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ETHEL BARRYMORE




Ethel Barrymore, fut il faut bien le dire, déifiée de son vivant; Par Broadway d'abord, par Hollywood ensuite. La soeur des deux autres légendes Barrymore: John et Lionel ferait du patronyme familial un synonyme de prestige théâtral. Elle est pour les USA "LA" grande dame de référence comme Sarah Bernhardt l'est pour le théâtre français.

Ethel Mae Blythe, ce qui fait décidément moins "Park Avenue" que Barrymore naît à  Philadelphie en Août 1879, le jour précis restant sujet à caution. Les parents de la future divinité sont déjà des théâtreux de renom. Son père Maurice Barrymore est né Herbert Arthur Blythe Chamberlayne. Acteur d'origine anglaise né aux Indes et immigré aux Etats-Unis en 1874, Il y a épousé l'actrice Georgina Drew en 1876. Lionel le premier né du couple vient au monde en 1878, Ethel en 1879 et John en 1882. L'enfance d'Ethel et de ses frères est plutôt tumultueuse pour ne pas dire rocambolesque. Mais ce sont quand même des années heureuses. Quand les parents sont trop accaparés, les enfants sont laissés aux bons soins de leurs grands parents maternels à la campagne où ils s'ébattent librement. Parfois ils restent au domaine parental où pour les distraire un peu, leur père a crée un jardin zoologique privé réunissant les espèces les plus exotiques possibles.

En 1893, tout bascule. Georgina est tombée malade. La tuberculose qui décime aveuglément dans toutes les couches de la société. Les médecins conseillent à la malade le bon air marin de la côte Ouest. La malade en question s'installe à Santa Barbara avec sa fille Ethel mais il est trop tard. Georgina décède à seulement 37 ans. Ethel a 14 ans.



Lionel le plus jeune de la fratrie est confié à ses grands parents. John et Ethel, encore adolescents débutent sur les planches grâce au prestige déjà immense de leur famille. ils étaient déjà connus du beau monde alors qu'ils n'étaient que des bambins, c'étaient déjà des "fils et fille de". A 18 ans, Ethel Barrymore est déjà si célèbre qu'elle accepte un pont d'or pour aller se produire en Angleterre devant la famille royale. Elle est, dit-on, celle qui succèdera aux grandes légendes du XIXème siècle. Non seulement son talent ne souffre déjà plus aucune critique ni comparaison mais elle est scandaleusement belle. Un visage déjà autoritaire malgré la finesse des traits et une lourde chevelure brune qu'elle dénoue parfois et qui lui ruisselle jusqu'aux reins. Bref, même si on n'utilise pas encore le mot, Ethel Barrymore est une STAR! Une star à 18 ans!

En un soir, Ethel mit la capitale britannique à ses pieds, enchaîna quelques pièces, restant là toute une année alors qu'elle était venue pour six semaines. Elle refusera les demandes en mariage empressées d'un jeune Winston Churchill follement amoureux, Ethel ne souhaitant pas se subordonner à un homme qui lui même serait subordonné à la politique de son pays. Ces deux-là resteront quand même amis pour le reste de leur vie. Durant son séjour anglais, Ethel fut très sollicitée car son départ imminent pour l'Amérique était sans cesse annoncé. Ces messieurs se précipitaient donc. Elle récusa le duc de Manchester l'acteur Gérald du Maurier et l'écrivain Richard Harding Davis.


Au printemps 1901 , Ethel qui a été accueillie par Broadway comme sa reine trop longtemps en exil est l'incontestable superstar numéro un du théâtre américain. On commence à copier sa coiffure, ses chapeaux , ses robes, elle ne joue plus qu'à guichets fermé et un soir du printemps 1901, son père qui ne l'a jamais vue jouer monte sur scène à la fin d'une représentation pour la féliciter "officiellement" devant un public en délire. Cela étant fait, il ne revint jamais plus la voir jouer. Il faut dire que les relations entre le père et la fille furent toujours très particulières. Lorsqu'Ethel lui télégraphia qu'elle s'était fiancée à Laurence Irving, il lui répondit en retour "Félicitations ma chère!" Lorsqu'elle lui câbla ensuite qu'elle avait rompu, il lui répondit en retour le même laconique "Félicitations ma chère!"



La santé du patriarche Barrymore allait décliner. Souffrant d'une syphilis l'acteur sombrait dans une profonde dépression entrecoupée de crises de colères violentes dues à sa maladie alors incurable. Bientôt il vivrait en maison de santé et Ethel s'acquitterait de tous les frais. Un jour qu'elle le visite il se jette sur elle et tente de l'étrangler avec tant d'application qu'il faillit bien réussir.


