Lisa Gastoni naît Elisabetta Gastone le 28 juillet 1935 des amours légitimes d'une Irlandaise et d'un bel Italien. Sur les bords de la Méditerranée. A Alassio. Son enfance évidemment sera entachée d'une guerre et ensuite par la difficile survie dans un pays vaincu et exsangue.
Devenue une très belle jeune femme, une "bella Ragazza", qui grâce à ses origines irlandaises est sublime en blonde et plus magnifique encore en brune, elle finira par atterrir devant les caméras italiennes avant d'avoir fêté ses vingt ans. Des débuts modestes en 1954 dans des films qui le sont tout autant. D'ailleurs elle se permettra de changer momentanément de pseudonyme en devenant Jane Fate. Pour mieux allécher semble-il les spectateurs assidus et teenagers des films de science-fiction low cost où on peut l'admirer à loisir.
Dès ses débuts, Lisa Gastoni tourna beaucoup et eut même droit au prestige d'un contrat hollywoodien qui ne convainquit hélas ni les studios, ni le public ni elle-même.
Elle fut d'ailleurs plus active à la télévision qu'au cinéma lors de son séjour américain.
Elle mènera une carrière de "troublante créature du cinéma" durant plus de quinze ans et sera devenue l'épouse momentanée d'un physicien avant de soudain connaître la gloire (en brune) avec "Merci ma Tante". Un film d'auteur contant les aventures sexuelles échevelées d'une troublante tante folle de son corps avec son jeune neveu névrosé à souhait. Gina Lollobrigida reprendra le flambeau avec un autre neveu dans "Ce Merveilleux Automne".
La gloire n'en demandait pas tant et Lisa Gastoni devint cette fois célèbre à travers le monde. Elle n'était jusque-là que "très connue". Ce qui fit probablement un immense plaisir à Joan Collins qui s'était mise à la haïr dès l'instant où elle avait entendu prononcer le nom (et vu la première photo !) de cette nouvelle venue destinée à piétiner ses plates-bandes hollywoodiennes dans les années 50.
Lorsque Lisa prendra ses distances avec le cinéma, Joan Collins déclarera "Comment voulez-vous que je sache ce qu'est devenue Lisa Gastoni, je m'en fiche éperdument, je suppose qu'elle est allée cacher sa décrépitude au fin fond d'un bar pouilleux du Mexique ou du Zimbaoué, en tous cas c'est ce qu'elle avait de mieux à faire, comme toutes celles que l'on m'a opposées comme rivales !" Or il n'en était rien. Au grand dam de Joan.
Lisa Gastoni resta sublime. Avec les années 70 elle mit un frein à sa carrière, n'acceptant plus que les films de grand prestige ou ceux des auteurs risqués pour qui elle eut toujours une grande faiblesse. Elle apprécia à sa juste valeur la libération des mœurs de ces années-là et posa beaucoup nue et sans complexes.
A la fin des années 70, Lisa s'efface complètement du paysage cinématographique mais s'offre un baroud d'honneur en jouant sur scène en 1980 la seule pièce où elle parut "La Célestina" avant de prendre sa retraite.
Et puis subitement, mue par on ne sait quel étrange ressort, à la fin des années 2000, Lisa Gastoni se souvint qu'elle restait une icône au coeur des Italiens. Elle se regarda dans son miroir de Venise, se trouva tout compte fait pas si mal et renoua avec une carrière interrompue depuis vingt ans.
Elle est aujourd'hui, altière, distinguée et (très bien) rhabillée. Et qui l'eût cru une actrice très active dans le cinéma Italien jusqu'en 2017.
Celine Colassin.
QUE VOIR?
1954: Dance, Little Lady: Avec Mai Zetterling et Terence Morgan.
1954: The Runaway Bus: Avec Margaret Rutherford, Belinda Lee et Petula Clark
1954: Beautiful Stranger: Avec Ginger Rogers et Herbert Lom
1957: Face à la Nuit: Avec Griffith Jones
1957: Blue Murder at St Trinian's: Avec Terry Thomas et Lionel Jeffries
1957: Thunder over Tangier: Avec Robert Hutton
1957: The Truth About Women: Avec Julie Harris et Laurence Harvey
1958 : Intent to Kill : Avec Betsy Drake et Richard Todd
1958: The Strange Awakening: Avec Lex Barker et Carol Mathews
1961: The Breaking Point: Avec Peter Reynolds
1962: Diciottenni al Sole: Avec Catherine Spaak
1962: Tharus, figlio di Attila: Avec Jérôme Courtland
1962: Il Monaco di Monza: Avec Toto
1962: Eva: Avec Jeanne Moreau, Virna Lisi et Stanley Baker
1963: RO.GO.PA.G: Avec Rossana Schiaffino
1963: Le Roi du Village: Avec Catherine Rouvel et Henri Tissot
1963: I Quattro Moschettieri: Avec Beatrice Altariba et Carla Marlier
1964: L'Ultimo Gladiatore: Avec Richar Harrison et Marilu Tolo.
1964: Gli invincibili Tre: Avec Sergio Ciani et Mimmo Palarma
1964: Il vendicatore mascherato: Avec Guy Madison et Ingrid Schoeller
1965: La Nuit de la Violence: Avec Marilu Tolo et Alberto Lupo
1968: I Sette fratelli Cervi: Avec Gian Maria Volonte et Carla Gravina
1968: Merci ma Tante: Avec Lou Castel
1969: L'Invasion: Avec Michel Piccoli.
1974: Amore Amaro: Avec Léonard Mann
1976: Scandalo: Avec Franco Nero et Raymond Pellegrin.
2010: Cocapop: Avec Anita Caprioli