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KARIN SCHUBERT




La superbe teutonne Karin Schubert connut peut être la plus belle dégringolade du cinéma européen.

Née à Hambourg le 26 Novembre 1944, elle restera toujours discrète sur les premières années de sa vie. Ayant commencé sa carrière de comédienne dans d'obscurs films allemands et italiens, elle connaît sa grande chance en 1971. Elle devient la sublime reine d'Espagne de "La Folie des Grandeurs". Elle rejoint Yves Montand, Louis de Funès et Alice Sapritch sur un tournage qui fut mythique d'emblée. Karin fut sublime dans le film, drôle à souhait, élégante et superbe, et dinde à ravir comme le rôle l'exigeait.


Evidemment le cinéma la considéra avec un très vif intérêt et la belle, sans doute prise par une crise d'exhibitionnisme en profita pour poser nue tellement souvent qu'il serait légitime de se demander si il y avait réellement des vêtements dans ses placards. Au cinéma elle rejoignit Richard Burton sur le plateau de "Barbe Bleue" où son rôle égale en importance ceux de Raquel Welch et de Virna Lisi puis ce fut "L'Attentat" d'Yves Boisset avec Jean Seberg et tout le gotha du cinéma français. La belle, plus dévêtue que jamais semblait sur la bonne voie mais cette rage exhibitionniste, bien que personne ne s'en plaignit, finit quand même par laisser tout le monde perplexe. Elle porta seule au succès " La Punition", film sombre et dur où elle se faisait martyriser, nue comme ils se doit, dans une cave durant les 99% du film. (elle n'apparaît pas au générique)


La belle toujours aussi dévêtue, même les moins observateurs finirent par se rendre compte qu'elle avait une poitrine refaite en dépit du bon sens et qu'elle n'était pas une vraie blonde.  Les producteurs finirent par se demander si la place de cette actrice sans robe était bien dans leurs films à gros budgets. L'époque avait beau être à la libération des mœurs, lorsque des millions sont en jeu, on continue quand même à appeler des actrices telles que Catherine Deneuve, Annie Girardot ou Jeanne Moreau. Certes, on les a vues nues elles aussi; faut bine que la décennie se passe. Mais ce n'est pas un automatisme. Ce n'est pas psychosomatique.

Le cinéma français en était là de ses incertitudes lorsque l'on apprit que Karin Schubert avait regagné l'Italie où elle avait autrefois débuté et qu'elle s'y compromettait avec allégresse et toujours aussi peu de tissu dans des comédies érotico polissonnes qui étaient aussi drôles qu'une robe en vichy sur la reine d'Angleterre et d'une distinction à faire passer une marmite de choucroute pour un grain de caviar. Déjà la belle était loin des plateaux d'Yves Boisset ou de Gérard Oury mais elle n'avait pas fini de surprendre son monde.


A 40 ans bien sonnés, Karin Schubert dont les formes avaient singulièrement tendance à s'épaissir, signa un mirifique contrat pour une série de films pornographiques. Elle argumenta avoir besoin d'argent pour son fils toxicomane. Les mauvaises langues ricanèrent car les dépendances de Karin Schubert aux drogues dures étaient devenues secret de polichinelle. Après avoir donné la réplique à Richard Burton, la blonde au regard hagard et aux rondeurs de pleine lune partagea la vedette de ses films en bonne copine avec Rocco Sifredi et l'incontournable Cicciolina. Karin Schubert arrêta ses exhibitions acrobatiques et très amicales la cinquantaine venue. Après avoir dégringolé du haut des affiches des films de prestige, elle avait dégringolé de celles de navets d'envergure pour finalement dégringoler même de celles des films X.

La décadence prodigieuse ne s'arrêta pas là, Karin Schubert faillit terminer ses jours enfermée dans une maison de santé.

On n'a plus de nouvelles de la vieille dame qu'elle est devenue, ayant déclaré en guise d'adieu "Pourquoi donnerais je des nouvelles de moi? Pour le monde entier je suis une putain. Alors à quoi bon?" Et de s'en aller retrouver sa solitude absolue au milieu de ses chiens adorés.

Celine Colassin.


QUE VOIR?

1971: La Folie des Grandeurs: Avec Yves Montand et Louis de Funès

1971: Cold eyes of fear: Avec Giovanna Ralli et Fernando Rey

1972: Barbe Bleue: Avec Richard Burton

1972: L'Attentat: Avec Jean Seberg, Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli et Philippe Noiret.

1972: Racconti Proibiti di Niente Vestiti: Avec Rossano Brazzi, Magali Noël, Tina Aumont, Barbara Bouchet et Janet Agreen

1973: La Punition: Avec Georges Géret, Amidou et Dalio

1974: Mon Dieu, Comment Suis-je Tombée si Bas? Avec Laura Antonelli et Jean Rochefort

1976: Frittata All'Italiana: Avec Dagmar Lassander

1976: Questa Volta ti Faccio, Ricco: Avec Tony Sabato et Robin MacDavid

1979: Une Femme Spéciale: de et avec Jean-Marie Pallardy

1984: Seize ans dans l'Enfer d'Amsterdam: Avec Ann Gisel Glass (le dernier film grand public de Karin Schubert)

 

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