I saw Paris).

 Elle sera, par la même occasion la dernière partenaire de Gene Kelly qui décède peu après la fin du tournage.


Ensuite encore, la diva vieillissante ayant le vent en poupe, un malappris aura l’inélégance de réunir Elizabeth Taylor et Debbie Reynolds, ce qui est déjà une faute de goût dans « Les Vieilles Femmes », les autres « vieilles » étant Joan et Shirley MacLaine. Quel tact !


Il y aura bientôt 40 ans que Dynasty s’est arrêté.

Joan Collins est restée figée dans la silhouette d’Alexis Carrington qui a fait sa gloire, voulant savourer celle-ci jusqu’à la fin de sa vie et faire profiter le monde de son éternelle beauté.

Elle fait bien. Joan Collins a tourné plus de cent séries et téléfilms.

 

A plus de 90 ans, Joan Collins est prête à tourner, maquillée, perruquée et bijoutée dans sa robe de star éblouissante. Elle vient sûrement de terminer un film ou une série et sort probablement son prochain livre. Son autobiographie « Mon journal sans vergogne » déjà best-seller avant sa sortie en librairies trouve encore preneurs...

 Celine Colassin



QUE VOIR ?

 

1951 : Lady Godiva Rides Again : On vit peu Joan Collins qui surgit en bikini d’un air navré parce qu’elle a perdu son rouge à lèvres, mais même l’excellentissime Kay Kendall disparaîtra dans le cyclone d’enthousiasme que déchaîne la jeune Diana Dors.

1952 : I Believe in You : Joan distribuée dans un film romanesque à souhait, véhicule parfait pour Celia Johnson grande prêtresse anglaise du genre.

1953 : Décaméron Nights : Même si les stars du film, Joan Fontaine et Louis Jourdan sont des stars américaines, la production est anglaise. Le film tourné en technicolor en Espagne n’aura strictement aucun retentissement.

1954 : Le Seigneur de l’Aventure : Une rencontre au sommet : Joan face à Bette Davis dans son personnage fétiche d’Elizabeth d’Angleterre !

1954 : Les Bons Meurent Jeunes : Joan est la jeune épouse de Richard Basehart dans un film au casting plutôt sulfureux puisque Gloria Grahame, Laurence Harvey et Margaret Leighton complètent la donne.

1955 : La terre des Pharaons : Un péplum réussi et Joan Collins excellente, très belle et en grande forme. C’est le premier rôle important de Joan qui tourne pourtant depuis 1951

1955: La Fille sur la balançoire : Année faste pour Joan Collins qui interprète une théâtreuse dans la foulée des « Nana » et consœurs, la belle par qui le scandale arrive. Lle film était écrit pour Marilyn Monroe. Inspiré d’un fait divers survenu à New-York en 1906, l'affaire sera de nouveau exploité en 2007 par Claude Chabrol qui s’en inspire pour « La Fille Coupée en Deux »,

1957 : Les Naufragés de l’Autocar : Ne boudez pas votre plaisir, c’est un excellent film, reste à faire votre choix entre la blonde et la brune.

1957: Une île au Soleil : Nous voici aux Antilles, Joan Collins est très amoureuse mais refuse d’épouser le monsieur parce qu’elle a du sang noir dans les veines. Dès son retour à Hollywood, à peine débarquée de l’avion, sans doute exaltée par le soleil Antillais, Joan Collins s’insurge par voie de presse contre le puritanisme malsain et complètement infantile qui paralyse le cinéma quand il s’agit de scènes d’amour. Selon elle, ces scènes entre toutes doivent être vraies, sincères, filmées dans leur crudité, les hommes et les femmes qui s’aiment sont des êtres de chair et de sang qui expriment leurs sentiments avec leurs corps, ça n’a rien à voir avec une vague qui se fracasse sur une falaise au clair de lune. dit-elle 

1957: Espionnage à Tokyo : Joan est distribuée avec Robert Wagner, la liaison était inévitable ! A tout prendre le film n’est pas mal et entièrement tourné en décors naturels japonais.

1957: Le Sexe Opposé : Voici un remake parfaitement inutile du chef d’œuvre de Cukor tourné en 1939 : « Women ».

1958 : L’Epouse de la Mer : A la suite d’un naufrage, Joan Collins, bonne sœur ayant perdu voiles et cornettes dans l’eau de l’action se retrouve demi-nue dans un canot de sauvetage avec trois messieurs dont Richard Burton.

1958: Bravados : Un western vu et revu même avant d’être tourné mais avec Gregory Peck et Stephen Boyd.

1959 : les Sept Voleurs : Un film plutôt pas mal avec Edward G. Robinson et Rod Steiger.

1959: Esther et le Roi : Joan aurait pu se consoler de n’avoir pas été la Cléopâtre de la Fox avec ce film qui hélas, passa complètement inaperçu derrière le trône d’Elizabeth Taylor !


