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CAROLE LOMBARD


“To Be or Not to Be” le formule est chère au prince d’Elseneur. Nonobstant qu’il s’agit du titre du dernier film de l’actrice, cette réflexion d’Hamlet face à la mort s’impose ici, au moment de retracer le parcours d’une vie tragiquement fauchée. Une fin qui bouleversa les cœurs, enflamma les imaginations et s’inscrivit à jamais dans la mémoire collective comme un des drames de son siècle.

 

Il faut donc revenir sur les étapes majeures la vie d’une femme dont le métier était de faire rire, faisant de son humour son arme de guerre dans la vie et sur les écrans, et dont la vocation première fut le bonheur avant la gloire.

Alors même que l’image que nous gardons d’elle est à jamais cette vie fauchée dans le fracas d’un avion qui s’écrase. Il est difficile de faire, je l’avoue, la part du rire et celles des larmes entre vérités et légendes pour retrouver, dans son éclatante beauté solaire et rieuse la star Carole Lombard.

La future star Carole Lombard naît à Fort Wayne dans l’Indiana, le 6 Octobre 1908.

Elle est inscrite à l’état civil sous le patronyme de Jane Alice Peters. Cadette du couple Frederick et Elizabeth Peters qui sont déjà flanqués de deux garçons, Frederick JR dit Fred et Stuart. Carole grandira entre ses deux grands frères, ce qui expliquera sans doute plus tard son côté garçon manqué, son langage très vert, son goût pour les plaisanteries risquées et les pintes de bière forte.

 

La vie de la famille Peters est hélas entachée d’un drame. Le père, Frederick a été victime d’un accident de travail qui lui laisse d’incessantes douleurs à la tête. Parfois ces douleurs sont si violentes, que l’homme hurle à la mort durant des heures ce qui terrifie bien entendu la petite Jane Alice. D’autant que ces crises de douleurs poussent l’homme à bout de résistance nerveuse dans des colères terribles.

Pour sa sécurité et le bien de ses enfants, Elizabeth demande le divorce et dès 1914 quitte l’Indiana pour s’installer à Los Angeles avec sa marmaille. Jane Alice a sept ans.


Pour la jeune demoiselle qui fait l’admiration de tous ses professeurs avec sa vive intelligence mais aussi ses grands yeux bleus de ciel qui lui dévorent le minois, les choses iront très vite.


Elle a douze ans, et profitant d’un jour de congé, elle joue au football dans la rue avec ses frères et les gamins du quartier.  Elle et bien entendu la seule fille de la bande, et déployant une belle énergie pour la victoire, elle assaisonne ses adversaires de tous les noms d’oiseaux qu’elle connaît, histoire qu’ils se « bougent un peu le cul ! »

 

Le miracle fut que le réalisateur-producteur Allan Dwan assistât au match impromptu, et mort de rire, proposa à la petite fille de douze ans un rôle de garçon manqué dans un film : « A Perfect Crime ». Rien de bien palpitant,  il s’agit d’être la petite sœur « tête brûlée » de Monte Blue et Carole sera créditée au générique sous son vrai nom « Jane Peters as Gregg’s Sister ».

Pour la petite demoiselle qui fêta ses 13 ans sur le plateau, les choses furent d’une facilité étourdissante. Il suffisait de faire très exactement ce qu’elle faisait dans la vie de tous les jours !

Sauf qu’elle serait payée pour le faire sous prétexte qu’il y avait dans les parages un monsieur tournant la petite manivelle d’une caméra !

La belle affaire !

Déjà cette jeune personne se demandait pourquoi on faisait à Los Angeles tout ce tintouin à propos du cinéma, rien n’était plus facile !


Mais bien que la petite demoiselle restât très enthousiasmée de l’expérience, maman Elizabeth veillait au grain et elle retourna séance tenant à l’école !

Elle devrait montrer patte blanche et d’excellents résultats scolaires avant de pouvoir envoyer quelques photos aux départements casting des studios et rester consciente qu’elle ne ferait du cinéma QUE pendant les congés scolaires. De plus, Elizabeth était terriblement superstitieuse et  ne croyait pas que l’on puisse rencontrer la chance et le succès dans un métier commencé à 13 ans ! Toujours ce maudit chiffre 13.

Il faudra donc attendre 1924 pour revoir Jane Peters aux écrans !

Rien de bien palpitant d’ailleurs, on serait bien en peine de la retrouver sur ces bobines où elle n’est souvent même pas créditée au générique, et à supposer que ces bobines soient parvenues jusqu’à nous et qu’il s’agisse bien de la bonne Jane Peters !

Ce patronyme résolument trop commun sera échangé contre celui de Carole Lombard dès 1925 où la demoiselle, craignant de louper une bonne affaire et de commettre une erreur de débutante, signa les deux contrats qu’on lui proposait : celui de Mark Sennett et celui des studios Pathé.


Déjà drôle et admirablement sociable, la nouvelle Carole Lombard s’était fait d’emblée de nombreux amis à Hollywood. Dans cet univers qui se grise déjà de sa propre importance et est le premier à croire aux légendes qu’il fabrique, le comportement joyeux et primesautier de cette jolie demoiselle de dix-huit ans est une agréable oasis de fraîcheur. Dans cette ville, on s’habitue déjà aux comportements de divas exubérantes aux tempéraments hautement volatiles telles Clara Kimball Youg, Mae Murray, Nita Naldi, Gloria Swanson, Norma Thalmadge ou Pola Negri.

Carole s’était d’ailleurs exclamée en voyant Clara : « On dirait le vampire d’une chouette ! »


Chez Sennett, la « bathing beauties » Marie Prévost la prendra sous son aile et chez Pathé elle profitera de la protection de Miriam Cooper qui n’est autre que madame Raoul Walsh à la ville.

