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DANIELE GAUBERT




Si la formule "vivre jeune, mourir vite" a fait usage à beaucoup de monde dans le cinéma, de Rudolph Valentino, à James Dean en passant par Jean Harlow, Marilyn, Jayne Mansfield ou Françoise Dorléac, il me semble qu'elle peut également convenir à la très belle Danièle Gaubert.

Cette ravissante demoiselle naît le 9 Août 1943 sous le patronyme plus complet de Danièle Louise Regina Gaubert à Nuars dans la Nièvre.

Elle grandit, ravissante en diable, lorsqu'en 1959 une secousse ébranle à jamais le monde du cinéma. Une secousse qui a pour nom "la nouvelle vague". Le cinéma de papa c'est fini. Que meurent Gabin, Fernandel et Bourvil. On veut être entre jeunes, se raconter des histoires de jeunes, jouées par des jeunes. Danièle Gaubert sera "découverte" comme le seront presque simultanément Bernadette Lafont, Jeanne Valérie, Valérie Lagrange, Andrea Parisy Juliette Mayniel, Anna Karina, Chantal Goya et quelques autres.

La seule chose qui distingue Danièle des autres en question, c'est qu'elle est découverte par un "vieux de la vieille", qui comme Marcel Carné se lance sur la voie encore peu explorée de la nouvelle vague: Claude Autant Lara qui choisit pour son film "Les Régates de San Francisco" cette jeune adolescente aussi inexpérimentée qu'inconnue;.


Aussitôt les médias s'entichent de la jeune fille. Son portrait inonde les couvertures de magazines. D'abord parce qu'elle est très belle, et qu'ensuite toutes les photos publicitaires du film en préparation la montrent en soutien-gorge et petite culotte. Danièle est aussitôt estampillée "nouvelle vague" et tourne des films qui ne referont pas l'histoire mais dont on parlera beaucoup. Dès que "Les Régates de San Francisco" envahirent les écrans de 1960, on annonçait Danièle vedette du prochain film de Marcel Carné: "Terrain Vague".

En 1961, elle est à la fois devenue célèbre et curieusement engluée dans une routine. C'est un autre "vieux", Henri Decoin cette fois qui la dirige dans "Le pavé de Paris". Les photos publicitaires du film en tournage montrent quoi? Danièle en petite culotte et soutien-gorge bien entendu. Le film fait d'elle une petite provinciale, d'Amiens, cette fois, débarquée à Paris pour devenir vedette de cinéma pendant que son gentil fiancé est mobilisé en Algérie. Bref, le film de Decoin est déjà vu, revu et usé avant d'être terminé.

Danièle traverse le tournage comme le fait, prétend on, Brigitte Bardot jamais vraiment concernée. Ce qui est faux. Brigitte Bardot est une bosseuse acharnée, s'intéressant à tous les aspects de ses films et retravaillant ses dialogues.



Danièle entre deux prises se fait masser dans sa loge car elle a dit-elle, pris trois inacceptables kilos pendant les vacances. Elle écoute du blues, du Gilbert Bécaud et s'endort sous les mains expertes de sa masseuse. Interrogée sue le film, son rôle, son personnage elle se plaint du gaspillage incroyable des bas nylons car elle doit en enfiler lascivement devant un vieux lubrique et se les fait arracher dans une scène d'agression sexuelle. Une scène réussie en une seule pise. Decoin avait simplement dit à Daniele "Oublie que c'est un film, défends ta vie".  Elle fut si réaliste qu'elle expédia son suborneur de cinéma, Robert Lombard à l'infirmerie.

La jeune Danièle semble bel et bien placée pour devenir une des icônes de la nouvelle décennie. D'autant que son jeune âge ne l'empêche pas forcément de se dévêtir devant les photographes et qu'on la verra au fil du temps très dénudée dans "Esquire", "Lui", ou "Playboy".


En 1964, notre  jeune demoiselle qui a donné la réplique à Danielle Darrieux, épouse Rhadamès Léonidas Trujillo au Havre. Nous sommes le 8 Février 1964. Danièle a vingt ans. Le richissime élu de son cœur 22. Le mariage fait grand tapage. On se croirait revenus au temps de Rita Hayworth et Ali Khan. Mais malheureusement, le ciel du Havre n'est pas celui de Vallauris et il va bientôt se couvrir de ses nuages coutumiers.

Danièle d'abord, n'est plus la merveilleuse découverte "nouvelle vague". D'autres nouvelles curiosités sont venues enchanter les écrans et garnir les pages des magazines pour messieurs. A l'automne 1962, Danièle avait été appelée par Hollywood pour y incarner une jeune berbère entre Yul Brynner, Richard Widmark et Georges Chakiris. La presse française s'était pâmée en gardant bien de préciser que le premier rôle du film serait tenu par Suzy Parker. La belle refusant les artifices de mémé Gina Lollobrigida, à savoir les perruques, sacrifia ses longs cheveux clairs pour un noir geais assez seyant.  Mais "Flight From Ashiya" mettra un temps infini pour sortir sur les écrans et y faire un bide assez sensationnel. Danièle rentrait grossir les rangs des actrices "Rentrées déçues par Hollywood". Pour le presse people, si Rhadamès Léonidas Trujillo avait épousé une vendeuse de chaussures, l'aubaine aurait été meilleure.


Le jeune marié quant à lui est tout bonnement flanqué en prison car ses six demi frères et soeurs aimeraient bien savoir ce qu'il a fait d'une fortune qu'ils estiment leur revenir de droit! Après les gros titres des magazines de cinéma, ceux des rubriques matrimoniales, voici le temps des manchettes de journaux à scandales!

