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MARLENE DIETRICH

Dernière mise à jour : 17 sept.



La petite Maria Magdalena Dietrich naît à Berlin le 27 Décembre 1901 dans une famille de militaires. Ses parents ont déjà une fille, Elizabeth née l’année précédente.  On imagine aisément le désespoir du père. Deux filles pour un officier du Kaiser ! Louis Erich Otto Dietrich va décéder en 1908, Marlène a 7 ans. Restée seule, sa mère Joséphine Felsing se remarie avec un autre officier de l’armée du kaiser Guillaume : Eduard Von Losh.   La future Marlène Dietrich s’appelle donc Maria Magdalena Von Losh. Pour l’instant. 

 

La star se souviendra surtout d’une enfance passée à étudier, à apprendre le Français et le violon, mais surtout la discipline. Une discipline de fer qu’elle gardera toute sa vie en toutes circonstances lui permettant de devenir Marlène Dietrich, une des personnalités les plus importantes du vingtième siècle.  Lorsque la petite fille a soif, sa mère exige qu’elle attende une heure avant de boire afin de maîtriser sa soif et ses instincts selon ce que nous en dit Marlène dans ses très contestables mémoires. L’enfant disciplinée se construit, ou plus exactement se fabrique.


Habituée à surveiller et contrôler tous ses faits et gestes, l’apprentie violoniste et bonne élève se met à collectionner avec une véritable rage tout ce qui la concerne de près ou de loin. Un siècle plus tard, ses cahiers d’école existent toujours. On peut y voir dans les marges, entre deux leçons, les essais de signatures d’une petite fille de sept ans qui s’est inventé un nouveau prénom : Marlène. 

Marlène, puisque Marlène il y a, passe la première guerre mondiale au collège, sa mère est veuve pour la deuxième fois. La star affirmera plus tard dans son autobiographie avoir été touchée par la détresse des prisonniers Français et avoir risqué sa vie pour leur faire parvenir des bouquets de fleurs bleu blanc rouges par-dessous les barbelés. Marlène Dietrich possède la faculté d’adapter la réalité des faits à sa propre vision des choses. La plupart du temps, les faits semblent d’ailleurs s’adapter aux diktats de Marlène. « Tout ce que j’invente est vrai » pourrait être sa devise.  Il est cependant plus exact de dire ceci : Marlène et sa sœur passaient leurs vacances et les week-ends dans une élégante demeure au bord d’un lac où la famille se retrouvait régulièrement. Point.


La jeune fille est inscrite à l’école de théâtre Max Reinhardt comme Greta Garbo avant elle et fait ses premiers pas sur scène. Elle affirmera avoir subjugué le l'illustre professeur "qui lui a tout appris"…Et qu'elle n'a jamais rencontré de sa vie ! L'immense célébrité de la prétendue élève formée par ses soins rejaillissant sur sa prestigieuse école, Max Reinhardt se garda bien de démentir les affirmations Dietrichiennes.



En 1923, elle rencontre un jeune et séduisant assistant metteur en scène Rudolf Sieber et l’épouse. Le couple aura un enfant. La petite Maria, qui, comme sa mère, modifiera son prénom et choisira très tôt de s’appeler Diedre. Sa mère acceptant cette extravagance comme une chose normale en attendant que sa fille retrouve un semblant de raison.


Débarrassée de la tutelle maternelle grâce au mariage, Marlène va s’engouffrer dans la vie trépidante du Berlin des années folles. Grâce à son mari elle va faire ses débuts au cinéma.

Très vite elle va devenir une personnalité Berlinoise très en vue. Elle va enchaîner les films, ses rôles gagnant sans cesse en importance jusqu’à ce qu'elle devienne tête d’affiche. Son élégance d’un strict avant-gardiste et son regard clair vont asseoir sa renommée.  Dans le Berlin des années 20, Marlène Dietrich est une actrice célèbre. Bien des années plus tard, la star vieillissante n’hésitera pas à nier toute participation au cinéma muet, s’estimant trop jeune pour avoir connu ce mode d’expression et priant les journalistes de ne pas la confondre avec Greta Garbo beaucoup plus vieille qu’elle !  C’était d’un coup rayer plus de vingt films de l’histoire du cinéma et Greta Garbo est en fait…plus jeune que Marlène Dietrich!



Selon Marlène, elle était donc une timide et fragile débutante lors de son bout d’essai pour « L’Ange Bleu », le premier film européen 100% parlant.  "Je ne savais strictement rien faire"  jure la star. Quid dès lors de l'enseignement précieux de Max Reinhardt, ce génie à qui elle doit tout ? Ce bout d’essai retrouvé nous montre une comédienne aguerrie avec ses trucs et ses astuces de séduction, s’en prenant plutôt vertement au pianiste qui l’accompagne lorsqu’elle chante « You’re the cream in my coffee ».


 Le film, dirigé par Joseph Von Sternberg deviendra un chef d’œuvre incontournable et fera de Marlène Dietrich une icône pour le reste de sa vie.  Mais pour l’instant, il est surtout destiné à mettre Emil Jannings, star parmi les stars du cinéma Allemand en valeur. Le personnage de Lola Lola dévolu à Marlène Dietrich n’est que très secondaire. L’actrice va changer la donne ! Elle fascine la caméra, capture la lumière, devient au passage la maîtresse de Von Sternberg qui se passionne pour sa découverte. Après quelques jours, Marlène « est » l’ange bleu. Jannings se sent relégué au rang d’accessoire et dans un accès de fureur, tente de l’étrangler vraiment devant les caméras lors d’une scène restée célèbre pour son réalisme. Bien avant sa sortie en salle, le film est déjà l’évènement de l’année ! Sous contrat avec la Paramount, Sternberg insiste auprès du studio pour gagner Hollywood en emmenant son Ange avec lui. 



Marlène est plutôt enveloppée à l’époque. Pour la faire paraître mince et avenante sur la scène de l’Ange Bleu (c’est en effet le nom du cabaret où Lola se produit et non Lola elle-même), Sternberg a dû engager des obèses pour garnir la scène et faire paraître Marlène plus mince par contraste. Ce qui avait d’ailleurs épouvanté l’actrice de prime abord, téléphonant dare-dare à son mari : « Rudy, au secours ! Ce Von Sternberg est cinglé, il a rempli la scène avec des grosses dondons, c’est ridicule ! Et puis, d’où sort ce « Von » devant son nom, d’abord ? » 


A Hollywood les femmes sont minces et ont de longues jambes, la grassouillette Teutonne ne correspond pas du tout aux canons de beauté en vigueur outre Atlantique.  La disciplinée Marlène s’attaque à sa silhouette et entame le tournage de « Morocco » dans les bras de Gary Cooper avec vingt kilos de moins et...pas encore tout à fait satisfaite du haut de ses cuisses ! Entre temps, l’Ange Bleu est sorti aux Etats-Unis et on peine à reconnaître la Marlène hollywoodienne dans cette épaisse créature en jarretelles qui ressemble plutôt à un gigot mal ficelé sur un tonneau de bière qu’à une étoile de la Paramount.  Aujourd’hui, les photos de Marlène font figure de classiques et on imagine mal l’impact qu’elles eurent à l’époque. Les savants éclairages qu’inventait Sternberg pour magnifier sa star étaient complètement inédits et le public était persuadé que la star, entre autres exemples savoureux, saupoudrait ses cheveux de poudre d’or pour les rendre aussi brillants !



Marlène sera nommée aux Oscar dès son premier film américain. C’est Marie Dressler qui va l’évincer pour « Min and Bill ». Estimant sans doute cette défaite comme un outrage, Marlène Dietrich va clamer le reste de sa vie durant n’avoir jamais été nommée de sa vie aux Oscar et qu’il en est d’ailleurs très bien ainsi car elle aurait détesté cela.