Le destin se chargera lui-même de mettre tout le monde d’accord, les productions Sennett vivent leurs derniers instants et les studios Pathé qui restent encore au XXIème siècle une société phare du paysage culturel français ne réussit pas son implantation américaine.


La future vedette, de son côté, commence son incessant flirt avec la mort. Elle est victime d’un violent accident de voiture qui la laisse immobilisée de nombreux mois et qui lui laissera une longue cicatrice allant de l’aile du nez à l’oreille droite, ce qui la rendra longtemps difficile à maquiller et plus encore à filmer.


Dès 1925, Carole se retrouva donc chez Fox avant de devenir une des « first lady » du studio Paramount qui s’enorgueillira des présences simultanées de Marlène Dietrich et Mae West !

Bien qu’à l’avènement du parlant, Carol Lombard n’ait pas encore trouvé son look altier qui fera d’elle une des comédiennes les plus allurales de l’écran et une des femmes les mieux habillées de son temps grâce essentiellement à Travis Banton, elle est néanmoins une actrice connue et bien cotée. Certes, son maquillage de vamp bien trop chargé alourdit son regard et tue son expression. On s’obstine en outre à cacher son front que l’on trouve trop grand.

Bref, malgré le look plutôt désastreux des premières heures qui ne réussit pas à entacher sa beauté mais plutôt à la dissimuler en tentant de la faire correspondre aux canons de mode et de beauté d’une époque qui lui va mal. Carole Lombard est une « valeur reconnue ».

Une des seules d’ailleurs à passer avec éclat le test du fatidique cinéma parlant.

Quand les accents cambrousards, les voix mal placées ou nasillardes ne tuent pas les stars, c’est le jeu outré de ces dames, tenant plus du mime que de l’art dramatique qui les démode d’un seul coup. Le gratin des divas de l’écran hollywoodien est éradiqué des écrans dans le fracas que provoquent les nasillements crachoteux des premiers micros et des éclats de rire du public. Elles ne seront qu’une poignée du florilège de stars hollywoodiennes muettes à être encore applaudies après avoir ouvert la bouche.

Seules Greta Garbo qui tenta la chose bien après tout le monde en sortit grandie.

Joan Crawford, Norma Shearer, Claudette Colbert et quelques autres dont Carole Lombard survécurent.

Quant aux « vampires de chouettes », ils s’envolèrent à jamais et désertèrent les écrans avec leurs traînes, leurs perles, leurs turbans et leurs aigrettes.

Hollywood fit alors venir de toute urgence des contingents d’actrices « parlantes » et bientôt chantantes de Broadway dont Bette Davis, Jeanette Macdonald ou Barbara Stanwyck mais sur celles-là, Carole avait une longueur d’avance : elle était chez elle !

 

Mais si Carole est une actrice populaire ou du moins connue en 1930, cela ne veut pas dire qu’elle est une « star ».

Elle est cantonnée à d’aimables comédies de consommation courante et ses studios successifs ne mirent jamais sur pieds pour elle de grands « lancements » comme en bénéficiaient les stars MGM ou encore Marlène Dietrich dès son arrivée sur le territoire américain et dans les bras de Gary Cooper pour « Morocco ».

Elle aurait d’ailleurs pu s’en offusquer, mais elle avait d’autres chats à fouetter !

Après tout n’avait-elle pas tourné vingt films en 1928 ?

 

Hollywood ne faisait pourtant grand cas que d’actrices qui pinaillaient et qu’il fallait supplier à genoux pour qu’elles condescendent à en faire un par an !


En 1930 elle avait enfin rencontré l’élu de son cœur, l’acteur William Powell. Powell est de son côté un acteur de tout premier plan qui cumule les succès depuis 1922. Le couple s’était rencontré en Octobre 1930 et leur coup de foudre s’était mué en liaison solide sur les tournages des deux films où ils se donnèrent la réplique avant d’être officialisée par un mariage mûrement réfléchi et consentit.

 

Carole Lombard commençait à payer son attitude franche et garçonnière, parce qu’elle avait plus souvent le gros mot que la rose à la bouche, les mâles hollywoodiens se croyaient maintenant autorisés à lui claquer les fesses au lieu de lui dire bonjour, ce qu’elle appréciait modérément. Mais la belle aux yeux pâles n’avait pas appris à se battre avec ses frères dans les rues pour rien, ses réponses, quoique souriantes étaient fort douloureuses et on n’y venait qu’une fois ! Mais on y venait.

De seize ans son aîné, William Powell gentleman dans l’âme, dans la vie et sur les écrans ne se serait jamais permis ce genre de privautés.

L’homme non seulement raffolait de l’humour de Carole mais avait su voir derrière cet étrange aspect de star hollywoodienne doublée d’un demi de mêlée, la femme tendre et sensibles aux aspirations bourgeoises qu’elle était et la lady qu’elle pouvait devenir.

Powell la traita d’emblée en tant que telle et exigea que tout le monde fasse pareil à Hollywood.

Carole et le saphir
Carole et le saphir

L’acteur offrit à l’élue de son cœur une pierre précieuse sublime et parfaite taillée en cabochon, un saphir que Carole portera désormais dans tous ses rôles et dans tous ses films.

Une bague qui bientôt entrera dans la légende.


Le 26 Juin 1931, le couple convolait et du dernier des chroniqueurs au premier de leurs intimes, tous jouèrent leur mariage perdant.

