S'il fallait un titre à la courte biographie de Maria Cebotari que voici, ce serait sans conteste celui du "Rossignol tragique".
la belle Maria naît le 10 Février 1910 sous le patronyme de Cebotaru qu'elle modifiera d'une voyelle pour faire une brève mais fulgurante carrière. Maria naît en Moldavie et dès l'enfance elle est remarquée pour sa voix d'ange qui s'élève des chœurs de l'église où elle chante le dimanche. Ses parents lui permettront de suivre les cours du conservatoire à condition que ses étude normales ne s'en ressentent pas. Non seulement Maria y sera brillante mais elle cumule encore avec des cours de danse qui lui semblent indispensables. Si un jour elle doit, dieu l'entende, chanter sur un scène, autant qu'elle sache aussi s'y déplacer avec un minimum de grâce et d'élégance. Cette jeune vie faite de travail acharné et de renoncement à tout ce qui n'est pas la danse ou le chant va très vite porter ses fruits. A 17 ans, elle est en tournée à Paris où elle triomphe dans la troupe du comte russe Alexandre Vyrubof qui deviendra son mari.
En 1931 elle fait ses grands, ses véritables débuts: elle est Mimi face au ténor Benjamino Gigli, grand d'entre les grands. Alors que pour Maria chanter avec Gigli représente une chance inespérée, après l'avoir écoutée, le ténor lui dit: "Madame, c'est un honneur pour moi de chanter avec vous".
Le succès est si colossal, si fulgurant qu'ils effectueront une tournée mondiale avant d'être réunis au cinéma, fixés pour l'éternité dans leur gloire.
Tout serait merveilleux pour la jeune Maria si le comte Alexandre n'était pas joueur et alcoolique. Ce qui fait sans doute partie du charme slave mais ne fait pas les affaires de Maria. Divorcée, elle s'installe à Berlin et devient pour 10 ans la prima donna de l'Opéra national, s'en échappant parfois pour Covent Garden ou la Scala.
En 1938, enfin divorcée, elle peut épouser Gustav Diessel, acteur Autrichien adulé des foules comme l'est Henri Garat en France ou Clark Gable en Amérique. Le couple aura deux fils.
Non seulement Maria est une icône et reçoit toutes les plus hautes distinctions que puisse recevoir une cantatrice, mais dès ses débuts au cinéma en 1929 elle s'est révélée être une comédienne d'exception. Maria joue en Italien, en Allemand, en Anglais, en Roumain. Si ses partenaires sont doublés ou carrément changés, elle assume toutes les versions de ses films. Sa gloire est immense. Ses talents ne semblent pas devoir connaître de limites.
En 1942, c'est un de ses films qui est couronné à la biennale de Venise.
Maria est peut-être la femme la plus heureuse du monde jusqu'à ce jour de 1948 où son mari tant aimé s'écroule à côté d'elle, foudroyé d'une crise cardiaque.
Inconsolable, c'est Herbert Von Karajan qui la sort de sa retraite et de ses voiles de deuil pour lui faire affronter Mozart et le Mariage de Figaro à la Scala de Milan.
Nous sommes en 1949 , la Scala est comble, Maria est magnifique lorsque soudain, elle porte la main à son côté, les notes se bloquent dans sa gorge, elle s'écroule inanimée sur scène. Ses médecins ne virent là rien de sérieux si ce n'est la fatigue due à la reprise du travail de manière aussi intense après une longue période de deuil. Pourtant la scène se renouvelle à Vienne, Maria s'écroule en scène comme frappée par la foudre.
Elle ne reviendra jamais pour saluer son public, le cancer l'emporte le 9 Juin 1949. Elle avait 39 ans.
Ses deux jeunes fils, orphelins de père et de mère sur un an d'intervalle seront adoptés par le pianiste accompagnateur de Maria, Sir Clifford Curzon.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1938: Une Chanson pour Toi: avec Benjamino Gigli
1938: Guiseppe Verdi: Avec Gaby Morlay et Germana Paolieri