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NASTASSJA KINSKI



Nastassja Aglaia Nakszynski naît à Berlin le 24 janvier 1959 ou 60 ou 61 suivant les sources et l’humeur de la principale intéressée. Sa mère est l’écrivaine Ruth Brigitte Tocki, son père l’acteur mythique Klaus Kinski. Mais si le père de Nastassja est aujourd’hui devenu un véritable mythe, il n’est encore qu’un acteur obscur à la naissance de sa fille. Il est connu pour avoir une « tête » et le cinéma teuton fait appel à lui lorsqu’il a besoin d’un traitre, d’un fourbe, d’un sournois, d’un sadique ou d’un tortionnaire dans un film de série B.

Nastassja n’est donc pas une « fille de » et lorsque ses parents se séparent, elle n’a que huit ans. Elle est confiée à la garde de sa maman et son père Klaus fera usage quelques temps de son droit de visite avant de les espacer et finalement disparaître presque complètement de la circulation.


La petite Nastassja est fort jolie. Même si la situation financière n’est pas au beau fixe, Ruth et sa fille vivant un temps dans une communauté d’artistes pour partager les frais, la profession de ses parents et leurs nombreuses relations « artistiques » permettent à la petite fille de grandir entre l’art et la culture.

 

Elle est encore aux portes de l’adolescence lorsqu’elle fait ses premières photos publicitaires. A 14 ans Wim Wenders la choisit et la fait débuter au cinéma dans « Le Faux Mouvement », nous sommes en 1975 et on pourrait connaître pire comme débuts !


Aussitôt le cinéma et les médias vont s’enticher de la jeune nouvelle venue à la beauté si particulière. Jusqu’au très prestigieux magazine VOGUE qui la choisit pour un édito mode. Consécration absolue de la beauté féminine dans l’air de son temps. Mettant les petits plats dans les grands, VOGUE mandate Roman Polanski pour photographier la beauté de Nastassja.

Très vite la relation amoureuse entre la jeune adolescente célèbre et le sulfureux réalisateur fait la une des médias. Au grand dam de VOGUE d’ailleurs qui n’aime pas mêler son papier glacé à la presse people !


Le réalisateur est alors au cœur du scandale qui le poursuit encore aujourd’hui. En 1977 il plaide coupable aux accusations de viol sur une adolescente. Sa relation sentimentale avec Nastassja, elle-même adolescente et elle-même sulfureuse pour s’être souvent montrée nue depuis ses débuts au cinéma n’est pas faite pour calmer les esprits. Le nom de Polanski s’entache à tout jamais de scandale et le couple pourchassé par la presse ne songe à aucun moment à légaliser sa liaison afin de calmer quelques esprits. La jeune femme ajoute de l’huile sur le feu en déclarant avoir été manipulée, toute innocente qu’elle était par les milieux du cinéma sans un père pour la protéger, à l’entendre, on lui aurait arraché sa robe d’écolière pour l’obliger à tourner nue, pauvre petite chose.


Roman Polanski fait de Nastassja l’héroïne d’une longue fresque romanesque : « Tess », mais le scandale qui poursuit le réalisateur comme son ombre est tel qu’il ne se trouve personne à Hollywood ou à Paris pour prendre le risque d’organiser la soirée de gala pour la première du film, laquelle aura finalement lieu à…Anvers ! Le triomphe sera pourtant au rendez-vous. Le film est nommé aux Oscar, déjà couronné meilleur film de l’année par les César. Nastassja également nommée comme meilleure actrice sera supplantée par Miou-Miou pour son rôle de prostituée dans « La Dérobade ».


Polanski dédie le film à son épouse assassinée en 1969, Sharon Tate qui rêvait d’être Tess à l’écran. Le film collectionne les honneurs mais le public est plus dubitatif sur les qualités d’actrice de Nastassja qui disparaîtra trois ans des écrans. Pour s’inscrire à l’actor’s studio et apprendre les rudiments de son métier nous disent les langues bien informées.

On la retrouvera en 1982, grandie, mûrie, devenue femme, sublime.

Elle fond en larmes sur la scène des César, bouleversée par la mort de Romy Schneider et avoue à l’audience perplexe qui Romy fut pour elle. Un véritable guide dans la vie à la fois comme actrice et comme femme.


Les retrouvailles du public international avec Nastassja Kinski ont le goût d’électrochoc malgré ce tendre aveu. Elle succède à Simone Simon dans le remake de « La Féline » sur une musique de David Bowie et le film devient culte en quelques jours d’exploitation seulement, Nastassja Kinski devient l’icône érotique d’un cinéma esthétisant et pseudo-intellectualisé. Elle remet le couvert l’année suivante avec « La Lune dans le Caniveau » de Jean-Jacques Beineix où toute de rouge vêtue dans son cabriolet Mercedes des années 50, rouge lui aussi, elle met le feu à l’écran et place la barre si haut que Victoria Abril elle-même peine à exister dans le film.

Nastassja Kinski triomphe, et c’est peu de le dire, dans un cinéma à l’esthétique nouvelle qui démode tout ce qui a été tourné avant.


