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SYDNE ROME



Le 17 Mars 1951 vient au monde à Akron en Ohio une ravissante petite fille qui pour aborder sa carrière de comédienne choisira un pseudonyme de billet d'avion: Sydney Rome, les deux villes qui lui avaient porté bonheur. Les deux premières. Elles ne seront pas les dernières. Devenue une ravissante adolescente, la future Sydne souhaita devenir actrice. Son père, riche industriel fut assez flatté des velléités artistiques de sa fille. Souhaitant qu'elle mette toutes les chances de son côté, il lui offrit un cursus complet dans les meilleurs cours d'art dramatique de Los Angeles. Elle quitta donc la maison sur un "Vas, ma fille et fais, je suis là et ne t'inquiète pas, tu n'auras aucun souci matériel à Los Angeles" C'est que la jeune aspirante à la gloire, malgré une plastique sensationnelle souhaitait mettre tous les atouts dans son jeu. La belle était ambitieuse et au temps de ses plus grands triomphes personnels elle continuera à clamer "Ce n'est pas suffisant! je veux être la plus grande, je veux être la seule!"


Et en attendant, le jeune oiselle fourbit ses armes en tenant de petits rôles dans des pièces confidentielles qui se donnent dans des théâtres obscurs de la banlieue de Los Angeles. Mais à Los Angeles, Hollywood aussi c'est la banlieue! Un jour que Sydne est sur scène dans son petit théâtre confidentiel, un homme est dans la salle et n'en perd pas une miette. Comme dans un bon vieux musical des années 30, à la fin du spectacle, il se jette à la fois dans sa loge et à ses pieds menus. l'homme est un impresario, il la supplie de lui confier ses intérêts, il veut faire d'elle une star, la plus grande, elle en a l'étoffe. En cette fin des années 60 c'est la marotte hollywoodienne que de chercher "LA" nouvelle star depuis que Marilyn est partie et qu'Elizabeth épaissit.


Sydne qui a vu beaucoup de vieux musicals des années 30 mais a aussi déjà vu beaucoup de cinglés consent sans y croire vraiment. On aura rarement vu actrice à la fois aussi ambitieuse et parfois aussi désinvolte. La belle continue donc sa petite vie et ses petites représentations, persuadée qu'elle n'aura jamais plus de nouvelles de son impresario jusqu'à ce qu'il ressurgisse soudain, la sommant de faire ses valises sur le champ! Elle part pour Rome passer le casting de "Candy" où elle donnerait la réplique à Richard Burton et Marlon Brando. Sydne ne crut pas un seul instant à ses chances, surtout après avoir lu le roman mais refuse-t-on un voyage à Rome? Elle s'envola donc, à la fois ravie du voyage et peu convaincue par le casting qu'elle passera quand même avec beaucoup d'application et de sérieux. Le rôle de Candy ira on le sait à Ewa Aulin.




Le jour du départ, elle appela ses parents pour leur dire au revoir "Vas, ma fille et vis ta vie, ne t'inquiète pas, je suis là et tu n'auras aucun souci matériel à Rome!" Lorsque son impresario lui téléphonera à son hôtel elle lui répondra "Je n'ai pas eu le rôle mais je ne suis pas venue pour rien, j'ai un amant italien formidable, il s'appelle Emilio!" Sydne était venue dans la capitale italienne pour huit jours, elle allait rester huit ans avant de quitter Rome pour Paris.

Mais durant ces années romaines, Sydne n'aura pas les débuts fabuleux qu'elle espérait. Si l'Italie n'aime rien tant que d'expédier à Hollywood les plus éblouissantes représentantes de son cinéma, comme si l'aventure américaine représentait la consécration absolue et définitive de leur carrière, en revanche, l'inverse n'est pas vrai. Certes Cinecitta s'orne volontiers de stars étrangères devenues fleuron du cinéma national telle Sylva Koscina, Florinda Bolkan, Ursula Andress ou Marisa Mell. Mais lorsque la belle vient d'Hollywood pour faire carrière à Rome, l'opération semble pour le moins suspecte. Sorte de complexe d'infériorité sans doute, il semble que l'Italie considère ces actrices comme celles dont "Hollywood ne veut pas" et donc les refuse à son tour, n'ayant pas l'intention d'orner leurs films de rebuts américains.


