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MARTHA HYER



Le 10 Août 1924, Martha Hyer vient au monde à Fort Worth au Texas dans une famille aisée. Son père Julien c. Hyer est le sénateur de l’état et accessoirement président du Lions Clubs.

Sa mère Agnès reste à la maison à s’occuper de sa première fille Agnès jr. En 1929, une petite Jeane viendra compléter le trio des filles Hyer. Pour être des petites filles d’un milieu aisé, les petites Hyer n’en seront pas moins de véritables petites texanes jusqu’au bout de leurs bouclettes brunes. Au cinéma elles n’aiment que les westerns avec une nette préférence collégiale pour...Tom Mix !

Lorsque Tom Mix se tue au volant de sa voiture en Arizona le 12 Octobre 1940, l’horreur et l’injustice entrent dans la vie des trois sœurs qui n’ont encore connu pire drame que la mort de leur acteur préféré.

 

Mais c’est l’amorce d’autres changements. A commencer par un déménagement de Fort Worth vers San Antonio. Un nouveau déchirement. Même si San Antonio est aussi au Texas et seulement à 300 miles de là. Cinq heures à peine dans la Packard de papa mais qu’importe.

A leurs yeux c’est l’exil. Martha n’en a pas fini avec l’éloignement. A la rentrée 1941 ses parents l’inscrivent à un collège très réputé…En Virginie.


Ayant sans doute pris goût à la liberté que donne l’éloignement, Martha continuera ses études en Illinois et aura ensuite la permission de passer l’été à nourri sa passion pour l’art dramatique à la session d’été de la célèbre Pasadena Playhouse en Californie.

 

Nous sommes en 1945. En Europe la guerre est finie mais son père y est resté avec la quinzième armée. Il sera juge et avocat aux procès de Nuremberg.

Préservée des échos de la fureur nazie dans une Amérique qui estime encore que l’extermination industrielle des peuples par la seule volonté d’un barbare nazi n’est pas affaire de jeunes filles, Martha Hyer fait donc du théâtre. Et non seulement elle fait du théâtre ce qui pour elle est déjà un bonheur absolu, mais elle a tapé dans l’œil d’un talent scout de la Paramount. Milton Lewis qui se fait fort de revenir bientôt la voir avec un contrat de son studio.

Martha ne se tient plus d’impatience et se voit déjà hantant le studio des plus grandes étoiles des années 30 comme Carole Lombard, Marlène Dietrich, Mae West et Claudette Colbert.

Une belle déconvenue en perspective puisqu’elle n’aura plus jamais de nouvelles de ce bon Milton Lewis.

Qui aurait pu croire alors que son destin, alors qu’elle était à deux pas des studios hollywoodiens se jouait sur le bureau de son père à Nuremberg où se jouaient plutôt les têtes des pires criminels de guerre !


La chanteuse Ella Logan qui a mis sa carrière à Broadway et à Hollywood en veilleuse pour divertir les troupes en Europe voit par hasard la photo de Martha joliment encadrée sur le bureau de son père en Allemagne. Séduite par la ravissante jeune femme dans son cadre, lorsqu’elle apprend que Martha est en ce moment même à la Pasadena Playhouse, Ella téléphone immédiatement à son mari. Son mari Fred Finklehoffe…Producteur à la Century Fox !


Etrangement, c’est à la RKO que Martha Hyer obtient son premier contrat. On la verra apparaître, à peine il est vrai en 1946, à peine un courant d’air dans l’ombre de Robert Mitchum.


La première fois que l’on s’intéressera à elle c’est parce qu’elle aura retardé le tournage d’un western tourné en extérieurs!