Personne ne crut un instant que William Powell cet être aussi posé que discret et raffiné pourrai vivre dans le perpétuel tourbillon pétardier qu’était la vie de sa femme. Carole ne voulut rien entendre, elle adorait littéralement Powell. Elle tourna d’ailleurs, au temps de leur union, un film avec Clark Gable dont elle ne s’aperçut même pas de la présence, trop pressée qu’elle était de rentrer à la maison retrouver son précieux William.


Il convient de dire pour être honnête que Clark était à l’époque non seulement marié, mais qu’il menait une relation extra conjugale très suivie avec Joan Crawford. La MGM craignant que cette liaison ne fasse scandale, le studio exile le King vers les plateaux médiocrement réputés de la Columbia pour « New-York Miami », film auquel personne ne croit. Et surtout pas Carole qui refuse le rôle ! Rôle dans ce film qui vaudra l'Oscar à Claudette Colbert et à Clark Gable.

Les mauvais augures eurent pourtant raison, en 1933, le couple Lombard-Powell divorçait, estimant leur relation plus confortable en qualité de meilleurs amis du monde plutôt qu’en tant que couple légalement marié. William Powell avait trop de tact pour reprendre le légendaire saphir qu’il avait offert à Carole et qu’elle se proposait de lui rendre. La star porte encore le précieux bijou sur les photos où on la voit en compagnie des chevaliers servants qui succédèrent à Powell dans sa vie.


Ils se retrouveront d’ailleurs sur le plateau de « My Man Godfrey » en 1936, déjà divorcés et avouant l’un comme l’autre n’avoir jamais tant ri de leur vie sur un plateau de tournage. Leur joie communicative dans cette comédie débridée leur vaudra d’être tous les deux nommés aux Oscar mais Powell sera évincé par Paul Muni pour son interprétation de Louis Pasteur. Quant à Carole, elle vit sa seule occasion de devenir une star oscarisée s’en aller dans les bras gracieux de Luise Rainer couronnée pour « The Great Ziegfeld », film où l’omniprésent William Powell brillait également dans le rôle titre.


William Powell affirmera cependant et malgré le « bon souvenir » qu’il gardait de leur union ne plus jamais vouloir vivre de sa vie le « calvaire d’être marié à une star de cinéma », ce qui fera plus tard le malheur de Jean Harlow.

Divorcée, Carole s’installe seule dans une villa sur Hollywood Boulevard, mène une liaison avec Gary Cooper fraîchement et momentanément libéré de Marlène Dietrich. Bien que très discret sur ses aventures, Gary forma avec Carole pour qui la discrétion était une notion complètement surréaliste, en tout cas étrangère au métier de star d’Hollywood un couple d’une rare beauté et parfaitement assorti. Ils symbolisaient parfaitement toute l’élégance et le glamour dont Hollywood était capable. Le beau Gary ne fut cependant qu’une tocade passagère et sortira de la vie de Carole, laquelle tombera instantanément très amoureuse de George Raft. Elle est alors la principale « locomotive » d’Hollywood.

 

George et Carole ont d’ailleurs leur petit numéro personnel, attraction privée qu’ils réservent à l’élite de leurs amis. Ils aiment apparaître aux soirées, George portant parfaitement le smoking, ôtant la précieuse fourrure qui couvre les épaules de Carole, dévoilant la robe se soir sublime à la limite de l’insensé que porte l’actrice et s’élançant aussitôt dans une spectaculaire démonstration de rumba puisque, comme par hasard, l’orchestre de connivence commençait leur « air préféré ». Cela peut sembler anecdotique, mais un soir, Carole s’approcha de Ginger Rogers et lui avoua sa totale admiration, laquelle lui répondit « Mais ma chère, je vous dois tout! ». Quand Carole n’exhibe pas ses fabuleuses créations sur la piste du « Cocoanut Groove », c’est qu’elle est restée à la maison. Et le tout Hollywood avec elle ! Carole Lombard donne les « partys» les plus insensées d’Hollywood où tout le monde se presse sans que la presse ne soit conviée. C’est que ce bon Georges a des amis aux costumes bien coupés qui savent aussi maintenir les curieux et les importuns à distance !


Tout le monde se souvient encore qu’elle loua tout un parc d’attraction pour y recevoir ses invités, et les photographes exceptionnellement tolérés purent photographier les stars  hilares dévalant des toboggans dont Claudette Colbert et Marlène Dietrich pour l’occasion vêtue en garçonnets ! Tout Hollywood se presse aux fêtes de Carole Lombard qui n’a qu’une seule rivale en festivités débridées : la patineuse suédoise et actrice momentanée Sonja Henie, mais si les fêtes de Sonja sont les plus somptueuses, celles de Carole sont les plus débridées, et à Hollywood, on préfère !


A l’écran son étoile ne cesse de grandir et avec la signature du contrat Paramount et la rencontre de Travis Banton qui sera aux styles Dietrich et Lombard ce qu’Adrian fut aux styles Garbo et Crawford, elle va devenir une star de toute première grandeur.

Somptueuse et allurale à souhait, presque hautaine, la star se déchaîne littéralement à l’écran et rien ne lui fait peur, fut-ce les plus épouvantables grimaces, la reine du glamour élégant est aussi le clown des écrans.


En 1934 elle est enfin au sommet des affiches et du box office, son seul nom fait accourir les foules et provoque des émeutes dans les longues files d’attente devant les cinémas qui programment ses films. L’actrice en profite donc come on l'a vu, pour refuser « New-York-Miami » qui échoit à Claudette Colbert et diffère sa seconde rencontre avec Clark Gable.

Carole ne pouvait en même temps jouer ce film avec Gable et cet autre pourtant bien moins intéressant mais avec son cher George Raft « Boléro ». Ce film leur permettra à tous deux d’immortaliser pour l’éternité filmée leurs prouesses dansées et qui gardent malgré le temps passé et le maquillage et la gomina de Raft toute l’élégance des années 30 !


