La belle Maria Perschy naît à Eisenstadt en Autriche le 23 Septembre 1938. La même année qu’une certaine Romy Schneider. Comme on peut l’imaginer, son enfance ne fut guère joyeuse. La petite Maria grandissant sous la botte de l’occupant Russe. Pour aider sa famille, Maria chante un peu…Ca rapporte de la farine, quelques œufs. A 17 ans, contre une promesse de bonne conduite, ses parents l’autorisent à s’installer à Vienne pour y suivre des cours d’art dramatique à la prestigieuse école de Max Reinhardt. Ne doutant de rien, cette toute jeune fille sans expérience s’attaque au rôle de Blanche Dubois dans « Un tramway nommé Désir ». Et contre toute attente, elle est reçue.
Dès qu’elle se sent plus sûre d’elle et de ses capacités, Maria quitte l’Autriche pour l’Allemagne, pays où l’industrie cinématographique est nettement plus florissante. Sa première expérience fut pourtant très traumatisante. Engagée par la télévision, elle gagne Stuttgart où elle doit jouer Fanny, le personnage de Pagnol. Mais arrivée au studio, le réalisateur la renvoie parce que « Ce n’est pas comme cela qu’il l’imaginait ».
Elle débute à 19 ans au cinéma et très vite se retrouve dans les bras du jeune premier Allemand numéro un, l’Alain Delon teuton Horst Bucholz. Elle est sa partenaire dans « Nasser Asphalt », un chef d’œuvre qui a imprégné définitivement les mémoires de ceux qui l’ont vu.
Maria est belle, blonde et talentueuse mais il y a Romy Schneider, encore elle, idole des foules à qui on propose tous les rôles. Sans oublier la concurrence de Liselotte Pulver, Suissesse dont le cinéma Allemand s’est littéralement entiché.
Maria joue une carte volontiers plus sexy.
Mais dès l’année suivante, le public Allemand, aussi versatile que les autres se toque d’une nouvelle venue qui va lui donner du fil à retordre: Elke Sommers. Ajoutons encore la plus éphémère Vivi Bach que l’on n’hésite pas à comparer à Kim Novak et l’on aura compris que la concurrence est plus que rude.
Maria Perschy quitte l’Allemagne en acceptant la première proposition étrangère venue. Le temps pour elle de prendre de vitesse les autres actrices Allemandes dont la mode semble battre son plein. On retrouve Maria Perschy partout. Elle tourne en France, en Italie, en Allemagne. Elle passe à la télévision et finalement Hollywood fait appel à ses services. C’est Howard Hawks en personne qui l’invite à tenter sa chance outre Atlantique avec un contrat chez Universal à la clé. Le jour où elle accomplit son « passage obligé », à savoir l’incontournable séance de pose en pin-up, le photographe tire 1.800 clichés, subjugué par Maria. Il clame à tout va que Maria Perschy n’est pas une poupée de salon à la mode hollywoodienne. Elle est une femme libre, vibrante et bien dans son corps parfait . Ses jambes selon lui feront passer celles de Cyd Charisse pour des béquilles.
Là comme ailleurs, les réputations de ses rivales sont bien présentes, Romy admirée par l’Amérique pour son talent, Elke pour sa beauté, Maria passe un peu inaperçue. Elle se révèle pourtant fort bonne actrice dans « Freud » en 1962 face à Montgomery Clift et très à son aise dans la comédie loufoque face à Rock Hudson dans « le Sport favori de l’Homme » en 1964.
Malheureusement, le personnage de Maria en « public relations » est complètement inutile dans ce film fort bête destiné à mettre en valeurs les dons comiques hilarants de Rock Hudson. Ces dons n’existant pas, personne ne s’amuse. On reprend pour mettre Maria en valeur un vieux gag de « L’Impossible Monsieur Bébé » à l’époque brillamment interprété par Cary Grant et Katharine Hepburn. Mais le coup de la robe déchirée à l’arrière obligeant le couple à traverser la pièce corps à corps pour ne pas offusquer les vertus ne prend plus.
Elle pouvait espérer mieux l’année suivante avec le premier rôle féminin de « 633 Squadron ». Elle y était la soeur de Georges Chakiris et la fiancée de Clift Robertson. Tout le monde s’accorda pour la définir comme une comédienne sensible et très belle. On parla même d’un « nouveau type féminin », à savoir la femme sportive. La presse s’émerveillait. Après avoir appris à pêcher à la ligne, Maria jouait au tennis, au bowling et faisait de la moto. On s’émerveillait aussi qu’avec une telle ligne elle n’aime rien tant que de mijoter des recettes hongroises chez sa mère, dont son célèbre goulash et ses délicieux paprika schnitzel!
Le film fera un très beau score au box office. Rien qu’en France il totalisera près d’1.500.000 entrées. On pouvait donc croire Maria enfin lancée. Malheureusement, ces trois films seront les seuls « haut faits » de sa carrière Américaine qui décline inexorablement vers un contrat non renouvelé.
Maria Perschy rentre en Europe estampillée « Star Hollywoodienne » mais ne trouve rien à se mettre sous la dent. Si on parle encore de Maria Perschy c’est parce que, parfois, un magasine quelconque orne ses pages d’une de ses photos de charme. Mais si Maria n’est ni Romy Schneider ni Elke Sommers, elle n’est pas non plus Ursula Andress et ne révolutionne pas l’imaginaire masculin plus que de de raison. La place de Maria Perschy est ailleurs, mais où ?
On ne le saura probablement jamais, car lorsque la chance semble enfin lui sourire à nouveau en 1971, elle n’a plus tourné pour le cinéma depuis 1967.
Sa carrière est virtuellement terminée, Maria a 33 ans.
L’Espagne se souvient d’elle et l’engage pour un film. Maria Perschy est grièvement brûlée au visage pendant le tournage. Emmenée dans un état grave aux urgences, il lui faudra de nombreuses opérations de chirurgie esthétique échelonnées sur plusieurs années pour retrouver le reflet de sa beauté d’antan.
Maria reviendra , au théâtre et à la télévision, parfois « guest star » dans un quelconque feuilleton, essentiellement en Allemagne mais l’essentiel de sa vie est maintenant consacré à la lutte contre le cancer qui la ronge.
Maria Perschy s’éteint à Vienne le 3 Décembre 2004. Elle n’avait que 66 ans récoltés depuis peu.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1960: Il Piacieri del Saboto Notte: Avec Pierre Brice, Jeanne Valérie, Elsa Martinelli et Scilla Gabel.
1960: Un amore a Roma: Avec Mylène Demongeot, Elsa Martinelli et Peter Baldwin
1962: Freud Passions Secrètes: Avec Montgomery Clift
1962: Wenn Beide Schuldig Werden: Avec Nadia Gray et Hanns Lothar
1964: Le Sport Favori de l’Homme: Avec Rock Hudson et Paula Prentiss
1964: Escadron 633: Avec Georges Chakiris et Clift Robertson.
1964:Weiße Fracht für Hongkong: Avec Horst Frank
1966: Mister Dynamit: Avec Amedeo Nazzari
1966: La Siete Magnificas: Avec Anne Baxter, Gustavo Rojo et Rossella Como.
1967: The Desesperates Ones: Avec Irène Papas, Raf Vallone et Maximilian Schell
1971: Murder in the Rue Morgue: Avec Christine Kaufman, Lilli Palmer et Jason Robarts
1974: Dites-le avec des Fleurs: Avec Delphine Seyrig et John Moulder Brown
1975 : Les Adolescentes : Avec Koo Stark et Anthony Andrews