La pauvre Martha avait été terrassée par une péritonite en plein milieu de nulle part et si ce n’était pas de sa faute, ce n’était quand même pas une chose à faire ! Et puis il y a un autre élément qui va perturber les débuts, et même la carrière à Hollywood de Martha Hyer, même si elle n’a rien à y voir. Cinq mois après la naissance de Martha, le 30 Janvier 1925, naissait en Illinois une petite fille qui allait grandir au Texas et allait devenir l’actrice Dorothy Malone. Or, Dorothy sera elle aussi repérée par Hollywood et qui de plus est par le même studio que Martha, la RKO. Dorothy arrive en 1944 et Martha en 1946. Dorothy sera alors déjà partie voir ailleurs. Mais les deux texanes ont à leur arrivée le même type physique de  belles brunes en bonne santé. Leur emploi est rigoureusement identique et l’une comme l’autre piétine sans rien trouver de palpitant à tourner. Pour Hollywood non seulement elles font office de doublon et qui de plus est des doublons inutiles.

Etrangement leurs carrières resteront similaires.

Toutes deux devront devenir blondes pour enfin connaître une véritable notoriété.

Toutes deux resteront cantonnées aux seconds rôles dans des films de prestige et aux premiers rôles dans les westerns ou dans des séries B.


Toutes deux trouveront des rôles plus intéressants à la télévision.

Et enfin toutes deux seront consacrées par les Oscar, pour un second rôle comme il se doit.

 C’est là que la carrière de Dorothy Malone prendra le pas sur celle de Martha puisqu’elle remportera la précieuse statuette en 1956, ce sera pour Martha trois ans plus tard.


Mais revenons-en aux débuts de Martha Hyer, toujours brune et maintenant débarrassée de son appendicite. Son studio n’ayant que peu de choses à lui faire faire, Martha encaisse son salaire hebdomadaire très confortable, surtout pour ne rien faire, et fait confiance à son agent Frank Orsati pour lui trouver un peu d’occupation. C’est grâce à lui qu’elle est néanmoins présente dans la vie Hollywoodienne. Elle fait des inaugurations, pose pour les photographes, pose des couronnes de miss sur la tête d’ambitieuses starlettes, assiste à des réceptions où elle finit d’ailleurs par nouer des amitiés solides avec des stars aussi diverses que Rosalind Russell, Merle Oberon ou Elizabeth Taylor. On la voit beaucoup avec le réalisateur Ray Stahl, elle est une assidue des restaurants les mieux réputés, des night clubs les plus en vogue mais on la croise également beaucoup chez Révillon, Harry Winston et chez le concessionnaire Cadillac du coin.

Pour se distraire en attendant son prochain film sur lequel elle compte beaucoup pour atteindre à la notoriété elle aime à collectionner les visons, les diamants et les décapotables.

 

Le film sur lequel compte tellement Martha Hyer c’est « Geisha Girl » qui se tournera en décors naturels au Japon durant tout un an. L’entreprise impressionne beaucoup, on parle énormément du film en préparation. Martha, de contentement s’en offre un nouveau rang de perles !

Elle a de quoi être enfin satisfaite ! Nous sommes en 1951, il y a cinq ans qu’elle est à Hollywood.


Avant le départ, elle accepte d’épouser Ray Stahl. Le couple s’offre un voyage de noces aux Bermudes. Martha décrète ensuite qu’il n’y a guère que New-York qui convienne à sa distinction pour y vivre, Hollywood étant décidément trop vulgaire. Le couple s’offre une maison hors de prix dans un des quartiers les plus chers de la ville. Le jeune mari n’a rien de plus pressé que d’y installer sa mère qui se charge de la décoration comme de « tenir » la maison.

La belle-mère de Martha Hyer n’est autre que Roxanna McGowan, une ancienne « bathing beautie » de ce cher Max Sennett.


Martha Hyer tient dorénavant à afficher un standing digne de la future réputation que lui vaudra « Geisha Girl ». Bien plus tard on découvrira que telle Marilyn Monroe, elle est bookée à l’agence Conover spécialisée en pin-up girls pour routiers solitaires et pose sous le pseudonyme de Martha Lou Spring !