Georges va d’ailleurs devoir faire place nette dans la vie de la bouillante Carole car la star est maintenant entichée, comme le reste d’Hollywood, du crooneur Russ Colombo.

Le très beau et très « latin Lover » Russ Colombo est né la même année que Carole et ces deux là sont tombés raide dingues amoureux l’un de l’autre dès leur première rencontre.  Très vite ils décidèrent de se marier. Dès que Carole en aurait terminé avec son film en cours, et accessoirement avec George Raft !

Il semble malheureusement que la star soit déjà vouée aux tragédies

Le 2 Septembre 1934, Carole est au studio et trépigne en comptant les minutes. Elle doit rejoindre Russ pour dîner et a déjà mis son cher Travis Banton sur le coup, il faut qu’elle soit sublime.

Elle l’ignore encore, elle ne reverra jamais Russ Colombo.


Celui-ci passe la journée chez son ami le photographe Lansing Brown qui possède la plus complète collection privée d’armes à feu anciennes à Hollywood. Or, Colombo aura dans son prochain film une scène de duel. Lansing Brown lui montre pas mal de vieilles pétoires et la manière de s’en servir.

Ce sera l’accident.

Tenant négligemment un pistolet en main, le photographe craque une allumette pour allumer sa pipe. La flamme s’approche semble-il trop près de l’arme le coup part, la balle ricoche sur une table et atteint Russ Colombo et se loge dans le cerveau après avoir traversé l’œil.


Les choses allèrent si vite que Lansing Brown se demanda ce qui se passait lorsqu’il vit son ami glisser lentement de sa chaise et tomber inanimé sur le sol face contre terre. Il avait cru que la balle s’était logée dans la table et que Colombo avait eu si peur qu’il s’était évanoui. Il riait encore lorsqu’il vit le sang couler et crut encore un instant que son ami s’était blessé en tombant.

Russ Colombo mourut à l’hôpital après six heures d’une opération désespérée. Il avait vingt six ans.

Carole Lombard fut littéralement dévastée de chagrin. Le destin jouait alors un tour pendable à l’actrice, une farce macabre bien digne d’un invraisemblable scénario qu’elle aurait pu jouer à l’écran.

La mère de Russ Colombo qui vénérait son fils était elle-même à l’hôpital au moment du drame où elle se remettait péniblement d’une grave crise cardiaque. Il était certain que la nouvelle de la mort de son fils serait fatale à la vieille dame. Sa famille décida de lui cacher l’atroce vérité et allait jouer une louable mais bien macabre comédie à la mère de Colombo qui ignorera toujours le destin funeste de son fils jusqu’à sa propre fin en 1944. Elle entendrait à la radio des émissions de son fils, aurait de ses nouvelles par la presse, elle l’entendrait au téléphone, tout cela manigancé par ses proches pour la préserver du drame. Elle gardera sur sa cheminée une photo montage du mariage de Russ et de Carole et l’actrice restera l’active complice de cette mise en scène jusqu’à sa propre mort. Laquelle faillit d’ailleurs, par une autre ironie du sort, emporter la pauvre dame qui prenait Carole pour sa très officielle belle fille, épouse adorée de son fils.


L’année suivante, la mort encore rode autour de Carole. Sa protectrice des premiers jours, Marie Prévost n’est plus que l’ombre de la beauté fulgurante qu’elle fut jadis.  Elle est pour tout dire une épave qui n’inspire que pitié dans le meilleur des cas. Bien plus souvent, elle inspire le dégoût dans cette ville d’Hollywood où l’échec n’est pas pardonné.

Seules Carole et Joan Crawford viendront au secours de la pauvre Marie en l’imposant dans des courts rôles de leurs films. Carole l’exige pour « Jeux de Mains ». (Hand across the table).

Marie retrouve donc les plateaux, pauvre être lugubre et tout de noir vêtu. Son personnage tire les cartes à Carole et lui déclare « Méfiez-vous des avions, ma chère, cela vous serait fatal ».


Deux ans plus tard, Marie mourrait de la manière la plus sordide qui soit : de malnutrition et d’abus d’alcool, seule dans une chambre d’hôtel Son cadavre fut retrouvé entamé par son chien affamé. L’actrice n’avait jamais surmonté la mort brutale de sa mère dans un accident de voiture.

Joan Crawford prit à sa charge les funérailles de la star défunte, Lombard et Gable l’accompagnèrent à sa dernière demeure.

Si la mort semble planer autour de Carole Lombard, ce n’est qu’avec le recul du temps et des évènements dans leur globalité que l’on peut s’en rendre compte, il était bien difficile pour l’actrice ou ses proches d’imaginer quoi que ce soit de funeste ou de morbide pour cette star sublime à qui tout réussissait.

Bientôt, elle passera au technicolor après être passée au parlant et elle gagnera plus d’argent que le président des Etats-Unis lui-même.


Carole Lombard mène joyeuse vie et son destin va prendre un tournant décisif l’été 1936 lors d’un bal que pour une fois elle n’organise pas, le bal du Mayfair.


Clark Gable qui fut autrefois son partenaire sans éveiller son intérêt, se trouve parmi les invités. Il déteste les réceptions mondaines plus que tout. Mais enfin, il s’agissait d’une fête de charité, tous les invités devaient être en blanc, Clark promit de venir aux organisateurs, mais se promit bien à lui-même de détaler à la première occasion. Ce jour là Carole était non seulement très en beauté mais particulièrement déchaînée. Elle avait attendu que tous les invités soient présents pour se faire « livrer » en ambulance, tout cela parce qu’un quelconque magazine à potins avait parlé du « Mal mystérieux qui rongeait Carole Lombard », Mal qui n’existait que dans l’espoir d’augmenter les tirages.

