Entre le rose et le noir, les cinéphiles ont choisi depuis longtemps. A ce titre, le destin de Patricia Viterbo devrait faire figure à leurs yeux amateurs de tragédies de celluloïd, de grand classique. Si toutefois les cinéphiles savaient qui était Patricia Viterbo.
Patricia Viterbo naît le 21 Mars 1939 au Vésinet dans les Yvelines. On sait peu de choses sur les débuts dans la vie de cette jolie « starlette » comme on disait à l’époque. Outre ses démonstrations de bikinis sur toutes les plages à proximité d’un festival de cinéma, c’est au bras du jeune Johnny Hallyday que la belle, tantôt brune tantôt blonde fait son entrée dans la presse people.
La valse hésitation du jeune chanteur, la nouvelle « idole des jeunes » fait autant vendre de papier que les tumultueuses amours de Brigitte Bardot, c’est dire! Les fins observateurs placent Patricia Viterbo ex aequo avec Sylvie Vartan dans la course au mariage, certains penchent en faveur de la belle Catherine Deneuve. Pour faire durer le suspens, on feint d’ignorer que Johnny et Patricia vivent ensemble. Johnny on le sait choisira Sylvie. Entretemps, Patricia est devenue une « aspirante à la gloire » qui compte dans le cinéma Français. Elle continue son palmarès de liaisons tapageuses. Notamment avec Olivier Despax et Sean Flynn avant de se poser un peu plus longtemps avec le jeune premier Michel Beaufort. Lequel plus sobrement discret préfère Evian a Saint Tropez pour passer les vacances avec sa belle. Alors qu’il est l’une des principales locomotives de la « Dolce Vita » internationale.
C’est ensuite le jeune et beau Maurice Jacquin qui fait son entrée dans la vie et le cœur de Patricia bien qu’on le voie très souvent avec Bettina, la jeune veuve du prince Ali Khan.
Patricia Viterbo tourne, et même beaucoup. Des films qui, hélas pour elle, semblent avoir la médiocrité et le manque d’ambition pour dénominateur commun. On est dans un registre de gauloiseries policières aux titres évocateurs de grands moments tel « Des Frissons Partout », « Laissez tirer les Tireurs ». Les année 1963-1964 sont particulièrement fertiles pour la belle. Elle aligne sept films sans interruption d’un mois de Juillet à l’autre. Aucun des sept ne connaîtra la postérité. Peu de titres de gloire pour Patricia et peu de chance…
Elle tourne un film maudit avec une Martine Carol crépusculaire « L’Enfer est Vide » et on l’aperçoit à peine dans le magnifique « Two for the Road » de Stanley Donen où elle a affaire, il est vrai, à Audrey Hepburn et Jacqueline Bisset. Pourtant la jolie Patricia ne désespère pas même si ses tentatives italiennes n’ont pas été plus glorieuses.
Pour le film de Pierre Zimmer « Judoka agent Secret », Patricia Viterbo ne voit pas l’utilité de déplacer une doublure pour une scène ridicule et sans danger. Laquelle consiste à être la passagère d’une voiture, conduite par Henri Garcin roulant à vive allure le long de la Seine.
Cette amabilité va lui coûter la vie.
La voiture dérape sur le quai mouillé, fait une embardée et tombe à l’eau.
Henri Garcin s’en sortira mais Patricia reste prisonnière de la voiture..
Elle meurt noyée le 10 Novembre 1966 à 27 ans.
Elle sera inhumée dans le petit cimetière de ce Vésinet qu’elle aimait tant et qui l’avait vue naître.
Ses derniers films sortiront de manière posthume, connaîtront une carrière relativement confidentielle et l’oubli se fera sur la petite noyée de la Seine.
Fort curieusement, Johnny Hallyday se fendra d’une déclaration larmoyante et complètement sidérante, parlant de Patricia comme de son grand amour alors qu’il a épousé Sylvie Vartan 18 mois plus tôt. Il va donner une version effarante de l’accident avec une histoire de frein à main et de voiture qui glisse jusqu’à s’encastrer dans une pilasse de pont en construction. Puis il évoquera la mort au coeur son retour le soir du drame dans l’appartement où flottait encore le parfum de Patricia et où attendaient dans ses placards une multitude de robes qui ne seraient plus portées. Johnny sous entend que Patricia vivait chez lui car ses robes étaient dans ses placards.
Celine Colassin
QUE VOIR?
1963: Des Frissons Partout: Avec Eddie Constantine, Janine Villa et Sophie Hardy
1964: Les Gros Bras: Avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault
1964: Requiem pour un Caïd: Avec Francis Blanche et Claire Maurier
1964: Les Gorilles: Avec Francis Blanche, Béatrice Altariba et Darry Cowl
1965: Ces Dames s’en Mêlent: Avec Eddie Constantine, Carla Marlier et Annie Cordy
1966: L’Enfer est Vide: Avec Martine Carol et James Robertson Justice
1966: Two For the Road: de Stanley Donen avec Albert Finney, Audrey Hepburn et Jacqueline Bisset
1968: Sale Temps pour les Mouches: Avec Gérard Barray, Nicole Maurey et Jean Richard (ce film aura mis deux ans à trouver un distributeur)