Martha Hyer rentrera du Japon bien moins fanfaronne qu’elle n’y était partie. « Geisha Girl » est un flop qui sombre instantanément dans l’oubli le plus complet après avoir à peine surnagé dans une indifférence tout aussi absolue. C’est une lourde déception pour le couple car Ray Stahl avait non seulement participé à la réalisation du film mais il en avait commis le scénario et produit grâce à la société de production de sa mère alors recyclée dans ce nouveau métier.

Ray Stahl ne doutant pas du triomphe de « Geisha Girl », il était prêt à mettre son film suivant en chantier, toujours avec Martha en vedette mais cette fois au Kenya. Malgré l’échec du film japonais maman œuvra à la libération des capitaux pour  « The Scarlet Spear ». Roxanna avait tout lieu alors d’être satisfaite au retour de son fils chéri puisqu’il avait tourné deux films au Japon au lieu d’un. « Oriental Devil » et « Geisha Girl ».

Le couple s’envole vers l’Afrique et Martha Hyer en tombe follement amoureuse. Par contre, son mari, cinéaste besogneux et fils à maman incapable de choisir son menu du soir sans son avis commence sérieusement à l’agacer ! Ses scènes terminées, elle rentre seule en Amérique laissant son mari finir son film tout seul.

En 1954 le couple Stahl est divorcé.


Ray Stahl ne connaîtra jamais le succès ni en tant qu’auteur ni en tant que réalisateur. En 1958 il se remariait avec Mary Ann Blake et décédait huit mois plus tard, le 9 Avril 1959 à seulement 38 ans.


Martha, rentrée  d’Afrique à Hollywood  repartira bientôt pour un autre film en Alaska. Mais en attendant, elle prend peu à peu du galon même si son accession au vedettariat reste laborieuse.

Elle joue les vamps rousses dans « Lucky Me », une comédie qui n’a pour seul mérite que de réunir Doris Day et Frank Sinatra à l’écran. Ensuite elle tourne avec Abbott et Costello « Deux Nigauds chez Venus ». Un autre film qui n’aura lui aussi que peu de mérite : Un rôle intéressant par Mari Blanchard et surtout les débuts loin d'être spectaculaires d’Anita Ekberg...Dans la figuration. Martha tourne donc des films, souvent médiocres, donnant même la réplique à « Francis la mule qui parle ». Elle se distrait comme elle peu en attendant sa chance. On la dit très liée avec Phil Silver son partenaire dans « Lucky Me » ainsi qu’avec Gene Kelly.

Un amoureux d’un soir lui offre le tout nouveau modèle de chez Ford : Le cabriolet Thunderbird !

Martha trouva la décapotable noire dûment enrubannée devant sa porte, ce qui fait d’elle la propriétaire de la même voiture que Natalie Wood, Joan Collins, Audrey Hepburn, Glynis Johns, Frank Sinatra, Arthur Miller, Annette Funicello et quelques autres ! Un peu trop de monde sans doute, Martha se précipite sur le nouveau coupé Lincoln, le même que son amie Elizabeth Taylor.

 

Bref, petit à petit sa vie sociale à Hollywood prend de l’importance. Elle s’est liée avec Jack Warner, avec la famille Gary Cooper qui l’invite à la maison sans façon et elle a même fait la rencontre à Hollywood d’une jeune actrice dont la réussite a été fulgurante : Grace Kelly.


Et après Dorothy Malone, c’est Grace Kelly qui aura une influence décisive sur la carrière de Martha Hyer. Grace a donné à Hollywood en seulement quelques mois de nouveaux critères de distinction à l’écran. Elle est devenue la quintessence, presque la caricature de l’élégance filmée.

Et maintenant, lorsqu’il y a dans un film un rôle d’élégante mondaine, c’est sous les traits de Grace Kelly que les scénaristes et les réalisateurs l’imaginent. Et si le rôle ne convient pas à la nouvelle icône, il faut trouver une actrice qui accepte de se glisser dans le moule. C’est ce que fera Martha Hyer dans « Sabrina » puisque le scénario prévoyait que William Holden soit fiancée avec « une Grace Kelly de Long Island ».