On ne saura jamais ce qui se passa entre ces deux là, on sut seulement que Clark Gable n’avait pas détalé comme il se l’était promis mais qu’il avait été avec Carole un des derniers invités blancs à quitter le Mayfair. Dès le lendemain, Carole fit envoyer à Clark un cadeau : l’ambulance maintenant décorée d’un énorme cœur rose. On imagine aisément la tête de madame Gable, la richissime héritière Rhéa Langham !

On l’imagine encore mieux lorsque Clark Gable fit à son tour un cadeau à Carole : un rutilant camion de pompiers ! Clark rangea au garage sa Duisenberg spécialement carrossée pour lui et ne se déplaça plus qu’avec son ambulance au cœur rose.

Carole bien entendu circulait dorénavant en camion de pompier et fut navrée que la police de Los Angeles lui interdise d’utiliser la sirène !


Rhéa Langham l’épouse humiliée refusa d’accorder le divorce à l’acteur, elle mit à ses trousses les avocats les plus roués et les plus chers de la planète, ne s’estimant pouvoir divorcer de manière tolérable que lorsque l’acteur fut complètement lessivé et qu’il ne lui restait plus un sou. Durant les deux longues années que durèrent les procédures du divorce, les jours ils n’avaient pu se rencontrer, Gable passait le soir devant chez Carole avec son ambulance, toutes sirènes hurlantes, et bien entendu, plus tard dans la soirée, Carole et son camion de pompiers passeraient eux aussi faire entendre leur « pin-pon » devant chez les Gable-Langham, tant pis pour la police de Los Angeles !

Clark était alors mûr pour être la cible d’un nouveau lancer de casseroles. Ils n’avaient plus d’assiettes depuis longtemps. Mais il s’en foutait, il était heureux !

L’épouse bafouée, sans le vouloir changea elle aussi un des visages de la grande histoire du cinéma Américain.


Gable était tout à son affaire de divorce lorsque les « fans magazines » l’élurent presqu’à l’unanimité le Reth Butler idéal pour « Autant en Emporte le Vent » que préparait Selznick. Joan Crawford étant la Scarlett plébiscitée à une écrasante majorité. Or, comme de nombreux autres, comme Marlène Dietrich, Gary Cooper, Katharine Hepburn ou Bette Davis, Gable était persuadé que ce film serait un monument d’imbécilité et une pièce d’anthologie du kitsch filmé. Il refusa net de se « compromettre dans cette singerie ». Le rôle échut donc à Errol Flynn !

D’autant qu’être le partenaire à l’écran de Joan Crawford, sa liaison la plus sérieuse, alors que Carole venait d’entrer dans sa vie n’était pas la meilleure des idées. Il avait découvert très tôt le tempérament jaloux, possessif et facilement belliqueux de sa belle amoureuse !

 Mais Selznick ne voulant à aucun prix de Crawford et les exigences mirobolantes de Rhéa firent changer Clark Gable d’avis. Le cachet colossal proposé pour devenir Reth Butler à l’écran pourrait enfin lui permettre de satisfaire aux exigences de sa future ex femme et d’épouser Carole Lombard.


C’est pour acheter sa liberté et épouser la femme qu’il aimait que Clark Gable deviendrait Reth Butler, dans le film qui figerait à jamais sa légende dans l’éternité. Clark Gable commença donc le tournage avec Paulette Goddard dans le rôle de Scarlett. Mais quelques jours après le début des prises de vues, débarquait d’Angleterre la belle Vivien Leigh. Paulette renonça volontiers au rôle puisqu’on lui payait l’intégralité de son achet, Vivien endossa les crinolines sudistes et on recommença le tout. Dans la foulée, l’impénitent Clark se toqua de la nouvelle venue et lui fit une cour empressée au grand dam de Carole Lombard ! Vivien ne se rendit même pas compte de son existence tant elle surveillait son cher Laurence Olivier alors dans les bras de Merle Oberon sur le plateau des « Hauts de Hurlevent » et Clark renonça à la séduire.


Le 7 Mars 1939 l’acteur était officiellement libre et demandait le jour même, à Carole Lombard si elle acceptait de l’épouser bien qu’il n’ait plus un sou en poche !


Le 29 mars, profitant d’une pause sur le tournage d’Autant en Emporte le Vent, le couple s’éclipsait en Arizona pour s’y marier dans la plus totale discrétion dans le petit presbytère méthodiste de Kingman, petit village d’à peine cent âmes. Ils avaient dû attendre un jour de pluie battante pour que le tournage soit interrompu.


Ils montèrent alors dans la célèbre Duisenberg de Clark, firent 700 kms à une vitesse folle sous le déluge, se marièrent et refirent 700 kms dans l’autre sens et dans les mêmes conditions.

Ils s’installèrent aux frais de Carole qui était paradoxalement une des femmes les plus riches du pays dans une belle maison toute blanche sur les hauteurs de Beverly Hills pour y abriter leur bonheur conjugal et se mirent à la recherche de la maison de leur rêve pour y abriter définitivement leur bonheur conjugal.

 

Mais la jeune mariée, toute à l’occupation de l’aménagement de son « home sweet home » et toute à sa recherche immobilière reste d’abord et avant tout une actrice. Elle trouve quand même le temps de faire monter le précieux saphir de William Powell en broche car il lui semble indécent d’encore porter la bague de fiançailles d’un autre homme en étant madame Gable.

Bien que son nouveau mari lui ait dit qu’il s’en fichait, il lui a quand même offert une bague de fiançailles ornée d’un rubis taillé en carré pour « ne pas qu’on la confonde avec celle de l’autre ! ».