Sydne ne verra s'offrir que des films de série Z déjà si mauvais sur le papier que personne d'autre ne les accepte  ou des comédies prétendues érotiques par leurs producteurs et estimées pornographiques par l'actrice. Elle refuse tout...Ou presque. Les producteurs locaux finirent par se dire qu'ils avaient enfin trouvé la raison pour laquelle elle avait préféré Rome à Hollywood: Elle était bête! 



Mais Sydne Rome s'en fiche. Après tout elle n'est pas restée à Rome par ambition mais par amour pour Emilio. La belle se fixe une date limite: le jour de ses 30 ans. Si d'ici là sa carrière n'a pas décollé, elle rentrera chez elle et dirigera ses ambitions vers d'autres horizons que le cinéma. Elle se laisse donc vivre et attend.

C'est finalement Emilio Lari, devenu son mari en 1973 et qu'elle avait rencontré sur le plateau où elle faisait les essais pour "Candy" qui se démène le plus parmi ses relations de travail pour lui trouver un rôle digne de ce nom. Sydne avait il est vrai tenu quelques rôles dont le premier rôle féminin d'un western spaghetti avec Giuliano Gemma, mais rien qui puisse braquer sur elle les projecteurs de la sensation!


Jusqu'à ce qu'Emilio Lari obtienne un essai pour le prochain film de Roman Polanski "Quoi?" et que Sydne obtienne le rôle.

D'idiote, sa réputation va passer à celle d'emmerdeuse ou tout du moins d'actrice difficile. Elle n'est encore personne lorsqu'elle hurle à la tête de Polanski "Vous êtes peut-être un cinéaste de génie mais vous êtes quand même un pauvre type! Vous dirigez vos acteurs comme un cochon vous êtes nul et ne comprenez rien à rien!" Le cinéma italien dans son ensemble en prend pour son grade lui aussi "On ne tourne pas en son direct ici, alors tout le monde passe ses journées à beugler sur le plateau comme sur une foire aux bestiaux sans s'occuper de savoir si on tourne ou pas et si vous devez être concentrée  dans votre travail d'actrice. En plus comme je suis très timide au fond, je dois me soûler pour oser tourner nue, je ne vous dis pas la pagaille!"

Emilio Lari veillant aux intérêts de Sydne comme aux siens casse la figure à Helmut Berger sur le plateau d'un film parce qu'il la "serre d'un peu trop près"! On comprend qu'avec de tels comportements, justifiés ou non, que les producteurs y regardent à deux fois avant de se lancer dans l'aventure humaine de plusieurs mois que représente le tournage d'un film.


Le cinéma français n'était pas épargné "C'est incroyable! Il n'y a jamais de fric pour rien sur un film français, ca n'empêche pas certains d'être d'une prétention inouïe! Et les plus insensé c'est que les acteurs de troisième zone sont bien plus insupportables que les grandes vedettes comme Alain!' La belle parlant d'Alain Delon son partenaire dans "Creezy"

Sydne quittera le plateau de Polanski en s'étant fait un ennemi à vie! Mais "Quoi?" avait enfin été pour elle le détonateur tant espéré! En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire elle aura tourné pour Roman Polanski, Pierre Granier Deferre et Claude Chabrol. Elle aura donné la réplique à Alain Delon avec qui par contre elle s'entendit comme on l'a vu comme larrons en foire, déclarant cette fois "Il est amoureux de Mireille Darc et moi je suis mariée, la vie est bête, parfois!"



Sydne devient une star parmi les plus sollicitées. La France la courtise, l'Italie ne veut plus s'en passer, l'Allemagne lui fait des ponts d'or. Un jour qu'à Paris la star Romy Schneider dîne dans un restaurant , un admirateur lui demande un autographe, puis dépité lui lance "Oh, vous n'êtes pas Sydne Rome? Zut alors!" Sydne Rome est partout! Entre les pages de VOGUE comme dans celles de Playboy. Elle devient l'égérie d'une nouvelle marque de cosmétiques DEBORAH et enregistre quelques chansons parce que c'est la mode et que tout le monde le fait.

Mais Sydne va commettre l'erreur de rester basée à Rome bien que ce soit la France qui lui offre ses rôles les plus prestigieux. Le cinéma italien va mal, il se meurt. Il n'a plus rien à offrir, ni à elle, ni à personne.

