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LOÏS WILSON


Le parcours de Loïs Wilson pourrait paraître sinon tout simple, du moins tout à fait classique. Or, malgré les apparences, il n’en est rien.

C’est le 18 juin 1894 que Loïs Wilson vient au monde à Pittsburgh en Pennsylvanie. Ses parents, Andrew et Constance ne lui laisseront pas le temps de s’habituer à son industrieuse ville natale. Les Wilson quittent la Pennsylvanie pour l’Alabama. C’est là que grandit Loïs. Petite jeune fille sage et rangée. Loïs donne toute satisfaction à papa et maman et devient demoiselle d’école pour les plus petits. Mais sous l’apparence rangée de cette jeune fille diaphane, brûlent des flammes infernales et inattendues.

Une soif de changer de condition, de s’exprimer, de vivre et surtout d’aimer comme elle l’entend.


Alors, entre deux leçons de calcul et d’alphabet, elle s’inscrit à un concours de beauté organisé par un studio de cinéma. Universal.


Nous sommes en 1915, le cinéma balbutie encore en silence. Ces aventuriers qui envahissent la Californie pour en faire une industrie ont l’air d’incurables dingues, voire de fous dangereux.

Quoi qu’il en soit, Loïs gagne le concours, plie bagage et fonce vers Hollywood.

Elle a 21 ans. Elle est « vieille » déjà pour un cinéma qui se passionne surtout pour les enfants stars et les affres de jeunes pucelles malmenées.


L’année suivante sera créé le concours de miss Alabama. Loïs sera souvent créditée comme la première miss Alabama, ce qui est faux. En 1916, Loïs était déjà à Hollywood et avait déjà débuté au cinéma.

Dans les prémices de ces années pionnières filmiques, il n’existe encore aucun référentiel propre au cinéma. On se calque sur ce qui se fait au théâtre et on tourne des films avec un esprit de troupe. Loïs ne fera pas exception et elle sera la partenaire récurrente de J. Warren Kerrigan, déjà une très grande star qui tourne depuis 1910. De Lee Hill, de Harry Carter.

Très vite, elle gagne en prestige et devient la « standing lady » de Wallace Reid en personne.


La technique est balbutiante. On n’a pas encore les possibilités de monter vraiment les films. Ils sont d’abord tournés en une seule bobine et autant que faire se peut, dans l’ordre chronologique de l’histoire. Ce qui explique le nombre incroyable de films tournés par les acteurs et les réalisateurs de l’époque. En règle générale, une journée suffit et on passe plus de temps à chercher les décors, les accessoires et les costumes qu’à jouer la comédie.


Loïs est la vedette de la plupart de ses films, les seconds rôles féminins étant réservés à Maud George ou Carmen Phillips. Mais elle n’envisage absolument pas ce travail comme une véritable carrière artistique. Elle ne voit absolument aucun problème à tenir elle aussi des seconds rôles. L’orgueil de n’en tenir que des premiers ne l’atteindra jamais.

Le tout est que ce qu’on lui propose lui plaise.

Après tout, il n’y a pas si longtemps que l’on annonce le nom des acteurs que l’on voit s’agiter en noir et blanc. Personne n’avait songé que le nom de ces saltimbanques puissent un jour intéresser qui que ce soit. Personne non plus n’imagine que ces films auront un jour une valeur artistique ou historique. Les exploitants qui les achètent les jettent purement et simplement quand ils ne sont pas attendus par un autre exploitant, qu’ils sont trop abîmés ou qu’ils ont été trop montrés.

Ceux qui nous parviennent sont donc tous des miraculés.


Loïs Wilson qui débute à l’écran en 1915 connaît la fin de cette première époque. Les films se professionnalisent, les carrières s’étoffent, les distributions, les scénarii aussi. Loïs prendra vraiment sa carrière au sérieux dans le courant de 1916. Ça ne fait même pas deux ans qu’elle tourne des films mais elle en a tourné plus de vingt.


En 1920, son statut de star est confirmé et sa beauté fragile et sévère à la fois fait merveille pour magnifier charme et virilité de ses partenaires masculins. Loïs s’offre les plus beaux acteurs du moment, ceux qui font se pâmer les dames. Outre Wallace Reid, c’est Conrad Nagel et le beau et très oublié Robert Warwick avant John Gilbert et Rudolph Valentino en personne.