En 1939, Carole voulant se démarquer des rôles burlesques qui font sa gloire et sa fortune va se lancer dans des rôles plus tragiques dont le magnifique « Lien Sacré » avec James Stewart où malgré tout la comédie ne perd pas complètement ses droits. Le succès n’étant pas à la hauteur de ses espérances, Carole va revenir très vite à ses anciennes amours et lancer en 1941 un défi de taille qui résonne encore à Hollywood : « Dites-moi, monsieur Hitchcock, seriez-vous capable de faire un film pour la star Carole Lombard ? » On ne résiste pas à Carole et « Hitch » s’exécuta.

Pour la première et dernière fois de sa vie il s’attaqua à la comédie pure.


Ce fut « Mr and Mrs Smith » et le metteur en scène déclara : « J’ignore complètement comment on fait ce genre de film, je me contente de reproduire en images avec une fidélité exemplaire ce qui est écrit dans le scénario , le plus vite possible, d’ailleurs, pour passer à autre chose le plus tôt possible! ».

Et puisqu’il avait également déclaré qu’il n’était pas plus difficile de diriger des acteurs sur un plateau que des vaches vers leur étable, le premier jour du tournage, il ne trouva pas ses stars Carole Lombard et Robert Montgomery mais deux braves vaches portant les prénoms de « Carole » et « Robert » autour du cou, le tout agrémenté d’une note de Carole « Voici vos acteurs, évidemment ils ne savent pas leur texte débrouillez-vous pour faire quand même un bon film ! ».


Etrangement, les studios MGM et Paramount craignaient que le mariage de Gable et Lombard ait une influence négative sur leur cote de popularité. Raison pour laquelle d’ailleurs le couple avait choisi la formule du mariage clandestin en Arizona. Carole s’était déjà faufilée travestie en soldat confédéré sur le plateau d’Autant en Emporte le Vent pour y surveiller son nouveau mari et voir de quoi avait l’air dans ses crinolines sudistes cette septième merveille du monde nommée Vivien Leigh. Madame Clark Gable n’était décidément pas une femme de l’ombre.


 Après s‘être tenue coite un moment, elle n’y tint plus, le silence et la cachotterie étaient contre sa nature et elle vint à la grande première du film à Atlanta, agrippée au bras de son mari et moulée dans un flamboyant fourreau de lamé doré concocté par son cher Travis pour l’occasion. Les inévitables bruits sur une liaison, voire un mariage clandestin entre les deux stars avaient bien sur couru dans les gazettes les mieux informées.

Lorsque le public massé en une foule immense et compacte sur les trottoirs d’Atlanta pour la première du film « de tous les temps » le couple Clark Gable et Carole Lombard dont les sentiments l’un pour l’autre ne pouvaient faire aucun doute, ce fut un délire complet, une explosion de joie colossale qui secoua la foule entière. On pleurait, on criait, on scandait le nom des deux stars ! Dans la foulée personne ne fit attention à la reine de la soirée à savoir Vivien Scarlett Leigh O’hara, et Selznick lui-même se dit qu’aucun journaliste n’assisterait à la projection de son film, tous étant partis câbler le scoop à leurs rédactions : Clark Gable et Carole Lombard « in love ». Rentré à Hollywood, le couple donna une conférence de presse officielle pour annoncer leur mariage.

Dans la foulée, ils avaient trouvé à Encino la maison de leurs rêves, la propriété de Raoul Walsh, ce grand ami de Carole qui accepta de lui vendre son ranch. Un ranch où Carole pourrait enfin avoir tous les animaux qu’elle voulait. En quelques semaines, la propriété fut envahie de cockers, de chats siamois, de poulets et de chevaux, les quatre grandes passions de Carole Lombard.

Carole, devenue madame Gable, appelait son mari  « p’pa » dans l’intimité, lequel lui répondait « Yes, M’Ma ? », ce qui faisait les délices de leurs proches et du public.


Mais la jeune mariée n’en avait pas perdu pour autant la verdeur de son langage. Répondant à une journaliste qui lui demandait « Que fait Mr Gable le matin lorsqu’il se réveille ? »

S’attendant à une réponse follement romanesque elle entendit « Il remet ses fausses dents, son dentier et lui dorment séparément ! ».

A une autre qui lui demandait « Alors ma chère, qu’est-ce que cela fait d’être mariée au roi de Hollywood ? », Carole répondit dans un sourire « Ma chère, si sa b… avait été plus courte de cinq centimètres, j’étais mariée à la reine d’Hollywood ! » puis elle compléta : « Une femme amoureuse de son mari et qui souhaite le garder à son usage exclusif doit impérativement raconter partout qu’il baise comme une savate ! C’est seulement lorsqu’elle veut s’en débarrasser qu’elle doit alors vanter ses mérites et dire qu’il fait cela comme un dieu ! ».

Les journalistes comprirent très vite qu’ils ne tireraient de la mariée la plus célèbre du monde que des choses impubliables et le couple connut la paix. On sut seulement que Carole se désespérait de ne pas être enceinte et à la malheureuse qui lui dit « Mais Carole, vous avez le temps ! », elle répondit « Vous croyez sans doute que le fils de Clark Gable pourrait se permettre une mère vieille et gâteuse ? ». Mariée, Carole fut moins présente sur les écrans. Sans sacrifier officiellement sa carrière, elle préférait tout de même rester chez elle à trouver un nom pour chacun de ses poulets que d’ajouter un nouveau titre à l’impressionnante collection de films qu’elle avait déjà tournés.

D’autant que son cher « P’pa » avait une fortune à refaire et profitait des retombées du succès d’ « Autant en Emporte le Vent » pour mettre les bouchées doubles et tourner sans relâche.