 1962 : The Road to Hong-Kong : Hollywood en panne d’inspiration manifeste, réunit à nouveau le tandem Bob Hope Bing Crosby pour un nouvel opus des « Road to » qui avait fait leur gloire…vingt ans plus tôt !

 1967 : The Warning Shot (L’Assassin est-il Coupable ?) Tourné initialement pour la télévision, ce film fut si réussi qu’il connut une sortie en salles. Il faut dire que sa distribution ahurissante le justifiait grandement puisque Joan y côtoie Lillian Gish, Georges Sanders, Walter Pidgeon, Eleanor Parker et Stéphanie Powers.

1968 : Mardi ; c’est donc la Belgique : Une joyeuse satire des voyages organisés menée par Suzanne Pleshette et Ian MacShine où Joan apparaît en « guest star » telles Anita Ekberg, Virna Lisi et Elsa Martinelli.

 1968 : Subterfuge : Un thriller mâtiné d’espionnite aigue avec Gene Barry et Richard Todd. Susanna Leigh joue la blonde contre la brune Joan.

 

1970 : L’Exécuteur : Il y a là dedans le beau Georges Peppard. Le reste est nébuleux à souhait, bavard à mourir et aussi passionnant qu’un poisson congelé.

 1972 : Histoires d’Outre Tombe : Cette sottise sortit également sous le titre des « Horreurs de la Crypte », ce qui fait que certains spectateurs infortunés le virent deux fois !

 1972 : Fear in the Night : Tant qu’à se retrouver chez Hammer autant faire coup double, voici un autre film destiné à nous effrayer mais cette fois point de vampires assoiffés. Voici un sombre complot machiavélique ourdi par Joan et son amant pour liquider un encombrant mari au détriment de Judy Geeson qui servira d’arme du crime.

1977 : L’Empire des Fourmis Géantes : le croiriez vous, la chose est tirée d’une nouvelle d’H.G. Wells, probablement plus palpitante à lire qu’à voir. Les fourmis d’une matière brunâtre assez peu photogénique sont aussi effrayantes qu’un hochet pour bébé et on est bien forcé de se demander pourquoi les acteurs hurlent comme ça à tout bout de champ, en fait les monstres sont plus sympas que les humains ! (ils jouent moins mal pour commencer !)

1979 : Le Manoir des Fantasmes : Joan Collins envisage de planquer le butin de ses rapines dans une vieille demeure abandonnée, mais ne voilà il pas qu’elle est hantée !

 

1980 : Coup de Soleil : Joan Collins affronte Farrah Fawcett dans un navet d’envergure,

1982 : Nutcracker : Film étrange par le titre et par l’impossibilité complète de le visionner !

1982: Homework : L’année 82 est l’année des films étranges pour Joan Collins ! L’année des films fantômes !

1983 : Casse-noisette : Joan Collins dirige avec l’abattage qu’on lui connaît une compagnie de ballet (pourquoi pas après tout) et accueille un transfuge de l’union soviétique (ceci n’ayant rien à voir comme on s’en doute avec un certain Rudolf Noureev). Ce film a sombré corps et bien dans les méandres de l’oubli absolu.

 

1994 : Décadence : Co-production Franco-Allemande passée complètement à l’as !

1995 : Au Beau Milieu de l’Hiver : Curieusement, l’acteur Shakespearien  Kenneth Branagh fait appel à Joan Collins pour son film, une aimable comédie british articulée autour de la tragédie d’ Hamlet.

1998 : La Fugitive : Retour au cinéma américain après les glorieuses années TV pour Joan Collins, elle s’y coltine une autre gloire du petit écran : la drôle de dame Kate Jackson alias madame Columbo ! Reste à admirer la très belle Joanna Pacula accusée de meurtre.

1999 : Le Mariage Clandestin : Retour au pays natal pour une comédie gentillette sans grande envergure.

 

2000 : les Flinstone à Rock Vegas : faut-il faire un commentaire ?

2001 : Ozzie : Joan Collins tâte du cinéma néo-zélandais.

2004 : Ellis in Glamourland : Voici Joan Collins dans un film Flamand avec Linda de Moll en

vedette. Je n’ai hélas pas vu la chose, mais je le regrette bien !


2015: Molly Moon and the Incredible Book of Hypnotism


2020: The Lost Adjuster : Joan blonde dans un film de Noël

2022: The Gentle sex: court métrage

 

LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS

(AVEC JOAN COLLINS)


 Of Human Bondage : Alors que le tout Hollywood féminin se bat pour succéder à Bette Davis dans le rôle, Joan Collins décline l’offre, préférant rester à Londres avec son nouveau mari de fraîche date Anthony Newley, ce qui fit les affaires de Kim Novak.

 

The Last Wagon : En 1956 c’est Joan Collins qui est prévue pour ce film, mais la Century Fox choisit de la remplacer par Jean Peters qui elle-même est évincée des « Dix Commandements » au profit de Debra Paget !

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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