Sydne Rome n'est pas où les choses se passent et en ce début de décennie. Le cinéma français se désintéresse du glamour dont Sydne est la plus récente illustration. Une nouvelle génération de comédiennes "natures" envahit les écrans et impose son style "de la rue". Ce sont Isabelle Huppert, Maria Schneider, Miou-Miou, Elizabeth Bourgine, Anémone, Virginie Thévenet, Marie-Christine Barrault, Valérie Mairesse, Isabelle Adjani. Il ne reste plus guère dans l'hexagone que Catherine Deneuve pour jouer les déesses chic et stylées. On n' a pas besoin de Sydne Rome dans "Les Valseuses". Les réalisateurs qui se seraient vendus pour l'avoir dans leur film oublient son nom. Alain Delon qui avait adoré travaillé avec elle préfère appeler Dalila di Lazzaro. Le cinéma ne s'intéressait plus aux qualités mises en avant par le belle Sydne. On n'avait plus envie d'actrices fantasques et difficiles, on voulait des besogneuses. Sydne Rome était connue pour être difficile, capricieuse, lunatique et soupe au lait comme l'avaient été Brigitte Bardot, Dany Carrel ou Michèle Mercier. Et que ce soit parce que l'une comme l'autre manquaient au fond de la plus élémentaire confiance en elles ne plaida pas la cause de Sydne Rome. Le cinéma allait mal, il était de plus en plus difficile à financer, on n'avait tout simplement plus le temps.

Elle avait également une franchise qui ne plaidait pas toujours en sa faveur non plus, déclarant un jour "Mon mari a divorcé pour m'épouser parce que les autorités menaçaient de m'expulser! Maintenant grâce à lui je suis italienne". Puis elle ajoutait au reporter médusé "Si vous osez me comparer à qui que ce soit dans votre papier, je vous retrouve où que vous soyez et je vous arrache les yeux!"

Après le très attendu "Gigolo" avec David Bowie, ses heures de gloire sont derrière elle. Nous sommes en 1978, Sydne Rome a brillé cinq ans sur son trône de superstar sublime. Il y aura encore des films, beaucoup de télévision, mais plus de gloire. Sydne Rome divorcera.

Elle se remariera avec un gérontologue réputé, Roberto Bernabeï.

Sydne Rome continue sa carrière d'actrice, se partageant entre l'Italie et l'Allemagne. Elle reviendra au devant de l'actualité people au début des années 2010 en rejoignant après Laura Antonelli le rang des victimes des errances de la chirurgie esthétique. Mais Sydne aura le cran, contrairement à Laura de continuer sa carrière d'actrice malgré la beauté saccagée.

Celine Colassin



QUE VOIR?

1969: Some Girls do: Avec Daliah Lavi et Beba Loncar

1969: Vivi o, preferibilmente, Morti: Avec Guilano Gemma


1970: La Ragazza di latta: Avec Roberto Antonelli

1970: Ciao Gulliver: Avec Lucia Bose

1972: Quoi? Avec Marcello Mastroianni

1973: Reigen: Avec Helmut Berger

1974: La Race des Seigneurs: Avec Alain Delon et Jeanne Moreau

1975: Il faut vivre dangereusement: Avec Annie Girardot et Pierre Brasseur

1975: El clan de los Inmorales: Avec Helmut Berger

1975: La Baby Sitter: Avec Maria Schneider

1975: The Lucky Touch: Avec Roger Morre et Susannah York

1976: Folies Bourgeoises: Avec Stéphane Audran et Bruce Dern

1976: 1976: 40 gradi all'ombra del lenzuolo: Avec Aldo Maccione et Barbara Bouchet

1977: Moi, Fleur Bleue: Avec Jodie Foster et Jean Yanne

1978: Schöner Gigolo, armer Gigolo: Avec David Bowie


1980: L'Uomo Puma: Avec Donald Pleasance

1982: Krasnye Kolokola, film pervyy - Meksika v Ogne: Avec Ursula Andress et Franco Nero


1999: Tierra de Cañones: Avec Pepita Algersuan et Anthony Quinn


2007: Il Nascondiglio: Avec Laura Morante


2010: Goodbye Mr Zeus: Avec Stefania Carnevali et Catherine Spaak

2010:Il Figlio più Piccolo: Avec Laura Morante et Christian de Sica

2011: Il Cuore Grande delle Ragazze: Avec Micaela Ramazzotti et Isabelle Adjani

2015: Poli opposti: Avec Sarah Felderbaum

 

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