Martha apparaît blonde, racée, en robe du soir valsant tantôt avec William Holden et tantôt avec Bogart, le tout sous la direction de Billy Wilder, alors le plus prestigieux réalisateur à la diriger après huit ans de présence à Hollywood. Le rôle est certes un rôle secondaire puisque Sabrina n’est autre que la délicieuse Audrey Hepburn, oscarisée à Hollywood dès son premier film !

Martha y est sa rivale plutôt antipathique, le rôle est court et risqué mais le film est un triomphe absolu, un classique d’emblée. C’est la première chance de Martha Hyer et ce changement de registre va tomber on ne peut mieux. Devenue une sorte de Grace Kelly de secours pour seconds rôles, elle joue néanmoins dans la cour des grands ! Elle fréquente les mêmes soirées que John Kennedy où arrivée au bras du millionnaire texan Edwin Fort troisième du nom elle refuse les invitations du futur président, préférant se distraire avec Danny Kaye ou dans les bras plus musculeux de George Nader ! Mutine, Martha déclare aux journalistes : « Je suis follement amoureuse de mon dentiste ! »


Et puis la grande chance va venir en dehors des plateaux de cinéma. Grace Kelly accepte d’épouser le prince Rainer de Monaco et s’exile définitivement sur son rocher méditerranéen.

 Hollywood se sépare alors en deux clans.

Ceux qui croient que Grace Kelly reviendra d’ici quinze jours. Et les autres qui font une croix définitive sur son altière présence et lui cherchent une remplaçante comme le veut l’usage à Hollywood lorsque quelqu’un déserte. Et au jeu de la remplaçante, Martha Hyer s’impose comme une évidence absolue ! Elle va alors tourner sans relâche. La presse s’extasie. Elle donne la réplique à Tony Curtis à Cary Grant à Frank Sinatra, refuse de la donner à Rock Hudson avec qui elle n’a pas d’affinités et enfin elle est nommée aux Oscar pour son rôle d’institutrice follement chic mais un tantinet guindée et fiancée éconduite de Frank Sinatra. Martha Hyer sera évincée par Wendy Hiller, il est vrai, saisissante dans « Tables Séparées ». Shirley MacLaine, sa rivale dans le film rentre elle aussi bredouille, Susan Hayward lui raflant la statuette sous le nez pour « Je Veux Vivre ». Peut-être un peu dépitée, Martha se consolera avec Grant Williams, Don Taylor et Jeff Williams.  George Nader, le plus assidu rôde toujours dans les parages. On la verra également beaucoup avec John Bentley qui avait été son partenaire dans les films mis en scène par son mari.


Alors que Martha qui peint finement expose ses toiles dans une galerie New-Yorkaise et que Bentley l’accompagne au vernissage, un journaliste invité, plutôt que de s’intéresser au talent pictural de Martha lui demande « Qu’est-ce que John Bentley fait là ? Vous êtes son assurance chômage, Martha ? ». On l’égratignera encore un peu lorsque partie à New-York pour y présenter ses toiles, elle rentrera à Hollywood après avoir pillé les ventes aux enchères et acquis un Utrillo, un Renoir un Duffy et quelques autres chef d’œuvres.

Martha Hyer va terminer la décennie en digne vedette d’Hollywood qu’elle est devenue. 


Villa sublime, limousines rutilantes, contrat richement payés, partenaires de prestiges, nomination aux Oscar, tournage à Paris, inauguration de l’hôtel Hilton à la Havane. Elle ne fréquente plus que des stars, de riches producteurs , des avocats célèbres ou des princes du sang.