Elle aidait déjà à sa légende en trafiquant allègrement la réalité. Tout en s’étonnant l’œil écarquillé que les gens « s’imaginent des choses à son propos ! » Sur son passage à bord du « Breemen » pour gagner New-York elle décida qu’elle serait dorénavant trois ans plus jeune et née en 1904. Elle met le pied en Amérique en ayant déjà forgé une partie de son image. Celle d’une femme « très simple au fond », n’aimant que la cuisine paysanne, les joies simples, les géraniums et les nappes à carreaux. Dès sa première interview elle déclare : « Je portais pour mon arrivée à New-York un très simple tailleur de voyage mais les photographes ont hurlé en disant que ma tenue était indigne d’une star. J’ai du dare-dare fouiller mes bagages pour y trouver un vison et une robe très chic .» Oubliant que les photos de son arrivée furent abondamment publiées. Elles sont parvenues jusqu’à nous et nous la montrent en… simple tailleur de voyage.


On lui attribuera bien entendu une liaison avec Cary Cooper durant le tournage de « Morocco » et Marlène ne démentira que mollement et de temps en temps cette affirmation. Il convient de dire qu’à l’époque Gary Cooper n’est pas encore la star numéro un.  C’est d’ailleurs Morocco qui le propulsera vers les sommets. A l’époque du tournage le beau légionnaire vit les heures les plus chaudes de sa liaison avec l’actrice mexicaine Lupe Velez. Laquelle ne quitte pas « son homme » d’une semelle et se déclare prête à arracher les yeux de « cette Dietrich » si elle ose s’aventurer dans ses plates bandes. Elle terminait ses menaces par un « D’ailleurs, la Dietrich, c’est moi qui vais me la faire ! ». La romance Cooper-Dietrich attendra encore quelques années et le tournage de « Désir ». Marlène a enchaîné avec Dishonored (X27) après « Morocco », film destiné à concurrencer le "Mata Hari" produit par la MGM avec Greta Garbo dans le rôle titre.


Choquée par l’enlèvement du bébé Lindbergh, l’actrice craint pour la sécurité de sa fille et engage un impressionnant colosse comme chauffeur et garde du corps, armé de deux pistolets bien mis en évidence et dont il ne se sépare jamais pour protéger la fille de la star. Il deviendra aussi célèbre qu’elle. Encore une fois elle clamera avoir reçu des lettres de menaces et donc agir en bonne mère. Je crois qu’il n’est pas impossible qu’elle ait été à la fois soulagée mais non moins vexée que l’on s’en prit à la famille Lindbergh plutôt qu’à elle. Au plus fort de « l’affaire » Lindbergh sa fille s’amusera à regarder qui sa mère fait dormir au pied de son lit en tant que garde du corps de l’enfant. Maurice Chevalier, John Gilbert et von Sternberg firent beaucoup d’usage.

Aucune voiture de série n’est digne de véhiculer l’idole. Dietrich commande donc chez Cadillac une voiture digne de son statut : « dessinée et carrossée exclusivement pour elle ».  C’est encore un peu faux tout en étant un peu vrai. Elle a la même Cadillac que Jean Harlow mais l’a faite « retravailler » pour qu’elle soit plus longue d’un mètre cinquante ! Elle se rend donc maintenant au studio dans la voiture la plus luxueuse et la plus célèbre du monde. A côté de la Cadillac de Marlène, l’Isotta Fraschini de Gloria Swanson ressemble à une vieille brouette ! Ladite Cadillac de Marlène est aujourd’hui exposée dans un musée de…Nouvelle Zélande



On confie Marlène à un autre metteur en scène : Ruben Mamouillan pour « Le cantique des cantiques ». Ce changement n’est pas du goût de la star qui s’occupe elle-même de ses éclairages au bout de quelques jours de tournage et entame une longue liaison avec son partenaire, l’anglais Brian Aherne.


Hélas, le glas de la collaboration Sternberg- Dietrich a sonné et après « La Femme et le Pantin », nouveau gouffre financier pour la Paramount après les échecs de « Blonde Vénus » et « L’Impératrice Rouge ». Ils ne travailleront plus jamais ensemble.  Pour La femme et le pantin, Marlène invente les fameux « sourcils à la Dietrich » qui resteront sa marque de fabrique ! 


Marlène est la bête noire du box-office. Titre qu’elle inaugure, suivie par Joan Crawford, Katharine Hepburn, Mae West, Dolorès del Rio ou encore Greta Garbo. Elle est scandalisée. Elle qui, il n’y a pas si longtemps, gagnait autant que le magnat de la presse Randolph Hearst, c'est-à-dire beaucoup plus que le président des Etats-Unis d’Amérique lui-même ! « Dietrich poison du box office ? Mais qu’est-ce qu’ils veulent voir alors ? Irène Dunne ? Ça une star ? Ridicule ! Joan Crawford, je comprends, une ancienne danseuse de claquettes, qui peut faire confiance à une femme pareille ? Mais Hepburn et moi, quand même ! » Elle était d’autant plus scandalisée qu’elle considérait son amie Dolorès del Rio comme la plus belle et la plus fabuleuse star d’Hollywood. La seule qui à ses yeux la surclassait sans discussion possible.


Malgré l’insuccès, Marlène reste en Amérique, la montée du nazisme en Europe ne lui plaît pas. Des sbires d’Hitler vont la rencontrer aux Etats-Unis afin de faire d’elle l’égérie du cinéma du troisième Reich. Pont d’or et entrée fracassante à Berlin par la porte de Brandebourg à l’appui. 

Selon Goebbels l’évènement le plus spectaculaire depuis l’arrivée de Cléopâtre à Rome ! Marlène accepte, à condition que : « Mon mari Rudolph Sieber qui est juif soit assis à côté de moi sur le trône » . Fin définitive des négociations ! Même si rien ne peut laisser supposer que Rudolph Sieber soit juif. Il s’agirait plutôt d’une « modification Dietrichienne de la vérité » afin que celle-ci, comme d’habitude soit plus percutante et serve mieux ses intérêts de légende. Elle va d’ailleurs se mettre à ponctuer sa conversation d’expressions Yiddish peu distinguées mais du meilleur effet. Goebbels fera de la suédoise Zarah Léander l’outil de sa propagande nazie et un sosie parfait de Marlène. Hitler ayant personnellement exigé que la traîtresse allemande soit capturée et fusillée sur place dès qu’on mettrait la main dessus. Mais il possédait sa copie personnelle de l’Ange Bleu dont il était très fier et qu’il se faisait régulièrement projeter.

Marlène Dietrich ayant adopté la nationalité Américaine durant la guerre, elle ne sera autorisée à pénétrer sur le territoire Allemand qu’en…1962.


Il convient ici, par respect pour la mémoire de Zarah Léander de préciser que la sublime actrice se fit payer des sommes colossales en Couronnes Suédoises et non pas en « monnaie de singes » comme elle disait pour accepter de jouer le jeu filmé du troisième Reich. Elle refusa tous les scénarii trop propagandistes, refusa un maximum de fanfaronnades militaires De plus elle s’entourait de techniciens et conseillers en tous genres qu’elle choisissait et sans lesquels elle refusait de tourner.  Tous, bien sûr, étaient juifs, homosexuels, souvent les deux. Grâce à sa protection, ils étaient intouchables. Pour couronner le tout, elle organisait dans sa somptueuse villa Berlinoise d’incroyables orgies dont tout le monde parlait, ridiculisant ainsi l’éthique même du parti nazi. Marlène la détestait. Officiellement pour « la piller » mais peut-être pour n’avoir pas eu elle-même toutes ces excellentes idées de salaires mirobolants versés en devises sur des comptes étrangers à l’Allemagne et surtout ces joyeuses séances de sauteries très débridées pour faire bisquer l’affreux moustachu jusqu’à l’apoplexie. En Allemane comme en territoires occupés, le public vénérait Zarah qui était intouchable, elle était devenue le cauchemar d’Hitler qui rêvait de la gazer lui-même ! 

Quand les choses tournèrent mal, Zara regagna sa Suède natale, seule, en voiture, la nuit, raflant tout ce qu’elle pouvait rafler encore, s’acheta une île en Suède et y ouvrit une conserverie de poisson qui empestait à des miles à la ronde.