Danièle, pour simplifier les choses, attend un heureux événement lors de l'arrestation de Rhadamès. Quelques jours à peine avant que la police ne vienne le cueillir, Danièle avait ouvert les portes de leur domaine, un haras sublime dans l'Eure à Autouillet. Elle leur disait à quel point il était l'homme rêvé. Leur fille Maria Danièle naît le 3 Février 1965 à Paris.



En toute franchise, j'ignore complètement comment se termina l'épopée de la fortune perdue des Trujillo, mais Rhadamès sortit de prison, retrouva Danièle, et Maria eut bientôt un petit frère: Rhadamès Léonidas jr qui naît lui aussi à Paris. En 1966. Malgré cette vie privée tumultueuse, Danièle n'en avait pas pour autant abandonné le cinéma. Elle avait même tenté l'aventure italienne avant de conquérir les cœurs énamourés du public allemand qui fit d'elle une de ses grandes favorites des écrans.


En 1967, Alors qu'elle profite en famille de quelques jours de repos en Normandie après avoir tourné "Le Grand Dadais", Rhadamès père la laisse sur place et regagne Paris pour consulter ses avocats et demander le divorce. La presse se frotta les mains, il y avait de quoi passionner à la fois les lecteurs des magazines de cinéma, ceux des rubriques matrimoniales et ceux des gazettes à scandale!

Danièle ne semble pas particulièrement dévastée.

Alors qu'on la croyait se morfondant dans un quelconque château, elle gagne le premier prix du "Plus Beau masque" à la nuit de Rio qu'organise le casino d'Enghien. Danièle s'envole faire la fête au carnaval de Rio, car tel était le premier prix du concours et se fiche bien de ce que la presse peut dire ou inventer.


La tourmente médiatique est pourtant formidable et encore agrémentée de l'intervention de Jeanne Moreau en personne.

Mademoiselle Moreau sait que Marcel Carné mijote depuis belle lurette une "dame aux camélias" et elle a souvent sollicité le metteur en scène pour qu'il lui donne le rôle. Mais celui-ci se décide soudain pour son amie Danièle dont il veut faire la "Dame aux camélias 1969" Jeanne se vexe comme un pou, elle ne reparlera plus jamais à Carné et il ne la fera jamais tourner. Danièle sera cette "Dame aux Camélias 1969", (Camille 2000) mais Carné n'aura rien à y voir puisque le film sera dirigé par...Radley Metzger!

Le divorce des Trujillo se terminera non dans un bain de sang mais dans un bain de dollars puisque Danièle obtient le manoir conjugal, 150.000$ de compensation et une rente de 1000$ par mois pour les enfants ce qui à l'époque est tout simplement colossal. Après avoir fait les délices des cinéphiles, des abonnés aux magazines pour messieurs et les amateurs de scandales, elle fait ceux des féministes qui sont bien fières d'elle!


Elle avait repris sa liberté en plein Mai 68, en décembre de la même année, elle rencontrait le champion de ski Jean-Claude Killy lors d'une veillée de Noël à Val d’Isère. Une authentique coïncidence comme il en existe bien peu pour les gens de cinéma. Killy a grandi à Val d’Isère depuis l'âge de trois ans, ses parents y sont hôteliers, ils possèdent "La Bergerie" et c'est là que Danièle prenait ses vacances de Noël.



"King Killy" comme on le surnomme alors est né le 30 Août 1943, 21 jours après Danièle.

Le couple va vivre une longue liaison très médiatisée, ils s'installeront dans une superbe villa à Genève et Danièle ralentira quelque peu son activité professionnelle pour suivre Killy un peu partout dans le monde. En tout cas partout où l'on skie entre professionnels aguerris. Elle deviendra maman d'un petite Isabelle et Jean-Claude Killy adoptera légalement les deux enfants nés de son premier mariage.

C'est à ses côtés qu'elle fera sa dernière apparition au cinéma. En 1972 le couple tourne "Snow Job"


Le couple se marie en 1973 et on ne reverra jamais Danièle au cinéma.

Le cancer contre lequel elle se battait depuis des années triomphe d'elle le 3 Novembre 1987. Danièle venait de fêter ses 44 ans moins d'un mois plus tôt.

Celine Colassin


QUE VOIR?

1960: Les Régates de San Francisco: Avec Laurent Terzieff et Suzy Delair

1960: Terrain Vague: Avec Roland Lesaffre et Claudine Auger

1961: Vive Henri IV, Vive l'amour: Avec Danielle Darrieux, Jean Sorel et Pierre Brasseur.

1961: Napoléon II l'aiglon: Avec Bernard Verley

1961: Le Pavé de Paris: Avec Jacques Riberolles, Nadia Gray et Micheline Dax

1963: Das Grobe Liebesspiel: Avec Lilli Palmer, Hildegarde Kneff et Daliah Lavi

1964: Begegnung in Salzbourg: Avec Nadia Gray et Curd Jürgens.

1964: Flight From Ashiya: Avec Suzy Parker, Yul Brynner, Richard Widmark et Georges Chakiris

1967: Le grand dadais: Avec Jacques Perrin et Eva Renzi

1968: La Louve Solitaire: Avec Michel Duchaussoy et Julien Guiomar

1969: Camille 2000 : Avec Nino Castelnuovo et Eleonora Rossi Drago

1969: Paris n'existe Pas: Avec Serge Gainsbourg


1970: Underground: Avec Robert Goulet

1972: Snow Job: Avec Jean-Claude Killy et Vittorio de Sica

 

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