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DOROTHY BURGESS

Dernière mise à jour : 27 mai



 Dorothy Burgess fut une star. Ou tout du moins une très grande vedette. Mais si son image nous parvient confuse aujourd'hui, c'est sans doute à cause d'Hollywood qui vit en elle une créature follement exotique qu'elle n'était pas. On l'attifait plus souvent qu'à son tour en sauvageonne des pampas alors qu'elle n'était au fond pas plus exotique qu'une Norma Shearer. Qu'il y ait une paire de castagnettes, un sombrero ou un pagne de raphia dans les accessoires dévolus au personnage, et hop! Dorothy s'y collait. La gracieuse Myrna Loy connaîtra également ces années de rôles "exotiques", comme Loretta Young, Joan Crawford, Dorothy Lamour et plus tard Debra Paget et Gene Tierney. Aucune de ces gracieuses personnes n'ayant la moindre goutte de sang exotique dans les veines bien évidemment.  Pourtant, Dorothy Burgess n'avait rien des passionarias échevelées qu'on lui fit interpréter à Hollywood.

Elle faisait partie de la haute bourgeoisie américaine. D'origine anglaise, son père, pionnier de l'aéronautique a fondé sa propre compagnie aérienne. L'actrice Fay Binter qui joue les très grandes dames à Hollywood et à Broadway, appuyant parfois ses personnages jusqu'à la carricature outrageuse est la soeur de la mère de Dorothy.


La jeune fille, née le 4 Mars 1907,  recevra une éducation très mondaine sous l'égide de sa mère Grace  et ses dons artistiques en peinture et en sculpture seront très vivement encouragés par sa famille.

Lorsque viendront les années Hollywoodiennes, Dorothy et Grace, trouvant Beverly Hills trop tapageusement "parvenu" s'installeront dans une villa dominant l'océan sur la plage de Malibu. Là, ces dames s'adonneront aux arts, décorant leur home sweet home de leurs oeuvres plutôt que d'aller galvauder leur temps libre aux grandes premières et aux "partys" échevelées qui s'en suivent. Si dans ses rêves de jeune fille les plus fous, Dorothy se voyait peintre à Barbizon, en ces temps où Hollywood était le centre du monde, avoir une tante célèbre actrice ne la laissait pas pour autant indifférente.



Parfois, palette et pinceaux laissaient place dans l'imagination vagabonde à des sunlight et des bravos. Aussi, lorsque tatie Fay Binter proposa à Dorothy de la rejoindre sur scène à Broadway, la jeune fille ne se précipita pas, elle se rua! Elle avait 17 ans, elle était d'une grâce et d'une beauté exquises. Le public fut conquis, elle dansait très bien, ce fut du délire!

Elle devient vedette, digne héritière des lauriers de sa tante.

George Cukor, alors piqué de théâtre l'engage dans sa troupe new-yorkaise en 1928, préférant Dorothy à Bette Davis qu'il n'envisagea même pas de recevoir! 

En 1931 elle est en tournée à travers toute l'Amérique avec son grand succès "Lulu Belle".

Lulu étant espagnole et la pièce connaissant un succès inouï, nombreux furent ceux qui crurent Dorothy réellement d'origine hispanique et Hollywood allait perpétrer cette méprise puisqu'elle remplissait les caisses.

Dorothy avait déjà tâté du cinéma, en vedette s'il vous plaît, dans un western avec Warner Baxter. Et ce dès 1929.

Mais c'est avec l'avènement des années 30 et du succès de Lulu Belle que sa carrière décolle de manière foudroyante!

Hélas, les studios, de la Fox à Universal en passant par MGM et Warner allaient lui réserver le sort commun à bon nombre d' étoiles hollywoodiennes. Soit Dorothy jouerait les seconds ou troisièmes couteaux dans des films de très grand prestige, y côtoyant Jean Harlow ou Clark Gable, soit elle serait la grande vedette de l'intrigue, mais dans de modestes véhicules de série B comme il s'en tournait alors à la pelle. Jamais, malgré une beauté sensationnelle doublée d'un talent évident et d'une voix admirablement placée, aucun studio ne lui donnera sa grande chance. 