 A Hollywood, Marlène et Sieber restent mariés par convenances, ce qui n’empêche pas l’actrice de collectionner les aventures : Gary Cooper, Douglas Fairbanks jr, George Raft, James Stewart; Humphrey Bogart, John Gilbert, Maurice Chevalier, Brian Aherne, Erich Maria Remarque, James Stewart, Jean-Pierre Aumont, Yul Brynner, Fritz Lang entre autres, ont les faveurs de la star.

Etre un homme n’est d’ailleurs pas une condition essentielle. Les femmes aussi ont parfois le privilège de plaire à Marlène. Mercedes d’Acosta, Carole Lombard et même Katharine Hepburn auront eu l’honneur de « prolonger les soirées » en sa tendre compagnie.


L’actrice affirmera longtemps que Gary Cooper fut le véritable amour de sa vie, qu’à la fin du tournage de « Désir » ils se quittèrent encore amoureux comme deux collégiens et qu'une tendre amitié les unit jusqu’à la mort de Cooper.

Parfois, ne craignant pas la contradiction, elle affirmera qu’il n’avait aucune conversation et était bête comme une oie, ce qui l’avait vite lassée.  A la fin de sa vie elle hurlera littéralement l’avoir détesté et niera comme un outrage fait à sa gloire le fait d’avoir été sa maîtresse. Elle aura la même haine vis-à-vis de Yul Brynner qui lui avait pourtant fait beaucoup d’usage.

Sur le tournage de « L’entraîneuse fatale » deux hommes doivent se disputer ses faveurs . Georges Raft et Edward G. Robinson. Or ces deux-là se haïssent souverainement. Marlène, prise entre deux feux ne fut pas le moins du monde angoissée là où d’autres actrices auraient peut-être tremblé comme des feuilles. Après tout, les deux acteurs n’ont pas la réputation d’être de tendres créatures malléables. Elle y voit au contraire une nouvelle occasion de faire reluire son blason de femme fatale irrésistible. Edward G. Robinson est un intellectuel grand amateur d’art et navré d’un physique peu engageant. Marlène se fait délicieusement intellectuelle et devise de longues heures sur les impressionnistes. Sa grande passion dit-elle.

Alors qu’elle n’en avait strictement rien à cirer trois semaines plus tôt et qu’elle aurait confondu un Monet avec un échantillon de papier peint. Mais la teutonne est bûcheuse. A l’heure du tournage, elle a pris ses informations sur ses partenaires et sait tout ce qu’il y a à savoir sur les impressionnistes que vénère Robinson. Ces deux-là passent des soirées à sa pâmer au champagne devant la riche collection de Robinson. Marlène fait l’impasse sur l’inexistence totale de la moindre peinture dans son univers. A-elle seulement le calendrier des postes dans sa cuisine ?

Georges Raf, par contre est l’antithèse de Robinson. Intellectuel comme un cornet de frites, acteur aussi expressif qu’une assiette il ne s’intéresse qu’au jeu, aux femmes à l’alcool et à ses smokings. Il est fier de ses amitiés avec les pires gangsters du moment comme Lucky Luciano ou Bugsy Siegel. Il ne se fait d’ailleurs jamais prier pour menacer de faire intervenir ses amis dans tous ses conflits, histoire de « refroidir » ses adversaires qui auraient le mauvais goût d’insister. Raft, ancien danseur mondain, s’était lui-même pris pour un Al Capone de série B. avant que d’atterrir devant les caméras. C’est lui qui crée avec Carole Lombard le fameux pas de deux sur le boléro de Ravel dont Maurice Béjart s’inspirera vivement 50 ans plus tard.

Marlène le ménage et avec lui, pas de cours sur l’école de Barbizon. On sort jusqu’au bout de la nuit, on danse des rumbas et des tangos renversés. Lui épinglé dans son smoking, tartiné de gomina. Elle sublime dans des créations exclusives de Travis Banton.

Les deux acteurs amoureux fous de Marlène finiront par se bagarrer au finish dans un pugilat de rue resté au moins aussi célèbre que celle qui l’avait provoqué et s’en trouvait publicitairement fort satisfaite. Le film terminé, Georges Raft lui fit encore un peu d’usage et le mot « expressionnisme » ne fut plus jamais prononcé par la dame.


Tournant peu, elle s’entoure d’une véritable cour et devient l’égérie des Européens exilés à Hollywood pour fuir le régime nazi. Marlène gagne en puissance, elle connaît tout le monde et continue encore et toujours à peaufiner son image de plus en plus soignée et raffinée.


Une seule n’est pas invitée à partager ses pots au feu entre réfugiés : Lilian Harvey. Lilian est anglaise même si elle est devenue star en Allemagne dès les années 20. Elle a sauvé de nombreuses personnes du nazisme en les faisant libérer jusqu’à ce que la gestapo s’occupe de son cas. Réfugiée en France, l’Allemagne nazie confisque tous ses biens et sa nationalité Allemande.

Arrivée en Amérique, Lilian qui est une star énorme n’a eu qu’à claquer des doigts pour obtenir un contrat mirifique à la MGM et la loge de Greta Garbo qui l’a désertée. Marlène la déteste alors qu’elles luttent pour la même cause. Lilian est plus jeune, ses films font des triomphes, elle est une artiste plus complète. Elle chante et danse divinement. C’en est trop ! Et le pire étant peut-être que Marlène ne détesterait pas être la pire ennemie d’Hitler et peupler les nuits de Führer de cauchemars à son nom.  Mais le fou de guerre se ficherait comme d’une guigne de miss Dietrich s’il pouvait étrangler Lilian Harvey de ses mains !


 En attendant, Marlène tourne et même beaucoup. Travis Banton, Elsa Schiaparelli, Jean-Louis, Christian Dior, Chanel et surtout Cristobal Balenciaga participeront à son œuvre. 

Elle s’évertue aussi à trouver du travail aux artistes exilés, l’anecdote d’un compositeur juif invité par la star Marlène Dietrich à venir la rencontrer pour lui composer une chanson est célèbre. Le courrier fut remis à ce brave homme qui n’avait plus de quoi s’offrir une pomme et qui répondit « Marlène Dietrich ? Tiens donc ! Rien que ça ? Elle est bien bonne ! Et bien si Marlène Dietrich veut que je me déplace, qu’elle m’envoie donc sa luxueuse Cadillac et son célèbre chauffeur noir, je verrai ce que je peux faire ! » Un quart d’heure plus tard, voiture et chauffeur étaient là et jamais personne ne fut si rapide au monde pour trouver des chaussettes propres et s’engouffrer dans une Cadillac !


Lorsqu’Hollywood met en chantier le second film en technicolor après « Becky Sharp » : « Le Jardin d’Allah », c’est à la star la plus spectaculaire de Hollywood qui est fait appel : Marlène Dietrich empruntée pour l’occasion à la Paramount.  Charles Boyer est son partenaire. Déjà à l’époque, l'acteur dissimule sa calvitie sous une perruque. Le film se tourne en extérieurs dans le désert Californien, la chaleur est intenable, Marlène ne transpire pas, ce n’est pas professionnel. Phénomène glandulaire qu’elle partagera avec Danielle Darrieux et Elizabeth Taylor.

Mais Charles est un être humain, au bord de l’évanouissement, il dégouline de partout ce qui fait glisser sa perruque, Marlène, avec son efficacité de Prussienne la colle sur la tête de l’acteur !  

Le scénario est indigne, Marlène est scandalisée du manque de professionnalisme de l’équipe qui a fabriqué une oasis carrée.  Elle déteste le travail de son costumier et tourne avec ses propres robes, faisant parfois entrer en douce son cher Travis Banton dans les studios, caché dans le coffre de sa voiture !

En 1937, Marlène trouve enfin un rôle à la mesure de son personnage : elle tourne « Désir » sous la direction de Lubitsch, elle incarne Madeleine De Beaupré dans les bras de Gary Cooper et s’essaie à la comédie. Pour ce film elle prend des leçons de conduite et trouve la conduite d'une voiture aussi ennuyeuse que dangereuse, renonçant aussitôt à l’idée. Les plus fins limiers s’amuseront du fait que le film est le remake d’un film français : « Adieu les Beaux Jours » interprété par Brigitte Helm et…Jean Gabin. Bien qu’elle proclame à qui veut l’entendre qu’elle n’est pas une actrice mais une personnalité, Marlène Dietrich est une fine comédienne. Le film est une grande réussite et n’a pas pris une ride près de 90 ans plus tard. Marlène elle –même est fière du résultat et se fait rire lors de la projection.


