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JULIETTE COMPTON


S’il y a dans l'histoire du cinéma quelques destins que l’on pourrait qualifier de « classiques » pour les avoir déjà évoqués plusieurs fois avec peu de variantes, celui de Juliette Compton restera unique en son genre puisqu’Hollywood eut l’idée complètement saugrenue de faire de cette grande beauté la reine de…la contrefaçon!


Miss Juliette Compton naît le 3 Mai 1899 à Colombus en Géorgie. Débuts classiques pour cette beauté qui rêve de théâtre, tente la grande aventure New-Yorkaise et grimpe les échelons en montant sur les planches de Broadway jusqu’à la scène des « Ziegfeld Folies ». On sait à quel point ce label « Ziegfeld » estampille les actrices « beauté fabuleuse » et avec quelle concupiscence le cinéma se penche sur leurs clichés promotionnels la bave au coin des bobines!


L’Américain standard n’a jamais eu les moyens de s’offrir une place pour assister à cette délectation visuelle réservée à des milliardaires bienheureux. Mais la réputation érotico sulfureuse de ces dames que l’on disait nues en scène s’était répandue jusqu’en des confins invraisemblables où l’on aurait été bien incapable de situer New-York sur une carte.

Le fantasme allait bon train à travers le monde et le cinéma ne se faisait pas faute de profiter de cette publicité gratuite qui…Ne pouvait guère servir à Ziegfeld puisqu’elle titillait les envies d’un public qui n’aurait jamais les moyens d’être le sien.


Miss Compton a 25 ans lorsqu’elle fait pour la première fois don de sa beauté à un metteur en scène de cinéma. C’est Bertram Phillips qui la dirige dans « Her Redemption ». Un film policier sans grande ambition si ce n’est de proposer de nouvelles têtes au public et voir ce que celà donne. La « vedette » de la chose est Queenie Thomas, une actrice qui besogne devant les caméras depuis 1918 et dont l’histoire de septième art ne retiendra rien ou si peu. La véritable « attraction » de « Her Redemption » c’est bien la Ziegfeld Girl Juliette Compton.


Juliette passa semble-il le  test avec brio car dorénavant elle tournera plusieurs films par an Dès 1926 elle est tête d’affiche, portant seule sur ses belles épaules toute la responsabilité du succès. On ne lui donne pour partenaire que des nouveaux « bellâtres » à tester et jamais de ces acteurs qui font déjà se pâmer les midinettes comme Valentino ou Niels Asher. Elle passera avec beaucoup de chic et de glamour la fatale étape du parlant et se verra bientôt honorée d’un contrat chez Paramount.

C’est au service de ce studio qu’elle va vivre l’étape la plus étrange de sa carrière. Greta Garbo règne alors en reine absolue sur le cinéma, sur Hollywood et sur la MGM. La Paramount enrage. Je ne sais qui s’avisa un jour que Juliette Compton avait dans le regard cette sorte de langueur suédoise et désabusée sous la paupière lourde comme la divine soi-même. Le studio n’hésita pas à faire de son actrice le sosie parfait de Greta. Mais comme le disait elle-même Greta la principale intéressée: « Il n’y aura jamais qu’une seule Greta Garbo, c’est moi, car j’ai quelque chose que les autres n’ont pas, moi je suis un peu détraquée!«  Paramount se le tint pour dit, d’ailleurs ils avaient fait venir à grands frais une nouvelle bombe, germanique, cette fois, une certaine Marlène Dietrich.


Celle-ci fut bien mieux traitée que Juliette. On la distribua d’emblée dans un film de prestige taillé sur mesure pour son auguste personne et dans les bras de Gary Cooper. Ce fut « Morocco » qui valut d’emblée une gloire absolue à son actrice avec une nomination aux Oscar à la clé. Quant à Juliette, le studio Paramount, bon prince, la distribua aussi dans le film et omit de la mentionner au générique, comme c’est bête! 

Le film terminé, tant qu’on y était, on singea Juliette en Marlène après l’avoir singée en Greta.

L’actrice toute à ces mutations physiques trouva le temps de devenir madame James Bartram en 1931 . Ephémère mari dont elle se séparerait cinq ans plus tard pour ne songer à divorcer qu’en 1942.


La Paramount ne délaissait pas Juliette pour autant. Elle tourna quand même sept films en 1931 et partagera l’affiche avec quelques grands noms dont Marlène et Gary déjà cités mais aussi Joan Crawford, Ann Harding, Robert Montgomery, Sylvia Sydney, Billie Burke,  Ruth Chatterton, Robert Donat, Marion Davies ou Laurence Olivier. C’est lui qui aura le triste privilège de lui donner sa dernière réplique en 1941 dans « That Lady Hamilton » qu’il joue avec son épouse Vivien Leigh dans le rôle titre.


Juliette quant à elle est soumise comme tant d’autres au régime « premier rôle dans de petits films, second rôle dans de grands films ». Un des « systèmes » les plus inébranlables d’Hollywood. Lorsque le contrat Paramount viendra à  terme, Juliette s’en ira chez MGM le sanctuaire de la divine Greta.


C’est à Londres qu’elle tourne cet ultime film « That Lady Hamilton ».


La guerre terminée on ne revit pas Juliette Compton. Elle était rentrée en Californie dont elle aimait le climat et les orages. C’est là qu’elle s’éteindra le 19 mars 1989 à l’âge de 89 ans. Moins de deux mois plus tard elle serait morte nonagénaire!

Celine Colassin

QUE VOIR?

1924: Her Redemption: Avec Queenie Thomas

1926: Nell Gwyn: Avec Dorothy Gish

1926: White Heat: Avec Wyndham Standing et Vesta Sylva

1926: The Woman Tempted: Avec Warwick Ward et Nina Vanna

1930: Ladies of Leisure: Avec Barbara Stanwyck, Ralph Graves et Marie Prevost

1930: Morocco: Avec Marlène Dietrich et Gary Cooper

1930: Anybody’s Woman: Avec Ruth Chatterton, Clive Brook et Paul Lukas

1931: Unfaithful: Avec Ruth Chatterton et Paul Lukas

1931: Compromised: Avec Rose Hobart et Ben Lyon

1931: Husband’s Holiday: Avec Vivienne Osborne et Clive Brook

1932: Westward Passage: Avec Ann Harding et Laurence Olivier

1932: The Man Called Back: Avec Doris Kenyon et Conrad Nagel

1932: Strangers in Love: Avec Kay Francis et Fredric March

1933: Peg O’My Heart: Avec Marion Davies

1934: Le Comte de Monte Cristo: Avec Elissa Landi et Robert Donat

1934: Behold my Wife: Avec Sylvia Sydney et Gene Raymond

1935: No More Ladies: Avec Joan Crawford et Robert Montgomery

1940: Irène: Avec Anna Neagle et Ray Milland

1941: That Hamilton Woman: Avec Vivien Leigh et Laurence Olivier

 

 
 
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