En 1923 elle est une authentique grande star pouvant s’incarner elle-même dans « Hollywood » au même titre que Mary Astor et Pola Negri.


Tout cela, encore une fois a l’air réglé comme du papier à musique. La jeune beauté de province, le concours de beauté, du cinéma, des rôles de plus en plus importants, on a vu et surtout on verra ça encore mille fois. Et puis comme dans tout destin de star de cinéma, l’indispensable rencontre. C’est en 1916 à Chicago que Loïs Wilson fera la sienne.


Loïs rêvait de rencontrer la réalisatrice Loïs Weber. Loïs Weber, née comme elle à Pittsburgh et devenue une réalisatrice très respectée. C’est une rencontre formatrice. Une rencontre coup de foudre. Loïs Wilson la fait même tourner dans son film en cours au côté de la prima ballerina la plus célèbre de l’univers : Anna Pavlova.


L’année suivante, Loïs Weber gagnera à son tour Hollywood où elle créera sa propre maison de production. Loïs et Loïs resteront inséparables jusqu’à la mort de la réalisatrice en 1939.

Si Loïs Wilson n’avais pas fait grand cas de la qualité artistique et des ambitions des films qu’on lui proposait, Loïs Weber avait changé le regard qu’elle posait sur le cinéma. Loïs est alors non seulement une artiste respectée mais une femme mondialement célèbre pour être la première femme au monde à avoir dès 1914 réalisé un long métrage. Terrain aventureux ou bien peu d’hommes se sont déjà aventurés.

En 1919, Loïs qui tenait à sa liberté et qui aimait à se partager entre divers studios accepte le pont d’or que lui fait la Paramount. Elle restera liée au studio jusqu’en 1927. Au passage elle sera couronnée « WAPAS baby star » en 1922, première année du concours. C’est la même fournée que Bessie Love, Lila Lee, Colleen Moore, Mary Philbin et Patsy Ruth Miller.


Loïs est toujours une très grande star lorsque le cinéma se met à parler ce qui ne lui pose strictement aucun problème. Par contre, le micro en pose au cinéma. C’est une toute nouvelle technique à maîtriser, c’est une nouvelle manière de filmer, de réaliser, de jouer qui s’impose mais s’impose à tâtons. Le public ne vient plus pour voir mais pour entendre cet art du dialogue qui n’est pas encore maîtrisé puisqu’il faut l’inventer. Les films sont bavards et figés entre deux micros.


Loïs s’agace. Elle trouve que le son au lieu de libérer le cinéma le fige et le sclérose dans les crachouillis des premiers micros.


La fin de son contrat avec Paramount tombe à point. Elle ne le renouvelle pas. Sa liberté retrouvée, sa fortune faite, elle va chercher du meilleur matériau à défendre dans d’autres studios. Qu’ils soient parfois bien moins prestigieux que Paramount l’indiffère complètement. D’ailleurs elle se réserve le droit de faire savoir qu’elle est intéressée par un film qui se prépare…Chez Paramount.


Sa sortie du studio coïncidant avec l’apparition du micro, elle fera partie de ces stars injustement accablées par cette légende de stars adulées du cinéma muet n’ayant pas réussi à passer le cap du parlant. C’est évidemment tout à fait faux, d’ailleurs Loïs Wilson tournera jusqu’en 1949.

On est loin de la perruche inaudible avec un accent de l’Arkansas !


Durant toutes ses années de gloire, Loïs Wilson sera considérée comme l’archétype de la jeune femme américaine idéale que tout homme censé rêve d’épouser pour une vie saine et heureuse.


Paradoxalement, Loïs ne se mariera jamais et on ne lui connaîtra pas de folles liaisons. Par contre ses solides amitiés féminines éveillèrent de vives curiosités que Loïs ne trouva jamais utile de confirmer ou d’infirmer. Tout ce que le public avait à savoir d’elle était dans les films. Il y avait matière, elle en avait tourné plus de 150.


Loïs avait 93 ans et fonçait droit sur ses 94 lorsqu’une pneumonie eut raison d’elle. Elle s’éteignait paisible et oubliée dans un hôpital de Reno le 3 mars 1988.

Celine Colassin

QUE VOIR ?