Mais les particularités des quelques films de cette veine, particularités qui auront fait leur succès vont aussi très vite « dater » les œuvres et en faire des OVNIS « spécial Eighties » pour les générations futures qui retrouveront les films de Wilder et Mankiewicz avec jubilation.


Dix ans plus tard déjà, « La Féline », « Les Prédateurs », « Diva », « La Lune dans le Caniveau » seront passés de mode comme de vieux chapeaux avant de devenir  objets de culte, symboles de l’esthétique d’une époque révolue. Si l’on revoit ces films aujourd’hui, c’est pour leurs éclairages bleutés, leurs musiques synthétiques et les robes à padding de Catherine Deneuve,. Certainement pas parce que ce sont de beaux et bons films. Ils sont le reflet d’une époque révolue, l’époque du « vidéo-clip ».

Je me souviens personnellement que le film de Beineix était resté fort peu de temps à l’affiche des cinémas mais que l'on pouvait l’admirer de tout son soûl projeté sur les murs des discothèques à la mode entre « Caligula » et « Bons Baisers de Russie ».


On pouvait danser sur Niagara et Axel Bauer, habillées par Alaïa et Mugler, les cheveux en porc-épic, maquillées comme Madonna et admirer Nastassja hanter les sombres ruelles du film dans ses robes de mousseline rouge sang.

Toute une époque !

Une époque qui n’a pas duré.


Nastassja Kinski aura pour sa part continué sa trajectoire de comète fabuleuse estampillée années 80.


En 1984, elle est au sommet des affiches avec un autre film culte : « Paris Texas » et le public pourtant blasé de l’époque cancane à tout rompre. La belle actrice a attendu la naissance de son fils Aljosha le 29 Juin dont le père est l’acteur Vincent Spano que Nastassja avait soufflé à Laura Dern vedette du film pour épouser trois mois plus tard le cinéaste égyptien Ibrahim Moussa.


Nastassja Kinski devient madame Nastassja Moussa le 10 Septembre 1984.

Elle sera à nouveau maman, d’une petite Sonia, cette fois en 1986.

Les époux Moussa se séparent en 1992 et Nastassja croise alors la route de Quincy Jones avec qui elle aura également un enfant, la petite Kenya née le 9 février 1993.


Durant toutes ces pérégrinations sentimentales, bien que Nastassja Kinski ne déserte pas les écrans, son étoile pâlit au fil du temps et des films qui ne trouvent pas leur public.

Le public des années 80 n’a pas été très fidèle à ses égéries et de Gabrielle Lazure à Isabelle Adjani, toutes connaîtront une longue traversée du désert.

Parfois, bien sûr, Nastassja est à l’affiche d’un film qui marche, comme l’épouvantable « Terminal Velocity » mais elle n’est plus qu’une actrice dans un film et non l’icône sublime autour de laquelle s’articulent les fantasmes d’un public ébloui. Mais peut-être n’est-ce que question de temps ?

Celine Colassin


QUE VOIR ?


 1975 : Faux Mouvement : Les juvéniles débuts de Nastassja pour Wim Wenders

 1976 : Une Fille pour le Diable : Film de pseudo épouvante ridicule où l’habituelle jouvencelle est destinée à l’habituel sacrifice de l’habituelle messe noire ! L’ensemble n’est pas sauvé par une distribution de prestige où l’on peut admirer l’incontournable Christopher Lee mais aussi Richard Widmark et l’ex James Bond girl Honor Blackman qui passe un sale quart d’heure. Nastassja la trucide à coup de peigne !

1978 : La Fille : Ce film d’Alberto Lattuada est pour ma part mon film préféré de Nastassja Kinski. Elle y bouleverse les sens de Marcello Mastroianni, lequel ignore qu’il partage ses nuits avec sa fille. Nastassja était très rarement habillée dans le film, et le photographe de plateau fit une véritable fortune, Nastassja, nue dans « la fille » s’affichait partout, pas un magazine de cinéma qui ne se soit privé de sa beauté en première page.

1979 : Tess : Nastassja dans le rôle titre du film fleuve de Polanski. Les images sont très belles mais le film souffre d’une froide lenteur et exige du spectateur un effort pour s’intéresser aux déboires de Tess d’Uberville. Les César couronneront le film meilleur film de l’année.


 1982 : Coup de Cœur : Le film de Francis Ford Coppola était attendu comme « le » film de l’année et fut un des désastres les plus catastrophiques du cinéma. L’entreprise eut raison de la toute fraîche maison de production de Coppola.

1982: Cat People : Le triomphe du film et de sa musique fut l’évènement culturel de l’année et fit passer l’échec de « Coup de Cœur » complètement inaperçu aux yeux des fans de Nastassja.

1983 : La Lune dans le Caniveau : Autre film culte pour Nastassja sublimée par Beineix dans un film plutôt nébuleux à la compréhension mais qui se laisse regarder.

1984 : Hôtel New Hampshire : Les fans de la plastique sublime de Nastassja en furent pour le prix du billet : la belle ne quitte pas sa peau d’ours !

1984 : Paris Texas : Nastassja retrouve Wim Wenders pour un autre film cultissime à mourir !