Bien que la star aime à afficher son côté popote et bonne copine, elle a ses petits caprices de diva. Peu satisfaite des chapeaux qui lui sont proposés dans le film, elle exige que la Paramount affrète un avion privé pour aller séance tenante chercher une petite modiste en qui elle a confiance à Londres. Le studio s’exécuta séance tenante et en attendant ses chapeaux sur un tournage interrompu, Marlène put continuer à clamer aux reporters son amour du camembert, des omelettes au lard, des nappes à carreaux et bien sûr son mépris du comportement puéril et tapageur des autres stars aux coûteux chichis.

Parmi les Européens réfugiés à Hollywood, Jean Gabin arrive à son tour. Il a tôt fait d’oublier Michèle Morgan dans les bras de Ginger Rogers qu’il admire depuis des années. Mais Marlène va mettre le grapin sur l’acteur Français et l’ajouter à sa prestigieuse collection. Gabin et Dietrich vont devenir le couple le plus en vue de Hollywood. Ils abritent leurs amours dans une jolie maison de Brentwood que Marlène a louée à…Greta Garbo. Laquelle, habitant la villa voisine, se perche sur sa poubelle et derrière ses lunettes noires pour voir ce que fabrique le couple.

Mais l’acteur s’ennuie et culpabilise de ne pas être au combat. Finalement, il va regagner l’Europe et se battre.  Marlène, clamant à qui veut l’entendre que Jean Gabin est le seul vrai grand amour de sa vie, après Cooper, donc, va le suivre. La star Allemande va rejoindre l’Europe aux heures les plus chaudes du conflit. Jean Gabin qui l’appelle déjà dans l’intimité « Ma Boche » en a le souffle coupé. 

Dans ses mémoires, Marlène prétendra avoir complètement oublié Hollywood et le cinéma pour devenir un simple soldat luttant pour sa vie dans les tranchées, dormant avec les rats à même le sol et en première ligne. En fait, Marlène n’est pas un combattant, comme on s’en doutait quand même un peu. Elle se produit avec Bob Hope dans un spectacle aux armées. Elle chante, joue du violon et de la scie musicale. Et c’est oublier un peu vite les sept films tournés à Hollywood entre 1940 et 1945 ! 

Cette précision n’enlevant certes rien à son courage.


Elle s'est appropriée une part de la victoire alliée comme une part de son œuvre personnelle. Lorsqu'en 1945, l'actrice Ingrid Bergman arrive à Paris après avoir soutenu le moral des troupes en...Alaska par moins 40°, Marlène qui rentre d'Italie joliment bronzée lui jette :"C'est maintenant que vous débarquez ? Quand tout est fini ?" Ingrid en resta tellement estomaquée, se disant que Marlène devait avoir raison pour le prendre d'aussi haut et s'excuse presque dans ses mémoires d'avoir donné son spectacle par moins 40° !

Marlène, dans les siennes, ajoutera le Groenland et l’Alaska à son périple bien qu’aucun document n’atteste sa présence dans ces froides contrées. Les images d’époque nous montrent une Marlène très libérée, embrassant fougueusement tous les GI’S passant à sa portée. Elle se souviendra de ces années comme les plus belles de sa vie et cette fois nous pouvons la croire.

Bette Davis avait eu l’idée de la « Hollywood Canteen ». Une sorte de boîte de nuit où les GI’s en permission pouvaient venir « à l’œil » boire, manger, danser et…serrer de très près les divas Hollywoodiennes. Linda Darnell, Lana Turner, Rita Hayworth et Hedy Lamarr sont très présentes et servent des bières d’un air pincé mal dissimulé. Par contre, Bette Davis se souviendra toute sa vie de l’énergie débordante de Marlène Dietrich qui paya fort de sa personne au sens le plus strict du terme.

Juste avant la guerre, Marlène a tourné un film relativement mineur « Destry rides again » un western avec Jimmy Stewart qu’elle ajouta illico à sa précieuse liste d’amants ensuite complétée par une bonne partie de l’armée Américaine. Elle sait, mieux que personne, qu’il faut régulièrement renouveler son personnage pour garder l’intérêt du public. Marlène fait feu de tout bois dans ce film plutôt mineur, et d’une simple scène de bagarre entre femmes fait un moment d’anthologie. Sublime comme à son habitude, elle apparaît sur le plateau et exige que tout soit prévu pour mettre la scène en boîte en une seule prise, puis, elle se tourne vers sa partenaire Una Merkel et la prévient : « Défends toi ma vieille, car moi je ne vais pas t’épargner ! »  Effectivement, elle n’a épargné personne, pas même elle et le film totalise les meilleures recettes de l’année chez Universal! La scène fut quand même tournée huit fois et ces dames se donnèrent huit trempes .


 Les hostilités terminées, Gabin est resté en France et peine à retrouver la place qui était la sienne avant guerre. Marlène est avec lui. Ils vivent dans une suite de l’hôtel Lancaster. 

Marcel Carné sollicite le couple pour « Les portes de la nuit ». Gabin est enchanté de retrouver sa team d’avant-guerre Carné-Prévert. Mais Marlène n’est pas convaincue. Ni par le projet ni par Carné ni par le rôle. Elle claque la porte et embarque Gabin avec elle. Carné est fou de rage « Cette conne qui a passé la guerre à Beverly Hills ! Qu’est-ce qu’elle sait de l’occupation ? »


Prévert de son côté, s’il déplore le départ de Gabin n’est pas fâché d’être débarrassé de Marlène. Il insiste pour que ce soit Simone Signoret qui succède à la teutonne. Mais Carné est trop furieux. Distribuer le rôle de Malou à une autre actrice ne lui suffit pas. Il veut « flanquer dans les pattes de la boche » une rivale. Une nouvelle Marlène. Plus jeune, plus belle, plus fraîche. Ce sera la pauvre Nathalie Nattier. Carné croyant sans doute qu’il suffit d’épiler les sourcils d’une jolie fille pour avoir une Marlène Dietrich. Prévert fulmine « Déjà pour « Hôtel du Nord » il ne voulait ni d’Arletty ni de Louis Jouvet, il ne savait pas qui c’était ! » plus tard il ironisera lors d’une interview : « Ah oui, je me souviens de ce film ! Mais qui le réalisait, déjà ? René Clair ? Ah mais non, impossible, lui il connaissait son métier, ça doit être Carné, non ? »

On peut aujourd’hui se demander ce qu’il serait advenu du film si Carné avait accepté Simone Signoret qui aurait alors rencontré Yves Montand trois ans plus tôt.


Jean Gabin a depuis longtemps envie d’incarner Martin Roumagnac à l’écran. Il avait acheté les droits du roman éponyme avant la guerre mais le projet avait maintenant du mal à se réaliser sur le seul nom de Gabin dont la cote est désormais au plus bas. L'acteur fait appel à Marlène pour lui donner la réplique selon la version officielle. En réalité, c’est elle qui se sert de Martin Roumagnac pour convaincre Gabin de plaquer Carné et « Les portes de la nuit ».Marlène se précipite dans la mêlée et les budgets se libèrent comme par magie.  Hélas le film est raté.

Marlène mal photographiée en prostituée marchande d’oiseaux n’est pas très crédible, de plus elle joue en Français et son accent Allemand n’est pas d’un exotisme très galvanisant en 1946 ! 

Le plus grave de tout : le couple passe mal à l’image. C’est la fin de la romance Gabin Dietrich. Marlène regagne Hollywood, Gabin va se marier avec un mannequin de chez Lanvin, Dominique, qui ressemble à Marlène comme deux gouttes d’eau ! 


Revenue à Hollywood, Marlène est confrontée à un cinéma qui a bien changé, son prestige est immense mais les rôles adaptés à sa personnalité fort rares. Cecil B. De Mille a une telle fascination pour elle qu’en 1949 il signera un contrat d’exclusivité avec Marlène, un contrat à 5000 dollars par semaine. Elle touchera son salaire de manière fort régulière mais ne trouvera rien qui lui convienne dans les projets qu’il lui propose et le brave Cecil en sera pour ses frais.