1915 : The New aventure of Terence O’Rouke : Avec J. Warren Kerrigan

1915 : When a Queen Loved O’Rouke : Avec J. Warren Kerrigan

1915 : The Palace of Dust : Avec J. Warren Kerrigan

1916 : The Pool of Flame : Avec J. Warren Kerrigan

1916 : The Gay Lord Waring : Avec J. Warren Kerrigan

1916 : Hilda the Silent : Avec Harry Carter

1916 : The Morals of Hilda : Avec Gretchen Lederer

1916 : The white man’s Law : Avec Lee Hill

1916 : Her Chance : Avec Lee Hill et Harry Carter

1916 : Green Eyes : Avec George Chesbero

1917 : A Man’s man : Avec J. Warren Kerrigan

1917 : Flames of Treachery : Avec Lee Hill

1917 : Black Evidence : Avec Kingsley Benedict

1918 : A Burglar for a night : Avec J. Warren Kerrigan

1918 : Maid of the Storm : Avec Bessie Barriscale

1918 : His Robe of Honor : Avec Mary Charleson

1918 : The Bells : Avec Frank Keenan

1919 : A Man’s Fight : Avec Dustin Farnum et Dorothy Wallace

1919 : The Drifters : Avec J. Warren Kerrigan

1919 : Come again, Smith : Avec J. Warren Kerrigan

1919 : The End of the Game : Avec J. Warren Kerrigan

1919 : The Price Woman Pay : Avec Frances Burnham

1919 : Why Smith left Home : Avec Bryant Washburn

1920 : Midsummer Madness : Avec Conrad Nagel et Jack Holt

1920 : The City of Masks : Avec Robert Warwick

1920 : What’s your Hurry ? Avec Wallace Reid

1921 : What every woman Knows : Avec Conrad Nagel

1921 : The City of Silent Men : Avec Thomas Meighan

1921 : The Lost Romance : Avec Jack Holt et Conrad Nagel

1921 : Miss Lulu Bett : Avec Milton Sills

1921 : The Hell Digger : Avec Wallace Reid

1922 : The World’s champion : Avec Wallace Reid

1922 : Is Matrimony a Failure ? Avec Lila Lee, Zasu Pitts et Adolphe Menjou

1922 : The WAMPAS baby stars of 1922 : Avec Lila Lee et Bessie Love

1922 : Our Leading Citizen : Avec Thomas Meighan

1922 : Manslaughter : Avec Thomas Meighan et Leatrice Joy

1923 : Only 38 : Avec May McAvoy

1923 : Bella Dona : Avec Pola Negri et Conrad Nagel

1923 : Hollywood : Avec Hope Drow

1924 : Monsieur Beaucaire : Avec Rudolph Valentino et Bebe Daniels

1924 :  Pied Piper Malone : Avec Thomas Meighan

1924 : Icebound : Avec Richard Dix

1924 : North of 36 : Avec Jack Holt

1924 : Another Scandal : Avec Holmes Herbert

1925 : Irish Luck : Avec Thomas Meighan

1925 : Bluebeard's Seven Wives : Avec Ben Lyon

1926 : Let’s Get Married : Avec Richard Dix

1926 : The Great Gatsby : Avec Warner Baxter et William Powell

1927 : Alias the Lone Wolf : Avec Bert Lytell

1927 : New-York : Avec Ricardo Cortez, William Powell et Estelle Taylor

1927 : Broadway Nights : Avec Louis John Bartels

1929 : A bird in the hand : Avec Jason Robarts Sr.

1930 : Temptation : Avec Lawrence Gray

1932 : The Devil is Driving : Avec Wynne Gibson et Edmund Lowe

1934 : The Show-off : Avec Madge Evans et Spencer Tracy

1934 : Life Returns : Avec Onslow Stevens Valerie Hobson

1934 : Bright Eyes : Avec Shirley Temple et Jane Darwell

1934 : Ticket to a Crime : Avec Ralph Graves et Lola Lane

1934 : There's Always Tomorrow : Avec Binnie Barnes et Frank Morgan

1934 : School for Girls : Avec Sidney Fox et Paul Kelly

1934 : No Greater Story : Avec Frankie Darro

1935 : Born to Gamble : Avec Onslow Stevens

1936 : Laughing at Trouble : Avec Jane Darwell et Margaret Hamilton

1939 : Bad Little Angel : Avec Virginia Weidler et Gene Reynolds

1940 : Nobody’s Children : Avec Edith Fellows et Georgia Caine

1941 : For Beauty’s Sake : Avec Marjorie Weaver et Ned Sparks

1949 : The girl from Jones Beach : Avec Virginia Mayo et Ronald Reagan

 
 
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