1984 : Maria’s Lovers : Un magnifique film, un joli succès et un Robert Mitchum crépusculaire. On peut s’étonner du titre puisque Nastassja ne collectionne pas de lovers.

1985 : Révolution : Encore un film au budget titanesque qui semble se fondre dans l’oubli malgré Al Pacino, Nastassja et Donald Sutherland !

1985 : Harem

1987 : Maladie d’Amour : je n’ai pas vu ce film mais j’ai un peu du mal avec le cinéma de jacques Deray, parfois…

1989 : Magdalene : Monica Treuber confie le rôle titre de son film à Nastassja et le tout est complètement passé inaperçu et a continué sa route vers les oubliettes du cinéma.

1989 : Les Eaux Printanières : D’après le roman éponyme d’Yvan Tourgueniev et avec Timothy Hutton.

1989 : Clair : Un des premiers films à considérer que le fléau du sida nous concerne tous et toutes, avec Dominique Sanda, Faye Dunaway et Peter O’Toole tout à fait prodigieux.

 

1990 : Le soleil même la nuit : Le film des frères Taviani est une merveille tant dans sa forme que dans son propos et Julian Sands est époustouflant.

1993 : Si Loin, Si Proche : Nastassja retrouve Wim Wenders pour cette suite bien tardive des « Ailes du Désir ».

1994 : Terminal Velocity : Un film d’action ridicule à force de vouloir trop en faire. Je ne me souviens pas du nébuleux propos de l’ensemble mais je n’ai pas oublié Nastassja enfermée dans le coffre d’une voiture qui tombe d’un avion mais qui est quand même sauvée par le héro !

1997 : La Fête des Pères

1998 : Savior 

1998; Susan a un Plan : Nastassja est supposée mener cette pseudo comédie à un rythme débridé mais malgré de louables efforts, elle n’est pas la réincarnation de Judy Hollyday.

1999 : Suspicion : David Bailey, photographe people des années 60 et accessoirement premier mari de Catherine Deneuve passe derrière la caméra et ne pouvait imaginer son film sans icônes de mode à photographier (on ne se refait pas) il confie donc les rôles féminins à Charlotte Gainsbourg et Nastassja.

1999; Entre Amis et Voisins : Un navet orienté sur la recherche et les interrogations sexuelle d’un groupe de cons lobotomisés à la quarantaine bien tapée.

1999: Le Fils Perdu : Auteuil en privé fauché à la Philip Marlowe embarqué dans la traque des réseaux pédophiles. Je n’ai pas d’avis bien tranché, je crois qu’il faut être fan d’Auteuil pour aimer ce film, l’acteur est magistral, c’est un vrai festival, mais le film en soi n’est guère révolutionnaire.

 

2000 : En Lettres de Sang

2001 : Potins Mondains et Amnésies Partielles : Ce genre de titre qui annonce généralement une comédie américaine où les personnages vont se conduire comme des préadolescents sur un scénario à la densité d’un bibelot de Murano me fait frémir de terreur et je les évite au maximum. Cette chose ne pouvait échapper aux poncifs du genre, c'est-à-dire des acteurs bien habillés qui s’excitent sur des situations stupides et improbables avant un joyeux happy end à la noix. On revoit Jack Lemmon avec une tendre émotion et on admire Andie MacDowell en attendant que ça se termine.

2001 : Beyond the City Limits : ou “ Hold-up au féminin” ou “Eleven 12 en talons aiguilles” ou “Trois Belles et le Casino”

2002 : Rédemption : Je n’ai pas cru une seconde à ce film long et ennuyeux, nous sommes en Californie du Nord au milieu du XIXème siècle et on a l’impression que les personnages sont « mis en beauté » par Calvin Klein, on ne croit à rien et surtout pas à Milla Jovovich en pionnière de l’ouest ! Pourquoi nous transposer dans une autre époque et en des lieux improbables pour nous abreuver d’anecdotes sans intérêt qui pouvaient se jouer dans n’importe quelle cuisine d’HLM et nous ennuyer tout aussi bien !

2002 : American Rhapsody : Nastassja mère de Scarlett Johansson dans la Hongrie des années 50, on se prend à jubiler d’aise et bien calés dans un confortable fauteuil, déconnecté du monde, on peut savourer enfin un navrant pensum à côté duquel « la petite maison dans la prairie » fait figure de thriller au scénario diabolique.

2003 : Paradise Found : Kiefer Sutherland en Gauguin aux Marquises.

2004 : A Ton Image : Sous la houlette de Christophe Lambert, Nastassja Kinski enfante un clone d’elle-même.

2007 : Inland Empire : Nastassja chez son mentor David Lynch où elle retrouve Laura Dern après avoir entre dames du beau monde oublié leur ancienne compétition sentimentale. Laura est bien sûr parfaite mais je trouve que l’univers de Lynch se renouvelle bien peu, et puisqu’il n’y a plus d’effet de surprise, il y a un effet de redite qui devient franchement pompeux.

2011 : Sugar : Nastassja revient au cinéma pour un sujet qui n’avait encore jamais été abordé : les enfants SDF d’Hollywood.

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