Sa collection de tableaux devient presque aussi célèbre qu’elle. Elle s’est entichée des impressionnistes français juste avant que leur cote n’explose, déclarant à la presse : « Je refuse de me séparer de certains tableaux alors qu’on m’offre cent fois le prix que je les ai payé sil y a six mois ». Martha Hyer ne ment pas, la spéculation sur la peinture  connaît une telle flambée que les records des ventes sont battus dès le lendemain. Certaines salles de ventes retirent leurs tableaux de maîtres du catalogue en attendant que le marché se calme et il n’est pas impossible d’imaginer qu’Elizabeth Taylor et Martha Hyer soient pour quelque chose dans cet engouement soudain.


Martha Hyer affirme alors être ravie de sa nouvelle maison ca elle est construite pour une femme seule et est donc munie d’un système d’alarme ultra perfectionné ce qui est parfait pour sa collection de tableaux désormais célèbre dans le monde entier. Six mois plus tard elle se désespère « J’ai été cambriolée ! »


Il faut dire que la villa qui surplombait les collines de Beverly Hills dans un isolement parfait avait été construite en forme de X géant pour que toutes les pièces aient une vue et qu’elle avait été peinte et décorée ensuite dans une gamme de tons destinés à mettre à la fois les vues en question et la collection de toiles de maître très en valeur. Le grand public avait presque suivi les travaux en temps réel et la villa fut inaugurée avec un article de 11 pages dans LIVE magazine ! Les toiles qui lui ont été dérobées sont si célèbres que les voleurs  n’arrivent pas à trouver preneur et…proposent à l’actrice de racheter son propre bien pour 40.000$ . Ce qu’elle acceptera et lui vaudra pas mal d’ennuis avec sa compagnie d’assurance en plus des ennuis qu’elle avait déjà…avec le fisc !


Et le cinéma dans tout ca ?

Ne s’adressant plus guère aux journaux que pour parler de ses toiles et nier ses dernières liaisons, elle est peu à Hollywood. Après s’être entichée de l’Afrique elle s’est entichée de Paris. Elle aime à s'y reposer chez son ami le prince Aga Khan. A moins qu’elle ne soit sur un yacht amarré à Monte Carlo pour le grand prix automobile, qui sait ?


Mais pendant ce temps où Martha savoure son statut de précieuse Grace Kelly d’Hollywood, menant d’ailleurs plus grand train que celle de Monaco, le cinéma change et les années 60 ne seront plus les années 50. Marilyn va s’éteindre, Jayne Mansfield grossir et Diana Dors rentrer chez elle. Le blond platine, le vision tourmaline et la Cadillac aigue-marine font soudain office de panoplie pour Barbie attardée.


 L’Amérique va découvrir le rock, le jeans le LSD la pilule contraceptive, le Viêt-Nam, le Flower Power et le président assassiné.

 Martha Hyer peut bien descendre d’un yacht en or massif avec la Joconde sous le bras, force est de dire que les fan des Beatles s’en fichent un peu et même tout à fait. Et le pire dans tout ca, c’est que l’on se fout bien en Amérique de savoir ce qu’ a bien pu devenir Grace Kelly sur son rocher. Se souvient-on même de qui elle est ?

Alors sa doublure…

Martha va comme toutes les autres divas de l’âge d’or trouver un intéressant refuge à la télévision où elle va mener une prestigieuse carrière. Elle va aussi se diriger vers le théâtre.

Quant au cinéma, après avoir brigué l’assentiment des intellectuels, il ne brigue plus que la satisfaction des enfants et des adolescents.

Martha tournera une kyrielle de westerns genre qui plaît toujours aux gamins, croisera quelques martiens et tâtera du « Beach party film » qui connut une gloire aussi fulgurante qu’éphémère dans la foulée de « Where the Boys Are ».

Ensuite, Martha s’érotisera, quitte à se vulgariser un peu pour tenir la dragée haute à la nouvelle venue Carroll Baker qui brigue à la fois les lauriers de Jean Harlow et de Marilyn Monroe. Sa carrière n’en sera pas bouleversée pour autant et ira vers le même inexorable déclin que pour toutes les stars des années 50 .