Ce fut donc l'heure du film d’Hitchcock et l’entrée en guerre de l’Allemagne contre le reste de l’Europe. Carole accepta alors avec empressement l’offre de Lubitsch : devenir Maria Tura dans « T Be or Not to Be » et singer Hitler et ses sbires que Carole adora d’emblée singer et ridiculiser.

Le film à peine terminé, elle fut la première à proposer à l’armée américaine ses services pour partir en tournée à travers les Etats-Unis vendre des bons d’emprunt afin de collecter des fonds.

L’Amérique, elle aussi s’engageait dans le conflit.

Clark Gable trop occupé de son côté, c’est sa mère Elizabeth qui accompagna Carole dans son périple patriotique.


Bien entendu, la star fit un tabac ! Non seulement l’Amérique entière idolâtrait Carole Lombard mais la réputation de « To Be or not to Be » la précédait, bien que le film ne soit pas encore monté, on savait déjà que « Carole y foutait la pâtée aux boches ! ».


Le 16 Janvier 1942, Carole Lombard avait récolté plus de deux millions de dollars, à une époque où l’ouvrier américain en gagne 50 par mois et une secrétaire 15. Elle avait également lu dans la presse que la jeune Lana Turner serait la prochaine partenaire de Clark Gable à l’écran et la chose ne lui plaisait que fort modérément. Non seulement Carole aurait pu tout aussi bien être jalouse d’une plante verte, ce qui était loin d’être l’aspect extérieur de Lana Turner, mais Lana était réputée au moins autant pour son cœur vite enflammé, son lit accueillant et son peu de scrupules dans la carrière de briseuse de ménages.

Pour couronner le tout, Lana avait félicité Carole d’un très sincère « Bravo ma chère, vous avez mis le grappin dessus avant moi, il était sur ma A List ! ». Il n’en fallait pas plus pour que Carole renonce à rentrer en train comme prévu et décide de rendre le premier avion en partance.


Sa mère, superstitieuse à mourir fut littéralement épouvantée à l’idée. Elizabeth Peters Knight avait la phobie du chiffre trois. Or ils étaient trois à vouloir monter dans le vol TWA 3 qui n’était autre qu’un DC3 et le plus abominable de tout, Carole avait 33 ans !

Pour rien au monde Elizabeth ne monterait dans cet avion !

 Sa chère fille lui déclara alors le plus simplement du monde qu’elle la planterait tout bonnement là où elle était et qu’elle rentrerait seule.

L’argument porta, Carole, sa mère et l’attaché de presse de Clark qui les accompagnait montèrent à bord en compagnie de 22 militaires rejoignant leurs contingents. La mère de Carole déclarant selon certains témoins « Nous n’arriverons jamais ! ».

A l’étape de las Vegas où l’avion devait se ravitailler en carburant, il y eut un nouvel esclandre.


Des militaires, argumentant qu’ils avaient en temps de guerre la priorité sur les civils exigèrent que Carole et ses compagnons descendent de l’avion. Sa mère était déjà presque en dehors de l’appareil, folle de soulagement, mais sa fille décréta : « je viens de rapporter deux millions de dollars à l’armée Américaine, j’ai le droit de rentrer chez moi, soldat, pour l’instant je suis probablement bien plus militaire et bien plus précieuse à l’armée que vous ! ».

Les militaires fléchirent, la mère de Carole regagna sa place et la porte de l’appareil se referma sur ce qui était dorénavant la tombe de ses occupants.

Vingt TROIS minutes plus tard, le DC3 s’écrasait sur les pentes du mont Potosi, tuant tous ses occupants sur le coup.


L’Amérique entière fut sous le choc, Clark Gable écrasé de chagrin rejoignit l’équipe de sauveteurs. Il ne restait pour ainsi dire rien de l’avion ni de ses occupants. Ce fut ensuite le pénible devoir de reconnaître les corps, Clark Gable déclara : « J’ignore ce que portait ma femme mais elle avait son alliance au doigt ». L’acteur fut convoqué à la morgue, il dut identifier un cadavre de femme à qui il restait une mèche de cheveux blonds et son dentier.

L’alliance ne pouvait guère aider à l’identification, l’actrice avait eu la main gauche tranchée.

On remit à Clark Gable une broche.


Une broche avec un saphir cabochon magnifique. Sous la violence du choc le bijou que l’actrice portait au corsage lui avait transpercé le cœur.


Carole Lombard fut inhumée sous le nom de Carole Lombard Gable à côté de sa mère et Clark Gable se réserva la crypte voisine où il repose d’ailleurs aujourd’hui.


Le dernier film de Carole sortit de manière posthume, ce fut son plus grand succès commercial.

Il fallut cependant dare-dare y apporter une dernière retouche, le personnage incarné par Carole, Maria Tura y disait en effet « Mais vous êtes fou ! Que voulez-vous qu’il m’arrive dans un avion ? »

L’acteur Clark Gable offrit une récompense à celui qui trouverait la main gauche de sa femme et surtout son alliance si chère à ses yeux, mais le tout resta introuvable.

Celine Colassin

QUE VOIR ?


 1921: Un Crime Parfait: Les débuts à l’écran de Carole Lombard en petite sœur garçon manqué de Monte Blue.

 1924 : Talons Dorés : La pauvre Carole passe aussi vite que l’éclair !

 1925 : Durand of the Bad Lands : La vedette de la chose est la blonde Marian Nixon.

 1925: The Plastic Age : Carole à peine plus que figurante dans un « hit » de Clara Bow,

 1927 : Smith’s Poney : Un « sérial » avec Raymond McKee

 1927: Gold Digger of Weepah : Rien ne semble subsister de ce film

1928: Smith’s Army Live : Encore un épisode du sérial de mister McKee.