Consciente de sa propre importance, elle avait déjà refusé « Les portes de la nuit » alors que Marcel Carné avait écrit le film et le rôle pour elle et Gabin. 

Marlène a également rencontré Edith Piaf. Les deux femmes aux antipodes l’une de l’autre devinrent les meilleures amies du monde. 

Piaf accepta même de se laisser prendre en mains par Marlène qui commença par lui faire refaire les dents, la contraignant à s’habiller avec élégance. Leur amitié ne se démentit jamais jusqu’à la mort d’Edith.  C’est Marlène qui lui avait offert la petite croix d’or qu’elle ne quittait jamais et portait autour du cou. Une croix qui lui appartenait personnellement et qu'elle porte d'ailleurs dans « Angel ». Lors des funérailles de la chanteuse au père Lachaise, Marlène était présente. Le comportement scandaleux de la foule en véritable état d’hystérie la choqua tellement qu’elle se jura bien de ne plus jamais assister à des funérailles à part les siennes...Et encore ! 

Un casino de Las Vegas : le Sand’s invite Marlène Dietrich à se produire sur scène, la star hésite mais après tout, elle n’a rien à perdre et les propositions se font rares, elle accepte.  Elle accepte, mais, à des conditions mirobolantes et prépare son tour de chant comme une campagne militaire ! Chansons, costumes, lumières, tout est préparé, calculé, répété jusqu’à la perfection absolue. Il n'est pas sûr que le débarquement de Juin 40 ait été préparé avec plus de minutie et de sérieux ! Le triomphe est incroyable. L’or coule à flots dans les caisses du Sand’s qui propose à Marlène de revenir chaque année durant…20 ans ! Elle va se produire partout dans le monde dans les salles les plus prestigieuses durant plus de vingt ans sans relâche. 

C’est « l'Ancienne Belgique" qui la reçoit régulièrement à Bruxelles.

Sa beauté semble éternelle, Marlène toujours aussi parfaite et divine. 


Elle devient pour la presse « la plus séduisante grand’mère du monde » ça ne lui plait pas ! Un jour elle déclare à un journaliste éberlué : « J’en ai marre d’entendre des vieilles toupies me demander mes secrets de beauté en pensant que je suis aussi vieille qu’elles ! » En général elle l’est plus. Quand on lui demandera, des années plus tard pourquoi elle se produit encore sur les scènes du monde entier à 70 ans passés, la réponse sera : « Pour le fric, bien entendu, qu’est-ce que vous croyez ? »  Lorsque l’on évoque devant elle ses célèbres jambes, elle répond : « Mes jambes sont tout à fait ordinaires, c’est la façon dont je les vends qui est exceptionnelle ! » Le cinéma la rappelle régulièrement pour de grands rôles dans des films prestigieux. Elle accepte même d’incarner une égérie du parti nazi pour son grand ami Billy Wilder. Hitchcock quant à lui va articuler l’intrigue du « Grand Alibi » autour de sa propre personnalité médiatique. 


Devenue plus discrète sur ses liaisons (avec Yul Brunner, Frank Sinatra et Raf Vallone notamment, Marlène arpente le globe avec son tour de chant entre deux tournages prestigieux. Le reste du temps elle vit à Paris et met un point d’honneur à ne se montrer qu’en compagnie de fringants jeunes premiers ou des personnalités qui comptent. Raf Vallone qui avait tenté de tenir leur liaison secrète va surprendre tout le monde en déclarant qu’il compte mettre en scène au théâtre à Paris « Le repos du guerrier » avec Marlène. L’annonce fit grand bruit et la manière dont Marlène envoya bouler Raf Vallone encore plus. A la presse elle déclara fort sobrement « Cette singerie va faire un four ! ». Ce qui ne manqua pas d’arriver. Ceux qui se souvenaient qu’elle avait prédit la même chose pour « Les portes de la nuit » lui attribuèrent une qualité supplémentaire : Marlène avait du flair ! « Le repos du guerrier » était porté au cinéma avec Brigitte Bardot en même temps et ce ne sera pas non plus une folle réussite. En 1962, sur une semaine elle se montre avec Jean Marais, Henri Salvador, Claude Chabrol, Sacha Briquet et Jean-Claude Pascal. Et puis le plus assidu : Gilbert Bécaud, le seul de ces messieurs, du moins cette semaine là qui partage ses faveurs.


John Kennedy lui-même, friand de stars hollywoodiennes tenta sa chance auprès de Marlène et prit le plus rutilant râteau qu’un président des Etats-Unis d’Amérique ne reçut jamais en travers de l’orgueil. Plus tard, la Marlène vieillissante évoquera quand même une séance de galipettes vite faites dans un ascenseur.


Elle se nimbe comme à l’accoutumée de mystère : « Laissez-moi tranquille, j’ai déjà été photographiée à mort » déclare elle sans cesse avant de poser dans de somptueuses tenues signées Dior ou Jean Louis et dans un clair obscur très étudié. Orson Welles éprouve d’énormes difficultés à produire « La soif du Mal » Marlène accepte de tourner gratuitement pour celui qu’elle considère comme un génie.  Bien sûr, sans avoir été payée, elle interdit que son nom apparaisse au générique. L’ayant reconnue sous sa perruque brune de cartomancienne Portée 20 ans plus tôt dans "Les Anneaux d'Or", les producteurs veulent son nom au générique et pour ça, il leur faudra payer très très cher; Welles et Marlène étaient deux inséparables. En 1953, le « génie » campait littéralement chez Marlène à New-York, les deux travaillaient d’arrache pied à un projet que portait Orson : il se voyait bien en roi Carlo II de Roumanie et Marlène en son inséparable Magda Lupescu.


Elle est ahurissante dans « Témoin à charge » de Billy Wilder en 1958 et frôle de peu une seconde nomination aux Oscar. Wilder ayant refusé de dire à l’académie des votants si c’est bien elle qui joue la scène dans la gare où elle apparaît brune, vulgaire et défigurée, elle ne put prétendre à sa nomination.

Marlène est un symbole intouchable du septième art et ses célèbres jambes servent encore d’emblème publicitaire pour la première classe d’une compagnie aérienne dans les années 70. 

Elles avaient déjà servi à vendre des scooters!


Jamais en manque de toupet, elle déclare en 1971 lors de la conférence de presse qui précède son retour à Broadway : « Je ne ferai plus jamais de cinéma, d’ailleurs je n’aurais jamais dû en faire, moi qui déteste l’amateurisme, j’ai toujours été une très mauvaise actrice, d’ailleurs, l’Ange Bleu est un film très quelconque et je suis trop vieille pour encore faire du cinéma, je ne suis plus un petit poussin vous savez, j’ai 64 ans ! » Jolie prouesse mathématique pour quelqu’un né en 1901 ! En 1973 cependant, le destin va la rattraper, lors de son tour de chant, Marlène fait une chute dans la fosse d’orchestre et se casse la jambe. La photo de Marlène la jambe dans le plâtre valait une fortune.  Elle n’a d’ailleurs pas chuté de son propre chef. Comme chaque soir elle tendait la main à son chef d’orchestre pour le remercier sous les applaudissements. C’est lui qui a glissé et l’a entraînée dans sa chute. Malheureusement, l’assurance qui couvrait les célèbres jambes pour 1.000.000 de dollars avait expiré depuis longtemps au grand dam de la principale intéressée.


En 1976, c’est son mari Rudolph Sieber qui décède. Voilà Marlène veuve d’un homme qu’elle n’avait plus croisé depuis au moins 25 ans. Même si elle n faisait peu de cas, Sieber était le compagnon d'une vie ou plus exactement le mentor de ses débuts et le père de sa fille. Elle ne prétendit jamais l’avoir aimé ni le regretter. Mais Sieber décédé, elle mettra sur le compte du défunt ses ultimes caprices « Mon mari Rudolph Sieber n’aurait pas toléré ça ! » « Il n’aurait pas voulu que… » « Il vous aurait dit que…Et il aurait eu raison ! ». Il est à peu près certain que Marlène Dietrich doit autant, sinon plus à Rudolph Sieber qu’à Von Sternberg. D’abord parce que s’il n’y avait pas eu Sieber, Von Sternberg n’aurait pas rencontré son ange. Ensuite parce que là où Sternberg comme tout metteur en scène a utilisé Dietrich comme un des outils à fabriquer sa propre gloire, Sieber n’a fait qu’aider Marlène à construire Dietrich à son propre bénéfice.

