Lynn Shaw dont le prénom perd régulièrement un N fut une telle éphémère du cinéma qu’il semble que personne ne l’ait vue passer! Il faut dire qu’elle s’était plus longuement attardée dans les pages de magazines pour messieurs que sur les écrans. Son passage fut si éphémère que sa trace fugace s’est perdue dans le temps et les mémoires. Quelques petits ânes futés la faisant naître sur internet en 1962. Or, en 1962, la belle avait déjà sa carrière filmée derrière elle depuis deux ans. C’est dire la pertinence des informations qui circulent, fort peu il est vrai, à son sujet.
La date de naissance de cette très esthétique personne reste un mystère au moins aussi épais que le lieu du divin événement. Sachons que nous sommes en Angleterre. C’est déjà ça. Cette charmante demoiselle fut, semble il, une reine du burlesque, pour ne pas dire une effeuilleuse en cabaret qui eut l’idée un beau jour du milieu des années cinquante de cultiver sa ressemblance avec une certaine Gina Lollobrigida. De toute évidence pour se faire remarquer et, qui sait, se hisser jusqu’au sommet des affiches et des frontons de cinéma. Mais au milieu des années cinquante, il pleut au moins autant de Gina Lollobrigida que de Marilyn Monroe! Même sur Londres. Elle surgit donc dans « Keep It Clean » en 1956 ou plus exactement elle s’y montra dans son exercice routinier, celui d’une affriolante show girl.
« Keep It Clean » ne bouleversa ni le box office ni les rayonnages du musée du chef d’œuvre et passa vite dans un oubli généralisé après avoir quitté les affiches. La belle Lynn persista, se Gina Lollobrigida un peu plus, posa beaucoup, tourna fort peu et se résolut à l’exil Italien. Là où la starlette affriolante se porte mieux au soleil de Cinecitta que dans les frimas londonien. Arrivée très déterminée au pays des Fiat et des Vespa, Lynn ne tourna pas beaucoup plus mais posa tout autant.
Le succès tant espéré tardant à couronner ses louables efforts, la belle renonça à son look Gina Lollobrigida et se modernisa l’allure en devenant cette fois un succédané d’une actrice plus jeune dont l’Italie s’entichait après l’Angleterre: Mylène Demongeot.
Les charmes modernisés de la belle enfant ne suffirent semble il pas pour mettre à ses pieds l’industrie du film. Après avoir rivalisé de charmes avec Scilla Gabel dans une ultime comédie en 1960, la belle et maintenant blonde Lynn Shaw hanta les festivals de cinéma encore un peu puis disparut en même temps que les sapins de la Noël 1962.
J’ignore ce qu’a bien pu devenir la Belle Lynn Shaw. C’est en soi fort dommage car la belle enfant avait quand même tourné pour Antonioni entre Steve Cochran et Alida Valli avant que de s’évaporer!
Celine Colassin.
QUE VOIR?
A ma connaissance, la filmographie de Lynn Shaw ci-dessous est complète.
1956: Keep It Clean: Avec Ursula Howells et Diane Hart
1957: Il grido: Avec Alida Valli et Steve Cochran
1957: Ragazzi della marina: Avec Gabriele Antonini
1959: Guardatele ma non toccatele: Avec Ugo Tognazzi , Chelo Alonso et Caprice Chantal
1960: Genitori in blue-jeans: Avec Scilla Gabel et Ugo Tognazzi