 1928: Smith’s Restaurant : Again !

 1928: My Best Man : Carole retrouve ici Alma Bennett déjà tête d’affiche de « Gold Digger of Weepah ».

 1928: His Unlucky Night : Une aimable série B. mais où cette fois Carole Lombard a le premier rôle féminin.

 1928: La Vamp du Campus : Contrairement à ca que l’on pourrait espérer, Carole n’est pas la vamp en question, il s’agit ici de Daphné Pollard.

 1928: La Carmen du campus : ben oui, il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas une Carmen sur le campus puisqu’il y a déjà une vamp et qu’il s’agit toujours de la même Daphné Pollard.

 1928: Show Folks : Une fantaisie menée par la très oubliée Lina Basquette

 1929 : High Voltage : Enfin, Carole est en tête d’affiche face à Owen Moore.

1929: The Raketeer : Cette étrange chose a survécu et nous est parvenue, mais elle a fait l’objet d’une réédition DVD,

 

1931 : It Pay to Advertise : Un film qui semble avoir disparu, Carole en était la vedette face à Norman Foster. Cette perte serait d’autant plus dommage que Louise Brooks faisait partie de la distribution.

 1932 : Sinners in the Sun : Après Louise Brooks, une autre rencontre d’anthologie pour Carole Lombard : celle de Cary Grant sous le nez de Chester Morris.

1932: Un Mauvais Garçon : Première rencontre entre Clark Gable et Carole Lombard mais qui n’électrisa guère que les spectateurs !

1932: Virtue : Carole est cette fois opposée à Pat O’Brien mais c’est Mayo Mathot, la future madame Humphrey Bogart ici dans un rôle de prostituée qui se révèle une redoutable voleuse de scènes.

1933 : L’Aigle et le Faucon : Cette fois le doute n’est plus permis, Carol fait bien partie des stars les plus importantes de son temps, la voici au cœur d’un film d’action à gros budget mené par Cary Grant et Fredric March.

1934 : Boléro : Ceux qui verront ce film pourront non seulement admirer le couple dansant et virevoltant que forment Carole et son tendre George Raft.

1934: We’re not dressing: Carole face à Bing Crosby plus maquillé qu’elle!

1934:  Now and Forever : Un casting qui aura de quoi surprendre les cinéphiles les plus blasés : le couple Carole Lombard et Gary Cooper flanqué de Shirley Temple.

1936 : The Princess Come Across : Le couple Carole Lombard et Fred McMurray flanqué de la magnifique Alison Skipworth.

1936: My Man Godfrey : le film fit un triomphe, ses acteurs vedettes, Carole Lombard et William Powell furent chacun nommés aux Oscar et l’ensemble est aujourd’hui entré dans la légende dorée de la « Silly comédie ».

1937 : La Joyeuse Suicidée : Adaptation filmée dans un joyeux technicolor d’un hit de Broadway qui se joue encore aujourd’hui avec autant de succès : Hazel Flag à qui Carole donne ses traits et sa beauté pour l’éternité.

1938 : Fools for Scandal : Un partenaire inattendu pour Carole en la personne du belge Fernand Gravey rebaptisé « Gravet » sur l’affiche !

1939 : Faits l’un pour l’Autre (Le lien Sacré) Un film sublime où le couple de parents désargentés que forme Carole Lombard avec l’excellent James Stewart lutte pour la survie de son bébé une nuit de Saint Sylvestre dans une tempête de neige. C’est certes un tantinet mélo, mais les séquences drôles foisonnent et sont irrésistibles, le talent inouï des acteurs fait passer tout le reste.


 1940 : Vigil in the Night : Carole Lombard, infirmière par vocation, couvre les bévues de sa jeune sœur Anne Shirley qu’elle a entraînée dans son sillage personnel jusqu’à porter la responsabilité de la mort d’un enfant. Anne Shirley aura sa rédemption en faisant le bouche à bouche à un enfant contagieux ce qui lui sera fatal. Carole Lombard appuie peut-être un peu son personnage, jouant son infirmière de nuit avec la raideur d’une béquille et la fantaisie d’un pansement. Mais au-delà de ça je ne peux pas m’empêcher de considérer le film de George Stevens comme un film de propagande. L’Europe était en guerre et il fallait de nouveau attiser les cendres de l’esprit de sacrifice et de dévouement à des causes qui nous dépassent.

1941 : Mr and Mrs Smith : Carole est à sa demande dirigée par Alfred Hitchcock. Le tout est assez linéaire, sans grands rebondissements et les admirateurs du maître ne retrouveront pas ici sa patte habituelle.

1942 : To be or not to Be : L’ultime et le meilleur film de Carole Lombard, chef d’œuvre de Lubitsch, qu’elle ne vit hélas jamais terminé.

 


 

 

LES FILMS QUE VOUS NE VERREZ PAS

(Avec Carole Lombard)


 

New-York Miami : Carole refuse la proposition de Frank Capra comme Myrna Loy et Joan Bennett avant elle.

 

You and Me : En 1938, Norman Krasna s’apprête à faire sa première mise en scène sur son propre scénario que lui a commandé la Paramount pour Georges Raft. Carole veut à tout prix être la partenaire de son Georges mais le pauvre Krasna ne se sent pas la carrure pour diriger un tel couple de stars. Il refuse Carole et choisit Sylvia Sidney, autre partenaire attitrée de Georges avec qui il imagine avoir moins de difficultés qu’avec la bouillonnante Carole. Pauvre Krasna. En un tour de main, Silvia la douce l’avait fait virer au profit de Fritz Lang !

 
 
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