Et puis, l’indestructible arrière grand’mère la plus célèbre et la plus glamoureuse de tous les temps va prendre une décision ahurissante. 


Un jour, dans l’appartement qu’elle loue au 12 avenue Montaigne à Paris depuis 1945, Marlène Dietrich lance à son entourage : « J’en ai marre, je suis fatiguée, je me couche ». Elle avait déjà fait deux mauvaises chutes. Toujours pragmatique, elle décida qu’en étant déjà couchée elle ne risquait plus de tomber. Ce n’est pas faux techniquement parlant. Mais Marlène Dietrich doit être la seule créature humaine à s’être volontairement placée en situation de handicap.

Comme toujours, la star tient parole, elle organise son univers autour de son lit, elle n’apparaîtra plus qu’une fois à l’écran dans « Just à Gigolo » en 1978 pour une prestation plutôt pitoyable. Si elle accepte ce film dit-elle, c’est pour le bonheur de tourner avec David Bowie. Les scènes sont tournées en champ contre champ, Marlène et Bowie ne se croiseront pas. Sa fille Maria persifle : "Elle se fiche de David Bowie ! Elle a désespérément besoin de fric."


Avoir besoin d’argent c’est un des états naturels de Marlène Dietrich. Mais sa fille va peut-être un peu vite en besogne. En 1977 Marlène avait déclaré s’atteler à la rédaction de ses mémoires, promettant d’écrire elle-même et seule, sans omettre quoi que ce soit. Son agent, car elle a toujours un agent va réussir à rafler 200.000$ payés d’avance à une prestigieuse maison d’édition américaine. Marlène était donc confortablement dotée pour prendre la plume et s’inventer une vie de A jusqu’à Z. Elle poussait l’audace à envoyer à ses relations les chapitres qui les concernaient pour obtenir leur avis qu’elle voulait élogieux. Margo Lion restera complètement stupéfiée et parce qu’elle aura l’outrecuidance de dire à Marlène « Je ne me souviens pas du tout de ça », l’Ange Bleu ne lui adressa plus jamais la parole, la rayant de son agenda.


 Maximilien Shell la sort une ultime fois de son mutisme dans les années 80 pour son documentaire « Marlène » mais la star recluse et vindicative n’accepte pas de paraître à l’écran. 

Shell lui lance : « Comment voulez-vous que je fasse un film sur vous sans vous ? »  Marlène, stoïque, répond : « Vous dites qu’en telle année elle a fait ceci et ensuite fait cela, vous montrez des extraits de mes films » 

Schell : « Et vous trouvez cela passionnant ? » 

Marlène : « Il n’est pas écrit dans mon contrat que je dois être passionnante ! »


Recluse dans son appartement loué du 12 Avenue Montaigne, alors qu'elle est propriétaire d'un appartement à New-York où vit sa fille Maria, Marlène reste très au fait de l'actualité. Vissée devant la télévision, l'oreille collée au téléphone et lisant tout ce qui paraît, elle gardera sa vie durant ses "bêtes noires" : Elizabeth Taylor, Greta Garbo, Catherine Deneuve, Meryl Streep, Shirley Temple (Sous prétexte qu'elle n'a que 5 ans, cette petite pute a le droit de montrer sa culotte à tout le monde !)


Très fidèle à ceux qu'elle aimait même si elle refusait de les recevoir, avec une petite faiblesse pour les actrices Allemandes (à l'exception de Maria Shell qu'elle exécrait, sans doute parce qu’elle était la très grande amie d’Elizabeth Taylor). Hildegarde Kneff était son amie proche, elle vénérait Romy Schneider et se faisait un devoir de lui procurer tous les stupéfiants qu'elle voulait ! Marlène n'hésitait jamais à faire savoir haut et fort ce qu'elle estimait être juste, principalement à Jacques Chirac ! Elle avait depuis longtemps la réputation d’une personnalité aux déclarations à l’emporte-pièce. En 1962 déjà, un journaliste espérant déclencher quelque fureur offusquée lui dit d’une manière assez pernicieuse : « Vous avez vu, Marlène ? On annonce le prochain film de Brigitte Bardot. On ne sait encore rien du sujet mais on sait déjà qu’elle tournera nue ». Et Marlène du tac au tac : « Evidemment qu’elle tournera nue ! Avec ce que le percepteur nous laisse vous croyez qu’on peut encore s’offrir des fringues ? »

Outrée par l'exagération des cérémonies d'hommages à la mort d'Yves Montand : "C'est tout ce que vous avez comme héros à célébrer en France ? C’est peu !"

Particulièrement choquée lorsque Bette Davis reçut le ruban du mérite : "J'ai gagné le mien sous les bombes et maintenant j'apprends qu'il ne faut rien faire du tout pour l’avoir ! Qu'a fait cette Bette Davis pour la France ?"


 Elle ne quitte plus son lit depuis déjà des années lorsque, quelques semaines avant sa mort, elle intervient par téléphone en direct à la cérémonie des César pour exprimer son indignation : les anciens studios de la U.F.A. à Babelsberg où elle a tourné l’Ange Bleu vont être détruits, elle trouve cela inadmissible !


Marlène décèdera peu après, le 6 Mai 1992 pendant le festival de Cannes. Cette année là, le festival avait choisi une photo de Marlène dans « Shanghai Express » pour affiche.

 Ainsi, le jour de sa mort, Marlène était partout sur la croisette. Quand je vous disais qu’elle ne laissait rien au hasard.   

Marlène fut ramenée à Berlin afin de reposer à côté de sa mère, durant de longs mois la sépulture fut gardée jour et nuit, les risques de profanation étant bien réels. Une partie du peuple Allemand n’ayant jamais pardonné sa « trahison » à Marlène. 


En 1945, le cœur déchiré, Marlène contemplait le champ de ruines qu’était devenu son Berlin adoré, et reniflant ses larmes, elle déclara de sa voix tranchante : « Je crois qu’on l’a quand même bien cherché ! »

 Selon sa volonté, les studios Berlinois furent sauvés de la destruction et, de plus, devinrent le musée « Marlène Dietrich ». 


La rage de collectionneuse qui habitait Marlène durant son enfance ne l’avait jamais quittée, la Diva avait conservé tout ce qui la concernait de près ou de loin. La ville de Berlin acheta donc l’héritage de Marlène : Des centaines de robes, de lettres, de disques, de factures, des valises, des chaussures, des vieux tubes de rouge à lèvres et ses médailles militaires constituent la plus importante collection d’effets personnels réunis à ce jour. Sans parler de containers entiers de costumes de films.  Le tout répertorié et annoté par la star elle-même.  La ville de Berlin fera officiellement à Marlène Dietrich des excuses posthumes. Une place porte son nom non loin du musée du cinéma de cette ville. Chapeau bas, madame !


Comme la plupart des grandes divas de l’écran, comme Joan Crawford, comme Lana Turner, comme Bette Davis, Marlène aura sa fille Maria qui écrira un livre sur sa mère, se rependant en « révélations » au sujet de la star. 

Un récit d’enfance malheureuse, où il est essentiellement reproché à Marlène Dietrich d’avoir beaucoup travaillé et d’avoir eu une sexualité. 

Elle affirma qu’avoir eu Marlène comme mère fut un calvaire sans toutefois renoncer à son héritage. Elle publia fort élégamment son livre avant la vente aux enchères de la collection Marlène Dietrich dont elle encaissa sans sourciller le plantureux chèque.


Le temps passant, les visages des plus légendaires divas s’effacèrent peu à peu des mémoires, même la divine Garbo, peu à peu perdit de sa lumière. Elle que l’on crut longtemps éternelle et qui faisait encore les couvertures de magazines féminins des années quatre-vingt dix.