Elles auront vu leur étoile pâlir au fur et à mesure que les grands studios ne géraient plus leur carrière jusque dans les années 60. Ils sombreront dans une complète désuétude dans les années 70. Martha s’en soucie-elle vraiment ?


Certes, car elle ne tient pas à voir ses revenus diminuer mais d’un autre côté, elle a fait une rencontre décisive. Celle du producteur Hal B .Wallis. Hal B .Wallis a 22 ans de plus que Martha Hyer. Il travaillait déjà à la Warner quand elle naissait au Texas. Ils s’étaient rencontrés par le plus grand des hasards, à bord d’un avion au début des années 60. La presse qui suivait Martha au centimètre près pour connaître ses dernières « dates » et en faire les gros titres, n’y vit que du feu.


En 1966, Martha épousait le producteur aux 400 films et à la surprise générale ! Le couple Wallis s’installe dans une nouvelle villa et Martha commente « Je suis contente de déménager, c’est désagréable de devoir accrocher un Van Gogh au dessus de sa baignoire faute de place sur les murs ! ». Le couple se marie le 31 Décembre 1966, Wallis a 68 ans et son épouse 42 même si la presse en déclare pieusement 37. Le couple s’envolera ensuite pour Israël afin d’y célébrer un second mariage selon les rites de la religion hébraïque. Ensuite ce sera le voyage de noces le plus sensationnel de la saison puisque, rappelons-le, Hal B. Wallis est un des hommes les plus riches d’Hollywood. L’Autriche, l’Italie, Venise, la Sicile, Capri, le Mexique et enfin Hawaï. C’étaient là les quelques derniers endroits du globe terrestre où Martha Hyer n’avait pas encore posé son luxueux petit peton. De retour à Hollywood, bien que Wallis incite Martha à persévérer dans sa carrière, elle se fait de plus en plus discrète aux écrans, tant sur le grand que les petits.

 Elle préfère inviter Elvis à dîner et tenter, en vain, de l’initier à la peinture. Elle préfère aussi au cinéma, suivre son mari partout dans le monde où son métier de producteur l‘appelle.

C’est ainsi, qu’au gré des tournages de films où elle n’est pas elle vivra pour un temps à Londres, à Vienne, à Venise, à Salzbourg et même en Oregon ou à Saint Jean Cap Ferrat chez son ami David Niven. Ou encore sur un yacht, tellement plus pratique pour les tournages d'été.



Cette vie fastueuse ne sera troublée que par le décès de la mère de Martha Hyer au printemps 1969. Une perte qui va l’ébranler bien plus qu’elle ne va l’avouer. Martha Hyer va se tourner vers le paranormal puis vers la religion, estimant soudain qu’elle a dépensé trop d’argent trop égoïstement durant toute sa vie. Elle avoue à son mari être imbriquée jusqu’au cou dans un réseau de prêts mafieux et la libérer de ses créanciers inavouables coûtera autant d’argent en frais de justice que les sommes dues. Le FBI lui-même devra s’en mêler !

Enfin débarrassée, Martha Hyer va se consacrer aux bonnes œuvres et dépenser sans plus compter l’argent d’Hal B. Wallis.


Lorsqu’il souffrira du diabète, ils investiront des sommes astronomiques dans la recherche médicale. Le 5 Octobre 1986, Hal B. Wallis la laissera veuve malgré des années de soins constants. Il avait 88 ans.

Le couple qu’elle formait avec Wallis avait fini par n’être plus connu comme un couple de cinéma mais comme un couple d’importants mécènes.


Après son veuvage, Martha liquidera tous les biens qu’ils avaient encore à Los Angeles et se retirera dans la villa qu’ils possédaient à Santa Fe. Cette maison du nouveau Mexique avait fini par devenir son lieu de vie préféré. Elle se retira alors complètement de la vie publique. Elle s’était déjà retirée des écrans en 1974 après une ultime apparition à la télévision dans…Un western !