Ethel convolera avec Russell Griswold Colt le 14 Mars 1909. Un mariage pour le moins chancelant. Ethel dépose une première demande de divorce dès 1911 qu'elle rétracte presque aussitôt. Ces relations conjugales électriques n'empêcheront pas le couple d'avoir trois enfants. Samuel Colt né en 1909, Ethel Barrymore Colt née en 1912 et John Drew Colt en 1913.

Le couple divorcera en 1923 et Ethel Barrymore se tiendra à sa promesse "jamais plus"!

Evidemment, le cinéma ne pouvait que supplier le clan Barrymore d'apparaître enfin à l'écran. Ethel sera la dernière à céder. En 1914. Bien après ses deux frères. Lionel avait débuté en 1911 et John fin 1912. Jusque là Ethel n'avait pas eu un seul jour de libre, accaparée par ses maternités, ses représentations, ses répétitions et son engagement syndical qui bientôt sous son égide édicterait une vraie loi "de fait" pour le théâtre américain. Dorénavant les acteurs seraient "syndiqués" ou ne seraient pas.

Ethel signe son premier contrat avec la Metro Films et tourne à New-York la journée, le soir elle est sur scène. Elle n'acceptera de quitter New-York et s'installer à Hollywood qu'en 1940. Elle aura alors atteint la soixantaine et trouvera moins éprouvant de tourner des films en quelques jours que de tenir des salles combles en haleine tous les soirs deux heures durant.



Hollywood ne mettra guère de temps à la consacrer. Elle recevra l'Oscar du meilleur second rôle en 1944. Un second rôle pour une telle gloire c'est peu mais Ethel a 65 ans et ne joue plus dans la même catégorie que les "standing ladies" des premiers rôles.

Dans "None But for Lonely Heat", le film qui lui vaut son Oscar Ethel donnait la réplique à Cary Grant lui aussi nommé et qui déclara "J'ai du mérite, jouer en face d'Ethel Barrymore m'a enlevé tous mes moyens, je tremblais comme une feuille et je rougissais comme un gamin après chaque réplique rien qu'à imaginer ce qu'elle pensait de ce que je venais de faire!" Ce soir là Ethel évinçait Jennifer Jones, Agnès Moorhead, Angela Lansbury qui débutait dans "Gaslight" et Aline McMahon.

Si la carrière au cinéma d'Ethel Barrymore fut moins fournie que celles de certaines de ses consœurs vétéranes de Broadway, c'est que la dame, très consciente de son statut entendait être respectée et considérée comme une "first lady" quand il s'agissait de distribuer les rôles. Hors de question de jouer les vagues utilités dans des films moyens. Elle n'est pas Marie Dressler, Elizabeth Risdon ou Fay Binter. Même si elle n'est pas la star du film son rôle doit être intéressant avec un texte puissant et une influence cruciale sur l'intrigue générale. Sinon, le scénario file directement à la poubelle. Et si le rôle rêvé ne se présente pas assez vite, la star que sa faiblesse cardiaque a éloignée des scènes se console en faisant...de la radio ou de la télévision.


Les soucis cardiaques d'Ethel Barrymore ne sont pas une construction de l'esprit mais bien réels.

Le 18 Juin 1959 elle succombe à Hollywood, foudroyée.. Elle aurait fêté ses 80 ans deux mois plus tard. Son nom ne sera pas oublié, le vénérable théâtre Schubert de Broadway sera débaptisé pour devenir le théâtre Ethel Barrymore.

Ethel est également la grande tante de Drew Barrymore

Celine Colassin


QUE VOIR?

1914: The Nightingale: Avec William Courtleigh

1917: The Greatest Power: Avec William B. Davidson

1932: Rasputin and the Empress: Avec John et Lionel Barrymore

1944: None But the Lonely Heart: Avec Cary Grant

1945: The Spiral Staircase: Avec Dorothy McGuire et George Brent

1947: The Farmer's Daughter: Avec Loretta Young et Joseph Cotten

1947: Moss Rose: Avec Peggy Cummins et Victor Mature

1947: The Paradine Case: Avec Alida Valli et Gregory Peck

1947: Night Song: Avec Merle Oberon et Dana Andrews

1948: Moonrise: Avec Gail Russell et Dane Clark

1948: Portrait of Jennie: Avec Jennifer Jones et Joseph Cotten

1949: The Red Danube: Avec Janet Leigh et Peter Lawford

1949: The Great Sinner: Avec Ava Gardner et Gregory Peck

1949: Pinky: Avec Jeanne Crain

1951: Kind Lady: Avec Angela Lansbury et Maurice Evans

1952: Deadline: Avec Kim Hunter et Humphrey Bogart

1952: Just for you: Avec Jane Wyman, Natalie Wood et Bing Crosby

1953: Main Street to Broadway: Avec Mary Murphy et Agnès Moorhead

1954: Young at Heart: Avec Doris Day et Frank Sinatra

1957: Johnny Trouble: Avec Stuart Withman

 

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