Marlène Dietrich, malgré les récits désobligeants et autres mémoires irrespectueuses à l’égard du mythe voit son aura grandir encore et survivre à la mémoire de ses contemporaines.

Sans cesse admirée et redécouverte, son image et ses talents d’artiste symbolisent aujourd’hui à eux seuls toute la mémoire du prestige Hollywoodien.

Sans Marlène Dietrich, Karl Lagerfeld, Yves Saint Laurent et Thierry Mugler n'auraient pas existé

La marque Mont Blanc lui rend hommage avec la réédition d’un stylo, la prestigieuse maison Grès choisit son image pour le lancement de trois nouveaux parfums.


 

 « Même si elle n’avait que sa voix, ce serait suffisant pour vous déchirer le cœur » 

                                                                                         Ernest Hemingway.

"Marlène Dietrich, votre nom commence comme une caresse et finit comme un claquement de fouet"

                                                                                                    Jean Cocteau

Celine Colassin



QUE VOIR ?


1923 : La Tragédie de l’Amour : Avec Bruno Kastner (ce film semble aujourd’hui perdu) Marlène Dietrich était créditée pour la première fois au générique et apparaissait dans l’ombre de la jeune star Charlotte Ander.

1923 : Der Mensch am Wege : Avec William Dieterle alors acteur

1927: Le Plus Grand Bluff: Avec Harry Piel (Ce film est aujourd’hui perdu)

1927: La Femme que l’on Désire : Avec Fritz Kortner

1928: Princesse Oh la La: Cette chose est bien entendu muette, Marlène s'y pâme dans les bras de Hans Albert qu'elle retrouvera dans « l’Ange Bleu » dont il est le patron sans scrupules.

1928: Je Baise votre main, Madame : Film muet encore, avec Harry Liedtke cette fois.

1928: Café Electrik : Avec Willy Forst (une autre folle passion amoureuse de Marlène)

1929 : L’Ange Bleu : Que le cinéma, avec sa technique balbutiante ait pu produire de tels chefs d’œuvres me laisse pantoise et admirative. Marlène est méconnaissable et pour tout dire assez laide ! Emil Jannings est extraordinaire, et l'est toujours aussi bouleversant près de 100 ans plus tard. Un tout grand film, et du véritable cinéma d’art et d’essai dans la définition la plus exacte du terme.  


 1930 : Morocco (cœurs brûlés) : Le premier film Américain de Marlène et sa seule nomination aux Oscar. (Hormis celui qu’elle reçut pour avoir fait la voix off du documentaire « Le Renard noir » traitant du nazisme) Le film a vieilli, le Maroc de Von Sternberg sent le carton et ce qui choquait à l’époque passe inaperçu aujourd’hui, les séquences de Marlène au cabaret restent très jubilatoires mais la fin du film est à mourir de rire. Reste le magnifique Gary Cooper                                                                              

  1931 : X27 : Marlène incarne ici une sorte de Mata Hari très sophistiquée et invente la mini jupe au passage, (La véritable Mata Hari était l’agent H 21) malheureusement, le point fort de Von Sternberg n’est pas la clarté de ses scénarii, on se lasse donc très vite de cette histoire d’espionnage confuse et sans intérêt, Marlène détestait la fin du film qu’elle trouvait grand guignolesque.

1932 : Shanghai Express : Marlène est ahurissante dans ce film, encore une fois le scénario est inexistant ! Après le Maroc, Sternberg fabrique la Chine en studio et fait rouler son train au milieu.  Un critique demanda : « Que fait Shanghai Lili dans ce train, où va-elle et pourquoi ? » Ni Sternberg ni Marlène ni personne n’en savait rien.

 1932: Blonde Vénus : Encore un scénario tordu, cette fois Marlène est mère de famille pour la première fois à l’écran. Elle affronte Cary Grant qui est un fort séduisant millionnaire tout prêt à débaucher l'honorable dame qui semble ne pas demander mieux.

1933 : Le cantique des cantiques : Suite aux gouffres financiers des films de Sternberg, Marlène est refilée à Rouben Mamouillan pour un film dont le scénario n’est pas beaucoup plus intelligent que les autres, Marlène y incarne une paysanne qui accepte de poser nue pour un sculpteur, ce qui lui permet de prendre des têtes naïves et ahuries à tout bout de champ. Ce qui est assez drôle et curieusement assez réussi. A la fin du film nous sommes gratifiés d’une crise de nerfs épique ! On sent que Marlène avait des choses à prouver à ses employeurs : elle s’applique ! Lorsque le studio la sollicitait pour des apparitions publiques qui lui déplaisaient, Marlène proposa des années durant d'envoyer la statue du cantique des cantiques à sa place ! 

1934 : L’Impératrice Rouge : Marlène est l’impératrice de Russie pour Sternberg qui la dirige dans des décors fantastiques. Encore aujourd’hui le film reste tout aussi impressionnant.  Sternberg voulait des chevaux noirs sur de la neige blanche, son plan était magnifique, hélas, les chevaux souillaient sa belle neige de crottin, il fit donc embaucher les nains d’un cirque pour qu’ils se faufilent avec de petites pelles entre les pattes des chevaux afin que sa neige reste propre. Un des meilleurs Dietrich, le meilleur de sa collaboration avec Sternberg.

1935 : La femme et le pantin : Bien que blonde aux yeux bleus, Marlène devient espagnole dans ce dernier film tourné avec Sternberg, elle le considèrera toujours comme le meilleur.

1936 : Le jardin d’Allah : Le premier film en technicolor de Marlène et le deuxième de l’histoire du cinéma, comme toujours Marlène se pavane dans des robes insensées sur un scénario ridicule. 

1937: Désir : Enfin un scénario digne de ce nom. Marlène retrouve Gary Cooper, leur couple fonctionne magnifiquement à l’écran comme à la ville.  Le film est léger, spirituel et très élégant. 

1937 : Le chevalier sans armure : Jacques Feyder va diriger Marlène de main de maître dans un film épique et fort réussi produit en Angleterre par Alexander Korda sur thème de révolution Russe. Elle a Robert Donat comme partenaire, l’acteur, tuberculeux, est souvent incapable de travailler, la production envisage de le congédier.  Marlène menace de quitter le film elle aussi, si l’on renvoie Donat, tournant les scènes où Donat n’apparaît pas quand l’acteur est alité. 

1937: Ange : Après le succès de « Désir », Lubitsch dirige à nouveau Marlène dans « Ange » avec Melvyn Douglas, mais ce film est aussi raté que l’autre n’est réussi. Marlène y est comme d’habitude élégante et très belle.

1939 : Femme ou démon : Devenue Américaine, Marlène aborde le western, genre qui lui convient curieusement bien.


1940 : La Maison des sept péchés : Marlène passe des bras de Jimmy Stewart à ceux de John Wayne, elle est à nouveau une entraîneuse de cabaret : Bijou Blanche qui déclenche d’homériques bagarres partout où elle passe.

1941 : La Belle Ensorceleuse : René Clair dirige Marlène dans un film spirituel et très réussi, l’actrice y est aussi somptueuse qu’élégante, elle est aussi très drôle, joue allègrement de son image, elle dira qu’elle apprécie son metteur en scène car : « Il sait exprimer les choses autrement qu’avec une truelle ! ». Moins connu, ce film est aussi intéressant que « Désir », c’est tout dire !

1940:Manpower (L’Entraîneuse Fatale) Marlène, fatale, donc) entre George Raft et Edward G. Robinson. 

 1942 : Madame veut un bébé : Hélas, les films se suivent et ne se ressemblent pas : Marlène est embarquée dans une comédie contemporaine où elle interprète une star incapable de reconnaître le sexe d’un bébé ! Un critique écrira : « La star agite ses faux cils comme si elle luttait contre une tempête de sable, ils sont si longs qu’on pourrait y accrocher son chapeau ! » Sur le plateau, Marlène a fait une chute, elle portait le bébé en question et s’est brisé la cheville en essayant de protéger le nourrisson. Voilà Marlène en chaise roulante ! 

