
Parce qu’elle fut une des reines d’un cinéma qui n’existe plus, celui de la comédie érotique italienne des années 70, parce qu’elle fut tout du long de sa carrière d’une discrétion absolue à propos d’elle-même, il n’y a pas grand chose à dire à propos de la belle Orchidéa de Santis.
La belle se tait, ses films ne sont plus visibles aujourd’hui. Ils ne l’ont d’ailleurs souvent été qu’entre ses frontières natales. Tout cela serait bien triste si Orchidéa n’était pas aujourd’hui une femme heureuse, une productrice respectée et ma foi, toujours aussi ravissante malgré la fuite du temps.
Orchidéa naît le 20 Décembre 1948 à Bari dans les Pouilles, une des plus belles régions de l’extrême sud de l’Italie. Pour cette ravissante enfant, les choses vont aller très vite. La toute jeune télévision italienne, la RAI cherche de ravissants bambins pour agrémenter les décors de ses émissions enfantines et notre future reine des tenues légères est choisie pour montrer son juvénile minois.
Dès l’âge de 14 ans, la jeune fille souhaite tenter sa « vraie chance » et débute au cinéma en 1963 dans « Queste pazze pazze donne ». Un film à sketches dont la charmante vedette est la française France Anglade ainsi que Misha Auer dans un rôle de psychiatre déjanté.
Orchidéa aborde le cinéma à un âge ou elle ne peut déjà plus prétendre aux lauriers d’une Shirley Temple car elle est trop âgée mais elle n’est pas encore une femme. Elle est une adolescente. L’âge ingrat par excellence pour les actrices lorsqu’on ne s’appelle pas Natalie Wood ou Romy Schneider.

En 1967 elle a 19 ans et soudain le monde entier change et l’Italie en particulier.
C’est l’aube de la libération sexuelle qui explose littéralement en 1969 pour faire de la décennie suivante la décennie miraculeuse de la liberté sexuelle et féminine. La nudité n’est plus choquante, les esprits s ‘ouvrent en même temps que les vêtements tombent. L’époque est légère, on veut vivre, s’aimer et ne plus faire ni la guerre ni carrière. L’épanouissement personnel passe avant tout. Il est défendu de se prendre au sérieux et de porter un soutien gorge.
Le cinéma s’engouffre dans cette brèche, le cinéma italien est le véritable fer de lance de cette nouvelle tendance laissant loin derrière lui le cinéma américain resté pudibond.
Les reines des années 70 seront les reines du cinéma italien. Des reines souvent d’adoption comme Marisa Mell et Senta Berger les autrichiennes, Sylva Koscina la croate, Barbara Bouchet et Karin Schubert les allemandes, Ursula Andress la suissesse, Florinda Bolkan la brésilienne ou Carrol Baker l’américaine. Orchidéa fait partie du bataillon national avec Agostina Belli, Dalila di Lazzaro, Ottavia Piccolo, Stefania Sandrelli , Ornella Muti et quelques autres incontournables beautés de la décennie.

En 1980, les premiers happy few montrent leurs faces vénales et leurs vêtements BCBG, aidés en leur prise de pouvoir par l’avènement du sida qui à nouveau punit le sexe alors même que les dernières maladies vénériennes étaient à peine éradiquées.
Ces dames vont se rhabiller et endosser des tailleurs structurés dissimulant les courbes féminines mieux que des armures et aux aux épaules démesurées par Claude Montana et Thierry Mugler.
C’est l’année où un accident grave éloigne Orchidéa de Santis des écrans.
Elle avait déjà derrière elle une carrière impressionnante, elle avait tourné cinq films en 1970, dix en 1972 et avait soutenu un rythme effréné durant toute la décennie. Si elle a tenu essentiellement des seconds rôles dans des comédies érotiques un rien bouffonnes, elle a également été dirigée par de grands metteurs en scène dans des oeuvres majeures. Elle passait même les Alpes pour venir donner la réplique à Gérard Depardieu sous la direction de Jacques Rouffio dans « René la Canne » en 1977.
Remise de ses blessures, Orchidéa de Santis raccroche définitivement ses froufrous de scandaleuse des écrans et ne réapparaîtra que dans deux films. Ses passions et ses intérêts sont désormais ailleurs, dans la production et surtout dans la défense des animaux, domaine ou sa pugnacité n’a rien à envier à celle d’une Brigitte Bardot ou d’une Doris Day!
Celine Colassin

QUE VOIR?
1963: Queste pazze pazze donne: Avec France Anglade et Mischa Auer
1964: Gli invincibili tre: Avec Lisa Gastoni
1966: Come imparai ad amare le donne: Avec Michèle Mercier, Anita Ekberg et Nadja Tiller
1966: La Battaglia dei Mods: Avec Elga Andersen et Joachim Fuchsberger
1969: Togli le gambe dal parabrezza: Avec Carole André et Gaby André
1969: The Labyrinth of Sex: Avec Susy Andersen
1970: Concerto per pistola solista: Avec Anna Moffo
1970: Una macchia rosa: Avec Delia Boccardo et Valeria Moriconi
1972: Un dólar de recompensa: Avec Peter Lee Lawrence
1972: Anche se volessi lavorare, che faccio?: Avec Adriana Asti et Enzo Cerusico
1972: Amore e morte nel giardino degli dei: Avec Erika Blank et Peter Lee Lawrence
1972: Ettore lo fusto: Avec Rossana Schiaffino et Vittorio de Sica
1973: Paolo il Caldo: Avec Rossana Podesta, Ornella Muti, Barbara Bach et Giancarlo Giannini
1974: Scusi, si potrebbe evitare il servizio militare?… No! Avec Gianni Dei
1974: Pour aimer Ophélie:Avec Giovanna Ralli et Françoise Fabian
1975: Il vizio di famiglia: Avec Edwige Fenech et Juliette Mayniel
1975: Charlys Nichten: Avec Elke Boltenhagen et Eva Gross
1975: Attenti… arrivano le collegiali!: Avec Toni Ucci
1976: Prostituzione: Avec Maria Fiore
1977: René la Canne: Avec Sylvia Kristel et Gérard Depardieu
1978: Tanta Va la Gatta al Lardo: Avec Valentina Cortèse et Walter Chiari
1978: Ridendo e scherzando: Avec Walter Chiari et Macha Meril