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GERMANA PAOLIERI


L’aventure professionnelle de la très distinguée Germana Paolieri a ceci d’extraordinaire qu’elle s’est déroulée en Italie sur la trame d’un scénario typiquement hollywoodien.


Germana vient au monde à Florence le 29 août 1906. Son père est un des orfèvres les plus réputés d’une ville réputée alors…Pour son orfèvrerie. Famille aisée, milieu cultivé, manières distinguées. Un terreau qui convient parfaitement à l’épanouissement de Germana qui sera bientôt considérée comme la femme la plus distinguée de son temps. Elle ne tiendra qu’un seul rôle de femme vulgaire et déchue dans toute sa carrière, ce qui heurta violemment ses compatriotes admirateurs.


Une enfance choyée, donc. Une enfant ravissante et douée que ses parents voudraient voir se diriger vers le bel canto et une petite demoiselle qui préfèrerait danser. On ne trancha pas, Germana étudiera à la fois le chant lyrique et la danse classique… Pour finir au théâtre.

Germana déboule sur les scènes toscanes en 1926 et subjugue immédiatement le public.

Lorsqu’en 1932 le réalisateur Guido Brignone la remarque sur une scène de Rome, elle est déjà une immense star du théâtre italien et elle a Rome à ses pieds.

Or, en Italie comme à Hollywood, le cinéma s’est mis à parler et si outre Atlantique on dévalise Broadway  de ses « beaux parleurs », à Rome on pille les théâtres avec autant d’acharnement. 

Que Germana ait accepté ou non de faire un film devient une sorte d’affaire d’état.


L’Italie jubile de la voir enfin à l’écran. L’intelligencia romaine se lamente, craignant de la perdre « Autant fermer les théâtres tout de suite » « Imagine t'on  Eleonora Duse s’en aller faire du strip-tease devant les cameras? » Plus on parlait du premier film de Germana plus les producteurs se frottaient les mains sûrs du succès annoncé.


Finalement on tournerait en décors naturels à Venise ce qui en 1932 est une gageure technique. L’affiche annoncerait « Germana Paolieri, la plus grande star du cinéma italien ». Ce qu’elle devint. Le public subjugué découvrait un ange de beauté, un diable d’élégance et le tout roucoulant à ravir de grands airs sur fond de clair de lune et de lagune.

Il est de bon ton aujourd’hui de faire la moue en disant qu’après ce premier film au triomphe inouï, Germana devint incontestablement une très grande star mais ne tourna plus rien de bien palpitant. D’abord c’est faux. On a le droit de ne pas apprécier le cinéma italien de l’ère mussolinienne mais toute la production ne fut pas médiocre et épouvantablement mélo comme on aime à le clamer.


Ensuite c’est faire payer à Germana Paolieri le système de son époque. Mussolini a crée Cinecitta en 1929 pour en faire une machine à films sur le modèle hollywoodien du cinéma à la chaîne. Tout dans ces conditions ne pouvait pas être chef d’œuvre. Mais si on se penche sur les productions MGM de 1932 on est bien en peine d’aligner dix titres de films de qualité sur la centaine produite.

Cinecitta c’est l’usine du film, pas un laboratoire d’art et d’essai.


Germana Paolieri va rester durant toute une décennie en haut des affiches et du box office italien. Et si l’ actrice teutonne est appréciée en Italie, Germana est pour ainsi dire la seule italienne à être sollicitée par le cinéma allemand.

Une popularité italo allemande qui lui sera reprochée plus tard. Mais peut-on reprocher à une actrice d’avoir fait son métier dans son pays sous prétexte que son pays tout entier s’enfonçait jour après jour dans le fascisme et la mégalomanie d’un dictateur d’opérette?

L'Europe glisse à nouveau dans ce genre de dérive mais à ma connaissance, nul acteur, aucune actrice n'a cessé de tourner par désaveu politique. Poser la même question à propos des USA reviendrait je crois au même constat.


D’autant qu’à l’éclatement de la guerre, Germana Paolieri ne foncera pas tête baissée dans le cinéma de propagande cher à certaines de ses rivales. Elle tournera durant tout le conflit en prenant soin de ne pas se compromettre aux yeux de l’histoire, refusant la pluie d’offres allemandes et se consacrant à la version filmée de « La sonnambula » ou une resucée des deux orphelines plutôt que d’un quelconque « Vive le Duce ».


Elle continuera d’ailleurs sa carrière le plus normalement du monde après la fin des hostilités.


Si elle tourne moins c’est parce qu’il n’y a plus de pellicule en Italie et certainement pas parce qu’elle est mise à l’index des libérateurs. Germana ne sera jamais inquiétée. Même si elle avait tourné avec Luisa Ferida qui fut fusillée immédiatement après son arrestation, qu’y pouvait-elle? Ce n’est pas elle qui faisait la distribution de ses films et de toute façon elle avait tourné avec Gaby Morlay la même année.

Germana Paolieri avait su naviguer dans la tourmente.

Si l’après guerre voit faiblir la popularité de Germana Paolieri c’est parce qu’elle fut le visage, l’icône d’une époque que l’Italie préférait maintenant oublier.


Nullement échaudée, celle qui recevait des montagnes de courrier journalier d’admirateurs retrouva ses chères scènes dont elle avait été privée durant près de 15 ans pour cause de carrière cinématographique intensive.


Le temps passant, Germana n’incarna plus les beautés sublimes, abandonna les premiers rôles d’amoureuses pour incarner leur mère ou leur tante et se consacra de plus en plus à la télévision.


En 1981 elle tenait encore un rôle récurent dans une série avant que de tirer sa révérence professionnelle après 50 ans de carrière filmée.

Elle s’éteignit le 8 Août 1998, 21 jours avant de fêter ses 92 ans.

Celine Colassin

QUE VOIR?

1932: L’armata azzurra: Avec Alfredo Morati

1932: La Wally : Avec Isa Pola

1933: Acqua cheta Avec Gianfranco Giachetti

1938: Stella del mare: Avec Luisa Ferida

1938: Giuseppe Verdi: Avec Gaby Morlay et Fosco Giachetti

1938: Luciano Serra, pilota: Avec Amedeo Nazzari

1938:L’allegro cantante: Avec Giovanni Manurita

1940: Fanfulla da Lodi: Avec Ennio Cerlesi

1940: Incanto di mezzanotte: Avec Guido Notari

1940: Kean: Avec Rossano Brazzi

1941: La forza bruta: Avec Rossano Brazzi et Maria Mercader

1941: La sonnambula: Avec Roberto Villa

1942: Le due Orfanelle: Avec Alida Valli

1943: Sucedió en Damasco: Avec Paola Barbara

1945: I dieci comandamenti: Avec  Amedeo Nazzari

1953: …e Napoli canta! Avec Virna Lisi et Giacomo Rondinella

1953: Villa Borghèse: Avec Eloisa Cianni

1954: Maddalena : Avec Marta Toren et Charles Vanel

1954: In amore si pecca in due: Avec Cosetta Greco

1954: Il mostro dell ‘isola: Avec Boris Karloff

1955: La canzone del cuore: Avec Milly Vitale

1955: Suor Maria: Avec Franca Marzi

1955: I due compari: Avec Aldo Fabrizi

1961: La corona di fuoco: Avec Victor Chassiu

1961: Un figlio d’Oggi: Avec Gino Cervi

1969: The Appointment: Avec Anouk Aimée et Omar Sharif

 

 
 
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