1942: Les Ecumeurs : Marlène retrouve John Wayne et le western, seules les scènes où elle apparaît sont amusantes ! Un critique trouve le film intéressant car « Les robes de la star ne la cachent pas plus que les écailles ne cachent le corps d’un poisson ! »

1942: Pittsburg : John Wayne encore, mais cette fois flanqué de Randolph Scott,  l’action se déplace dans des mines de charbon. Marlène s’y colle, avec ses talons hauts et son étole de renard. Les mineurs meurent dans les éboulements, Marlène y casse son rang de perles ! John Wayne résiste aux assauts de séduction de la star. Outrée, elle va se charger de ternir sa réputation de dur des durs en se répandant en ragots scabreux à son sujet.  

1943 : Kismet : Nous voici dans les 1001 nuits du L.S.D. !  Marlène devient Djamila ! C’est dans ce film qu’elle exécute une pseudo danse orientale, les jambes peintes en doré ! 

 1944 : Hollywood Parade : Ceci n’est pas un film à proprement parler mais plutôt un spectacle de music hall filmé réunissant une pléiade de stars. Marlène se fait couper en deux par Orson Welles, remplaçant son épouse Rita Hayworth au pied levé.

1945: Destry Rides Again: Marlène déchaînée dans le plus gros box office Universal de l'année.

1946 : Martin Roumagnac : La seule collaboration de Marlène Dietrich et Jean Gabin au cinéma, c’est le seul film Français de Marlène.

1948 : Les Anneaux d’Or : Marlène est une gitane en haillons et partage l’affiche avec Ray Milland qu’elle haïssait. La fine intelligence d’un critique conclura : « Mais ? Marlène Dietrich est sale, mal habillée et on ne voit pas ses jambes, qui a envie de payer pour voir un spectacle pareil ? ».  S’il est vrai que les grands espaces en studio de deux mètres sur trois ont beaucoup vieilli et enlèvent la crédibilité de l’ensemble.  Marlène y est déchaînée, on la sent jubiler dans ce personnage de composition d’une incrédibilité totale mais qu’elle interprète avec brio.

1948: La Scandaleuse de Berlin : Marlène est dirigée par Billy Wilder et partage l’affiche avec l’excellente Jean Arthur qu’elle trouvait d’une laideur invraisemblable, du tout bon film. 


1950 : Le Grand Alibi : Après Wilder, Marlène est dirigée par Hitchcock et chante « La Vie en Rose », Jane Wyman et Michael Wilding partagent l’affiche avec elle.  Marlène avait une liaison avec Michaël Wilding mais la jeune Elizabeth Taylor le lui a soufflé sous le nez. Hitchcock regrettait ce film, il estimait avoir fait une erreur en montrant un flash-back mensonger où Marlène est présentée en coupable, ce qui, selon lui, faussait la lecture du film. Lorsque des années plus tard on demandait à Marlène ses souvenirs à propos d’Hitchcock, elle réfléchissait un instant puis disait : « Ah oui, ce film Anglais avec Wilding, mes coiffures étaient ratées, trop « mises en plis de bobonne ! » 

 1951 : Le voyage fantastique : Difficile de revoir ce film qui ne repasse jamais en télévision. Marlène retrouve Jimmy Stewart dans cet ancêtre des films catastrophes.

1952 : L’Ange des Maudits : Fritz Lang refait de Marlène une entraîneuse fatale de saloon dans ce western long, ennuyeux et figé, un des plus mauvais films de Lang et de Marlène. 

 1956 : Le tour du monde en 80 Jours : Marlène ne fait que passer au milieu d’une myriade de stars dans le film produit par Mike Todd et lauréat de l’Oscar du meilleur film. 

1957 : Monte Carlo Story : Marlène et Vittorio De Sica s’en donnent à cœur joie dans ce film tourné sur la côte d’azur et qui ressemble à une longue carte postale d’une heure trente. 

1958: Témoin à Charge : LE film de Marlène Dietrich qui a frôlé l’Oscar de la meilleure actrice.  Elle est dirigée de main de maître par Billy Wilder et donne une interprétation digne des plus grandes.  Après ce film, on pouvait croire que Marlène continuerait une carrière prestigieuse et semée de triomphes, elle est extraordinairement belle et au sommet d’un talent d’actrice très affuté, son prestige est immense. Pourtant la star s’exile à Paris, se consacre essentiellement à son tour de chant.

1958 : La Soif du Mal : Le film d’Orson Welles est plus connu pour le viol collectif de Janet Leigh que pour les deux courtes apparitions de Marlène. 

 1961 : Jugement à Nuremberg : Une fois encore, Marlène est une star parmi d’autres dans la distribution de ce film. Spencer Tracy, Burt Lancaster, Montgomery Clift, Judy Garland, Richard Widmark et Maximilian Schell partagent l’affiche avec elle.

 1964: Deux têtes folles: Audrey Hepburn et William Holden sont les têtes d’affiche de ce film plus que nul où Marlène se contente de sortir de sa Rolls blanche pour s’engouffrer chez Dior. 


1978 : Just a Gigolo : A 77 ans, Marlène revient pour une ultime apparition à l’écran, elle tourne seule une scène supposée être partagée avec David Bowie. Ses plans sont rajoutés au montage. A L’époque, la star ne se levait plus depuis longtemps et son apparition est assez pathétique. 

FIN


LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS

(Avec Marlène Dietrich)


Loulou : On l’ignore souvent, mais Marlène était le premier choix de Pabst pour incarner cette « Loulou » qui finalement fera de Louis Brooks un véritable mythe.


Les Portes de la Nuit : Tout le monde le sait, Marlène trouvant le film indigne de sa propre importance rejeta le rôle pourtant écrit pour elle et planta là Marcel Carné en emportant « son » Jean Gabin sous le bras.


Sous le plus grand Chapiteau du Monde : Cecil B. De Mille qui avait signé un contrat d’exclusivité avec Marlène l’avait annoncée dans ce film qu’elle refusa de tourner. Le scénario fut retravaillé pour convenir à…Betty Hutton. Dans le projet initial destiné à Marlène, Clark Gable était prévu pour le rôle finalement dévolu à Charlton Heston.


The Man With the Clock : Marlène s’estimant en 1950 une des plus précieuses valeurs du cinéma exigea un salaire mirobolant pour ce film, ce qui finit par lui être accordé. Elle réclama ensuite les bons soins de Christian Dior. On lui fit savoir que Barbara Stanwyck voulait le rôle et qu’elle n’était plus envisagée. Mais à moins que le film n’ait changé de titre, je ne me souviens pas que Barbara l’ait tourné. (Ni personne d’ailleurs !)


Bruges la Morte : Un petit retard dans les rouages du destin : Ce films que Marlène prépare à Eden Roc l’été 1939 avec tout son staff devait la réunir à…Jean Gabin. Hitler en décida autrement. Le film sera tourné bien plus tard, sans noms et sans intérêt.


Château en Suède : Vadim proposa le rôle à Marlène qui le refusa, il se dirigea vers le Champ de Mars pour l’offrir à Edwige Feuillère qui ne voulut rien savoir et trouva finalement son bonheur en allant sonner chez Suzanne Flon.


Toys in the Attic : Marlène déclina à la fois le rôle, le cachet et l’idée d’être à l’écran la mère d’Yvette Mimieux. Gene Tierney fera moins la fine bouche quitte à égratigner Marlène au passage. « Le rôle n’est pas long mais il est très important. C’est ce qui compte et tant pis si je dois me vieillir un peu pour être aussi crédible que Marlène dans le rôle ! » Ce qu’elle fit, d’ailleurs.

Casanova : Fort du succès de son Landru, Claude Chabrol songe dès 1963 à adapter une vie de Casanova, lequel serait à nouveau encadré de très grands noms. Il sollicita Marlène en premier et ces deux-là écumèrent les meilleures tables de Paris sous prétexte de « parler du film ». Lequel ne se fit pas.


PS : On a beaucoup dit que « Dédée d’Anvers » devait réunir Marlène à Jean Gabin dans le rôle tenu par Marcel Pagliero et Raimu dans celui tenu par Bernard Blier. Rien ne semble pourtant étayer cette « légende ».



 

 

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