C’est là, à Santa Fe qu’elle s’éteindra 40 ans après avoir abandonné son métier d’actrice le 31 Mai 2014 avec le seul secours de sa foi. Elle aurait fêté ses 90 ans deux mois et dix jours plus tard.

Celine Colassin.


QUE VOIR ?

 

1946 : The Locked : Débuts à l’écran pour Martha Hyer résolument brunette dans un film assez réussi avec Laraine Day et Robert Mitchum.

1947 : Born to Kill : Furtive apparition encore pour Matha, cette fois en accorte serveuse mais dans un excellent film noir.

 1949 : The Clay Pigeon : Un film noir assez palpitant et qui prend tout son sel quand on sait ce cette histoire invraisemblable d’un homme qui sort du coma pour se faire accuser de meurtre est on ne peut plus réelle.

 

1950 : Outcasts of Black Mesa : Un Western sans prétention ce qui tombe bien car il n’a aucun intérêt et oublié avant même d’être tourné. Martha brune à souhait y maniait la Winchester avec beaucoup de conviction

1951 : Oriental Evil : Le couple Martha Hyer-Ray Stahl profite d’être au Japon pour tourner deux films pour le prix d’un.

1952 : Geisha Girl : Martha Hyer fut bien cette « geisha girl » face à Steve Forrest mais ce film semble s’être volatilisé !

1952 : Yukon Gold : Martha semble être la grande vedette des films disparus. Celui-ci est non seulement un western mais une palpitante aventure du chien Chinook !

1952 : Wild Stallion : Disons qu’il s’agit du biopic d'un cheval blanc .

1953 : Abbott et Costello go to Mars : Ce film n'a pas le moindre intérêt.

1953 : So Big : Robert Wise qui apprécie Matha Hyer depuis ses débuts dirige ce film uniquement destiné à faire briller Jane Wyman. So Big avait déjà été porté à l’écran avec successivement Colleen Moore en 1924 et Barbara Stanwyck en 1932.

1954 : Riders to the Stars : Voici Martha plongée en pleine science fiction. Elle est une très distinguée savante experte en météorites et autres bibelots intergalactiques.

1954 : The Scarlet Spear : Un des rares premiers rôles de Martha au cinéma. Et tourné en décors naturels au Kenya s’il vous plaît ! Le film n’aura hélas qu’un succès très mitigé.

1954 : Battle of Rogue River : Alors certes nous sommes toujours dans un western mais Martha Hyer continue à prendre du galon. Elle tient le premier rôle féminin dans un resplendissant technicolor

1954 : Lucky Me :  Martha Hyer rousse face à Doris Day !

1954 : Sabina : Un grand moment pour Martha Hyer qui, dirigée par Billy Wilder aborde enfin le type de rôles qui la sacraliseront dans la mémoire du cinéma : Elle est la blonde, élégante et très guindée.

1954 : Down Three Dark Streets : Film noir dans la grande tradition du genre où Martha aide le flic Broderick Crawford à mener l’enquête.

1955 : Francis in the Navy : Francis la mule qui parle fut très populaire jusqu’à ce que le public apprenne médusé que son amusant rictus qui imitait si bien la parole était dû à la douleur de violentes décharges électriques ! C’est la sixième et dernière fois que ce pauvre Francis sera torturé à l’écran pour le plaisir des foules naïves. Quelle ne sera pas votre surprise si un jour vous mettez la main sur une copie de cette chose désuète d’y trouver Clint Eastwood !

1956 : Showdown at Abilene :  Martha face à Jock Mahoney, ex cascadeur en passe ici de devenir un des rois du western et qui dans le civil n’est autre que le beau père de…Sally Field !

1957 : My Man Godfrey :  Que l’on fasse des remakes de film, soit. Bien que je n’aie jamais compris l’intérêt de la chose si ce n’est peut-être de pallier à un manque d’imagination chez les créateurs.

1958 : Houseboat : Cary Grant veuf avec deux enfants est dans le collimateur de Martha son ex belle sœur qui a toujours été amoureuse de lui en secret. Malheureusement la sensationnelle Sophia Loren va passer par là.