Pourtant elle aligne quatorze films en 1933!

Sans doute Dorothy Burgess n'était pas née sous une très bonne étoile malgré son évidente rutilance.

En 1929 déjà, un spot lui tombe dessus et manque à la fois de la défigurer et la brûler vive. Plus chanceuse que Michael Jackson elle ne gardera qu'une cicatrice au dessus du sourcil. En 1932, Dorothy est alors officiellement fiancée à Clarence Brown, le metteur en scène préféré de Greta Garbo. Le drame qui la frappe le 23 Décembre de la même année est bien pire qu'une chute de projecteur sur son auguste caboche. Alors qu'elle conduit sa voiture, elle est victime d'une violente collision frontale. Dorothy s'en tire avec quelques contusions mais une de ses passagères est tuée sur le coup. Louise Manfredi, une jeune fille de 17 ans.  Son autre passagère, Betty Lou Davis, 18 ans est grièvement blessée. Dorothy Burgess sera poursuivie pour homicide involontaire par les parents éplorés de Louise.



S'estimant responsable Dorothy Burgess sombre dans une profonde dépression dont elle ne guérira jamais tout à fait. Nombreux furent ceux qui mirent sa boulimie de travail des années 1933 et 1934 sur le compte d'une volonté d'oublier le drame et sortir du marasme moral où elle s'engluait. Dorothy s'était jetée sur les plateaux comme d 'autres auraient sauté d'un pont. La relation avec Clarence Brown ne survit pas à l'épreuve que traverse la jeune actrice. Elle se consolera un peu plus tard avec un richissime bijoutier new-yorkais. Mais quand on tourne tant, on tourne trop et on tourne mal. Dans une Amérique au chômage, même si le ticket de cinéma ne coûte que 50 cents, ca reste cher et le public déçu y regarde à deux fois avant de bourse plate encore délier pour vous donner une seconde chance.

Après les dix films de 1934, elle n'en tourne que deux en 1935 puis s'éclipse.

Elle reviendra entre 1940 et 1943 se montrer de ci de là dans quelques films. Déjà oubliée, ses rôles sont mineurs et on omet parfois de la citer au générique. Dorothy Burgess semble toute désignée pour un lugubre crépuscule mais le temps ne lui en laissera pas l'occasion. Tuberculeuse depuis des années, son état se dégrade au printemps 1961.

La maladie l'emporte le 21 Août. Elle n'avait que 54 ans. On ne l'avait plus revue depuis son dernier film "West Side Kid", une sottise westernienne avec Dale Evans. Autant dire que le souvenir ne fut pas impérissable.

Celine Colassin



QUE VOIR?

1928: In Old Arizona: Avec Warner Baxter

1930: Recaptured Love: Avec Belle Bennett, John Halliday et Dorothy Burgess

1931: Lasca of the Rio Grande: Avec Leo Carrillo

1932: Play-Girl: Avec Loretta Young et Winnie Lightner

1933: What Price Deceny: Avec Alan Hale

1933: Ladies Must Love: Avec June Knight et Leigh Hamilton

1933: Hold Your Man: Avec Jean Harlow et Clark Gable

1933: It's Great to Be Alive: Avec Gloria Stuart et Edna May Oliver

1934: Affairs of a Gentleman: Avec Paul Lukas

1934: Miss Fane's Baby is Stolen: Avec Dorothea Wieck, Alice Brady et Baby LeRoy

1934: Gambling: Avec Wynne Gibson et George M. Cohan

1934: Friends of Mr. Sweeney: Avec Ann Dvorak et Charles Ruggles

1934: Orient Express: Avec Heather Angel

1940: The Lady in Question: Avec Rita Hayworth, Glenn Ford et Brian Aherne

1942: Lady for a night: Avec Joan Blondell et John Wayne

1943: Girls in Chains: Avec Arline Judge et Roger Clark

1943: Man of Courage: Avec Charlotte Wynters et Barton MacLane

1943: West Side Kid: Avec Dale Evans

 

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