1958 : Some Came Running : Martha semble transposer son personnage d’un film à l’autre, Frank Sinatra succède à Cary Grant dans ses aspirations sentimentales et Shirley MacLaine à Sophia Loren dans le rôle de la rivale.

1959 : The Big Fisherman : Après sa nomination aux Oscar voici Martha dirigée par Frank Borzage dans un film biblique sur la vie de Saint Pierre. Borzage a fait de Martha la princesse Hérodiade.

1959 : The Best of Everything : Martha, Hope Lange, Diane Baker et Suzy Parker ne sont pas trop de quatre pour affronter une Joan Crawford vieillissante et d’une humeur relativement moyenne à leur égard.

 

1960 : Ice Palace : Martha aux prises avec Richard Burton et Robert Ryan. Etrangement, les deux autres actrices du film, Carolyn Jones et Diane McBain dont ce sont les débuts éclipsèrent Martha.

1960 : Les Mystères d’Angkor : Un OVNI de l'ère des grandes coproductions internationales puisque Martha y rivalise avec Micheline Presle et que Carlos Thompson y affronte…Lino Ventura ! Le tout est dirigé par William Dieterle et sortira en salles en deux époques tant ces fameux mystères sont nébuleux et longs à résoudre.

1960 : Desire in the Dust : Cette production Century Fox n’ a pas grands intérêt si ce n’est celui d’y retrouver Joan Bennett et de voir Martha s’essayer  aux exploits marilynesques.

1961 : The Right Approach : Film mineur avec moins d’un million de dollars de budget ; Martha en journaliste de magazine féminin y côtoie Frankie Vaughan et la trop rare Juliet Prowse.

1961 : The Last Time I Shaw Archie : Une des rares rencontres au sommet entre Martha et un dur d’Hollywood. La voici confrontée à Robert Mitchum.

1963 : The Man From the Diners Club : Comédie supposée drôle avec Danny Kaye au volant.

1963 : Wives and Lovers : Escouade de blondeurs à Hollywood avec Martha, Janet Leigh et Shelley Winters ! Le tout donne une comédie bien surfaite et très démodée.

1964 : Pyro : Un petit Thriller sans prétention mais plutôt bien ficelé avec une Martha bien sexy et…très vilaine !

1964 : The Carpetbaggers : Un film qui fit grand bruit à l’époque par sa violence qui scandalisa les populations et ferait bien bailler aujourd’hui. 

1964 : First Men in the Moon : Une très ludique adaptation du roman éponyme d’H.G. Wells contant l’odyssée de ces cosmonautes 1890 souhaitant annexer la lune au profit de la reine Victoria. Un film qui se laisse regarder avec beaucoup de plaisir et beaucoup de second degré.

1964 : Bikini Beach : Martha qui décidément se sera faite déguster à toutes les sauces surgit dans un « Beach party film » entre Frankie Avalon et Annette Funicello.

1968 : The Sons of Katie Elder : Un western, certes, mais dirigé par Henry Hathaway avec Martha entre John Wayne, Dennis Hopper, Michael Anderson Jr. et Dean Martin. Sur le plateau, malgré un tournage au Mexique l’ambiance était moins joyeuse, le cancer de John Wayne venait d’être diagnostiqué ce qui avait retardé le début des prises de vues

1967 : La Mujer de Otro :Martha Hyer vedette de cinéma espagnol !

 

1971: The Day of the Wolves: Baroud d’honneur sur grand écran pour Martha Hyer... Elle se retire avec les honneurs d’un premier rôle face à Richard Egan mais dans un film passé complètement inaperçu.

Celine Colassin

 

LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS

(Avec Martha Hyer)

 

First Wife : En Novembre 1962 on annonce à grand fracas ce film « très attendu » pour 1963. Van Johnson y donnera disait-on la réplique à Shirley MacLaine, Shelley Winters et Martha Hyers.

 

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